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Les négociations entre les associations et le club ont débuté en juin

Hausse des abonnements : la synthèse

Synthèse des arguments avancés par les deux parties

mardi 5 août 2008, par Vivien B.

Hausse des abonnements : la synthèse

Dans un précédent article (voir Abonnements trop chers ? Les raisons de la colère), nous avons relaté aussi factuellement que possible l’évolution des négociations entre les associations de supporters et la direction du Paris SG à propos des tarifs d’abonnement 2008/2009. Tentons désormais de faire la synthèse des arguments des uns et des autres…

S’il en doutait encore, Philippe Boindrieux doit désormais être convaincu de la singularité des clubs de football par rapport aux entreprises « traditionnelles ». Habituellement, une fois le budget validé par la direction générale puis les actionnaires, il ne reste plus qu’à décliner opérationnellement les éléments stratégiques qui ont conduit à sa réalisation. Dans un club de foot, ou en tout cas au Paris SG…, il reste encore un accord à obtenir, celui de ses « clients » : les supporters.

L’uniformisation des prix en virages, difficile compromis

Les associations ont reconnu avoir longtemps plaidé pour l’uniformisation des tarifs d’abonnement en virages, afin de tirer les prix à la baisse. La mise en place de ce tarif unique ne pouvant évidemment pas se traduire par un alignement de tous les prix des virages sur le moins cher, les différends actuels étaient prévisibles.

Focus sur le ré-abonnement fidélité championnat en virages

Tarif unique oblige, les courbes représentant l’évolution des prix en virages rouges d’une part et bleus d’autre part se rejoignent en cette saison 2008/2009.

- Première constatation : alors que les tarifs étaient en légère hausse constante depuis 2002/2003, ils ont baissé significativement l’an dernier en virages bleus (-14 %). La comparaison la plus pertinente est donc à établir par rapport aux prix de la saison 2006/2007 (nous y reviendrons).

- La moyenne des tarifs bleus (210 €) et rouges (140 €) s’établit à 175 €. Considérant par ailleurs que la majorité des occupants des virages sont basés en niveau bleu, le nouveau tarif unique fixé à 170 € apparait, de ce point de vue, tout à fait raisonnable.

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Évolution des tarifs de ré-abonnement fidélité championnat en virages

Une nouvelle fois, la générosité affichée par le PSG l’an dernier en baissant les prix des virages bleus à 180 € a considérablement perturbé le changement tarifaire : sans elle, il aurait annoncé un prix unique à mi-chemin entre les deux précédents, et dans la fourchette basse (170 € vs 175 €) ! Au lieu de cela, le PSG annonce une uniformisation par le haut… Défaut d’anticipation, erreur stratégique, communication mal gérée, revirement de position ? Quoi qu’il en soit, la hausse est spectaculaire pour certains abonnés (ceux présents en virages rouges depuis au moins cinq saisons voient leur pass intégral augmenter de +71%, soit +100 €, par rapport à la saison précédente). À l’heure où chaque hausse de quelques centimes d’un quelconque produit fait l’ouverture des journaux télévisés, cette hausse des prix est d’autant plus difficile à faire passer qu’elle concerne ceux qui payaient le moins cher et enfin qu’elle intervient après deux saisons catastrophiques.

Focus sur le ré-abonnement fidélité intégral en virages

L’évolution de l’abonnements intégral doit être observée avec attention, puisqu’il est logiquement fonction des participations du Paris SG aux coupes d’Europe (Uefa en 2003, 2007 et 2009 ; Ligue des Champions en 2005 ; aucune en 2004, 2006 et 2008) :
- en virages bleus, les tarifs sont en baisse par rapport aux « saisons Uefa » (et dans la moyenne des saisons sans coupe d’Europe) ;

- la remise exceptionnelle de l’an dernier (coupes offertes) fait néanmoins apparaître une forte hausse par rapport à la saison passée ;

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Évolution des tarifs de ré-abonnement fidélité intégral en virages

- en virages rouges, les abonnés avec l’option Fidélité sont frappés par une double hausse : d’une part en voyant leur tarif Championnat aligné sur les virages bleus (+30 € vs. 2007/2008), d’autre part en étant amenés à payer le supplément coupes au tarif bleus (70 €, contre 50 € en moyenne lors des précédentes « saisons Uefa » et 0 € l’an dernier) ; au total, la hausse est de +100 € pour ces milliers de supporters…

Une bonne foi apparente du PSG, malgré les chiffres…

Véritable baisse des tarifs en virages bleus…

Si les supporters, considérant la remise fidélité de la saison passée comme un acquis obtenu après des années de lobbying, ont raison de regarder l’évolution des tarifs en prenant comme référence la saison 2007/2008, il faut reconnaître aux dirigeants parisiens leur bonne foi concernant leurs efforts, d’autant plus si l’on compare l’évolution des prix en virages bleus par rapport à la saison 2006/2007, qui présente la double caractéristique d’être une saison semblable à la nouvelle (qualification en coupe de l’Uefa) et de ne pas être impactée par le cadeau « exceptionnel » de l’an dernier :
- baisse de -5 % (soit -10 €) pour un ré-abonnement championnat ;
- baisse de -19 % (soit -40 €) pour un ré-abonnement fidélité championnat ;

- baisse de -5 % (soit -15 €) pour un ré-abonnement intégral ;
- baisse de -19 % (soit -45 €) pour un ré-abonnement fidélité intégral.

Quelques données significatives en virages bleus :
- L’abonnement championnat avait déjà baissé de -14 % la saison dernière ; avec la nouvelle baisse de -6 % par rapport à 2007/2008, il atteint son plus bas niveau depuis au moins 2002/2003, à 170 € ;
- Saison 2007/2008 exceptée (les coupes étaient offertes) et avec l’avantage fidélité, l’abonnement intégral (240 €) est à son plus bas niveau depuis 2003/2004 (230 €), mais le PSG n’était pas qualifié en coupe d’Europe cette saison-là.

Par ailleurs, l’écart de prix entre les abonnements championnat et intégral en virages bleus pour une saison avec participation à la coupe de l’Uefa est stable par rapport aux saisons précédentes :
- 70 € en 2002/2003 ;
- 85 € en 2006/2007 ;
- 70 € en 2008/2009 pour un ré-abonnement (moins de 5 ans) ;
- 80 € en 2008/2009 pour un ré-abonnement fidélité (5 ans et plus).

… mais forte hausse des tarifs en virages rouges

A contrario, voici les évolutions des prix en virages rouges par rapport à 2006/2007 :
- hausse de +43 % (soit +60 €) pour un ré-abonnement championnat ;
- hausse de +21 % (soit +30 €) pour un ré-abonnement fidélité championnat ;

- hausse de +44 % (soit +85 €) pour un ré-abonnement intégral ;
- hausse de +23 % (soit +45 €) pour un ré-abonnement fidélité intégral.

Quelques données significatives en virages rouges :
- à 170 € le ré-abonnement championnat, le match de Ligue 1 revient à 8,95 € avec l’avantage fidélité et 10,53 € sans avantage ; à titre de comparaison, les clubs de Ligue 1 proposent généralement les places dans le parcage visiteurs à 8 € (sauf Lyon…).

Comment le PSG s’est tiré une balle dans le pied en 2007

Compte tenu des éléments avancés par Philippe Boindrieux pour expliquer les nouveaux tarifs (voir Abonnements trop chers ? Les raisons de la colère), il apparait que le Paris SG se retrouve très ennuyé par la réduction dite « avantage fidélité » mise en place la saison dernière : en offrant pour la première fois les coupes nationales à ses abonnés fidèles (présents depuis au moins cinq saisons), le club profitait de l’absence de compétition européenne pour faire un beau geste après la catastrophique saison 2006/2007 (le PSG terminera la saison 15e, après s’être retrouvé brièvement bon dernier de Ligue 1 début avril). En anticipant ni la nouvelle saison terrible (16e de Ligue 1 en 2007/2008, après s’être sauvé lors de la dernière journée — ce qui ne permet pas de justifier une hausse des prix) ni la qualification à la coupe d’Europe (au bénéfice de la victoire en coupe de la Ligue — qui augmente cependant le nombre de matches de coupes), le Paris SG se retrouve dans une position où il lui est difficile de continuer à offrir les matches de coupes à la moitié de ses abonnés (près de 10 000 sont présents depuis au moins cinq saisons), considérant la réalité de la hausse des coûts d’organisation des matches et une situation financière qui ne permet effectivement pas le gaspillage ; mais il lui est également difficile de reprendre si vite le cadeau fait la saison passée, et dont il n’a jamais été signalé qu’il devait se comprendre comme un geste exceptionnel… À cet égard, s’il était réellement prévu que cette remise ne soit valable qu’un an, pour « lancer le programme de fidélité », il eût fallu clairement communiquer sur ce point !

Pire, comme nous l’avons détaillé plus haut, le PSG a fortement baissé les prix des virages bleus une année avant de fixer un tarif unique à un prix qui, sans cette baisse, aurait été sans doute été mieux accepté… Ce sont là de véritables preuves de la bonne volonté du club, qui justifie par ailleurs ses choix par des contraintes budgétaires indéniables et l’évolution des frais qu’il doit supporter pour accueillir les supporters au Parc des Princes. Mais est-ce aux supporters d’assumer cela ?

Les mauvais arguments du Paris SG

La vente à perte, une justification spécieuse

Avant d’aborder le fond du débat, de manière beaucoup plus factuelle, relevons que certains des éléments avancés par Philippe Boindrieux apparaissent assez spécieux. Ainsi l’argument selon lequel « une entreprise ne peut pas vendre certains de ses produits en perdant de l’argent » est rigoureusement erronné, donc de mauvaise foi — nous faisons crédit au directeur général adjoint du Paris SG de ses compétences. Pour rappel, l’interdiction de la vente à perte (aux termes de l’article L442-2 du code du commerce) ne vaut que pour les produits préalablement achetés ; il s’agit en fait d’interdire de fixer un prix de vente inférieur au prix d’achat. Pour les biens qui n’ont pas fait l’objet d’un achat préalable — par exemple l’abonnement à un spectacle sportif — il est tout bonnement impossible de connaître réellement le prix de revient, donc de déterminer s’il s’agit de vente à perte ou non. C’est à la comptabilité analytique interne au club de déterminer la rentabilité de chaque activité du Paris SG (et de chaque tribune pour l’activité billetterie) ; un sujet certes passionnant, mais sans rapport avec une quelconque obligation légale.

Une illustration permettant de préciser l’absence d’encadrement légal du prix de vente minimum des abonnements : la comptabilité analytique, disions-nous, a cela de magnifique qu’elle est peut être pratiquée de manière précise et détaillée — au moins dans les efforts déployés — ou à la truelle. Une façon de déterminer un prix de revient à la truelle est la suivante : considérer d’une part les recettes billetterie, et d’autre part toutes les dépenses liées à l’organisation des matches, en omettant de prendre en compte les autres recettes directement liées à la vente d’abonnements (recettes buvettes, quote-part des recettes de publicité dans le stade…), sans parler des retombées indirectes (développement de l’image liée à la présence de supporters nombreux, fidèles et exemplaires — nous vous accordons que ce dernier point pourrait être sujet à débats…).

Le véritable débat concerne la péréquation financière

Par ailleurs, le club a su faire des avancées depuis sa première proposition (d’un abonnement à 190 € minimum — soit les 10 € par match et par personne que coûte l’organisation d’un match au Parc —, le club est arrivé à 170 € puis 155 € en virage rouge en 2008/2009), en les annonçant comme des prises en compte des revendications des supporters. Mais alors comment expliquer des abonnements soient vendus à un prix inférieur au prix-minimum-légal-seul-tarif-possible ? En considérant que l’essentiel est que « le PSG ne perde plus d’argent sur les abonnements des virages rouges en moyenne  », selon les propos de Philippe Boindrieux. Nous en arrivons ici à un essentiel : quitte à établir une moyenne, pourquoi ne pas aller plus loin et aborder la question du point de vue de la péréquation tarifaire ? Le maintien de tarifs abordables pour les abonnements les moins chers du stade serait ainsi financé par les marges dégagées dans les autres tribunes ; les associations l’évoquaient dans un communiqué commun : « nous considérons qu’il n’est pas anormal que le Paris Saint Germain soit déficitaire sur l’abonnement de ses fans les plus assidus et extravertis en tribunes populaires ».

D’autres éléments à prendre en compte

Hausse des prix : les dommages collatéraux…

Considérons désormais les effets pervers de cette hausse dans les tribunes les moins chères :
- créer un sentiment de défiance des supporters envers la nouvelle direction ;
- exacerber le sentiment d’être considéré comme un « client », au risque de voir une partie des supporters se comporter de plus en plus comme tel (exiger un retour sur investissement minimum, se trouver des excuses pour siffler les joueurs au lieu de supporter le club…) ;
- favoriser les abonnements championnat au détriment des abonnements intégral, privant les supporters les plus jeunes ou les moins aisés des rencontres de coupe d’Europe, et priver le club d’un soutien nécessaire lors des premiers tours des coupes nationales qui ne font jamais recettes (l’an passé : 19 000 spectateurs pour Paris SG 4-0 Valenciennes en quarts de finale de la coupe de la Ligue, 15 000 spectateurs pour Paris SG 2-1 SC Bastia en huitièmes de finale de la coupe de France).

La crainte d’une « épuration sociale »

Pour finir, signalons enfin que les ultras raisonnent également à long terme : face à de tels tarifs pour une qualification en coupe de l’Uefa et après deux saisons catastrophiques, alors que le PSG affirme « tenir compte des résultats du club dans les prix », il est urgent de se préoccuper de ce que pourraient être les tarifs en cas de participation à la Ligue des Champions, laquelle irait de pair avec des bons résultats en championnat. Il nous semble trop tôt pour évoquer sérieusement «  une volonté manifeste d’épuration sociale des tribunes populaires » (communiqué du 17 juillet), mais la question se pose néanmoins dès maintenant, d’autant plus dans le contexte actuel (affaire de « la banderole de la honte », notamment). Les dirigeants parisiens avancent peut-être leurs pions pour mener à bien des projets à plus long terme ; dans le doute, les associations préfèrent jouer la prudence et rappeler qu’il faudra compter avec elles, en tant que porte-paroles des supporters parisiens. À cet égard, le fait que le club ait annoncé accepter de les rencontrer en août pour évoquer un moratoire sur les évolutions du prix des abonnements dans les années à venir est une bonne chose. Les leaders des ultras sont responsables et n’ont aucune envie de créer une nouvelle « guerre » avec la direction du PSG, sachant pertinemment que cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Souhaitons que le rendez-vous que se sont donné le club et les ultras en août soit productif, pour éviter que les terrains ne soient des lieux de revendication nécessaires aux négociations et qu’ils restent le meilleur endroit pour encourager le Paris Saint-Germain. Amen.

Consultez aussi le détail des discussions

P.-S.

Crédits photos (logo) : PSGMAG.NET et donaldtownsend

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