Demandez-le à votre boucher, une passante prise au hasard sur un quai de RER, ou à votre Laurent Ruquier préféré, tous le savent : la principale raison de préférer l’Olympique de Marseille et le Stade Toulousain, aux clubs parisiens, c’est que…
1. Les clubs de Paris ne gagnent jamais
D’ailleurs, et c’est bien là qu’il faut louer le bon sens populaire, la dernière défaite du Paris Saint-Germain sur le terrain de Schalke 04 par trois buts à un démontre bien cet adage. Alors certes, à y regarder de plus près, Marseille n’avait même pas eu besoin de faire tourner son effectif pour perdre de deux buts la veille. Mais ça n’est pas pareil : eux au moins ils jouent la Ligue des Champions.
Non, rien à faire, à Paris, on ne gagne jamais. La preuve, c’est qu’à chaque fois qu’ils parlent du Paris Saint-Germain dans une émission satyrique, c’est qu’il vient de perdre. Alors bien sûr, il est aussi possible qu’un PSG qui gagne soit moins drôle, et qu’on ne fasse que peu de cas de ses victoires. Mais tout de même, s’il avait remporté un titre majeur, on le saurait, non ? Et quand on y pense, à quoi bon supporter une équipe qui ne gagne jamais rien ?
Alors ? Qui pour répondre à cette question ? Enfin qui, à part les supporters de l’OM, qui eux n’ont remporté aucun titre du tout depuis plus de quinze ans. Étonnant par exemple de penser que les collégiens qui ne veulent pas choisir de défendre une équipe qui « ne gagne jamais rien » se tournent pour cela vers un club… qu’il n’ont jamais vu enrichir son palmarès de leur vivant !
Sans doute est-ce que les Marseillais sont au-dessus de ces titres remportés par le PSG ces dernières années [1]. C’est bien simple, ils seraient limite prêts à laisser le Paris Saint-Germain gagner en finale plutôt que de s’abaisser à glaner ce genre de trophées. On a des principes ou on n’en a pas.
En rugby, Toulouse, en revanche, ils enrichissent régulièrement leur palmarès ! Une petite remarque : c’est ça qui est pratique quand on choisit de supporter non-Paris ; on a le choix des armes, et on prend le club qui arrange suivant les occasions.
Or, contrairement à une autre équipe mise en avant dans les clasicos de ce week-end, Toulouse remporte des titres. Eux au moins, ils gagnent. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont derrière le Stade Français (toujours invaincu) au classement du Rugby Top 14 Orange [2], et qu’ils ont remporté un des cinq derniers championnats de France… quand le Stade Français en gagnait trois. Pour une ville dont les clubs ne gagnent jamais, c’est à se demander si le bilan ne serait pas à l’avantage de Paris…
Enfin c’est bien joli ces histoires de palmarès, mais une fois mises à part ces considérations jugées somme toute assez futiles par les vrais amateurs de sport, il reste un aspect primordial : l’identité des clubs.
2. À Paris, les joueurs sont des mercenaires
À Toulouse comme à Marseille, la culture locale, la beauté de l’arrière-pays, la générosité des habitants, enfin bref l’identité de la région sont des moteurs suffisants pour attirer de grands joueurs. Au Stade Français en revanche, chacun sait que seul le vil appât du gain peut motiver les recrues.
Il faut dire que question culture, Paris a toujours été à la traîne. Quant à la beauté de la région, la Capitale n’est après tout considérée que comme la plus belle ville du monde. Et si les Parisiens ont si mauvaise réputation question hospitalité, cela ne s’explique certainement pas par le fait que ce soient bien souvent d’anciens provinciaux, montés trouver du travail en Île-de-France, puisque les provinciaux sont affables et sympathiques (eux).
Le Stade Français ne peut donc lutter à armes égales avec les charmes purs et désintéressés du Stade Toulousain… qui a d’ailleurs dû se résoudre à faire exploser les salaires de Skrela et Sowerby, anciens joueurs parisiens, afin de les attirer sur les bords de la Garonne.
Comme quoi, l’argent dans le sport, c’est moche. Surtout à Paris d’ailleurs. Mais heureusement, tous ces problèmes sont un peu une exclusivité parisienne. Comme le racisme :
3. Les supporters parisiens sont tous racistes
Il y a eu des enquêtes poussées, plusieurs sondages, les journalistes les plus sérieux se sont penchés sur la question… et le constat est éloquent ! Au PSG, les supporters sont racistes. Enfin il y a sûrement eu enquête. Ou peut-être sondage. Et d’ailleurs, ce problème de racisme parisien, Charles Villeneuve l’a soulevé du temps où il était journaliste… vous savez, durant cette fameuse période à laquelle tous ses ennemis se réfèrent pour expliquer qu’il n’y connaissait absolument rien au football. Si cela ne prouve pas qu’il était bien placé pour en parler, du monde du football parisien…
Quoiqu’il en soit, au Paris Saint-Germain, tous les supporters sont racistes. Ca c’est sûr. Pourquoi ? Mais parce que tout le monde le dit voyons !
Sauf que le club de football de la Capitale a été le premier club français à se voir récompensé d’un Licra d’Or pour sa lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Alors une petite concession : tous des racistes à Paris, sauf les dirigeants. Là.
Bon, les dirigeants… et les supporters. Car, lors du dernier match de L1, dans le cadre d’un partenariat les tribunes du Parc des Princes ont participé à un tifo pour promouvoir les valeurs de respect des différences, en dénonçant racisme et homophobie.
Pour résumer, au PSG, tout le monde est donc raciste, sauf ceux qui ne le sont pas. En revanche, à Toulouse et Marseille, pas de souci de cet ordre. Là-bas, ce qui est bien au moins, c’est que l’on est sûr que personne n’est raciste. Obligé, puisqu’on n’en parle jamais !
Comment font-ils pour éradiquer ce fléau, et être sûrs de leur fait ? Mystère… Ils doivent filtrer à l’entrée du stade, vérifier si vous avez une carte d’adhérents à l’ARF (Association des racistes de France), dont les membres sont systématiquement refoulés. Ils ont sûrement un truc…
Ce qui est sûr, c’est qu’à l’OM au moins, en tribunes, on ne fait pas de politique. La preuve : toutes les rencontres voient exposé dans le virage un portrait de Che Guevara. Che Guevara qui ne faisait pas du tout de la guérilla communiste, mais militait activement pour la vente de tee-shirts en Amérique latine, ce qui a plutôt réussi quand on y pense.
Et d’ailleurs, si le Paris SG a été récompensé par la Licra, certains supporters de Marseille ont pour leur part été condamnés pour homophobie… car ils vendaient des tee-shirts effectuant un amalgame entre supporters parisiens et homosexuels grâce à un spirituel rétro-acronyme [3]. Rapprochement qui, on en conviendra, était très insultant pour la communauté gay : se voir traités de racistes comme ça, pas très agréable.
Mais bon, à Toulouse en revanche, pas de condamnation. Ouf ! Les supporters se sont contentés de rappeler très affectueusement que la couleur rose du maillot du Stade Français n’était à leurs yeux pas très virile. Enfin ils l’ont rappelé, jusqu’à ce qu’un génie du marketing ait une inspiration d’une folle originalité en les affublant à leur tour d’un maillot… rose. Mais pâle, le leur. Le genre de rose qui ne s’assume qu’à moitié, parce que tout de même, du côté des publicitaires on s’est dit que le rugby c’est pas un sport de filles… sauf quand ce sont des filles qui y jouent, bien sûr (respectons les joueuses). Ou quand ce sont des filles qui achètent leur billet dans le stade (respectons les recettes guichets). Bon, bref, au Stade Toulousain ils ont aussi un maillot rose alors maintenant finis les sous-entendus : ils sont lavés de tout soupçon de relents homophobes rétrogrades.
Après, entre « rose tapettes » et « rose lavettes » chacun ses goûts. Ce qui ne changera pas, ce sont les valeurs identitaires du Sud de la France. La chaleur humaine, induite par un climat généreux. Eh oui, que voulez-vous :
4. Là-bas, au moins, on a le soleil
Et à Paris, on ne peut pas en dire autant ! Demandez à Peter Luccin, ancien joueur de l’OM puis du PSG : sa petite amie marseillaise de l’époque ne lui avait-elle pas demandé de quitter la Capitale si souvent pluvieuse ? Elle avait l’impression que si elle levait les bras, elle pourrait toucher les nuages.
C’est qu’en plus de s’adonner aux travaux de jardinage, ou encore à la désinfection de vestiaires [4], le Marseillais est également poète à ses heures perdues. Mais comment fait-il ? Il a le soleil.
Ce qui pourrait passer pour un détail s’avère pourtant bien pratique quand il s’agit d’expliquer pourquoi on a mis la voiture de Robert Pirès sur le toit, pourquoi on balance des piles ou des morceaux de faïencerie sur les supporters adverses : là-bas on le soleil. Ca donne le sang chaud, mais bon, ça n’est pas bien grave hein, et du coup on a le droit.
À Paris en revanche (et comme partout ailleurs a priori), lancer des objets c’est mal, casser la vitre de la voiture de Sylvain Armand est un acte répréhensible, et du coup les supporters sont « des brigands de stades ». Bien fait pour eux : les supporters du Paris SG n’avaient qu’avoir le soleil…
Notons que cette justification météorologique a également été utilisée avec succès à Toulouse… mais en football , pour expliquer l’inadmissible comportement de l’actuel entraîneur du TFC à l’encontre de Bernard Mendy, en fin de saison 2007/2008. Comme quoi, les grands esprits…
Toutes ces histoires de soleil, il faut juste espérer que ça n’empêche pas le match OM-PSG d’avoir lieu ce dimanche : c’est qu’il y avait une alerte inondations sur les Bouche du Rhône hier, à cause des trop fortes pluies… C’est des coups à vous faire passer pour des brigands des stades cette affaire ! Heureusement qu’on peut compter sur certains faits établis :
5. Les supporters de l’OM ne sont pas violents
Parfois, une image vaut mieux qu’un long discours…
Si après tout cela, il reste encore des supporters qui n’auraient pas compris que les clubs parisiens sont indéfendables, dans tous les sens du terme, c’est à désespérer.