Les enseignements du match
Très léger turn-over
Deux écoles vont s’affronter après cette rencontre face à Differdange, concernant la composition d’équipe d’Antoine Kombouaré. Il y a d’un côté ceux qui considéraient que ce match face à des amateurs, avec une qualification déjà acquise, était l’occasion de faire souffler le maximum de joueurs et de tester certains remplaçants. Et de l’autre ceux qui pensent qu’il faut privilégier les automatismes entre des joueurs qui, pour la plupart, n’ont pas beaucoup évolué ensemble lors de la préparation. À ce stade de la saison, Antoine Kombouaré a choisi la voix des automatismes, estimant que cette opposition ne serait pas si coûteuse que cela en énergie.
L’équipe du PSG a besoin de peaufiner son collectif, et si en défense, il n’y avait de toute façon que peu de choix à la vue de la liste des blessés — seul Landre aurait pu briguer une place —, c’est surtout offensivement que Kombouaré a voulu tester sa ligne de trois milieux offensifs Nenê-Pastore-Ménez, probablement destinée à évoluer souvent en championnat. Le PSG a eu le ballon quasiment en permanence, et ces trois joueurs ont donc été amenés à combiner ensemble à de multiples reprises. L’opposition ne sera pas toujours aussi faible, mais désormais, ces joueurs ont eu 90 minutes pour apprendre les déplacements et les passes des uns et des autres. Et ce choix d’Antoine Kombouaré paraît d’autant justifiable par le fait que la semaine prochaine, de nombreux joueurs partiront en sélection. Avec en plus une infirmerie qui ne désemplit pas, l’entraîneur parisien aura sous la main un groupe plutôt restreint. Autrement dit, il a fait jeudi soir le travail qu’il ne pourra pas effectuer la semaine prochaine. À noter d’ailleurs que les trois rentrants — Maurice, Gameiro et Ngoyi — sont des joueurs qui seront vraisemblablement en sélection à partir de lundi.
Sur le contenu de la rencontre, les enseignements sont toutefois minces. Nicolas Douchez a fait ses grands débuts en match officiel avec le PSG, mais n’aura pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Sa plus grosse frayeur est intervenue en tout début de match, quand il a dû contrôler une passe en retrait mal dosée d’un de ses défenseurs… sans réel danger pour autant.
La défense ne sera pas exténuée par cette rencontre, les latéraux s’étant même montrés moins offensifs qu’en championnat. Le jeu offensif est encore largement perfectible, bien que si n’importe laquelle des nombreuses occasions de la première mi-temps avait été convertie, l’analyse aurait été toute autre. On le voit chaque année en coupe de France : il n’est jamais évident de trouver la faille face à une équipe acculée devant son but. À ce titre, les occasions obtenues de façon répétées sont au moins signe d’un certain sérieux dans la façon d’aborder la rencontre.
Le calvaire de Jean-Eudes Maurice
C’est loin d’être nouveau, certains habitués du Parc des Princes aiment s’acharner contre un ou plusieurs joueurs de leur propre équipe. À sa sortie sur blessure, après une rencontre durant laquelle il ne s’est pourtant pas ménagé, Hoarau a été sifflé, ce qui est déjà discutable en soi. Le Réunionnais a beau être rentré l’an passé dans le top 10 des meilleurs buteurs du PSG, mais ces considérations envers l’histoire du club et ceux qui l’écrivent ne semblent pas être une priorité pour tous ceux qui se prétendent supporters.
Hoarau a été remplacé par Jean-Eudes Maurice, qui eu le droit a une véritable bronca pour son entrée. De quoi mettre un joueur en pleine confiance. Et une minute plus tard, sur son premier ballon, il a raté l’immanquable. Les siffleurs pourront dire avec culot que leurs sifflets étaient en prévision du raté… Mais une autre interprétation est envisageable : peut-être qu’un joueur rentré dans de telles conditions n’est plus tout à fait serein au moment de mener des actions décisives. En exprimant ainsi son mécontentement d’enfant capricieux qui n’a pas son jouet, ces spectateurs nuisent avant tout à leur club.
Aux commentaires sur Canal+ Sport, Daniel Bravo a rappelé qu’il avait connu pareille situation au début des années 1990, quand le Parc sifflait le « Petit Prince », avant que Luis Fernandez ne le replace avec succès au poste de milieu défensif. « Le ballon devient tout petit quand on est pris en grippe par le public, et on veut s’en débarrasser le plus vite possible », a-t-il indiqué en substance. Maurice a ensuite été sifflé à chaque toucher de balle ou presque : quand le Franco-Haïtien a réussi une roulette, il a eu le droit à quelques applaudissements… vite atténués quand le public s’est rendu compte que c’est Maurice qui en avait été l’auteur.
Quoi que l’on puisse penser du jeu de Maurice, il faut lui reconnaître du mérite d’avoir fait une demi-heure dans ce contexte sans se cacher. Il a essayé de jouer comme il pouvait, de demander le ballon, et de tenter des choses. Il ne sera jamais un grand footballeur, mais il n’a pas à rougir ce soir : lui a défendu comme il a pu les couleurs de ce club dont certains se prétendent amoureux.
La spéciale Nenê
Le premier but de la partie, inscrit par Nenê, n’est pas sans rappeler deux réalisations inscrites l’an passé en L1 par le Brésilien, contre Auxerre et à Valenciennes : il prend la balle légèrement excentré côté droit, se place sur son côté gauche et enroule une frappe lobée dans la lucarne opposée.
Jeudi soir, sa frappe était moins dangereuse que les fois précédentes, mais le gardien s’est quelque peu manqué, à la manière de Ruffier la saison dernière sur une autre frappe de l’ancien Monégasque. « Je vois le gardien un peu avancé et je tente la frappe enroulée. Je l’adore ! », a reconnu Nenê sur PSG.FR.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Le PSG invaincu au Parc depuis 2006 en coupe d’Europe. Les Parisiens restent désormais sur une série de 16 matches européens sans défaite au Parc des Princes — et 27 buts marqués contre 6 encaissés durant cette période.
France 16-0 Luxembourg. Les 16 matches européens entre des clubs français et luxembourgeois ont tous été gagnés par les équipes françaises.
Infos en vrac
Hoarau sorti sur blessure. En début de seconde période, Guillaume Hoarau a fait signe à son banc qu’il ne pouvait pas continuer. « Ce n’est pas terrible parce qu’il a une épaule qui le fait souffrir et il a fait un geste assez brusque qui l’a handicapé durant le match au niveau des adducteurs, a expliqué Antoine Kombouaré après le match. On fera le point [vendredi] mais ce n’est pas de bon augure [pour le match à Toulouse ce dimanche]. » (source : AFP)
Vu — lu — entendu
Les gentils journalistes de lequipe.fr. Peut-on analyser un match sans le regarder sérieusement ? Le site de L’Équipe répond oui, sans hésiter : « Le PSG s’est qualifié pour la phase de poules en s’imposant facilement à domicile face aux Luxembourgeois de Differdange (2-0). Hoarau a lui piqué sa crise », peut-on lire dans le chapô du compte-rendu. La raison ? Les journalistes n’ont pas vu grand-chose : « Hoarau pique sa crise. […] Kombouaré a remplacé le Réunionnais, lequel n’a pas apprécié de voir le jeune Maurice prendre sa place. Dans un excès de colère, l’ancien Havrais a fait voler en éclat une bouteille avant de rentrer au vestiaire, sans avoir un regard pour Kombouaré. Dégoûté, le joueur a “salué” le banc de touche avec un geste de dépit qui en disait long sur son exaspération. »
Finalement, l’article a été modifié : « Hoarau blessé. […] Kombouaré a remplacé le Réunionnais, qui est sorti blessé (ischios). Dans un excès de colère, l’ancien Havrais a fait voler en éclat une bouteille avant de rentrer au vestiaire. Dégoûté, le joueur a “salué” le banc de touche avec un geste de dépit qui en disait long sur son exaspération. Il devrait être forfait pour les rencontres de l’équipe de France en Albanie et en Roumanie début septembre. »
L’AFP n’a pas peur du ridicule. L’analyse du jour est signée de l’Agence France-Presse : « Le PSG, qui a pourtant aligné d’entrée sa star Pastore, n’a été sauvé du ridicule que par Nenê et un but contre leur camp des Luxembourgeois. » Même Dominique Sévérac n’a pas osé aller aussi loin dans la démagogie — ce qui ne l’a cependant pas empêché d’évoquer une énième fois « Javier Pastore, l’homme aux 42 millions d’euros », au cas où certains lecteurs du Parisien seraient de retour après avoir passé l’été dans une grotte.
Bilan du PSG en coupes d’Europe
Compétitions européennes | P | J | V | N | D | BP | BC | D |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ligue des champions (C1) | 5 | 40 | 19 | 7 | 14 | 63 | 52 | +11 |
Coupe des coupes (C2) | 6 | 38 | 24 | 6 | 8 | 66 | 27 | +39 |
Coupe UEFA/Ligue Europa (C3) | 9 | 66 | 29 | 23 | 14 | 98 | 55 | +43 |
Supercoupe d’Europe | 1 | 2 | 0 | 0 | 2 | 2 | 9 | -7 |
Coupe Intertoto | 1 | 8 | 5 | 3 | 0 | 20 | 3 | +17 |
Total coupes d’Europe | 22 | 154 | 77 | 39 | 38 | 249 | 146 | +103 |
Tous les résultats des matches retour des barrages
Résultats des matches retour des barrages de la Ligue Europa (en gras les clubs qualifiés — source : Football 365) :
H.Tel Aviv (ISR) 4-0 Ekranas (LIT)
Legia Varsovie (POL) 2-3 Spartak Moscou (RUS)
Trnava (SLO) 1-1 Lokomotiv Moscou (RUS)
Sparta Prague (RTC) 1-0 Vaslui (ROU)
Schalke 04 (ALL) 6-1 Helsinki JK (FIN)
Club Brugge (BEL) 2-0 Zestafoni (GEO)
Dynamo Kiev (UKR) 1-0 Lovech (BUL)
AZ Alkmaar (PBS) 6-0 Aalesund (NOR)
Gaz Metan (ROU) 1-0 Austria Vienne (AUT)
Salzburg (AUT) 1-0 Omonia Nicosie (CHY)
D.Bucarest (ROU) 2-3 Vorskla (UKR)
Panathinaikos (GRE) 2-1 M.Tel Aviv (ISR)
CSKA Sofia (BUL) 1-1 S.Bucarest (ROU)
Stoke (ANG) 4-1 Thoune (SUI)
Alania (RUS) 2-0 Besiktas (TUR)
Anderlecht (BEL) 2-2 Bursaspor (TUR)
Sporting (POR) 2-1 Nordsjaelland (DAN)
Karpaty (UKR) 1-1 PAOK (GRE)
Rapid Bucarest (ROU) 1-1 Slask (POL)
Helsingborg (SUE) 1-3 Standard de Liège (BEL)
Rennes (France) 4-0 Crvena Zvezda (SER)
Dnipro (UKR) 1-0 Fulham (ANG)
FC Séville (ESP) 1-1 Hanovre (ALL)
Sochaux (France) 0-4 Metalist Karkhov (UKR)
Din.Tbilisi (GEO) 1-1 AEK Athènes (GRE)
Tottenham (ANG) 0-0 Hearts (ECO)
Rangers (ECO) 1-1 Maribor (SLO)
Birmingham (ANG) 3-0 Nacional (POR)
AEK Larnaca (CHY) 2-1 Rosenborg (NOR)
AS Rome (ITA) 1-1 S.Bratislava (SLO)
Partizan (SER) 1-2 Shamrock (IRL)
Trabzonspor (TUR) - Ath.Bilbao (ESP) annulé [1]
Rabotnicki (MAC) (France) 1-3 Lazio Rome (ITA)
Sion (SUI) 3-1 Celtic (ECO)
PSV (PBS) 5-0 Ried (AUT)
Guimaraes (POR) 0-4 Atl.Madrid (ESP)
Young Boys (SUI) (France) 2-2 Braga (POR)
À noter les éliminations de l’AS Roma par Bratislava, du FC Séville par Hanovre, du Panathinaïkos par Tel-Aviv, de Sochaux par le Metalist Karkhov, des Rangers par Maribor ou encore du Celtic par Sion.
Dans la presse
Alexandre Chamoret, dans L’Équipe du 26 août 2011 :
Alors que l’on pouvait s’attendre à un festival de buts, ce PSG n’a rien eu de flamboyant. Face à une équipe de niveau CFA, repliée en défense sous forme d’un 4-5-1, le onze de départ parisien n’était pourtant pas une équipe vis, avec une ligne offensive Nenê-Pastore-Ménez et Hoarau en pointe, étayée par la paire Chantôme-Bodmer au milieu. […] Le PSG a logiquement imposé son écrasante domination collective mais a joué facile et brouillon. Plus inquiétant, il n’a pas profité de l’occasion, pourtant belle, d’augmenter son efficacité, l’un de ses travers la saison dernière déjà. […] Le PSG a assuré sa qualification, mais ce match, à trois jours d’un déplacement à Toulouse en championnat, n’a été en rien rassurant.
Dominique Sévérac, dans le Parisien du 26 août 2011 :
Des joueurs sifflés, collectivement ou individuellement comme Hoarau et Maurice, d’autres, remplaçants, réclamés — « Gameiro, Gameiro », lequel finira par entrer —, des « mouillez le maillot » descendant d’Auteuil ou Boulogne : le PSG ne s’est pas fait que des amis hier au Parc des Princes, gentiment garni. L’exceptionnel but de Nenê, une frappe lobée de 25 mètres, a fini par réveiller l’assistance lors d’un barrage retour de Ligue Europa sans saveur.
[…] Ce tour préliminaire aura été l’occasion de disputer deux rencontres de type amical, où l’absence de rythme aura sérieusement concurrencé l’ennui. Résultat : du déchet technique et des buts tout fait ratés. Antoine Kombouaré, qui a aligné sa « vraie » équipe à deux exceptions près (Gameiro et Matuidi), souhaitait une répétition générale grandeur nature, histoire de créer du liant dans un collectif encore en rodage. Pas sûr qu’il soit satisfait du résultat. Ses joueurs, et on ne peut pas complètement leur en vouloir vu l’adversaire, ont eu un mal fou à se concentrer. D’où toutes les scories : le déchet, les occasions manquées, le rythme d’un footing du dimanche, etc.
Performances. Aucune analyse individuelle de la prestation des joueurs n’est publiée dans la presse spécialisée ce vendredi.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Au niveau du jeu, on a dominé cette équipe de Differdange de la tête et des épaules. On a surtout été très rigoureux derrière, on a concédé très peu d’occasions. On a fait les efforts pour récupérer les ballons. Il manque juste la finition. Mais c’était un match sérieux, même si à la fin, il y a eu des gestes faciles qu’on aurait pu éviter de faire. C’était le minimum pour nous. On veut aller le plus loin possible en Ligue Europa et faire mieux que la saison dernière [huitièmes de finale]. Maintenant, il faut se replonger dans le championnat parce qu’on a envie de remonter au classement, et de faire quelque chose de grand pour finir ce mois d’août avant le départ des internationaux. » (source : AFP)
Nenê : « On aurait aimé inscrire plus de buts mais le plus important est de se qualifier. Nous avons fait le travail et nous sommes sur la bonne voie. Marquer à ce moment du match a donné davantage de tranquillité à l’équipe. Differdange a bien défendu. Nous avons énormément d’occasions en première période et avons manqué de précision. » (source : PSG.FR)
Suspensions
Aucun Parisien n’a été averti jeudi soir.
Lors du match aller, Marcos Cearà et Jérémy Ménez avaient reçu un carton jaune.
Côté tribunes…
Affluence. 15 194 spectateurs — dont 800 invités dans le cadre de la Homeless World Cup — étaient présents au Parc des Princes, d’après les chiffres communiqués par le PSG.
Estimations. Avant PSG-Valenciennes, le PSG avait annoncé « plus de 37 500 spectateurs » — le Parisien prévoyait carrément 40 000 personnes —, alors que seuls 35 875 avaient finalement assisté à la rencontre. Cette fois, l’attaché de presse du PSG, Mathias Barbera, avait assuré sur son compte Twitter : « Il y aura entre 15 000 et 20 000 spectateurs au Parc ». Il ne s’était pas trompé : d’après les chiffres qu’il a communiqués aux médias, il y avait 15 194 spectateurs jeudi soir.
Précision. Le Parc des Princes était « gentiment garni », selon Dominique Sévérac dans Aujourd’hui en France. Tâchons d’être plus précis : pour trouver trace d’une affluence inférieure en coupe d’Europe, hormis la saison dernière, il faut remonter au huitième de finale face au FC Universitatea Craiova en 1993/1994. Même les seizièmes de finale de coupe des coupes face aux Norvégiens du Molde FK (en 1995/1996) ou aux Liechtensteinois du FC Vaduz (en 1996/1997) avaient réuni davantage de spectateurs. Entre 1993 et 2010, toutes compétitions confondues, seuls trois matches de coupe de la Ligue (en 1995 puis en 1998) et un de coupe de France (en 2007) avaient attiré moins de monde au Parc.
Ambiance. Les quelque 15 000 personnes à avoir fait le déplacement au Parc des Princes jeudi soir ont tout de même réussi à se distinguer. « Le public du Parc, c’est nul, résume « Teroll » sur le forum des Cahiers du Football. Bête, méchant, ignare, qui réussit l’exploit d’être à la fois mou (ce silence…), arrogant (les sifflets envers le gardien blessé, les olés) et hostile envers les siens (Ménez, Hoarau, et ce pauvre Jean-Eudes). Tout cela pré-existait par bribes, évidemment, mais là c’est décuplé. Je n’ai jamais eu autant l’impression d’être au Stade de France. » Sur Canal+ Sport, Daniel Bravo s’est également moqué des sifflets du Parc envers le gardien de Differdange lorsque celui-ci a eu besoin de se faire soigner. « Contre Valenciennes, ils avaient déjà sifflé quand l’arbitre avait interrompu le match deux minutes pour que les joueurs puissent boire », a rappelé l’ancien Parisien.