Les enseignements du match
Joueur par joueur
Salvatore Sirigu a une nouvelle fois réalisé un match en tout point irréprochable. Il ne peut absolument rien sur le but encaissé, et n’a pas été souvent mis à l’épreuve par les attaquants adverses. Mais il a été décisif au moment où il le fallait, en évitant au PSG d’être mené au retour des vestiaires, avec une parade spectaculaire sur une volée puissante de Socrier. L’attaquant corse a finalement été le seul joueur à tenter de perturber la défense centrale, qui a ainsi eu une partie facile, gagnant la plupart des duels aériens. Zoumana Camara continue à être le porte-bonheur du club cette saison (voir plus bas) et Mamadou Sakho a pu renouer plutôt tranquillement avec la L1.
Titularisé sur le côté gauche, Sylvain Armand n’a pas non plus eu à souffrir de l’opposition. Bien mis en confiance par une passe décisive de la tête sur l’ouverture du score, l’ancien Nantais a contrôlé le dribbleur Kinkella sans difficulté. On peut seulement lui reprocher sa relance de la tête manquée sur le but d’Ajaccio, même si sa position pour dégager n’était pas idéale. En fin de rencontre, il a été repositionné au milieu de terrain, à la récupération, poste qu’il occupera certainement de temps à autre en l’absence de Matuidi. Délesté de son brassard avec le retour de Sakho, Marcos Cearà a lui aussi livré un match propre en interceptant de nombreux ballons ; ses touches longues ont posé de gros problèmes à la défense corse. À l’instar d’Armand, le seul bémol de sa prestation reste un renvoi de la tête plein axe, qui amène la volée de Socrier.
Antoine Kombouaré a titularisé Momo Sissoko pour la première fois en L1. Le Malien a été plutôt inquiétant en première période, avec un match qui était dans la lignée de celui de Bilbao : un jeu très — voire trop — axé sur le physique avec des interventions souvent limites. Il prend un carton jaune très logique pour un tacle engagé, et provoque ainsi le coup franc de l’égalisation. Ne voulant ensuite pas être expulsé, il a paru jouer avec le frein à main sur certaines interventions, ne sachant pas réellement quand mettre la jambe. Durant sa première mi-temps, la seule éclaircie est venue d’une très jolie volée du gauche, passant à côté. En deuxième période, Sissoko s’est libéré suite à une action décisive : une attaque côté gauche suivie d’une remise de la tête pour le deuxième but de Gameiro. L’ancien de la Juventus est ensuite apparu plus serein, avant de sortir à un quart d’heure de la fin. À côté de lui, Clément Chantôme poursuit sa montée en régime après sa blessure, et s’il a été un peu discret en première période, il s’est montré décisif sur le troisième but avec son appel favori sur le côté droit de la surface, et un dribble sur Ochoa. En dehors de ses montées, sa volonté de trouver le joueur créatif le plus proche, et le plus simplement possible, est très utile pour le PSG.
Au niveau des joueurs offensifs, le match de Nenê peut être considéré comme agaçant par certains. Le Brésilien a effectué son lot de mauvais choix, en tentant parfois le dribble de trop, ou la frappe qui ne s’imposait pas… Mais dans le même temps, il a constamment pesé sur la rencontre et plusieurs actions ont pour source son pied gauche. Très rapidement dans la rencontre, les adversaires se sont énervés face à lui et le public l’a pris en grippe, ce qui est généralement bon signe pour le PSG. À noter enfin un sauvetage sur la ligne sur corner, avec une tête défensive qui était loin d’être évidente. Pastore a lui été assez inégal, mais on ne sait plus très bien comment juger objectivement l’Argentin. Il n’a pas été décisif — il n’est pas impliqué sur les actions des buts —, et a parfois disparu au cours de la rencontre. Pourtant, son positionnement en électron libre et évidemment sa facilité technique ont amené des occasions en première mi-temps : la frappe de Chantôme ou le tir croisé de Gameiro. Ce n’est pas le meilleur match de Pastore au PSG, mais il est loin d’avoir été transparent. À droite, Christophe Jallet a lui réalisé une très bonne rencontre, que ce soit balle au pied, défensivement ou même dans le jeu aérien. Face à un adversaire de faible envergure, il a montré que le PSG ne perdait rien au change quand Ménez était absent.
En pointe, Kévin Gameiro est évidemment l’homme du match. Sa qualité au niveau des appels en profondeur n’est plus à démontrer, il a cette fois prouvé que le registre de renard des surfaces lui convenait également. Il a marqué trois buts, trois fois dans les six mètres en n’ayant plus qu’à finir l’action. Ce triplé répond à celui de Giroud la veille, et il prend ainsi seul la première place au classement des buteurs. Du côté des remplaçants, Erding, Tiéné et Bahebeck, il n’y a rien à signaler, les trois joueurs étant rentrés alors que les deux équipes ne jouaient plus vraiment.
Les choix de Kombouaré
Avec trois joueurs suspendus, certaines des décisions de l’entraîneur parisien étaient dictées par les circonstances. Il n’empêche que pour le onze initial, Antoine Kombouaré a pris des décisions qui n’étaient pas forcément attendues.
Au poste d’arrière gauche, alors que Siaka Tiéné était attendu, c’est finalement Sylvain Armand qui a débuté. Il ne faudrait pas voir ici une sanction contre l’Ivoirien, qui était même dans une bonne spirale ces derniers temps. Celui-ci était en effet blessé la semaine dernière et n’a pas joué en sélection. Il est très envisageable qu’Antoine Kombouaré ait donc choisi de le ménager pour cette rencontre, avant de lui faire répéter les matches dans les semaines à venir. Par la même occasion, cela lui a permis de voir où se situait Armand à ce poste-ci, lui qui a passé une saison entière en défense centrale.
À la récupération, l’association habituelle du début de saison est le duo Matuidi-Bodmer. Le premier étant suspendu et blessé, Kombouaré a choisi de tout changer en titularisant Sissoko et Chantôme. La première explication peut venir du fait que Kombouaré voulait lancer Sissoko en L1 sur cette rencontre, afin de l’aider à revenir en forme. L’associer à Bodmer aurait comporté un risque, le volume de jeu des deux hommes étant incertain. Mettre Chantôme offrait la garantie qu’au moins un des deux récupérateurs allait balayer tout le terrain, voire travailler pour deux si le besoin s’en faisait sentir. L’autre explication peut se trouver dans le turn-over global de Kombouaré. Jeudi prochain, Paris se déplace à Bratislava, et comme il l’a fait à Bilbao, l’entraîneur parisien pourrait laisser un ou deux de ses joueurs offensifs à Paris, notamment Pastore. Auquel cas Bodmer se retrouverait en première ligne pour le remplacer. Ne pas le faire jouer en Corse était peut-être la meilleure solution pour l’avoir au top jeudi prochain.
Enfin au poste de milieu droit, c’est Jallet qui a joué. Ce n’est pas vraiment surprenant, mais la question pouvait se poser des choix préférentiels de l’entraîneur en cas d’absence dans sa ligne offensive. La hiérarchie est claire : Jallet est actuellement devant Bahebeck sur ce poste-là, et la prestation de l’ancien Lorientais peut conforter Kombouaré dans son choix. Qui plus est, le duo avec Cearà fonctionne toujours aussi bien.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Classements. Premier au classement général, le PSG est également la meilleure équipe à l’extérieur, la meilleure défense et possède la meilleure différence de buts. Seuls « bémols » : Paris est deuxième au challenge du fair-play, troisième au classement à domicile et compte la troisième attaque du championnat.
Séries (1). Le PSG reste désormais sur une série de neuf matches sans défaite en championnat, dont sept victoires. « C’est la plus longue série d’invincibilité du club de la capitale depuis 2004/2005 », précise L’Équipe.
Séries (2). Paris a enchaîné à Ajaccio sa quatrième victoire consécutive en L1.
Stats en vrac : les joueurs
Porte-bonheur. Quand Camara est titulaire, Paris gagne systématiquement. Quand il ne l’est pas, Paris ne gagne jamais : le PSG a remporté 10 matches cette saison toutes compétitions confondues, Zoumana Camara était titulaire lors de chacun de ces matches ; a contrario Paris a concédé 2 matches nuls et 2 défaites, il s’agit des 4 seuls matches que Camara n’a pas débutés. (source : Paris est magique)
Triplé. Kevin Gameiro est le « premier Parisien à signer un triplé depuis Erding (le 13 mars 2010 contre Sochaux) », assure le Parisien. C’est vrai en championnat seulement, car en coupe de France, Guillaume Hoarau avait réussi un triplé en février dernier à Martigues. Ce coup du chapeau est par ailleurs le deuxième triplé de l’ancien Lorientais en L1 après celui réussi contre Bordeaux en février dernier (5-1).
Timing. « Kevin Gameiro a marqué le but le plus rapide de la saison en Ligue 1 (1m15s) », remarque Opta. Il s’agit par ailleurs du « premier but du PSG cette saison en L1 qui a été marqué avant la 36e minute », ajoute le fournisseur de statistiques.
Invincibilité. « Avant le but de Medjani à la 24e minute, Salvatore Sirigu était resté invaincu face à Lyon (2-0) et à Montpellier (0-3) », soit 223 minutes au total, indique PSG.FR.
Première. Après avoir débuté en L1 à Montpellier puis avoir été titularisé en Ligue Europa à Bilbao, Momo Sissoko a été aligné d’entrée de jeu pour la première fois en championnat de France.
Fin de série. Après deux défaites et trois matches nuls, le PSG a ramené sa première victoire d’Ajaccio en championnat. Jusqu’à dimanche, Paris n’y avait même inscrit qu’un seul but.
Infos en vrac
Retour. Blessé aux ischio-jambiers à Rennes le 13 août dernier, Mamadou Sakho faisait son grand retour en L1 après deux mois d’absence.
Autres résultats. À noter le match nul 0-0 de Marseille à Toulouse et la défaite 3-0 de Bordeaux à Nice. Paris compte trois points d’avance sur Montpellier (2e) et Lyon (3e), quatre sur Lille (4e) et quatorze sur l’OM (15e).
Vu — lu — entendu
Un ancien Parisien dans les buts d’Ajaccio. Durant les premières minutes de la rencontre, Olivier Rouyer affublait systématiquement le gardien corse du nom « Okocha ». Il a fallu qu’au bout de trois fois son collègue Grégory Nowak ait pitié de lui et lui fasse remarquer qu’Okocha était un ancien milieu de terrain parisien, le portier mexicain se nommant Ochoa.
Dans la presse
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 17 octobre 2011 :
Dans une saison, il y a des tests et des formalités, et une trame, parfois. Les tests, pour le PSG, c’était Montpellier et Lyon. La formalité attendue, c’était Ajaccio. Et la trame, puisque la saison parisienne semble étirer un fil directeur, c’est cette idée que Paris, match après match, même après avoir sérieusement vacillé, se remet toujours debout. Et qu’il gagne, dès qu’il décide que le temps est venu de s’emparer du résultat. À la demi-heure de jeu, hier, le PSG n’était pas beau à voir. […] Au bout du compte, une confirmation : quel que soit son adversaire, Paris dégage la force d’une équipe qui ne panique jamais et qui dévisse encore moins. […] Bratislava (jeudi, Ligue Europa) et Dijon (dimanche, L1) confirmeront ou non l’impression, mais ce mélange de zen et de talent mène jusqu’à présent le PSG dans une seule direction. Le sommet. […]
Avant, quand les joueurs parlaient d’humilité dans la victoire, ils ne semblaient pas y croire eux-mêmes. Aujourd’hui, les faits prouvent, lors de chaque match, que Paris garde la tête froide et des ambitions brûlantes. Dans ce contexte, Beckham, qui n’a jamais été du genre à s’enflammer, pourrait être un peu plus qu’une icône marketing. Un guide.
Ronan Folgoas, dans le Parisien du 17 octobre 2011 :
La croisière parisienne s’amuse. Hier, à Ajaccio, le PSG a sans doute remporté son succès le plus tranquille depuis le début du championnat. C’est loin d’être le plus brillant, mais il s’agit du quatrième d’affilée en Ligue 1, le septième en dix journées de championnat. […] En apparence, le PSG a d’abord tordu le cou à une tendance forte de ce début de saison. On disait en effet que les Parisiens peinaient à entamer leurs rencontres. Hier, Kevin Gameiro a ouvert le score dès la première incursion parisienne et donné l’illusion que cette fin d’après-midi dominicale ne serait qu’une promenade de santé. Mais au lieu d’enfoncer le clou, les Parisiens ont ensuite géré leur avantage, certains d’entre eux donnant même l’impression d’être peu concernés par l’événement. […] Animé de meilleures intentions au retour des vestiaires, le PSG s’est alors sorti du piège corse grâce à deux réalisations de Kevin Gameiro à trois minutes d’intervalle.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Le premier sentiment, c’est la satisfaction du devoir accompli. On se savait supérieur à Ajaccio avant le match, on a été professionnel. J’aime quand on respecte l’adversaire, et respecter l’adversaire, c’est avoir la bonne attitude. Ça n’a pas été le cas parfois et c’est pour cela qu’on a permis à Ajaccio de revenir au score. En seconde période, on les a empêchés de jouer et on a marqué assez vite. […] On est content du retour de Sakho et Sissoko, qui revient d’une longue absence. Il n’a pas joué depuis huit mois. Il a beaucoup de tempérament, il faut canaliser son énergie, il faut le surveiller, mais il entre dans une dynamique positive. […] [Gameiro] est quelqu’un qui a un gros mental, qui ne doute jamais. Il est récompensé de ses efforts. Sa qualité première, c’est de prendre les espaces. Mais c’est surtout un formidable buteur, il est là où il faut. Il doit continuer de bosser, il est ce soir le meilleur buteur de Ligue 1, à lui de confirmer. » (source : AFP)
Kevin Gameiro : « Après ma petite blessure à un genou, je savoure. D’autant plus que l’équipe a gagné. […] Terminer meilleur buteur de L1 est-il un objectif ? Je ne l’ai jamais caché. J’ai échoué de peu les deux dernières saisons. J’espère que cette année ce sera la bonne. […] Même si on prend des buts, on sait que l’on peut faire la différence à tout moment. Notre force est de ne jamais nous affoler. Ce serait mieux, aussi, de ne pas se mettre en danger comme on l’a fait hier lorsqu’on n’a pas été capables d’inscrire rapidement un deuxième but. […] Le club a un statut à assumer, on en a conscience. On sait où on veut aller et pour cela on doit gagner. » (source : le Parisien)
Olivier Pantaloni (entraîneur d’Ajaccio) : « L’objectif, c’était de les empêcher de jouer, c’est ce que l’on est parvenu à faire, même si les Parisiens étaient dangereux en raison de leur énorme potentiel. Je suis satisfait de mes joueurs au cours de la première période, ils ont fait ce qu’il fallait. Ce qui me chagrine le plus, c’est d’avoir encaissé un deuxième but évitable, et surtout trop tôt dans la rencontre, dès le début de la seconde période. Dans la foulée, ils en mettent un troisième et le match est plié. Paris a, ensuite, levé le pied. Si on avait pu retarder un peu plus l’échéance, on aurait certainement vu une autre deuxième période. » (source : AFP)
Suspensions
Averti dimanche soir, Momo Sissoko sera suspendu à Dijon en coupe de la Ligue.
Avant ce match, Clément Chantôme, Sylvain Armand, Zoumana Camara, Mevlüt Erding, Blaise Matuidi et Jérémy Ménez avaient été avertis à une reprise.
Côté tribunes…
Affluence. 19 supporters parisiens étaient présents dans le parcage visiteurs, selon les chiffres communiqués par la LFP. « 88 supporters du PSG, issus pour la plupart de la section de Toulon des anciennes associations Supras et Authentiks, sont venus assister au match, affirme par ailleurs le Parisien. Ils ont été regroupés dans le secteur réservé aux visiteurs à la demande des autorités, alors que le PSG ne le souhaitait pas. Ils ont retrouvé les 15 fans parisiens qui avaient fait le déplacement organisé par le club. »