Pedro Miguel Pauleta est le meilleur buteur de l’histoire du PSG avec 109 buts en matches officiels toutes compétitions confondues, inscrits en cinq saisons (2003-2008).
Première partie : le premier but, les coups francs, le jeu de tête, la roublardise, les buts de près, la classe balle au pied, la classe dans le comportement.
Deuxième partie : la spontanéité, la subtilité, le but du titre, le but qui tire le PSG d’un mauvais pas, son souffre-douleur, le dernier but, bilan chiffré.
La spontanéité
Pauleta pensait toujours savamment ses gestes à l’avance, on l’a vu. Ce qui n’empêchait pas une certaine spontanéité qui pouvait surprendre le gardien adverse. Ce n’était pas le roi de la papinade, mais s’il sentait qu’il n’y avait qu’un geste improbable à tenter, il le tentait. On se souvient bien sûr du « presque but » qu’il n’a pas marqué en coupe de France face à Auxerre : sur un centre venu de la droite, le ballon est dans son dos, et il réalise une figure de gymnastique, inédite pour nous sur un terrain, levant le pied par derrière, quasiment à hauteur de la tête, pour reprendre le ballon avec son talon. La balle finit malheureusement sur la barre transversale.
Le but ci-dessous a été marqué à Nantes, en demi-finale de coupe de France 2006, alors que la prolongation approche. Dhorasoo réalise une louche par dessus la défense. Pauleta est comme à son habitude bien placé, mais cette fois, au lieu de contrôler le ballon comme souvent, il décide de faire une volée avec le ballon qui vient dans son dos. Geste très difficile. Il ne quitte donc pas le ballon des yeux pour réussir le geste parfait. Le plus frappant est finalement qu’il ne regarde jamais les cages, et pour cause : il sait de toute façon très bien où elles sont, et il doit se douter que la gardien — Landreau — n’aura pas le temps d’anticiper une telle frappe. Et il avait bien raison : sa reprise n’est pas forcément très bien placée — elle est quasiment au centre du but —, mais elle est suffisamment soudaine pour que le Nantais ne puisse pas faire grand-chose.
La subtilité
Il s’agit du trait le plus caractéristique du jeu de Pauleta. Si vous avez le courage de regarder l’intégralité de ses buts, vous verrez qu’il n’y a que très peu de frappes en force. Pauleta cédait très rarement à cette facilité, non par orgueil, mais parce qu’il avait plus de chances de marquer en plaçant le ballon directement hors de portée du gardien. Ainsi sa collection de buts est-elle pleine de ballons piqués, de frappes enroulées ou de plats du pied au raz du poteau. Là où n’importe quel joueur estampillé FFF aurait tenté une frappe de mule.
Ceci tient aussi au fait que Pauleta a avoué qu’il étudiait très souvent le jeu des gardiens adverses. Ainsi, au moment d’un duel, il savait généralement de quel côté le portier préférait plonger, s’il restait longtemps sur ses appuis ou s’il s’avançait beaucoup. C’est en partie l’explication de sa capacité hors-norme à trouver le geste juste.
Par exemple, en finale de coupe de la Ligue 2008 face à Lens, Pauleta effectue une fois de plus un geste qui semble évident une fois fait. Suite à une frappe contrée de Chantôme, il se retrouve dans la surface, plein axe, face au but, avec le ballon un peu levé. En résumé, une situation où beaucoup auraient tenté une volée en force. Sauf que Pauleta a vu le gardien un peu avancé, et surtout en train de reprendre ses appuis : il met logiquement la balle en hauteur, puisque Runje n’aura pas le temps de sauter. Cela donne un lob parfaitement réalisé, et encore un joli but.
Le but du titre
Pauleta n’est pas passé au PSG lors de la meilleure période du club parisien. Il a néanmoins conquis trois titres : deux coupes de France et une coupe de la Ligue. Ses stats dans ces compétitions (voir plus bas) donnent une idée de l’importance qu’a eu le Portugais dans la conquête de ces titres. S’il a marqué en finale face à Lens en 2008, le but vraiment décisif qui donne un trophée au PSG — son premier depuis six longues années à l’époque — a été marqué en 2004, pour sa première saison, face à Châteauroux. Ici, c’est de la tête sur corner, sur une passe de Fabrice Fiorèse.
Une semaine plus tôt, il avait marqué le but qui qualifiait le PSG pour la Ligue des Champions : Pauleta était souvent là dans les moments décisifs.
Le but qui tire le PSG d’un mauvais pas
Son intelligence de jeu permettait à Pauleta de marquer à tout moment. Durant ses cinq années parisiennes, cela a permis au Paris Saint-Germain de se sortir de nombreux traquenards : on ne compte plus les buts marqués en fin de match qui donnent la victoire, les frappes improbables qui permettent au PSG de mener contre le cours du jeu ou encore les égalisations alors que le PSG est au fond du trou.
On peut citer en exemple le but de Pauleta, en quart de finale de coupe de France face à Carquefou. Paul Le Guen avait aligné une équipe très jeune qui n’arrivait pas à se défaire des amateurs. Alors, pour éviter de subir la même déconvenue que l’OM, éliminé au tour précédent, Pauleta est rentré en fin de rencontre. Deux minutes plus tard, il débloque la situation en reprenant un centre contré d’Armand — là encore, il avait anticipé la déviation du défenseur. Le PSG peut respirer et se qualifie pour la suite de la compétition.
D’ailleurs, il est à noter que Pauleta, aussi grand joueur soit-il, ne prenait aucun match à la légère. Le PSG a vu défiler une flopée de stars supposées qui ne brillaient que lorsque les caméras étaient braquées sur elles. Pauleta, quel que soit l’adversaire, n’avait qu’une ambition : marquer pour faire gagner son équipe. Ainsi était-il capable de marquer des buts décisifs face à l’OM ou en coupe d’Europe, et dans le même temps enchaîner les doublés dans les stades obscurs de la coupe de France — face à Langueux et Lyon-Duchère par exemple. Il détient même une moyenne d’un but par match dans les coupes nationales sur les cinq saisons qu’il a passées à Paris !
Son souffre-douleur
S’il est un joueur qui n’a pas eu de fin de carrière aussi calme qu’il le souhaitait, c’est Fabien Barthez. Et c’est en partie dû à Pauleta, qui ne l’a pas épargné. L’Aigle des Açores prenait un malin plaisir à marquer des buts plus surprenants les uns que les autres face à l’international français.
En 2004, deux semaines après son retour en France, Barthez voit Pauleta lui glisser un ballon sur le côté qu’il était supposé fermer. C’était lors d’un match de coupe de France, encore. Quelques mois plus tard, en championnat, Barthez doit s’incliner deux fois, et le premier but est l’un des plus beaux : Pauleta lobe le gardien presque depuis le point de corner. Le deuxième but est une frappe du gauche soudaine sur laquelle le portier olympien n’effectue aucun geste.
La saison suivante, Pauleta enroule une frappe depuis l’entrée de la surface pour un nouveau but splendide. Là encore, Barthez regarde le ballon mourir dans ses filets, sans amorcer le moindre mouvement.
Quelques années plus tard, Barthez finit sa carrière dans le marasme nantais. Et Pauleta décide de lui faire un autre doublé en guise de cadeau d’adieu. Pour l’avant-dernier match de sa carrière, Barthez a donc le droit de voir un coup-franc du Portugais taper son poteau puis rentrer — toujours en restant bien campé sur ses appuis. Enfin il voit le numéro 9 du PSG marquer un but en partant du milieu de terrain, réalisant un relai fantôme avec Luyindula — celui-ci ne touche en fait pas la balle. On a fait beaucoup de cas de la malchance de Barthez face au Portugais, mais nul doute que peu de gardiens étaient sereins face à un tel adversaire.
Le dernier but
En 2008, le PSG jouait pour le maintien. Au terme d’une saison au cours de laquelle Le Guen avait souvent placé son capitaine sur le banc, dans la dernière ligne droite, il n’avait plus le choix : le sens du but de Pauleta était trop précieux pour s’en priver. Celui-ci marque son dernier but en championnat contre Auxerre, en tout début du match.
Il tire d’abord un coup-franc dans le mur, le ballon lui revient, et chose rare, il frappe en force de l’extérieur du pied et marque. Et encore une fois, on est étonné de voir le ballon se faufiler au milieu d’une forêt de jambes sans effleurer qui que ce soit : finalement, même quand il tire en force, Pauleta met le ballon au seul endroit où il pouvait aller.
Certains pourraient considérer que c’est de la chance, mais quand ce genre de phénomène se produit 109 fois, il n’y a plus qu’à s’incliner et admettre que c’est le talent d’un joueur unique, qui aura tout accompli.
Bilan chiffré
Les 109 buts de Pauleta passés au cribble
Un joueur complet. Pauleta a inscrit 74 buts du pied droit (soit 68 %), 13 du pied gauche (12 %) et 22 de la tête (20 %).
Le danger est partout. Près de 10 % des buts de Pauleta ont été marqués depuis l’extérieur de la surface, et 15 % dans les 6 mètres.
Doublés — triplés. Sous le maillot parisien, Pauleta a réussi 1 triplé — contre Bordeaux en 2005/2006 en L1 — et 20 doublés : 13 en championnat ; 3 en coupe de France ; 3 en coupe de la Ligue ; 1 en coupe UEFA.
Le Parc des Princes, son jardin. Pauleta a marqué 77 de ses 109 buts au Parc des Princes, soit 71 %. C’est aussi dans ce stade qu’il a inscrit 16 doublés sur les 20 qu’il totalise, et le seul triplé de sa carrière parisienne.
Saison | Ligue 1 | CDF | CDL | UEFA | TOTAL |
---|---|---|---|---|---|
2003/2004 | 18 | 5 | - | - | 23 |
2004/2005 | 14 | 4 | - | 1 | 19 |
2005/2006 | 21 | 5 | 2 | - | 28 |
2006/2007 | 15 | 1 | 2 | 6 | 24 |
2007/2008 | 8 | 1 | 6 | - | 15 |
TOTAL | 76 | 16 | 10 | 7 | 109 |
Les performances de Pauleta à travers l’histoire
Cela faisait 30 ans ! En 2005/2006, Pauleta a inscrit 21 buts en championnat. Une première depuis 1979, soit quasiment trente ans ! Seuls Carlos Bianchi (37 buts en 1977/1978 et 27 buts en 1978/1979) et Mustapha Dahleb (22 en 1976/1977) ont fait mieux au PSG. Toutes compétitions confondues, le bilan du Portugais est de 28 buts.
3 fois dans le Top 10. Au classement des meilleurs buteurs toutes compétitions confondues sur une saison, Pauleta se classe quatrième (28 buts en 2005/2006), septième (24 buts en 2006/2007) et neuvième (23 buts en 2003/2004) ! Seuls Carlos Bianchi et François Mpelé, dans les années 1970, ont inscrit plus de buts que lui au cours d’une même saison.
Coupes d’Europe. En 2006/2007, Pauleta a inscrit 6 buts en coupe UEFA. Seul George Weah a fait mieux (8 en 1994/1995 et 7 en 1992/1993). Peguy Luyindula a égalé ce total la saison passée.
Coupe de Pauleta. Personne n’avait inscrit plus de 3 buts en une seule saison de coupe de la Ligue. Pauleta en a marqué 6 en 2007/2008 : un but à chaque tour, et même un doublé en huitièmes.
Dans le Top 5 de chaque compétition. En championnat, Pauleta a inscrit 76 buts. C’est le troisième meilleur buteur de l’histoire du club derrière Dahleb (85) et Rocheteau (83). Il est également deuxième buteur du PSG en coupe de France (16), derrière Mpelé (28) ; quatrième buteur en coupes d’Europe (7), derrière Weah (16), Raì (11) et Loko (8) ; meilleur buteur en coupe de la Ligue (10).
Quelques statistiques remarquables
Sur le podium 7 années consécutives. Hormis la saison 2007/2008, durant laquelle il fut titulaire moins d’un match sur deux, Pauleta a toujours terminé parmi les trois meilleurs buteurs du championnat de France : premier en 2002, 2006 et 2007 ; deuxième en 2001 et 2003 ; troisième en 2004 et 2005.
N°1 de la coupe de la Ligue. D’après les statistiques de la LFP — arrêtées au 5 décembre 2009 —, 889 buteurs différents ont inscrits au moins un but en coupe de la Ligue depuis sa première édition en 1994/1995. Avec 15 réalisations, Pauleta est le meilleur buteur de la compétition.
Meilleur buteur parisien en coupe de la Ligue. Avec 10 buts en 9 matches (dont 8 comme titulaire), soit 1,11 but par match en moyenne, Pauleta est logiquement le meilleur buteur du PSG en coupe de la Ligue, devant… Bernard Mendy (4 buts). Le Portugais n’a pourtant disputé aucun match dans cette compétition durant ses deux premières saisons au PSG.
Des stats affolantes en coupes. En coupe de France, Pauleta a marqué 16 fois en 18 rencontres, soit une moyenne de 0,89 but par match. Durant ses trois premières saisons, il totalise 14 buts en 13 matches ! Au total, le bilan de Pauleta dans les coupes nationales, sur un total de 27 rencontres, est ainsi de 0,96 but par match !
Régularité dans toutes les compétitions. En 2005/2006, Pauleta a marqué plus d’un but tous les deux matches en moyenne dans chacune des compétitions qu’il a disputées : 0,58 en L1 ; 0,83 en coupe de France ; 1,00 en coupe de la Ligue. Soit une moyenne globale de 0,64 but par match cette saison-là, son record au PSG. Sa pire moyenne annuelle est de « seulement » 0,43 but par rencontre en 2004/2005.
Récompenses
Palmarès. Sous le maillot parisien, Pauleta a remporté deux coupes de France (2004 et 2006) et une coupe de la Ligue (2008). Il a terminé vice-champion de France en 2004 et finaliste de la coupe de France en 2008. Il a par ailleurs remporté une coupe de la Ligue avec Bordeaux (2002), un championnat d’Espagne avec le Deportivo (2000), atteint la finale de l’Euro 2004 et les demi-finales de la coupe du monde 2006 avec le Portugal.
Autres distinctions. Élu par ses pairs meilleur joueur de l’année aux Trophées UNFP en 2002 et en 2003, Pauleta a également été nommé à trois reprises au Ballon d’or (2001, 2002 et 2003). Il a inscrit 200 buts en France toutes compétitions confondues (91 avec Bordeaux, 109 avec Paris). Enfin il a terminé meilleur buteur des phases qualificatives pour la coupe du monde 2006 avec le Portugal.
Meilleur buteur de l’histoire. Pauleta est à la fois le meilleur buteur de l’histoire du Paris SG (109 buts en 211 matches) et le meilleur buteur de l’histoire de la sélection portugaise (47 buts en 88 sélections).
Première partie : le premier but, les coups francs, le jeu de tête, la roublardise, les buts de près, la classe balle au pied, la classe dans le comportement.
Deuxième partie : la spontanéité, la subtilité, le but du titre, le but qui tire le PSG d’un mauvais pas, son souffre-douleur, le dernier but, bilan chiffré.