Paris ramène finalement un seul point de son déplacement à la Mosson.
Le match en bref
Pour cette première rencontre de la saison, le PSG s’avançait avec un visage assez connu de ses observateurs : seuls Erding et Coupet faisaient office de nouvelles têtes, et la composition était celle attendue, avec Bourillon en défenseur central et une attaque Erding-Luyindula. Côté montpelliérain, il s’agissait certes d’un promu, mais qui présentait un effectif assez expérimenté : plusieurs joueurs rodés à la L1 étaient alignés — Dernis, Jeunechamp, Pitau, Dzodic, Souleymane Camara.
Et cette expérience a finalement bien servi à Montpellier : loin d’être impressionnés, les joueurs de René Girard n’hésitent pas à rentrer dans leurs adversaires, en utilisant une agressivité complètement déplacée. Le match s’en retrouve haché, et dans la première demi-heure, mis à part quelques frappes contrées, rien de dangereux ne vient, d’un côté comme de l’autre.
À la 33e minute, le toujours très nerveux Cyril Jeunechamp se fait expulser suite à un deuxième carton jaune (voir plus bas). Les Parisiens profitent alors des nouveaux espaces pour se procurer coup sur coup deux belles occasions. Un beau ballon en cloche de Sessegnon, bien dévié par Luyindula, attérit sur Erding qui manque son contrôle face au gardien. Puis c’est Giuly qui effectue un centre d’un rien trop long pour l’international turc.
La deuxième mi-temps reprend, et malgré une domination logique des Parisiens, les occasions tardent à venir. Ce sont même les Montpelliérains qui se montrent les plus dangereux, avec une tête de Souleymane Camara qui passe de peu à côté. Les Rouge et Bleu, de leur côté, manquent cruellement d’imagination offensive. De façon surpenante, c’est Makelele qui donne l’impulsion décisive : à vingt minutes de la fin, l’ancien de Chelsea profite d’un bon travail d’Armand pour armer une frappe flottante des 25 mètres. Le gardien, Jourdren, est surpris : il repousse comme il peut, puis se jette devant Erding et dégage à nouveau la balle… sur Giuly qui ajuste tranquillement le cadre (0-1, 71e).
À 11 contre 10, avec un but d’avance, on croit l’affaire entendue. Les Parisiens se contentent de gérer et font bien tourner la balle. Pourtant, il se dégage sur certaines actions un soupçon de fébrilité, comme sur ce long ballon où Coupet est trop court, et qu’Armand finit par dégager sur sa ligne. Et malheureusement, sur un énième coup de pied arrêté adverse, le Bosnien Spahic reprend au deuxième poteau un corner dévié, et égalise à la dernière seconde de jeu (1-1, 90e+4).
Ce match nul à l’extérieur n’est pas un si mauvais résultat dans l’absolu, pour un match de reprise où n’importe quelle mauvaise surprise peut arriver. Toutefois, vue la tournure des événements — une supériorité numérique pendant une heure, puis une ouverture du score à 20 minutes de la fin —, l’incapacité du PSG à accélérer durant ce match, et à gérer son avantage — ce qui était une de ses forces l’an dernier — peut légitimement décevoir. Mais nous ne sommes qu’en tout début de saison, et il vaudrait mieux éviter tout jugement définitif.
L’expulsion de Jeunechamp est-elle justifiée ?
Oui, répondent L’Équipe et le Parisien. Compte-tenu de l’agressivité des Montpelliérains, et du nombre de gestes préhistoriques dont ils se sont rendus coupables, le fait qu’un de leurs joueurs se soit fait expulser dès la demi-heure de jeu n’a rien d’étonnant. D’autres joueurs auraient pu rejoindre Jeunechamp au vestiaire sans que cela soit réellement choquant. Louis Nicollin avait dit avant le match que ses joueurs allait taper le PSG : il ne croyait pas si bien dire. Toutefois, ce ne sont pas sur des agressions que l’expulsion s’est faite, et c’est en ce sens que certains Montpelliérains trouvaient la sanction trop sévère.
Car le problème est que, comme à son habitude, l’arbitre Bertrand Layec a passé son temps à prendre des décisions complètement incohérentes. Aussi, Cyril Jeunechamp a-t-il été sanctionné de deux cartons jaunes pour une altercation anodine avec Makelele — qui a également valu un carton au capitaine parisien — et pour une intervention en retard sur Giuly. Et dans le même temps, Bertrand Layec a au mieux sifflé faute pour le PSG sur une semelle par derrière de Spahic sur Luyindula, sur un tacle les deux pieds décollés de Jeunechamp sur Cearà, sur un coup de pied de Montao sur Armand, un coup de coude de Camara sur Clément et, enfin, sur une agression de Dernis sur Sakho que n’aurait pas reniée Curbelo. Tous ces gestes auraient pu valoir des cartons rouges directs, mais l’arbitre de la rencontre n’a sorti ses cartons en aucun cas, préférant sanctionner des gestes en retard mais jamais dangereux… C’est une vision des choses difficile à comprendre.
De même, la fin du match a été marquée par une succession d’accrochages bénins, tous sifflés par Layec à l’encontre du PSG, donnant ainsi une multitude de coups-francs aux Montpelliérains. Ceux-ci ont fort bien profité de ces diverses offrandes, pour finir par obtenir le corner salvateur…
La vie sans Rothen
Après le match, le nouvel entraîneur du PSG — qui n’était pas sur le banc car suspendu — a livré son analyse de la rencontre [1] :
Quand on marque en premier, il faut être plus solide défensivement, et surtout aller marquer ce deuxième but. […] J’aurais voulu qu’on joue plus simple, en étant plus patient et en passant par les côtés.
On ne peut qu’adhérer à cette vision des choses. Paris s’est contenté de gérer la fin de match, alors que l’équipe n’avait pas encore les certitudes défensives pour procéder de la sorte et a clairement trop tenté de passer plein axe pour marquer. Sur le premier point toutefois, Kombouaré ne doit pas être exclu de l’analyse : après le but, il a lui-même sorti Ludovic Giuly pour le remplacer par Granddi Ngoyi, donnant ainsi à son équipe un visage naturellement plus défensif.
Sur le deuxième point, c’est une conséquence directe de l’absence de Rothen. Même s’il a été vivement critiqué un peu partout, les statistiques sont assez formelles : l’influence de Rothen sur le jeu parisien était encore très forte. Il a été partie prenante dans un peu plus de 40 % des buts du PSG la saison dernière. Surtout, il imposait un style sur son côté : de par sa position il écartait le jeu, et mettait la défense adverse à l’épreuve en adressant des centres — précis ou non. Ainsi, il effectuait entre une dizaine et une quinzaine de centres par match, ce qu’aucun joueur n’a fait samedi soir. Cela durait depuis cinq saisons ; forcément, en son absence, la teneur du jeu parisien devient radicalement différente.
Les hommes sur les côtés centrent peu voire pas du tout, et ont une tendance naturelle à repiquer dans l’axe. Dès lors, c’est toute l’équipe du PSG qui va devoir s’habituer à évoluer autrement. Et si Kombouaré veut que sa formation insiste sur les côtés, il faudra probablement qu’il ait une grosse discussion tactique avec ses joueurs de couloir. À moins que Rothen ne reste finalement, ou qu’il soit remplacé par un vrai milieu gauche. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là.
Le règlement selon René Girard
L’entraîneur montpelliérain a donné une interprétation tout à fait surprenante du football et de ses règlements samedi soir [1] :
Ce n’est que le début de la saison, je ne vais pas commencer avec l’arbitrage, mais c’était sévère : on est promu, on joue à la maison, au bout de 34 minutes on se retrouve à dix…
Contrairement à ce que les propos de cet entraîneur diplômé pourraient laisser entendre, il n’y a aucune loi du jeu qui stipule qu’il interdit de donner un carton rouge à un joueur d’un club promu, même s’il joue à domicile et — très étonnamment, avouons-le — même si l’action litigieuse se déroule à la 34e minute.
Kombouaré dans la continuité de Le Guen
La composition d’équipe du PSG d’hier soir ressemblait quand même assez furieusement à ce que faisait Paul Le Guen l’an dernier. Même disposition d’équipe et, globalement, mêmes joueurs. L’an dernier, on pouvait entendre sur certaines radios et dans les tribunes, et lire sur des forums de supporters, que Le Guen avait ses bonnes têtes, et qu’il faisait jouer ses chouchous. C’est ce qui était dit pour expliquer la présence régulière de Clément et Bourillon — même si ce dernier ne jouait pas souvent —, mais surtout pour expliquer l’absence de Mateja Kezman.
Maintenant que Kombouaré a prolongé la même hiérarchie, en s’appuyant sur Clément au milieu et Bourillon en défense centrale, et en ne faisant pas jouer Kezman malgré la blessure de Hoarau, va-t-on enfin admettre que Le Guen faisait jouer les meilleurs joueurs et les plus en forme de son effectif ?
Autres infos autour du match
Le point sur les suspensions
Déjà suspendu à Montpellier, Younousse Sankharé ratera également le prochain match contre Le Mans. Armand, Makelele et Sakho ont été avertis samedi et seront menacés en cas de nouvel avertissement.
Banderoles, tribunes et photos
Guichets fermés. Près de 1 500 supporters parisiens ont pris place dans le parcage visiteurs du stade de la Mosson. Ils se feront entendre à de nombreuses reprises. Par ailleurs, une partie des barrières de sécurité cèderont lors de l’explosion de joie des Parisiens après le but de Giuly, faisant plusieurs blessés parmi les supporters.
Les photos des tribunes sont disponibles sur les sites habituels :
fansupporters.com ;
le fil dédié au match de Mouvement Ultra.
Le site officiel du Paris SG propose également des photos du match et des tribunes.