Si l’on se borne aux chiffres, les augures ne sont pas particulièrement favorables au Paris Saint-Germain avant la finale de la coupe de France 2010. Non pas que la compétition en elle-même pose problème — le PSG en est même le plus éminent des spécialistes sur les 30 dernières années —, mais l’adversaire du soir peut être source de multiples inquiétudes. Monaco a en effet historiquement un statut de bête noire, bien réel, pour le Paris Saint-Germain. Durant la décennie actuelle, le PSG ne s’est imposé qu’à quatre reprises en championnat face à Monaco, dont deux fois seulement à domicile. Et, parallèlement à cela, le PSG a subi des déconvenues marquantes : Gallardo qui caresse la lucarne dans les arrêts de jeu d’une rencontre de 2002 ; Giuly en pleine forme qui se balade au sein de la défense parisienne pour une grande déculottée en 2003 ; ou même l’an dernier, quand Paris doit à tout prix marquer pour obtenir une qualification européenne, face une défense qui tiendra bon.
Année blanche, mais bons matches
Cette année encore, Paris a fait chou blanc face aux joueurs de la Principauté. Deux matches, deux défaites. Rien n’y fait. Pourtant, si l’on se tourne un peu plus vers le contenu des rencontres, on se dit que Paris n’était à chaque fois pas si loin de son adversaire.
En septembre dernier, les deux équipes trustaient le haut du classement. À Louis II, le Monaco-PSG était donc une grande affiche. Affiche qui a été largement dominée par le PSG. Paris jouait haut, Paris jouait bien, tous les observateurs le disaient à l’époque. Paris était tellement en confiance et bien installé dans la rencontre qu’à dix minutes de la fin les hommes de Kombouaré avaient fait un siège dans la surface adverse. Et c’est finalement en contre-attaque que les Monégasques ont pu s’en sortir : Park a été lancé en profondeur et a marqué ; trois minutes plus tard, la mise était doublée grâce à une frappe sèche de Néné. Détail qui a son importance, ce match était joué sans Camara et sans Sakho — accessoirement sans Erding et avec un Hoarau revenant juste de blessure —, ce qui signifie que la charnière prise de vitesse était Traoré-Bourillon. Avec sa défense titulaire, celle qui sera alignée ce soir, pas sûr que les Parisiens se seraient faits avoir aussi bêtement.
Au match retour, le constat est encore plus simple : Monaco n’a pas joué la rencontre, attendant simplement que le PSG se tue tout seul. Stratégie payant au final, mais qui peut s’avérer finalement très aléatoire. Sur cette rencontre, Paris n’a cessé d’attaquer, et bien attaquer. Le club de la capitale s’est créé un nombre faramineux d’occasions, pour probablement un des matches les plus aboutis sur le plan du jeu de la saison. Seulement, ce jour-là, Ruffier était en état de grâce. Tous les tirs parisiens — 9 furent cadrés, contre seulement 2 pour l’ASM — ont été stoppés par le portier adverse. Parfois même dans les situations les plus improbables, comme lorsque Mongongu prenait son gardien à contrepied sur une passe en retrait : dans un réflexe étonnant, Ruffier parvenait à sortir le ballon. Et quand ce n’était pas lui, ce sont les poteaux qui ont entravé la chemin du but pour Paris.
Niveau offensif, il n’y avait absolument rien côté monégasque. La défense parisienne a complètement muselé les maigres tentatives de Néné et ses amis ; et finalement, c’est le pauvre Edel qui s’est mis un but contre son camp sur un ballon anodin.
De la chance et Ruffier, voilà ce qui a permis aux Monégasques de gagner. Il n’est pas sûr qu’une tactique identique donne le même résultat ce soir. Ruffier est d’ailleurs annoncé incertain pour la rencontre, ce qui serait un bon coup de main aux attaquants parisiens tant le jeune sudiste réalise une bonne saison. Toutefois, il faut se méfier de Guy Lacombe sur ce point et de sa stratégie de l’intox. Après avoir fait miroiter l’absence de son meilleur joueur toute la semaine, il n’est pas impossible qu’il le titularise à la dernière seconde. Les Parisiens sont bien placés pour le savoir : en 2006, alors qu’il entraînait le PSG, l’ancien Sochalien avait fait croire à l’indisponibilité de Pauleta toute la semaine précédant la demi-finale de coupe de France à Nantes… pour finalement le faire jouer contre toute attente. Et le Portugais avait fini par qualifier Paris pour la finale.
La superstition Lacombe
Autre sujet d’inquiétude : Guy Lacombe. Depuis son renvoi du PSG, il reste sur cinq victoires consécutives face à son ancien club. D’aucuns avancent même qu’il a la recette pour faire déjouer Paris et des joueurs qu’il connaît bien. Ce qui semble complètement aberrant, puisque de son époque il ne reste qu’Armand, Chantôme et Traoré : tous les autres sont arrivés après son éviction. Par ailleurs, au risque de se répéter, rappelons que ses victoires à la tête de Monaco cette saison n’ont pas reposé sur quelque chose de plus concret qu’une réussite insolente ; il en est de même pour ses victoires à la tête du Stade rennais — hormis sa victoire 2-0 en 2008, quand Paris était relégable.
Si l’on se remémore les rencontres de la saison dernière, on constate qu’à Rennes, les Bretons ont obtenu les trois points grâce à un gardien — Nicolas Douchez — lui aussi en état de grâce, repoussant les nombreuses tentatives adverses — 10 interventions, contre 2 pour Landreau. L’Équipe lui attribuera d’ailleurs la meilleure note du match. De même, au match retour à Paris, Rennes n’avait absolument rien montré et s’en était sorti uniquement grâce à un but contre son camp de Sakho. Alors, à moins d’être superstitieux ou de croire que Guy Lacombe sait comment faire marquer les joueurs parisiens contre leur camp et comment motiver son gardien pour qu’il réussisse un match d’anthologie, il n’y a pas de raison de croire en un syndrome Guy Lacombe.
Autour de la finale
Enfin on ne peut aborder cette finale sans évoquer ce qu’il s’est passé cette semaine — sur le plan sportif —, à savoir la lourde défaite de Paris face à un Grenoble déjà condamné. Les plus pessimistes y voient assez logiquement un mauvais présage avant de jouer le match le plus important de la saison. Perdre de cette manière, même si la défaite ne concerne pas la majorité des joueurs qui seront sur le pré ce soir, n’est certes pas la meilleure façon de se préparer.
Il faut cependant bien avoir à l’esprit qu’il n’y a pas de loi fiable à 100 % là-dessus. Paris a déjà gagné des finales en étant à côté de cela irrésistible en championnat. C’était le cas en 2004 : au moment d’affronter Châteauroux, Paris enchaînait les victoires en championnat afin de conquérir une deuxième place. Pourtant, le même cas de figure en 2000 — Paris était deuxième en championnat et restait sur cinq matches sans défaite — a engendré une défaite humiliante en finale de coupe de la Ligue face à Gueugnon.
De la même manière, Paris s’est déjà retrouvé particulièrement démobilisé en première division, tout en étant impérial au moment d’aller chercher la coupe. Quand la grande équipe de 1998 va battre Lens, pourtant futur champion et ultra-favori, Paris ne fait que perdre en championnat — deux défaites consécutives au Parc face à Bordeaux et… Monaco.
En 2006, Paris restait également sur un revers en championnat face à Lyon à domicile et devait affronter le Marseille de Franck Ribéry, que l’on disait injouable. Il est enfin amusant de constater que, dans la foulée de la victoire 2006, Paris s’est incliné au Parc en prenant quatre buts par l’AC Ajaccio, club déjà condamné à la descente en L2…