Les enseignements du match
Joueur par joueur
Dans les buts, Nicolas Douchez a fait son travail. Les assauts de Bratislava n’ont pas été très soutenus, mais il se détend bien sur une frappe de Zofcak, et il a été très propre sur toutes ses prises de balle. Ce match sans encaisser de but va certainement lui faire du bien. En défense centrale, le capitaine du soir Zoumana Camara a encore été excellent. Même si, pour la première fois de la saison, sa titularisation n’a pas été synonyme de victoire, il a été le meilleur Parisien sur la pelouse. Présent sur toute la largeur du terrain, Camara a remporté quasiment tous ses duels, avec des dribbles de dégagement pleins d’assurance. À ses côtés, Diego Lugano a dominé ses adversaires dans le jeu aérien, mais a semblé un peu plus en difficulté dans la relance. Il manque une très grosse occasion en début de deuxième période ; en fin de match, il a concédé deux coups francs devant la surface, ce qui est largement excusable étant donnée l’infériorité numérique du PSG.
Du côté des latéraux, Christophe Jallet n’a pas eu beaucoup de travail défensif. Il a essayé du coup de combiner dans le couloir droit, mais sans trop de réussite, les milieux offensifs n’étant pas forcément enclins à jouer le une-deux. À noter qu’il a fini la rencontre en seul milieu défensif. À gauche, Siaka Tiéné a réalisé le même genre de rencontre, même si, de par ses automatismes avec Nenê, il a pu réaliser des montées un peu plus abouties, sans apporter réellement le danger toutefois. Il prend en deuxième mi-temps deux cartons coup sur coup, le deuxième étant assez difficile à éviter, le joueur adverse filant vers les cages ou presque.
Aligné au milieu de terrain en raison des suspensions, Sylvain Armand a effectué un match discret. Pas forcément une mauvaise rencontre au demeurant, mais Armand s’est plus contenté de jouer comme un défenseur un peu plus haut que comme un vrai milieu de terrain. À ses côtés, Clément Chantôme a étonnamment lui aussi réalisé un match timide. Peut-être que la mauvaise partition globale des joueurs offensifs ne l’incitait pas à monter plus. En deuxième mi-temps, il est sanctionné de deux cartons jaunes indiscutables, laissant son équipe en infériorité numérique pour une demi-heure. Plus que ces fautes, le vrai problème est que dès le début de la rencontre, Chantôme a contesté vivement, et avec un regard pas toujours très sympathique, les décisions arbitrales — là où Claude Makelele venait discuter avec le sourire. Clairement pas de quoi attirer la mansuétude de l’arbitre ensuite.
Du côté des milieux offensifs, l’accent va probablement être mis sur l’absence de collectif des trois joueurs. Mais il faut tout de même bien différencier les cas. Javier Pastore a raté son match, du début à la fin. La raison peut être le voyage en sélection, son aller-retour au tribunal de Palerme… Mais un joueur, aussi talentueux soit-il, peut aussi passer au travers de temps en temps. Après une rencontre à Ajaccio où il n’avait pas été brillant, mais pas exécrable non plus, Pastore a cette fois-ci manqué de nombreuses passes, n’a pas tenté les bons gestes au bon moment — son coup du foulard au milieu de terrain par exemple —, et a finalement livré sa plus mauvaise rencontre depuis qu’il est à Paris. À droite, on ne peut pas reprocher à Jérémy Ménez de ne pas avoir créé le danger. À chaque fois qu’il a pris un ballon au milieu de terrain, avec de l’espace devant lui, cela pouvait semer la pagaille chez l’adversaire. Il en a résulté quelques situations intéressantes, et même à neuf contre onze. Il a en revanche été plus en difficulté dès que les espaces se refermaient, et finissait souvent par s’empaler sur un défenseur ou par effectuer une mauvaise passe. En fin de rencontre, il est devenu même très dangereux pour les siens, en perdant plusieurs fois la balle en dribble, sans tenter de la récupérer derrière. Chose qui peut être compensée en temps normal, mais pas en double infériorité numérique.
Côté gauche, Nenê a été le milieu offensif le plus discipliné. Bien sûr, il a comme les autres effectué des choix discutables, mais il s’est replié, a tenté quelques frappes, et a donné deux ballons de but à Erding. En fin de match, il continuait à courir pour aider à la récupération. Seul en pointe, Mevlüt Erding s’est de nouveau bien battu. Quelques bons dribbles, des bonnes remises, des appels efficaces et deux occasions franches qu’il ne concrétise pas. Au niveau des remplaçants, Cearà a fait énormément de bien en rentrant, en confortant l’assise défensive de la formation parisienne. Kevin Gameiro a lui eu très peu de ballons pour s’exprimer ; quant à Jean-Christophe Bahebeck, il n’est rentré qu’à la dernière minute et a mal négocié ses quelques prises de balle.
L’évolution tactique
Le PSG a débuté la rencontre dans un schéma assez classique, la seule incongruité venant de la position d’Armand en milieu défensif.
Avec deux expulsions et trois changements, le PSG a ensuite eu un visage que l’on n’est pas près de revoir, évoluant dans un 4-1-2-1 improbable :
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Double expulsion. En L1, le PSG n’a pas joué en double infériorité numérique depuis un déplacement à Bastia en février 2003 (1-0). Quelques mois plus tôt, durant la même saison, Paris avait déjà fini un match à huit contre dix, à Lille (2-1).
Infos en vrac
Résultats. Mené 0-2 à la mi-temps, l’Athletic Bilbao a finalement obtenu un match nul 2-2 face à Salzbourg, grâce à deux penalties en six minutes (69e, 75e).
Classement. L’Athletic Bilbao est seul premier avec 7 points, devant Paris et Salzbourg (4) puis Bratislava (1).
Bilan du PSG en coupes d’Europe
Compétitions européennes | P | J | V | N | D | BP | BC | D |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ligue des champions (C1) | 5 | 40 | 19 | 7 | 14 | 63 | 52 | +11 |
Coupe des coupes (C2) | 6 | 38 | 24 | 6 | 8 | 66 | 27 | +39 |
Coupe UEFA/Ligue Europa (C3) | 9 | 69 | 30 | 24 | 15 | 101 | 58 | +43 |
Supercoupe d’Europe | 1 | 2 | 0 | 0 | 2 | 2 | 9 | -7 |
Coupe Intertoto | 1 | 8 | 5 | 3 | 0 | 20 | 3 | +17 |
Total coupes d’Europe | 22 | 157 | 78 | 40 | 39 | 252 | 149 | +103 |
Dans la presse
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 21 octobre 2011 :
[Le] ticket qualificatif pour les 16es de finale, au vu de ce déplacement en Slovaquie, est tout sauf acquis pour ce PSG incapable de prendre l’ascendant hier sur son adversaire le plus faible, sur le papier du moins. Comment arrive-t-on, ensuite, à faire 0-0 à Bratislava ? En enchaînant une quinzaine de frappes sans marquer, en butant sur un gardien adverse à bloc et en finissant le match à neuf, conséquence de deux cartons jaunes infligés à Chantôme d’abord (49e et 63e) puis à Tiéné (72e et 80e). Trois semaines après l’expulsion de Mohamed Sissoko à Bilbao, Paris affiche un troublant problème de discipline en Ligue Europa. Une compétition dans laquelle le PSG affiche un niveau décidément quelconque, à l’image de celui de Pastore, aussi peu influent hier qu’il l’avait été à Ajaccio dimanche, en Ligue 1. Dans un match qui a souvent manqué de souffle, Paris aura donc diffusé une menace régulière mais inefficace. […] Pas mal, au regard des circonstances. Mais ce Paris, en l’état, est tout sauf un prétendant crédible à la victoire finale en Ligue Europa.
Frédéric Gouaillard, dans le Parisien du 21 octobre 2011 :
Paris, c’est un peu Marseille à l’envers. Bon en championnat mais décevant depuis deux journées en coupe d’Europe. On peut en effet s’appeler le Paris Saint-Germain, caracoler en tête de la Ligue 1 et piétiner en Ligue Europa comme une formation de seconde zone. Dans le début de saison dorée que vit le PSG, la compétition européenne est en train de devenir l’ombre qui gâche la lumière. Et le match nul (0-0) rapporté hier de Slovaquie face au très modeste Slovan Bratislava y contribue fortement. […] Depuis deux rencontres, on ne reconnaît plus Javier Pastore. L’international argentin était à des années lumières du niveau régulièrement affiché depuis son arrivée. Ce n’était pas le Pastore de Lyon mais celui d’Ajaccio, souvent à contre-temps, manquant de justesse dans ses transmissions et incapable de trouver le cadre à deux reprises, seul dans la surface. […] Au final, l’impuissance de l’Argentin à faire basculer ce match a marqué les limites d’un PSG qui, quand il ne peut s’en remettre à sa recrue vedette, a parfois du mal à se faire respecter.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Je dirais que c’est une déception de ne prendre qu’un point quand on voit la domination totale qu’on a eue sur ce match et notre nombre d’occasions. Il y a eu un peu de maladresse et un très grand gardien. Mais à la fin on est content de prendre un point. Je suis très, très content de la prestation de mes joueurs. Je suis déçu qu’on n’ait pas marqué et qu’on ait perdu deux joueurs. […] On a les défauts de nos qualités. On a du tempérament, ça j’aime. Il faut avoir de la maîtrise de soi, faire attention, ça va nous servir d’avertissement, même s’il faut savoir se faire respecter. […] On aimerait voir Pastore constant, régulier sur une heure et demi. Ce qu’il montre, c’est superbe, mais il a des petits soucis, il n’a pas joué avec sa sélection et sa convocation lundi [à Palerme] l’a peut-être perturbé. Je suis surtout content de sa deuxième période. […] Avec les expulsions, il a fallu que je réorganise mon équipe. Je ne crois pas qu’on ait du mal à enchaîner. On ne peut pas gagner tous les matches. Ce qui compte, c’est la façon de se comporter. Ce soir, il ne nous a manqué que d’être efficace. Dans la qualité, l’état d’esprit, c’est très encourageant. […] On a fait une grosse entame de match, on a mis le doute à cette équipe. » (source : AFP)
Nicolas Douchez : « On a manqué un peu d’efficacité, c’est dommage. […] Quand on termine à neuf, ça peut finir mal, mais j’ai senti notre bloc défensif vraiment en place. Je n’ai pas senti du tout qu’on paniquait. Au contraire, on a même fait preuve de sérénité. […] Sur la fin de la rencontre, on peut être soulagé d’avoir pris ce point, mais sur l’ensemble du match, on aurait dû en prendre trois. C’est un match que l’on aurait dû se rendre simple. On est à mi-parcours, il nous reste deux matches au Parc des Princes. À nous de faire le boulot pour prendre le maximum de points et nous qualifier le plus rapidement possible. » (source : AFP)
Suspensions européennes
Expulsés jeudi soir, Clément Chantôme et Siaka Tiéné seront suspendus lors du prochain match, face au Slovan Bratislava.
Également averti jeudi soir, Diego Lugano n’avait pas encore reçu de carton jaune depuis le début de la phase de groupes.
Enfin Mathieu Bodmer reste sous la menace : il sera suspendu s’il reçoit un nouveau carton jaune d’ici la fin de la compétition.
Côté tribunes…
Affluence. Aucun supporter parisien n’a pris place dans le parcage visiteurs d’après la presse spécialisée. « Les 180 supporters parisiens identifiés et détenteurs d’un billet de match ont refusé d’entrer dans la tribune qui leur était pourtant réservée au stade Pasienky, indique le Parisien. Rejoints par une soixantaine d’autres ultras de diverses nationalités (tchèque, polonaise…), de 40 hooligans russes et d’interdits de stade français non détenteurs d’un ticket, ils souhaitaient que leurs “amis” puissent venir avec eux dans le secteur visiteurs. Après de longues et vaines négociations avec les pouvoirs publics locaux, ils ont finalement décidé de quitter les abords de l’enceinte et d’aller suivre la rencontre dans des bars du centre-ville de Bratislava, surveillés de près par des policiers. Seuls quatre stewards parisiens ont suivi le match dans la tribune visiteurs. Les policiers slovaques, qui avaient préparé ce rendez-vous classé à risques avec leurs homologues français depuis plusieurs semaines, ont respecté à la lettre les consignes du ministère de l’Intérieur français. “L’avant-match était très tendu, nous a confié un témoin. Ces supporters étaient pour la plupart ivres et il y avait parmi eux des éléments très dangereux.” »
« Il y avait 240 supporters parisiens au total ce jeudi aux abords du stade Pasienky de Bratislava, dont 6 interdits de stade du PSG et 40 Russes “amis” des supporters franciliens, assure RMC Sport. 60 des supporters parisiens n’étaient par ailleurs pas munis de billets. Les Français sont repartis vers leur hôtel, alors que les Russes ont rejoint le centre-ville. Les forces de police y sont déployées. Aucun incident n’est à déplorer pour le moment. Parmi les supporters du PSG, il y avait des anciens du Kop Boulogne, qui n’avaient plus été vus depuis plusieurs années par les forces de police françaises, présentes ce soir sur place. »
« Parmi les 181 personnes qui ont fait le déplacement, 60 d’entre elles n’avaient pas de billet, dont 40 d’origine russe et 6 interdits de stade, affirme de son côté L’Équipe. Si, dans un premier temps, les dirigeants slovaques étaient disposés à laisser entrer tout le monde, ils y ont finalement renoncé et n’ont laissé passer personne, en concertation avec leurs homologues parisiens et le ministère de l’Intérieur français. À dix minutes du coup d’envoi, tous les supporters parisiens ont ainsi été escortés par les policiers slovaques vers le centre-ville. »