Jérôme Rothen inquiète. Depuis le début de saison, il semble nettement en retrait, à la peine physiquement et bien loin de son rendement passé. Il n’est plus capable d’accélérer, d’éliminer son vis-à-vis et même sa force première, sa qualité de centre, semble en avoir pris un coup. Non ne vous inquiétez pas, après RMC et Le 10 Sport, PSGMAG.NET n’est pas devenu une tribune pour Michel Moulin. Au contraire même, puisque le début de saison de Rothen est loin d’être aussi cataclysmique que l’on veut bien le croire.
Rothen n’est pour rien dans les performances du PSG
Le propos n’est pas ici de dire que Jérôme Rothen est dans une forme éblouissante, ni même de nier sa baisse de régime : lui-même l’a concédé publiquement — dans les colonnes de L’Équipe —, il a connu des périodes meilleures, où il était plus tranchant et plus précis.
Je suis trop inconstant. Ça m’emmerde un peu. Ça ne me ressemble pas. C’est la première fois de ma carrière que je vis ça. Le jeu passe moins par moi. Ce n’est pas la faute de mes coéquipiers. J’ai l’impression que je suis parfois trop statique.
Malgré tout, il est une statistique qui mérite d’être mise en avant. L’idée est de regarder sur chacun des buts marqués par le PSG quels sont les hommes impliqués dans la conclusion de l’action : en plus des classiques passeurs décisifs et buteurs, il est intéressant de voir qui a amorcé le mouvement qui amène le but. Par exemple, sur le dernier but de Hoarau au Vélodrome, le décalage est clairement initié par Rothen qui lance Luyindula en profondeur, lequel sert Hoarau ensuite. Cette participation du n°25 du PSG au but est donc réelle, même si elle ne rentre dans aucun classement statistique. Et c’est ainsi qu’on se rend compte que Rothen a participé à 11 des 25 buts parisiens (soit 44 %), ce qui fait de lui le joueur le plus impliqué dans les réalisations parisiennes, devant Hoarau et Kezman.
Bien sûr, il ne faut pas en tirer de conclusions hâtives : cela reste une statistique. Mais une statistique qui permet de nuancer les envolées fielleuses des analystes footballistiques de tout bord qui discourent à ceux qui veulent bien l’entendre que Rothen ne pèse plus sur le jeu, et que les actions parisiennes ne passent plus autant à gauche qu’avant : le rôle de Rothen est encore prépondérant au sein du Paris Saint Germain, et sa vision du jeu reste une des armes privilégiées des hommes de Paul Le Guen.
Rothen n’a même pas appelé Gallas et Zidane
Malheureusement, Jérôme Rothen n’est pas discuté que sur le terrain. En plus des délires obsessionnels du patron d’un quotidien sportif amené à disparaître, la parution de son autobiographie a cristallisé énormément de rancœurs et de critiques envers le milieu gauche parisien. Là non plus, le but n’est pas de dire que Rothen peut se reconvertir dans la littérature, ni même de défendre l’idée de publier une biographie en cours de carrière, mais de voir quelles sont les critiques et d’où elles viennent.
Jérôme Rothen a écrit un livre dans lequel il raconte sa vie et sa carrière, et comme d’habitude dans ce genre d’exercice, les anecdotes fourmillent. Malheureusement, certaines personnes ne l’ont pas apprécié. Parmi les passages qui ont fait grand bruit, il y a celui qui concerne William Gallas. Rothen a révélé dans son livre des faits vieux de quinze ans, des errances d’adolescent somme toute assez classiques et qui sont en l’état complètement inintéressantes [1]. Pourtant, tout le monde s’en est offusqué, et les réactions ont été vives pour condamner les égarements de Rothen. Gallas lui-même s’est exprimé pour dire que Rothen n’avait pas à dévoiler ces histoires-là, surtout sans le prévenir au préalable.
Il est juste cocasse de constater qu’un mois plus tard, William Gallas publie un livre dans lequel il débine de façon très incisive ses collègues actuels Samir Nasri et Robin Van Persie. Suite aux réactions outrées en Angleterre et au sein même du club d’Arsenal, Gallas a perdu son capitanat dans l’affaire. Aurait-il lui aussi « omis » d’avertir ses petits camarades ? Gallas a mis le vestiaire de son équipe sens dessus-dessous, et pourtant ne se prive pas de donner des leçons à Rothen…
De même, les écrits du milieu de terrain du PSG sur Zinedine Zidane ont fait grand bruit. Rothen révèle que l’illustre numéro 10 est un mauvais perdant et qu’il l’a traité de « fils de p… » lors d’un match. Zidane a réagi ce vendredi dernier de la façon suivante :
Si tu es honnête, franc et loyal, tu viens, et tu me dis les choses les yeux dans les yeux.
Une fois encore, l’exemplaire Zidane ne manque pas de culot : après son fameux coup de tête en finale de coupe du monde, il n’avait rien de moins que participé à une émission spéciale sur Canal + dans laquelle il justifiait son acte injustifiable en révélant que Materazzi avait traité sa maman, ajoutant qu’on n’insulte pas les mères [2].
Deux questions restent donc sans réponse : Zinedine Zidane considère-t-il que s’exprimer à la télévision revient à dire les choses les yeux dans les yeux ? Et les insultes visant les mères sont-elles plus ou moins acceptables suivant qu’on les adresse à un arbitre et à Rothen, ou bien qu’on les reçoit ? Auquel cas on ne comprend pas comment il peut décemment oser faire sa vierge effarouchée et trouver indigne que Jérôme Rothen relaye ses propos dans un livre. Une fois de plus, il est amusant de constater comme les attitudes les plus grossières deviennent largement excusables dès lors qu’il s’agit des anciens champions du monde.
Et quoi qu’en disent Christophe Dugarry et tous les donneurs de leçons de l’Équipe de France 1998 — qui sont à ce point compétents qu’ils ne restent dans le monde du football que par le biais d’emplois fictifs généreusement offerts par Canal + — Jérôme Rothen n’a fait que succomber à la mode des écrits autobiographiques sans grand intérêt et a agi malgré tout de façon bien moins choquante que ces illustres Bleus.
Bien sûr, ceci n’est pas très glorieux, et il aurait sûrement été préférable que Rothen ne se perde pas dans ces débats futiles. Mais il n’y a cependant rien de si répréhensible et honteux que ça : Jérôme Rothen est loin d’être l’ordure dénonciatrice qu’on a voulu faire croire. Il s’est d’ailleurs toujours défendu en disant que ses propos n’avaient rien d’agressif ou revanchard. Mais surtout, Rothen malgré toutes ces péripéties reste un joueur important et efficace du Paris Saint-Germain.