Les enseignements du match
Joueur par joueur
Comme d’habitude titulaire en coupe, Nicolas Douchez doit être heureux d’avoir effectué un match sans encaisser de but après les trois sur lesquels il ne pouvait rien à Dijon. Sollicité dès la neuvième minute sur une frappe de Halenar, il a repoussé proprement le ballon sur le côté. Il a capté le reste des frappes cadrées des Slovaques et a eu peu de choses à faire autrement. La défense centrale n’a pas été inquiétée par le seul attaquant, Filip Sebo. Diego Lugano a contrôlé son adversaire tranquillement, avec plusieurs interceptions bien senties, et s’est montré offensivement par une belle frappe, et surtout un but de la tête refusé pour un court hors-jeu. Mais celui qui a été impressionnant est surtout Mamadou Sakho. Bien sûr, il ne s’agissait que du Slovan Bratislava, mais pour un joueur encore à l’infirmerie il y a peu, il a semblé être physiquement au-dessus d’à peu près tout le monde. À chaque fois qu’un attaquant venait à s’échapper et à filer vers les cages, Sakho restait bien sur ses appuis, prenait la balle, et relançait proprement. Un vrai bon match du capitaine parisien.
Les deux latéraux, Sylvain Armand et Marcos Cearà, ont été confrontés l’un et l’autre à un même problème : absolument pas mis en danger, sauf éventuellement sur des contres où ils n’avaient pas le temps de revenir, ils n’ont jamais pu se libérer réellement puisque, lors de leurs montées, ils étaient très rarement servis. Ce qui peut être assez frustrant sur une énième course de plusieurs dizaines de mètres visant à apporter le surnombre. Heureusement, ils n’ont pas lâché et c’est sur une montée d’Armand que le but intervient.
À la récupération, Momo Sissoko continue de revenir en forme. De nombreuses interceptions, un jeu très simple, et un avantage physique qu’il utilise maintenant à bon escient. Il prend à nouveau un carton jaune, mais pour une faute que l’on peut estimer « utile », un joueur adverse partant en contre. Mathieu Bodmer a lui été assez actif, essayant de faire tant que possible le liant entre milieu et attaque. Des belles ouvertures, deux occasions pour lui, dont un ciseau qui n’aurait pas fait tâche dans sa collection de buts sublimes. Cela fait plusieurs semaines que la question se pose sur les aptitudes de Bodmer à aider le PSG à ce poste, et il faut bien le constater : sans avoir la même activité que Chantôme l’an passé, ce qu’il fait tient largement la route.
Parmi les milieux offensifs, Nenê est indiscutablement le plus en forme. Il a été le principal danger parisien en première période par ses frappes, ne tente que très rarement des numéros de solistes impossibles, et effectue la passe décisive de la partie. Dans l’axe, Javier Pastore a été bien moins à son avantage que contre Caen, ratant énormément de gestes et surtout ne tentant rien de bien inspiré. Il a heureusement l’énorme mérite de débloquer la situation avec une volée analogue à celle qu’il avait réussie à Montpellier. Après son but, il a semblé être bien plus serein et a pu jouer plus efficacement. À droite, Jérémy Ménez a délivré un match assez symptomatique de ce qu’il peut faire de pire. Ce joueur est toujours sur un fil. Ce qu’il tente semble souvent n’avoir aucun sens, mais après quelques mois, il est évident que ses prises de risque débloquent régulièrement des situations. Mais lorsque ce n’est pas le cas, comme jeudi soir, cela donne une prestation uniquement agaçante. Ménez a tout le temps joué à contre-temps, faisant un centre quand on attendait une petite passe, un dribble quand on espérait un centre, avec en plus une fâcheuse tendance à ne pas se replacer après une action ratée, ce qui détone de plus en plus avec ce que fait Nenê de l’autre côté.
En pointe, Mevlüt Erding n’a d’abord pas été aidé par le manque d’adresse des joueurs offensifs. Quelques bons appels qu’il a essayé de faire fructifier en se décalant sur le côté, puis en remisant, sans amener toutefois des situations intéressantes. En deuxième mi-temps, sa meilleure occasion est une tête qu’il n’arrive pas à placer dans la lucarne. Au final, il n’a pas pu réellement briller. Du côté des remplaçants, Christophe Jallet a été très propre et prouve une fois de plus qu’il est un bon joueur de tête, gagnant quelques duels aériens face à l’arrière gauche adverse. Jean-Christophe Bahebeck a effectué quelques prises de balle très sûres, et a eu deux belles occasions, dont une où il tire au-dessus, voulant sans doute trop forcer. Il a aussi quelques mauvais choix à son actif, mais cela fait partie de la progression logique d’un jeune footballeur de 18 ans. Enfin Kevin Gameiro est entré pour quelques minutes, et n’a touché que très peu de ballons.
Le match de W9
Grosse performance de la chaîne de la TNT lors de la retransmission de ce PSG-Bratislava. Le tout avait très bien commencé avec une prise d’antenne sur la rencontre… Shamrock Rovers-PAOK Salonique. Le temps de se rendre compte que la chaîne retransmettait le mauvais flux, et l’on avait ensuite droit à plusieurs minutes d’un insupportable jingle mettant en scène les présentateurs de la chaîne du groupe M6. C’est donc avec grande difficulté, et à deux minutes du coup d’envoi, que des images du Parc des Princes arrivent enfin.
Entre en scène alors l’inénarrable duo Roland-Ferreri. Le premier a passé sa rencontre à confondre Sylvain Armand et Mathieu Bodmer, puis Sakho et Sissoko — en fait, lorsque Thierry Roland nomme un joueur, la seule chose dont on peut être sûr, c’est sa couleur de peau —, quand le second a donné des conseils particulièrement pertinents : il a recommandé aux Parisiens de frapper de loin en fin de première période, alors que ceux-ci n’avaient précisément fait que ça, et a affirmé que pour marquer, Paris devait essayer d’amener le ballon dans la surface adverse. Il est probable que ni Antoine Kombouaré, ni les onze joueurs parisiens sur le terrain n’y avaient pensé auparavant.
À noter également, après Grégory Nowak pour qui le hors-jeu ne se joue qu’au niveau du bas du corps, les règles qui varient selon la météo : sur le but refusé à Lugano pour hors-jeu — de quelques décimètres mais bien réel —, Thierry Roland a jugé la décision « sévère compte-tenu des conditions ».
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
18 matches sans défaite. Les Parisiens restent désormais sur une série de 18 matches européens sans défaite au Parc des Princes — et 31 buts marqués contre 7 encaissés durant cette période.
Infos en vrac
Résultats. L’Athletic Bilbao s’est imposé 0-1 à Salzbourg.
Classement. L’Athletic Bilbao est seul premier avec 10 points, devant Paris (7) puis Salzbourg (4). Bratislava est dernier (1).
Comment le PSG peut-il se qualifier ? S’il ramène au moins un match nul de son déplacement sur le terrain des Red Bull Salzbourg jeudi 1er décembre, le PSG sera qualifié pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa. En cas de défaite, les Français et les Autrichiens seraient à égalité de points (7) à la deuxième place, et tout se jouerait lors de la sixième et dernière journée.
Quel est l’enjeu de la première place ? Le tirage au sort des seizièmes de finale de la Ligue Europa n’est pas intégral : les 12 premiers de chaque groupe et les 4 meilleurs troisièmes de Ligue des champions sont têtes de série ; ils seront opposés aux 12 deuxièmes et aux 4 moins bons troisièmes de Ligue des champions.
Bilan du PSG en coupes d’Europe
Compétitions européennes | P | J | V | N | D | BP | BC | D |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ligue des champions (C1) | 5 | 40 | 19 | 7 | 14 | 63 | 52 | +11 |
Coupe des coupes (C2) | 6 | 38 | 24 | 6 | 8 | 66 | 27 | +39 |
Coupe UEFA/Ligue Europa (C3) | 9 | 70 | 31 | 24 | 15 | 102 | 58 | +44 |
Supercoupe d’Europe | 1 | 2 | 0 | 0 | 2 | 2 | 9 | -7 |
Coupe Intertoto | 1 | 8 | 5 | 3 | 0 | 20 | 3 | +17 |
Total coupes d’Europe | 22 | 158 | 79 | 40 | 39 | 253 | 149 | +104 |
Dans la presse
Alexandre Chamoret, dans L’Équipe du 4 novembre 2011 :
De vrais intermittents… […] Les joueurs du PSG se sont rapprochés d’une qualification grâce à leur victoire face à Bratislava. Mais elle fut étriquée. Et même inquiétante. […] Certes, Paris se dirige vers une qualification très probable. […] Mais ce constat posé, il y a de quoi s’interroger. Car la formation d’Antoine Kombouaré est apparue une nouvelle fois inconstante, brouillonne, voire très poussive par moments. […] S’ils ont buté sur un excellent gardien, [les Parisiens] ont aussi souvent pêché, et c’est plus inquiétant, par imprécision. Le PSG a également dégagé une impression étrange, diffusant parfois une certaine suffisance. […] Enfin, la prestation de Pastore interpelle une fois encore. La star argentine (22 ans) a inscrit un but décisif, son premier en Ligue Europa cette saison. Mais à part ça, elle s’est montrée très discrète dans le jeu.
Frédéric Gouaillard, dans le Parisien du 4 novembre 2011 :
Un match nul dans un mois en Autriche suffira à qualifier les Parisiens pour les seizièmes de finale de l’épreuve. Si l’on ajoute la superbe reprise de volée de Pastore, auteur de l’unique but, et le succès, on aura fait un tour rapide et complet de cette soirée très insipide. Sans bouder le plaisir de voir Paris figurer seul à la 2e place de sa poule, on reste quand même sur sa faim. Antoine Kombouaré a raison de constater que son équipe s’est (une fois de plus) créé de nombreuses occasions. Mais à part Pastore, aucun de ses joueurs n’a daigné les concrétiser. C’est un mal récurrent qui pourrait devenir préjudiciable cet hiver, lorsque débuteront les matches à élimination directe. À leur décharge, les attaquants parisiens ont évolué sous une pluie battante qui a arrosé les trois quarts de la rencontre et peut expliquer leur maladresse. Mais il y avait aussi comme une forme d’arrogance qui a escorté leur prestation. […] Une fois de plus, ce n’est pas tant [la] prestation [de Pastore] — très insuffisante — que son efficacité qui a permis à Paris de sortir de l’ornière.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Je retiens d’abord le résultat. C’est une grosse satisfaction puisqu’on était dans l’obligation de gagner. On a fait le boulot donc je suis super content. On a retrouvé de l’efficacité défensive et de la solidité. On se replace bien en Ligue Europa et c’est une victoire qui permet de regagner de la confiance et de préparer au mieux le déplacement de dimanche à Bordeaux. […] On a le sentiment d’avoir été un peu faciles [en première période]. On était supérieurs à l’adversaire donc on a fait preuve de trop d’individualisme. Et on a trop insisté dans l’axe, où ils nous attendaient. On a fait des mauvais choix. Quand on a le sentiment que c’est facile, on déjoue. Ce sont les qualités de mes joueurs, parfois ça porte préjudice au collectif. Mais ce sont leurs qualités et les dribbles et la provocation, c’est ce qui fait que l’adversaire finit par plier. Je ne briderai jamais mes attaquants. Il faut qu’ils jouent sur leurs qualités mais il faut trouver un équilibre. Au football le plus dur c’est de marquer. J’espère qu’on marquera plus dimanche, mais il y a du jeu vers l’avant, des situations, des occasions, c’est bien. Quant à Pastore, il s’est bagarré, il a défendu, il s’est accroché. Il lui a manqué un peu de justesse technique, mais j’ai beaucoup aimé le Pastore de ce soir, à l’inverse de celui de Caen. Il a été récompensé de ses efforts, c’est bien. […] La charnière centrale ? Très bien. Il a fallu trouver des automatismes et de l’efficacité face à une équipe qui nous a posé des problèmes. Mais il n’y a pas que Sakho et Lugano. Il y a les latéraux et le milieu qui a récupéré beaucoup de ballons, à l’image de Momo Sissoko. Mais ça demande confirmation encore et encore. Pour la suite et la concurrence, vous verrez. Ça se fera toujours avec l’idée d’avoir la meilleure équipe. Mais je suis très content d’avoir mes défenseurs de retour. Très très content. » (source : AFP)
Sylvain Armand : « Nous savions que ce match serait délicat et difficile. On savait qu’il ne fallait surtout pas tomber dans un piège, et être vigilant sur les coups de pied arrêtés ou les contres. Il fallait rester solide tout en espérant que nos attaquants marquent le plus tôt possible. On n’a pas pu le faire avant la mi-temps. Nous devions rester patients. Et on a logiquement fini par trouver l’ouverture. […] 25 tirs, 1 but, y a-t-il un souci de finition ? Oui, mais si on a frappé 25 fois, c’est que nous avons eu le monopole du ballon. Cela veut dire aussi que l’on se crée des situations et ça c’est très important pour la confiance de tout monde. Maintenant, si on avait pu plier le match avant, ça aurait été avec plaisir. Mais l’essentiel était de gagner. J’ajouterai juste que, si on manque d’efficacité comme ça jusqu’au bout, je signe tout de suite… » (source : lequipe.fr)
Christophe Jallet : « En première période, on s’est un peu acharné dans l’axe. Après, on a vu qu’il y avait des possibilités sur les côtés. Le groupe tourne, tout le monde a du temps de jeu et on a encore de la fraîcheur mentale. C’est rare pour Paris de ramener trois points de Bordeaux, on va essayer de faire mentir les statistiques. » (source : AFP)
Javier Pastore : « C’est ma deuxième volée après celle contre Montpellier. C’est un super ballon de Nenê. Moi, je ressens bien sûr un peu de fatigue mais je me sens très bien, très content. J’ai toujours des occasions et c’est le plus important. Pour la langue, je commence à comprendre un peu mais pour le moment, je ne parle pas. Ma famille fait des allers-retours mais ils ne peuvent pas être là tout le temps. » (source : AFP)
Suspensions européennes
Seul Momo Sissoko a été averti jeudi soir côté parisien.
Mathieu Bodmer est le seul Parisien menacé : il sera suspendu s’il reçoit un nouveau carton jaune d’ici la fin de la compétition.
Côté tribunes…
Affluence. 32 046 spectateurs étaient présents au Parc des Princes jeudi soir, d’après le Parisien et L’Équipe.
Interpellations. « À l’issue de la rencontre, une trentaine de supporters parisiens se sont attaqués à des fans slovaques pour tenter de leur dérober une bâche, assure le Parisien. La police a interpellé deux des assaillants. »