Les enseignements du match
Joueur par joueur
Dans les cages Salvatore Sirigu a finalement eu peu de choses à faire. Une frappe forte de Mouloungui captée en première période, et une belle horizontale sur un tir puissant de Monzon, au moment où Paris était en infériorité numérique. Il n’a évidemment rien à se reprocher sur le penalty encaissé. En défense, l’axe central Camara-Armand a donné satisfaction. Le premier a prolongé son bon début de saison en étant concentré et très sobre dans ses interventions, le second a lui été nettement plus rassurant que contre Evian TG, en dégageant un grand nombre de ballons chauds, particulièrement en fin de rencontre quand les Niçois multipliaient les centres. En position d’arrière gauche, le capitaine Cearà a livré lui aussi une prestation solide. À l’image de ce qu’il avait fait en début de saison dernière lorsqu’il jouait à ce poste, le Brésilien n’a pas paru être gêné par le fait d’être sur son mauvais pied, et a combiné le plus naturellement du monde avec Nenê. Techniquement très sûr, il a bien aidé le PSG à développer son jeu en première période.
Côté droit, la première titularisation de Jallet en championnat depuis un mois a été nettement plus contrastée. L’ancien Lorientais a été très bon en première période, la domination du PSG séant à merveille à son jeu naturellement porté vers l’avant. Auteurs de plusieurs interceptions amenant des occasions franches, Jallet doit être associé à la bonne première mi-temps de son équipe. Durant la seconde, il a été plus en difficulté. Il est notamment l’auteur de la faute entraînant le penalty niçois, même s’il devait gérer une situation compliquée dans sa surface — un coup franc avait été mal joué quelques secondes plus tôt de l’autre côté du terrain. En revanche, il s’est complètement raté sur son intervention sur Abriel à la 79e, engendrant son deuxième carton jaune et une expulsion logique. Au milieu de terrain, Blaise Matuidi a une nouvelle fois été très bon, se plaçant toujours où il faut quand il faut. Il a été très utile en fin de rencontre, quand il s’agissait de contenir les offensives adverses. À ses côtés, Bodmer a été excellent en première période, quand Paris avait le ballon. Il n’a juste pas su être décisif dans la surface malgré deux très belles situations. En revanche, la seconde période a été un peu plus difficile, Bodmer étant un joueur trop offensif pour évoluer relayeur dans une équipe qui recule.
En ce qui concerne le quatuor offensif, contrairement aux rencontres précédentes, c’est cette fois-ci Nenê qui s’est montré le plus à son avantage. En plus de son penalty obtenu et transformé, Nenê a été très actif et, surtout, très collectif. Il n’a pas cherché à faire l’exploit tout seul, et a davantage essayé de combiner avec ses partenaires. À droite, Ménez a réalisé un bon début de rencontre, avec notamment une très intelligente remise pour Pastore, mais a ensuite quelque peu disparu en seconde période… avant de réapparaître pour un raid amenant le carton rouge niçois, et soulageant bien son équipe. En fin de rencontre, il n’a pas hésité à revenir défendre très bas, avec notamment un joli tacle défensif. En meneur de jeu, Pastore a été discret au début, avant de se créer trois occasions franches — dont une sur laquelle il a été probablement trop gourmand. En revanche, en seconde mi-temps, il n’a finalement fait qu’une seule action intéressante, mais pas n’importe laquelle : il prend la balle et efface plusieurs joueurs pour obtenir le penalty victorieux.
En pointe, Gameiro, malgré les bonnes phases de jeu vues en première période, n’a pas eu d’occasion franche. Pas égoïste, il a toujours cherché à trouver la meilleure solution — il est impliqué dans l’action qui amène le premier penalty —, et a été justement récompensé en inscrivant le but gagnant. Les remplaçants Tiéné, Chantôme et Erding ne sont rentrés qu’en toute fin de rencontre, mais se sont tous trois montrés très impliqués, et ont bien aidé le PSG à conserver la balle et le score.
Embrouilles sur penalty
L’arbitre de la rencontre, Antony Gautier, a eu beaucoup de décisions lourdes à prendre, et peu sont contestables. Les trois penalties sont parfaitement logiques, l’expulsion de Jallet également, seul le deuxième carton jaune pour Monzon peut sembler un peu sévère — la faute n’étant finalement qu’un jeu de bras —, mais l’arbitre avait depuis longtemps montré qu’il arbitrait assez fermement, ne laissant rien passer, et distribuant les cartons. Monzon devait savoir qu’il prenait un risque en jouant des bras à la 85e. Toujours est-il que le PSG a obtenu deux penalties au cours de la rencontre — ce qui était déjà arrivé l’an passé à Tel-Aviv. Le premier a donné lieu à une scène qui aurait pu être très vite montée en épingle.
À l’instar de ce qui s’était passé à Bordeaux en 2004, quand Ljuboja et Reinaldo se battaient pour tirer un penalty, Nenê est venu prendre le ballon des mains de Gameiro qui voulait exécuter la sentence. Certains superstitieux pensent qu’un joueur victime d’une faute ne doit pas se faire justice lui-même, mais un excellent tireur de penalty comme Nenê est probablement au-dessus de tout cela. Il est le tireur attitré du PSG — Canal+ a montré un carnet de Kombouaré sur lequel était inscrite la hiérarchie des tireurs —, et il est donc normal que Nenê ne fasse pas de cadeau à ce moment-là, s’il se sent en mesure de tirer. Kevin Gameiro a alors eu une réaction d’agacement, et Antoine Kombouaré donnait des instructions depuis son banc, sans que l’on ne sache réellement qui il voulait voir tirer.
Si Nenê avait raté son penalty, nul doute que ce petit accrochage aurait fait grand bruit, mais le Brésilien l’a transformé, et très intelligemment, Gameiro est venu le féliciter, Nenê semblant derrière essayer de réconforter l’attaquant. Et comme l’histoire avait décidé d’être belle mercredi soir, Paris a eu un second penalty dans la rencontre, et cette fois-ci, Nenê s’est effacé et a laissé à Gameiro le soin de renouer avec le chemin des filets. Gameiro a transformé en force, et les deux joueurs sont venus célébrer le but côte à côte. Tout ceci donne du poids à ce que pouvait dire Kombouaré en conférence de presse : dans le feu de l’action, les joueurs peuvent avoir un coup de tête et s’agacer, mais après quelques minutes, tout est oublié et l’esprit de groupe reprend le dessus.
« Ce n’est pas grave. Je les laisse, ce sont des grands garçons. Mais Nenê est tireur n°1. Après, ils se font l’accolade, c’est le plus important. Quand les joueurs ont des réactions sur le terrain, c’est aussi qu’ils ont la pression. Mais après il n’y a jamais de souci, ça rentre dans le vestiaire, ça discute. On gagne et on règle les petits soucis après. Dans un vestiaire, il y a des ego, de la testostérone et c’est bien. Je n’aime pas les morts-vivants. Les gars qui ont du caractère nous font gagner des matches. Pas ceux qui se cachent. » (source : AFP)
« Il n’y a rien. Je voulais tirer, [Nenê] a pris le ballon, il a marqué. Tant mieux pour nous. En deuxième mi-temps, il me l’a donné. Le plus important, c’est d’avoir gagné et marqué ce penalty. La guerre des ego a-t-elle commencé ? (sûr de lui.) Non, non, pas du tout ! Tout le monde s’est arraché pour les coéquipiers et c’est le principal. » (source : francefootball.fr)
Voir aussi la réponse de Kevin Gameiro en vidéo
« En laissant Gameiro frapper ce penalty, Nenê a ramassé quelques-unes des épines que son comportement répand parfois dans le vestiaire, lui qui avait chipé sans états d’âme le ballon à l’ancien Lorientais pour tirer le premier penalty du match », estime Jérôme Touboul dans L’Équipe.
Le Brésilien a parfois bon dos : désigné tireur n°1 par Antoine Kombouaré, ce que tous les acteurs ont confirmé, Nenê a simplement respecté les consignes de son entraîneur, avant d’offrir le second penalty à son coéquipier.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
9 matches sans défaite. Paris est désormais invaincu depuis 9 matches toutes compétitions confondues.
Première. C’est la première fois de la saison que le PSG menait à la mi-temps (1-0).
Fair-play. Malgré cinq cartons jaunes et un carton rouge reçus mercredi soir, le PSG reste en tête du challenge du fair-play.
Infos en vrac
Armand dans l’équipe-type. Sylvain Armand figure dans le onze-type de L’Équipe à l’issue de la 7e journée de L1.
Quand L’Équipe apprend le football à Gameiro. « Kevin Gameiro se plaint de ne pas être assez servi et, sur une ou deux actions vues hier, il n’a pas tort. Mais l’avant-centre du PSG ne fait pas tout, non plus, pour que ses coéquipiers le lancent dans les conditions optimales, estime Damien Degorre dans L’Équipe. Ses appels, trop souvent axiaux, ne permettent pas toujours le décalage. À Lorient, il évoluait contre des défenses plus hautes qui libéraient quarante-cinq mètres d’espace dans leur dos. Avec le PSG, Gameiro affronte des équipes beaucoup plus repliées et le manque de variété dans ses appels s’en ressent. Il doit davantage étirer les défenses et ne pas hésiter à plonger sur un côté, quitte à abandonner l’axe par moments. »
Présentation des U17/U19. Les moins de 17 ans et les moins de 19 ans du PSG, tous deux champions de France en titre, ont été présentés au Parc des Princes avant le coup d’envoi.
Autres résultats. Le PSG revient à égalité de points (14) avec l’OL — battu 1-0 à Caen —, Rennes et Toulouse. Les quatre équipes sont à deux longueurs de Montpellier, le prochain adversaire des Parisiens.
Dans la presse
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 22 septembre 2011 :
Bientôt, on en saura plus sur la moelle de ce PSG remodelé par 85 M€ de transferts à l’intersaison. Samedi, un déplacement brûlant se profile à Montpellier, le leader de la L1, huit jours avant de se frotter aux envies de reconquête de l’OL. En attendant de défier deux des rivaux qui le précèdent au classement, le PSG a encore subi, hier, trop de variations dans son volume de jeu pour l’estimer, à coup sûr, promis à la gloire. Hier, le Parc a salué avec chaleur le coup de sifflet final. C’était sans doute une de ces fois où un stade applaudit plus le résultat que le spectacle global. […] Match après match, un même constat revient : Paris ne dégage pas encore une réelle puissance collective et n’est pas une machine à l’impact irrésistible. Il va falloir qu’il pense à élever le ton. Après-demain, à Montpellier, il est peu probable que les manquements restent impunis. »
Dominique Sévérac, dans le Parisien du 22 septembre 2011 :
C’est une victoire qui donne du sens à la saison du PSG. Avec 14 points en sept matches, l’équipe parisienne avance au rythme de 2 par journée, exactement la moyenne d’un champion, le vrai objectif de cette formation de stars internationales. […] Voilà pour l’analyse de ces 3 points […]. Mais voilà, il y a comme un problème. Un gros problème ou plusieurs petits. À moins d’épouser complètement la culture italienne dans laquelle baigne peut-être désormais le PSG — Leonardo, le directeur sportif, y a passé treize ans et quatre joueurs du championnat italien ont rejoint la capitale cet été (Pastore, Sirigu, Sissoko, Ménez) —, on reste sur notre faim. Paris ne possède aucune marge sur ses adversaires, que ceux-ci s’appellent Brest, Evian TG ou Nice. Hier, c’est une victoire tirée par les cheveux que les coéquipiers de Cearà ont offerte. Qui succède à un nul étrange contre Evian TG (2-2), elle-même venant après un succès minimal sur Brest (1-0). […]
Résumons-nous : les trois derniers buts du PSG n’ont pas été inscrits dans le jeu (un corner et deux penalties). Sur les cinq dernières réalisations parisiennes, trois émanent directement de Javier Pastore avec deux chefs-d’œuvre (Brest et Evian TG) et un penalty provoqué hier au terme d’une action une nouvelle fois géniale. Cela met en lumière une évidence et soulève deux problèmes : l’Argentin est bien le crack annoncé et qu’importe son prix, il l’assume comme un charme. Quant aux soucis : le club de la capitale vit déjà une Pastore-dépendance et inquiète pour le jour où il sera blessé, suspendu, dans une mauvaise période, pris au marquage… Comme la vie est bien faite, les faits vont bientôt départager les sceptiques et les enthousiastes. Après avoir sucé la roue des leaders, le PSG va maintenant attaquer la montagne. Après-demain, c’est déplacement à Montpellier, l’actuel patron de la Ligue 1, puis réception de Lyon dans dix jours avec entre-temps un déplacement de Ligue Europa à Bilbao. On va enfin savoir et on a hâte d’y être !
Réactions
Antoine Kombouaré : « C’est une très belle victoire, acquise dans la difficulté. Mais c’est beau, avec des garçons concernés, accrocheurs. C’est bien. Trois points, c’est la meilleure façon de préparer le déplacement à Montpellier. […] En première période, on a tordu le coup à ceux qui disent qu’on ne peut pas jouer ensemble. Ça a été une première période fantastique, la meilleure de mon équipe cette saison. En deuxième, ça a été moins bien, on a trop reculé, on a oublié de mettre de l’impact dans les duels. Cela a rendu confiance à Nice, même si finalement on prend un but sur une action qui part à 80 mètres de nos buts. […] Il y a de la fatigue. Les joueurs font des gros efforts. Tout le monde travaille à la récupération. Il y a eu une débauche d’énergie qui nous a compliqué la vie en deuxième période, on y a laissé des plumes. Mais on continue à engranger des points, on garde la confiance. » (source : AFP)
Éric Roy (entraîneur de Nice) : « Sur la première mi-temps, on a été un peu timides, sur la deuxième, c’est un peu frustrant de repartir du Parc sans point. On était bien mieux dans l’organisation, j’avais changé l’organisation du milieu à la pause. C’est décevant pour les joueurs. Dans l’ensemble, pour un match au Parc avec l’environnement, l’ambiance, l’attente des supporters parisiens, c’est une assez bonne production. On les a embêtés. […] Paris a le potentiel au niveau des individualités pour mettre en difficulté bien des équipes, mais il faut trouver des équilibres entre l’attaque, la défense, gérer les transitions. De là à dire si Paris sera champion, c’est trop tôt. » (source : lequipe.fr)
Jérémy Ménez : « C’est sur les victoires que l’on bâtit une grande équipe. Il faut continuer à gagner pour la confiance. En seconde période, on s’est compliqué la vie et on aurait pu tuer le match avant, on aurait été plus tranquille, mais voilà il y a des soirs comme cela. » (source : le Parisien)
Anthony Mounier : « C’est vrai que quand on voit la seconde mi-temps, peut-être qu’on a mieux joué mais peut-être que Paris a aussi baissé le pied. On ne va pas non plus s’enflammer parce qu’on a réussi quatre ou cinq passes de suite. Parce qu’à la pause, n’être menés que 1-0 est bien payé. On aurait pu en prendre trois ou quatre. » (source : L’Équipe)
Suspensions
Expulsé mercredi soir face à Nice, Christophe Jallet sera automatiquement suspendu samedi à Montpellier lors de la 8e journée de L1.
Avertis, Blaise Matuidi et Jérémy Ménez seront quant à eux suspendus dans trois semaines lors de la 10e journée de L1, Ajaccio-PSG. D’ici là, ils pourront affronter Montpellier samedi (8e journée) puis Lyon dimanche prochain (9e journée).
Enfin Diego Lugano sera suspendu s’il reçoit un nouveau carton jaune lors des sept prochaines journées.
Clément Chantôme et Sylvain Armand ont quant à eux été avertis une fois depuis le début de saison.
Retrouvailles
Outre Didier Digard (au PSG en 2007/2008) et David Hellebuyck (au PSG en 2006/2007), trois Niçois retrouvaient leur club formateur : Fabrice Abriel, Franck Dja Djédjé et Larrys Mabiala.
Côté tribunes…
Affluence. 39 065 spectateurs — dont 192 Niçois en parcage visiteurs — étaient présents au Parc des Princes mercredi soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP. De son côté, le PSG indique sur son compte Twitter officiel qu’il y avait 40 237 spectateurs.
Organisation. Après les bâches disposées le long des virages la saison dernière puis un groupe de percussionnistes pour lancer des chants cet été, le PSG continue à combler le manque d’organisation des tribunes parisiennes dû à l’absence d’associations de supporters. Mercredi, c’est la sono qui a fait son retour dans les virages, le micro étant confié à des supporters pas toujours au point. Côté Boulogne, les enceintes ont été éteintes à la mi-temps, sous les acclamations de la tribune.
Germain. Germain-le-lynx a fait son apparition sur la pelouse durant l’avant-match.