Face au leader auxerrois, le PSG a confirmé sur le terrain les déclarations d’intention faites dans la presse. Mais il faudra désormais faire sans Grégory Coupet…
Le match en bref
Treizième avant la rencontre et restant sur deux défaites consécutives — soit une victoire en huit matches de L1 —, le PSG avait l’occasion de se relancer en accueillant Auxerre, surprenant leader du championnat, et qui était sur une série de sept victoires de rang. Pour ce faire, Kombouaré avait décidé de mettre fin à l’intermède 4-2-3-1 et de revenir à la tactique du début de saison, un 4-4-2 avec Giuly à droite et Sessegnon à gauche. Côté bourguignon, Jean Fernandez devait faire sans son meilleur attaquant, Jelen, et l’avait donc remplacé par l’étonnant Roy Contout.
Le match commence plutôt bien pour les Parisiens, qui monopolisent complètement le ballon durant les dix premières minutes. Le pressing est haut, et toute l’équipe joue vers l’avant. À l’image d’un Claude Makelele omniprésent, qui veut donner l’exemple — et pas seulement par voix de presse. Pourtant, contre le cours du jeu, ce sont les visiteurs qui vont se montrer dangereux en premier, sur un coup-franc… parisien, par le biais d’une action furieusement identique au but encaissé face à Nice : Jérémy Clément tire un coup-franc trop court, les Auxerrois partent en contre et prennent de vitesse une défense qui se replie mal : Niculae se présente alors face à Coupet, mais ce dernier sort bien et dévie le tir adverse en corner.
Requinqués par cette occasion, les Auxerrois se montrent nettement plus audacieux, et il s’en suit dix bonnes minutes durant lesquels les Parisiens n’arrivent plus à attaquer. Le premier tir du PSG intervient finalement à la 21e minute : suite à un centre de Giuly et à plusieurs dégagements de la tête, Sessegnon frappe à l’entrée de la surface, et Coulibaly dévie en corner. Peu de temps après, Cearà joue une longue touche, déviée par Luyindula et reprise de la tête par Sessegnon, mais Olivier Sorin capte bien le ballon.
On se dit que le match des Parisiens est enfin lancé, mais le dénommé Roy Contout, meilleur Auxerrois hier soir, perturbe énormément la défense francilienne. Sur une de ses accélérations, il devance Camara et centre en retrait pour Niculae qui, seul face au but vide, rate la balle, bien gêné par le retour de Sylvain Armand. Quelques minutes plus tard, Contout dribble trois Parisiens et tire à côté. Juste avant la mi-temps, le PSG effectue enfin un beau mouvement : Sessegnon effectue une longue transversale pour Giuly, qui lance Luyindula en pleine course. Celui-ci conclue l’action par une frappe trop molle.
La première mi-temps s’achève donc sur un score vierge, et les meilleures occasions auront été pour les leaders du championnat. La deuxième période reprend, et cette fois, les Parisiens dominent nettement et deviennent de plus en plus dangereux. Coulibaly manque de tromper son propre gardien sur un coup-franc, puis sur un corner de Cearà, Erding expédie une tête qui passe de peu à côté. Makelele sonne également la charge en adressant un centre-tir que Luyindula est tout proche de couper.
À ce moment de la rencontre, Sessegnon commence à agacer. Il vient d’hériter de deux ballons plein axe, dans sa position supposée préférentielle, et il a à chaque fois gâché les opportunités : la première fois sur une passe ratée, la deuxième sur un dribble superflu. Kombouaré décidé alors de changer la donne : il fait rentrer Jean-Eudes Maurice à la place de Ludovic Giuly — pas très en forme —, place le nouvel entrant à gauche, et envoie Sessegnon sur le côté droit. La doublette Cearà-Sessegnon qui marchait si bien l’an dernier est alors reformée, et sur le premier ballon qui suit, le Béninois trouve une solution de passe évidente, et lance Cearà en débordement. Celui-ci centre en bout de course, sur la tête de Jérémy Clément qui ouvre le score (1-0, 66e).
Clément, auteur d’une deuxième période remarquable, marque déjà son troisième but cette saison, et s’empresse d’aller remercier Sessegnon et Cearà. Les Parisiens semblent libérés, deviennent bien plus tranchants dans leurs dribbles et décidés dans leurs prises de balle. Mais deux minutes plus tard, Auxerre — qui aime décidément agir quand on ne s’y attend pas — réagit très vite. L’intenable Roy Contout est lancé en profondeur, il pousse son ballon et Sakho commet l’irréparable en le fauchant en pleine surface. Saïd Ennjimi indique logiquement le point de penalty, mais son assistant l’interpelle et lui certifie que la faute a eu lieu à l’extérieur de la surface. Le coup-franc ne donne rien. Cette erreur d’appréciation sert clairement les intérêts parisiens : difficile de dire quelle aurait été la réaction des joueurs de la capitale après une égalisation si rapide.
Les Auxerrois s’énervent et n’arrivent plus à se mettre en situation, alors que les Parisiens commencent à jouer en contre : Maurice puis Armand réalisent des frappes lointaines intéressantes. Mais le vrai fait marquant de la rencontre intervient à la 82e minute. Voulant sauver un corner, Coupet se précipite pour dégager la balle en touche. Dans son élan, il bloque son pied d’appui, et tout son poids s’exerce alors sur sa cheville qui tourne très violemment. Les Parisiens somment les médecins de venir sur la pelouse, et à la vue de la position du pied de Coupet, tout le monde se rend compte de la gravité de la blessure. Tout le monde sauf Benoît Pedretti, qui invective l’arbitre pour qu’il prenne bien en compte le temps perdu.
Coupet sort sur une civière, acclamé par le Parc des Princes. Le gardien parisien prend le temps d’applaudir le public à son tour, et Edel, qui n’a pas eu le temps de s’échauffer, rentre pour les dernières minutes. Au passage, on peut se féliciter que Kombouaré ne soit pas un adepte des changements réalisés tôt dans le match. Edel est à son tour acclamé par les supporters parisiens, et sur le corner qui suit, il s’impose dans les airs et lance une contre-attaque. La fin de match sera finalement calme, hormis une frappe de Bourgeois à la dernière seconde, stoppée par Edel.
Paris bat donc le leader, dans un match difficile qui aurait pu clairement mal tourner. Les esprits chafouins n’auront de cesse de dire que Paris n’a pas fait un match impérial, qu’il s’en est fallu d’une erreur d’arbitrage et que la crise ne reste pas loin. Certes. Mais après la très mauvaise prestation à Marseille, Paris a eu le mérite de montrer un visage conquérant, surtout en seconde période, de nombreux joueurs ont livré une performance très aboutie, et finalement Paris a battu une équipe en forme. En gagnant mercredi prochain à Boulogne-sur-Mer, Paris reviendrait au pire à 6 points du leader…
Que faire de Sessegnon ?
La question peut sembler abrupte concernant l’intrinsèque meilleur joueur de l’effectif parisien, il demeure que depuis le début de saison, Sessegnon n’a réalisé que très peu de matches pleins. Beaucoup estimaient que sa meilleure position était dans l’axe. Sur les trois dernières rencontres, il a eu l’occasion de jouer à ce poste, et il faut se rendre à l’évidence : il a suffi que Nice avec Diakité et Marseille avec Mbia puis Cissé placent un milieu défensif au marquage sur lui pour que le Béninois devienne complètement inutile.
Kombouaré l’a du coup remis côté gauche contre Auxerre. Il n’a pas fait une grande rencontre, loin de là, mais s’est montré nettement plus libre de ses mouvements sur un côté, et s’est procuré les premières occasions du PSG. Seul problème : il avait un mal fou à trouver des solutions de passe évidentes, et portait du coup bien trop le ballon.
Kombouaré l’a repositionné côté droit pour la dernière demi-heure, et l’on a vu immédiatement un Sessegnon bien plus à l’aise, qui trouvait des solutions avec nettement plus d’aisance : sur son premier ballon à ce poste, il a lancé l’action du but. Et pour la suite du match, tous ses dribbles et toutes ses passes se sont avérées nettement plus inspirées, sans compter que Cearà a semblé revivre offensivement avec le Béninois devant lui.
Il ne s’agit certes que de 30 minutes en fin de match, mais on se souvient que Le Guen avait affronté à peu près les mêmes difficultés pour positionner son numéro 10 l’an passé… avant de constater que la meilleure solution était de le faire jouer à droite. Mais le problème s’il revenait durablement à ce poste serait toujours le même : qui mettre en tant que milieu gauche ?
Un excellent Armand
Enchaînant les performances très discutables depuis ce début de saison, avec plusieurs buts qui lui sont clairement imputables — à Montpellier, Monaco et Toulouse —, Armand était actuellement vivement critiqué. Il avait tenté de se défendre dans la presse cette semaine, arguant à raison qu’après cinq saisons avec Rothen devant lui, il avait du mal à s’adapter à la présence d’un autre joueur.
Dans sa sixième saison au club, et au vu de ses performances, Armand n’était pas loin de devenir la nouvelle tête de Turc du Parc des Princes — puisqu’il en faut forcément une. Heureusement, contre Auxerre, celui-ci a eu la bonne idée de réaliser son match le plus abouti cette saison. Très attentif défensivement, il est monté plus qu’à son tour, tentant tant bien que mal de dédoubler avec Sessegnon, même si cela ne s’imposait pas forcément. En première mi-temps, il a réalisé plusieurs centres qui ont mis le danger sur le but adverse — et vu le peu de centres venant de la gauche, ceci est un vrai luxe. En seconde période, il s’est même permis d’adresser deux frappes : une du droit au dessus, une du gauche repoussée par le gardien.
Armand est un joueur qui a souvent du mal à débuter les saisons : espérons que ce bon match le lance enfin.
Zoom sur les coups de pied arrêtés
C’est la grosse incertitude du moment : qui peut tirer les coups francs et corners parisiens, vu le peu de réussite des Parisiens dans cet exercice. C’est d’abord Clément qui a voulu s’en charger en tirant du gauche un coup-franc lointain : cela a amené la première occasion auxerroise sur le contre. Du coup, Clément n’en a plus tiré un seul, et c’est Cearà qui s’est attelé à la tâche.
Le Brésilien a connu du déchet — mais il y en aura toujours dans l’exercice. Il a cependant eu le mérite de réussir à lever ses ballons, lui, amenant plusieurs situations dangereuses. Camara a repris un de ses corners en première période, un csc a failli être marqué suite à un de ses coups francs, Erding a pu reprendre plusieurs balles de la tête sur corners, et diverses situations dangereuses sont arrivées uniquement parce que les ballons de Cearà étaient difficiles à dégager.
Il y a donc enfin une satisfaction dans ce domaine : côté droit, Paris a trouvé son tireur. Le problème reste entier de l’autre côté du terrain, car de par sa position de latéral, Cearà peut difficilement aller tirer les corners côté gauche.
La succession de Coupet
Les images sont absolument terribles, Sylvain Armand affirme avoir vu la forme de l’os sortir de la chaussette de Coupet, et Kombouaré a d’ores et déjà dit que la saison du gardien était terminée. Le site officiel annonçait dès samedi soir que l’ancien Lyonnais serait opéré dans la nuit d’une fracture de la cheville gauche à l’hôpital de la Pitié-Salpetrière. Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvaise augure et en souhaitant sincèrement à Coupet de revenir au plus vite, il faut quand même avoir à l’esprit qu’un gardien âgé de 37 ans — le 31 décembre —, aussi fort mentalement et physiquement soit-il, aura forcément un mal fou à se remettre d’une telle blessure.
À un âge avancé pour un sportif, tout est plus difficile, et tout demande plus d’effort. On a déjà vu un jeune homme, Laurent Leroy, avoir la carrière brisée suite à des blessures similaires. À son retour, Coupet approchera des 38 ans, aura-t-il les ressources nécessaires pour se remettre dans les dispositions du haut-niveau ? Nous n’en sommes pas là, Coupet doit d’abord traverser le long processus de guérison.
Ce fait malheureux va parachuter au premier plan Apoula Edel. À terme, il devait y avoir un passage de témoin progressif entre les deux gardiens, finalement, ce relai sera immédiat : Edel va garder les cages parisiennes pour le reste de la saison — et une fois de plus, Kombouaré a été bien inspiré de recruter un troisième gardien chevronné en début de saison — Willy Grondin, l’ancienne doublure de Valenciennes.
La direction parisienne avait déjà hésité en fin de saison dernière à confier le poste de numéro un directement à Edel, et tous ceux qui l’ont côtoyé disent énormément de bien de ce gardien, à commencer par Jérôme Alonzo ou Paul Le Guen qui aimerait bien le récupérer dans sa sélection du Cameroun. Du reste, ses différentes apparitions en équipe première, et encore hier soir, ont toutes été parfaitement maitrisées jusque-là. Ce gardien a l’air vif, doué dans le jeu aérien : de quoi sportivement ne pas être trop atteint par les futures absences de Coupet.
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Aucun but encaissé. Après huit rencontres de championnat consécutives au cours desquelles le PSG encaissait au moins un but, les Parisiens ont enfin gardé leurs buts inviolés ce week-end. Ce n’est que le deuxième match sur 13 — après PSG 3-0 Lille — que le PSG n’a pas encaissé de but.
Retrouvailles
Côté parisien, Peguy Luyindula (2005/2006, prêté par l’OM) et Sammy Traoré (2007/2008, prêté par le PSG) ont porté le maillot auxerrois par le passé. À l’AJA en revanche, aucun joueur n’est passé par le PSG auparavant.
Le point sur les suspensions
Stéphane Sessegnon sera suspendu à Boulogne-sur-Mer mercredi 2 décembre (14e journée).
Averti samedi soir, Mamadou Sakho rejoint Granddi Ngoyi sur la liste des joueurs sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement. Par ailleurs, Cearà, Chantôme, Clément, Luyindula et Traoré seront menacés en cas de nouvel avertissement.
Banderoles, tribunes et photos
Comme prévu, de nombreuses banderoles hostiles à Colony Capital ont été déployées à travers le stade :
« Colony, 0 % ballon rond, 100 % spéculation : stop !!! » (Lutèce Falco)
« Le Parc n’est pas… une prostituée ! » (Lutèce Falco)
« Colony ta priorité c’est l’immobilier… Nous le PSG ! Dégage » (Puissance Paris)
« Ce Parc restera à jamais… celui des Princes » (Supras Auteuil)
« Colony Capital go home » (Supras Auteuil)
« Naming, maillot, résultats : Colo’Nike ta mère [1]) » (Authentiks)
Les dernières minutes du match furent également l’occasion de scander des slogans appelant au départ de l’actionnaire américain.
De nombreuses autres banderoles rendaient par ailleurs hommage à Julien Quemener, décédé le 23 novembre 2006.
Les photos des tribunes sont disponibles sur les sites habituels :
Photos du match PSG 1-0 Auxerre depuis Auteuil
le fil dédié au match de Mouvement Ultra.
Le site officiel du Paris SG propose également des photos du match et des tribunes.