À l’été 2005, le PSG donne une note sud-américaine à son mercato en recrutant Cristian Gabriel Rodríguez Barrotti (19 ans) et Carlos Eber Bueno Suarez (25 ans). Les deux joueurs sont peu connus en Europe mais ils ont déjà fait leurs preuves avec la sélection uruguayenne. En plus de briller en sélection, Carlos Bueno est une authentique star auprès des supporters du CA Peñarol Montevideo. Avec 57 buts marqués en 120 matches de championnat entre 1997 et 2005 et deux titres de champion d’Uruguay, il fait les beaux jours de l’équipe jaune et noire.
Transfert rocambolesque au PSG
Son arrivée au PSG se fait cependant dans la confusion la plus totale : le club parisien l’engage avec son jeune coéquipier Cristian Rodriguez pour quatre ans, sans régler la moindre indemnité de transfert au Peñarol, puisque plus aucun lien contractuel n’existe. Le litige vient du fait que la législation uruguayenne permet aux clubs locaux de reconduire automatiquement le contrat d’un joueur pour deux ans, dès lors que celui-ci dispute au moins un match avec son équipe. Le Peñarol réclame donc 6,75 millions de dollars pour Bueno et 8,25 millions de dollars pour Rodriguez, au titre d’indemnité de transfert. Le 1er septembre 2005, la Fifa interdit aux deux joueurs de prendre part au moindre match avec Paris et affirme trois semaines plus tard l’existence d’une relation contractuelle. Cinq jours plus tôt, Carlos Bueno avait fait ses débuts avec le PSG contre Nice — il est rentré dans le dernier quart d’heure.
Saisie par le PSG, la commission des litiges de la Fifa autorisera finalement, le 28 octobre, les deux joueurs à exercer leur métier librement sans que le PSG ne paye d’indemnité de transfert [1] — cette décision sera confirmée ultérieurement par le Tas. Cet heureux épilogue sur le terrain juridique ne trouve cependant pas d’écho sur le terrain sportif pour Bueno : Cristian Rodriguez et lui sont jugés indésirables en équipe nationale pour avoir trahi le club de leur pays… Avec le PSG, ce n’est guère mieux : sur ses 12 matches joués en championnat, « El loco » n’en disputera pas un seul dans son intégralité. Surtout, il se montre inefficace. Ses seuls buts marqués sous le maillot parisien auront leur importance dans le parcours victorieux en coupe de France, mais le prestige des adversaires — l’US Vermelles (DH) en 32es de finale, Lyon-La Duchère (CFA) en 8es — aura pour conséquence de ne pas marquer les esprits.
Un exploit insuffisant au Portugal, un échec en Argentine
Pour se relancer, Carlos Bueno part au Sporting CP (Portugal), en prêt avec option d’achat, à la fin de saison 2005/2006. Là encore, il déçoit par son manque d’impact devant le but. Il devient vite un habitué du banc de touche. Cela lui permet malgré tout de marquer l’histoire du club : il inscrit quatre buts en 20 minutes le 3 février 2007 face au CD Nacional. Exploit unique de la part d’un joueur remplaçant pour ce club centenaire ! L’entraîneur Paulo Bento casse cependant vite l’ambiance : « Il ne faut pas qu’il s’imagine que cet exploit suffise pour que sa saison soit une réussite », déclare-t-il après le match. Le club portugais ne lève d’ailleurs pas l’option d’achat. Et Paul Le Guen ne souhaitant pas plus le garder dans son effectif, le PSG résilie son contrat à l’amiable.
Cette liberté contractuelle lui permet de signer à Boca Juniors (Argentine). Bueno ayant toujours répondu présent en équipe uruguayenne après sa suspension d’un an, dirigeants et supporters du club argentin se félicitent de ce transfert. Ils sont persuadés qu’il sera une alternative crédible à Palacio sur le front de l’attaque. Quant à lui, il promet de faire tous les « efforts et sacrifices » pour réussir. Six mois seront suffisants pour doucher l’enthousiasme ambiant. Non seulement Bueno déçoit sportivement, mais il porte atteinte à l’image du club. Un coup de poing au menton du gardien de Gimnasia La Plata et une nuit en garde à vue après avoir frappé un adolescent en discothèque participeront à son licenciement.
Retour en Uruguay : Bueno brille… puis s’éteint
Au début de l’année 2008, il se tourne alors vers son « club de cœur », le Peñarol Montevideo, pour se relancer. Malheureusement, l’épisode de son départ mouvementé a fait beaucoup de dégâts auprès des dirigeants et des supporters : agacé par l’attitude du club jaune et noir, il avait été jusqu’à insulter le président Damiani au moment de son départ au PSG. Son retour n’est alors possible que suite à des excuses publiques de sa part. Le fils de l’ancien président, devenu directeur sportif, concédera alors que « faire revenir Carlos Bueno a été la décision la plus difficile de [sa] vie ». L’ancien Parisien signe pour six mois.
Cette demi-saison contribue à lui faire regagner la confiance des supporters puisqu’il brille comme au bon vieux temps. Il marque 13 buts et aide très largement le club à gagner le tournoi de clôture. Libre, le FC Bruges s’intéresse alors à lui, mais il accepte avec joie de poursuivre l’aventure au Peñarol. Depuis, ses performances sont reparties à la baisse et les supporters, versatiles, mettent peu de temps à se souvenir qu’ils l’avaient surnommé « El traidor » (le traître). Il est désormais régulièrement sifflé et ses détracteurs se font de plus en plus entendre. Des blogs réclamant son départ au plus vite retrouvent matière à disserter (voir par exemple Fuera Bueno), alors que des photos de ses sorties nocturnes se remettent à circuler pour expliquer son manque de professionnalisme. En déclarant dernièrement qu’ils ne souhaitaient pas reconduire les gros salaires tels que Bueno ou Franco, les dirigeants du Peñarol ont d’ailleurs laissé entendre que l’histoire pourrait de nouveau s’arrêter.
Carlos Bueno continue cependant à être régulièrement sélectionné en équipe d’Uruguay. « Même lorsque j’etais à Boca j’étais convoqué, pourquoi ne serait-ce plus le cas ? Mon niveau de jeu a-t-il baissé ces derniers mois ? En fait, je ne marque plus, mais je continue à donner le maximum pour l’équipe », se rassurait-il le mois dernier devant la presse uruguayenne. Une blessure empêche de savoir si le sélectionneur lui fait toujours confiance pour les matches à venir fin mars, mais ses statistiques en équipe nationale (16 buts en 27 sélections) plaident très certainement pour lui.
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