Avant de passer en revue les PSG-OM de 1997 à 2008, entamons ce retour en arrière avec les confrontations des années 1970.
Dans les années 1970
13 mai 1975, quarts de coupe de France : 2-0
À cette époque, les quarts de finale de coupe de France se disputent en match aller/retour. La première manche se déroule au stade Vélodrome le 9 mai 1975, et voit le PSG revenir de 2-0 à 2-2 grâce à un but sur penalty et un but contre son camp des Marseillais. Dans Le roman vrai du Paris SG [1], Olivier Rey et Frédéric Chevit racontent la fin du match :
Le match se termine sous les rugissements du public. La tempête couve. Des bataillons de CRS sont appelés en renfort. La police avertit Daniel Hechter qu’il doit sortir par une porte dérobée. […] Les CRS, en tenue de soirée, dans la cour du stade Vélodrome, ne sont pas à la fête. Des pierres, des cocktails-molotov, des pavés volent au-dessus de leurs casques d’apparat. Le car des joueurs n’échappe pas à ce feu d’artifice. Les vitres pètent, Charles Talar est couché dans le couloir. Les joueurs l’imitent. Seul le chauffeur est contraint de servir de cible aux casseurs. On se croirait au Quartier latin en 1968, mais il y a moins de monde de part et d’autre et la manifestation n’a pas le même objectif. Quant à l’arbitre, il s’est fait tout petit et dans une estafette de la police, il quitte le stade une bonne heure après son coup de sifflet final. Cette émeute promet un match retour détonnant. Dans les tribunes et sur la pelouse.
Les deux auteurs évoquent ensuite le match retour, qui a lieu quatre jours plus tard à Paris :
Le Parc des Princes est plein à craquer [2]. C’est véritablement la première fois que le public parisien se déplace pour soutenir le Paris SG. Et non pour rester neutre. […] Dès le début du match, le public scande : « Paris… Paris… » Daniel Hechter n’en revient pas. Just Fontaine s’étonne : « C’est incroyable. C’est la première fois qu’ils sont comme ça avec nous. Je vais te dire qu’on n’a pas intérêt à rater notre match. »
Les joueurs parisiens, stimulés par ces encouragements, aussi sincères qu’inattendus, dominent, pèsent de tout leur poids sur leurs adversaires. À la 24e minute, ouverture au millimètre en profondeur sur Floch-la-fusée qui se rabat vers le centre et devance du bout du soulier la sortie de Charrier. Paris mène 1-0. Daniel Hechter bondit, Just Fontaine aussi et le public se dresse. On n’avait pas vu une telle communion entre les spectateurs parisiens et leur équipe depuis le 11 août 1928 , comme le lance à la cantonade un titi. Le Paris SG se serre les coudes et avec courage repousse les assauts individuels des César, Jaïr et Bereta. La rencontre s’éternise, l’arbitre Georges Honrath laisse filer l’aiguille de sa montre et à la 92e minute, Jacky Laposte ajoute un second but pour le plus grand plaisir du public (2-0). Deux, trois minutes après retentit le coup de sifflet final concrétisant la qualification de Paris pour les demi-finales de la coupe de France.
8 janvier 1978, 23e journée de D1 : 5-1
Douzième à la trêve, le Paris SG accueille le leader du championnat en pleine « affaire Hechter ». Le président du club parisien a été suspendu à vie par la Fédération française de football deux jours plus tôt suite au scandale de la double billetterie du Parc des Princes — sa peine sera réduite par la suite, lui permettant de diriger le RC Strasbourg. Dans son ouvrage Histoire du Paris Saint-Germain FC (1904-1998), Thierry Berthou raconte ce match particulier :
Le terrain reprend ses droits le dimanche 8 janvier avec un match explosif au Parc entre des Parisiens bien décidés, malgré la tempête, à réussir leur deuxième partie de championnat et des Phocéens obnubilés par un nouveau titre de champion de France. 33 386 spectateurs payants sont enregistrés. Même Roger Magnusson, vieille gloire marseillaise, est présent au stade pour assister au triomphe de l’équipe de la Méditerranée.
Dès la première minute, un penalty est accordé aux Parisiens. Le duel Carlos Bianchi-Gérard Migeon tourne à l’avantage du second et le tableau d’affichage reste vierge. Dix minutes plus tard, l’OM se voit accorder un penalty. Mais cette fois le tireur, en l’occurrence Saar Boubacar, prend le dessus sur le gardien. Marseille mène 1-0. Dès lors débute un ras de marée rouge et Bleu qui soulève le Parc d’admiration. François Brisson, juste avant la demi-heure de jeu, remet les deux équipes à égalité (1-1) tandis que Carlos Bianchi expédie une balle sur le poteau à dix minutes de la mi-temps. Mustapha Dahleb trouve la faille à la 44e minute et permet au PSG de regagner les vestiaires avec un avantage mérité d’un but (2-1).
La seconde période est encore plus étonnante. Par trois fois, les Parisiens trouvent le chemin des filets marseillais ! De plus, Carlos Bianchi, qui ne marqua pas, aurait pu, avec un soupçon de réussite, inscrire trois nouveaux buts. Cette victoire 5-1 sur l’OM est le fruit d’une prise de conscience du groupe joueurs-entraîneur sur les possibilités du club. Mustapha Dahleb fut l’auteur d’un match extraordinaire dont Marius Trésor doit encore se souvenir aujourd’hui. François Brisson réalisa à cette occasion le meilleur match de sa carrière.
A la fin de la rencontre, les joueurs portèrent en triomphe Daniel Hechter. Cet hommage du cœur fut très apprécié par le nombreux public du Parc. « Hechter président ! Sadoul démission ! » était le slogan de ces supporters surpris par la sévérité de la sanction fédérale. Daniel Hechter donnera sa vision de « l’affaire » dans un ouvrage qu’il dédiera « à Jennifer ; à Kareen ; et au public qui, le 8 janvier 1978, n’a pas été dupe ».
7 avril 1979, 31e journée de D1 : 4-3
La saison suivante, c’est un duel de mal classés qui oppose cette fois le PSG à l’OM. Pour Paris, quatorzième, « la situation est grave, mais pas désespérée », écrit Thierry Berthou. Nous lui empruntons de nouveau le récit du match :
Le PSG compte six points d’avance sur le barragiste, et il reste huit journées à disputer. Le calendrier n’est pas très commode : il faut d’abord dompter l’OM au Parc. Dès la 2e minute, Marc Berdoll ouvre la marque pour Marseille (0-1). Trois minutes plus tard, Bernard Bureau, un jeune issu du centre de formation, égalise (1-1). Ça démarre très fort ! La suite de la première mi-temps est plus calme. Le PSG aurait tout de même pu obtenir deux penalties au cours de cette première période, mais l’arbitre en décida autrement.
Dix minutes après la pause, Mustapha Dahleb permet au PSG de prendre l’avantage (2-1). Deux minutes plus tard, Armando Bianchi, sur penalty, donne deux buts d’avance au PSG (3-1). L’OM est KO ! Pourtant, en l’espace de quatre minutes, Buigues et Berdoll (73e et 77e) remettent les deux formations à égalité 3-3. C’est Carlos Bianchi, quatre minutes avant la fin du match, qui a le dernier mot. D’un tir magistral, il trompe Migeon, et donne la victoire au PSG (4-3). Les 13 707 spectateurs présents sont contents d’être venus au Parc. Les absents ont eu tort.
Ce fut le PSG-OM le plus prolifique en buts de toutes les oppositions entre les deux équipes.
Dans les années 1990
8 novembre 1997, 15e journée de D1 : 1-2
Le PSG, leader, reçoit l’OM, quatrième. Mais le classement ne fait pas état de la forme actuelle des deux équipes : l’OM reste sur une série de quatre victoires en cinq matches, tandis que Paris vient de perdre à Lyon — qui n’est pas encore une place forte de première division — et se trouve au milieu d’une campagne difficile en Ligue des Champions. En outre, le PSG est privé de quelques uns de ses joueurs clés : Alain Roche, Marco Simone et Paul Le Guen sont absents, ce dernier suite à une suspension disproportionnée prononcée par la commission de discipline.
Le match commence par une ouverture du score précoce des Marseillais : elle est l’œuvre du mercenaire du football Xavier Gravelaine. Jérôme Leroy égalise une vingtaine de minutes plus tard. Le jeune milieu de terrain parisien est alors réputé pour ne marquer que contre les grands clubs : ses précédentes réalisations avaient eu lieu contre Liverpool et le Bayern Munich. Quelques minutes plus tard, Vincent Guérin se blesse tout seul au genou, un peu bêtement. Le joueur était sans doute perturbé par la récente annonce de son contrôle positif à la nandrolone.
- Ravanelli
Mais le tournant tristement célèbre de la rencontre a lieu à la 64e minute, quand Fabrizio Ravanelli pénètre dans la surface parisienne et s’écroule en se réalisant lui-même un croc en jambe. Rabesandratana ne l’avait pas touché, il y avait évidemment simulation. Mais l’arbitre Jean-Claude Puyalt en juge autrement et accorde un penalty que le classieux capitaine Laurent Blanc transforme sans trembler.
Paris perd, et voit Marseille revenir sur lui. D’ailleurs, l’OM prendra la place de leader une journée plus tard. Quant au penalty, les Parisiens crieront à juste titre à l’injustice, et Puyalt reconnaîtra son erreur. Mais Charles Biétry, dans sa quête inassouvie de reconnaissance auprès des supporters marseillais, fera une émission spéciale sur Canal+ visant à démontrer que Ravanelli n’avait pas simulé la faute. Quelques mois plus tard, cet homme aux ambitions plus que discutables deviendra président du PSG.
4 mai 1999, 32e journée de D1 : 2-1
Nous sommes à trois journées de la fin, et cet antépénultième match de la saison ne présente pas vraiment d’enjeu pour le PSG, qui peut au mieux rêver de l’Intertoto. Sauf que l’adversaire qui se présente ce soir-là est l’OM, finaliste de la coupe UEFA et au coude-à-coude avec Bordeaux pour remporter le titre de champion de France. Ainsi l’objectif pour cette rencontre devient tout à fait naturel : sauver sa saison en gagnant un match de prestige face au grand rival, et satisfaire les bas instincts des supporters en entravant sérieusement sa course vers la première place. La tension est grande et l’avant-match est marqué par des affrontements assez violents entre des supporters marseillais et des membres du Virage Auteuil sur la pelouse du Parc des Princes.
Philippe Bergeroo, l’entraîneur parisien, est privé de son défenseur central Christian Wörns, suspendu. Il titularise donc en défense centrale Bruno Carotti. Celui-ci est pleinement responsable du but encaissé par son équipe dès la 21e minute : il effectue une tête en retrait vers son gardien, sans voir que l’attaquant adverse rôde. Florian Maurice profite donc de la bévue pour aller ouvrir le score tranquillement. Le défenseur marseillais Laurent Blanc s’inspirera d’ailleurs de ce geste décisif de Carotti pour le reproduire en finale de coupe UEFA dix jours plus tard.
Ce but, cruel, intervient contre le cours du jeu. En effet, l’attaque à trois pointes — Adailton, Madar, Simone — alignée par le grand basque est très remuante. Adailton a d’ailleurs plusieurs fois l’occasion d’égaliser, mais rate le cadre par maladresse. Le temps défile, et le PSG ne parvient pas à revenir. Bergeroo veut à tout prix remporter la rencontre et fait rentrer successivement Bruno Rodriguez, Jérôme Leroy, et Jay-Jay Okocha — à la place d’Adailton, Igor Yanovski et Jimmy Algérino. L’OM est alors complètement asphyxié, et les dix dernières minutes de la rencontre sont tout simplement renversantes. À la 84e, le capitaine Simone hérite du ballon à l’entrée de la surface et place une frappe soudaine et sèche sur laquelle Porato ne peut rien. Explosion de joie du Parc des Princes, et Simone vient fêter sa joie devant le virage marseillais en exhibant son tatouage représentant Batman… Mais ça ne s’arrête pas là : alors que le match nul est déjà un bon résultat, l’équipe est euphorique. À la 88e, Madar sert idéalement Rodriguez : celui-ci dribble Porato et donne un avantage définitif à son équipe. Et même à 2-1, la pression ne retombe pas, puisque dans les minutes qui suivent, Jay-Jay Okocha réalise sa célèbre feinte — une sorte de feinte de corps croisée avec un passement de jambe — sur le côté gauche et centre pour la tête de Madar, qui trouve le poteau.
La victoire est là, que les Parisiens célèbrent devant un public qui leur pardonne presque la saison médiocre effectuée. Les Marseillais sont quant à eux médusés, d’autant que dans le même temps, Bordeaux est allé s’imposer à Lens 4-2, dans les dernières minutes également. Contrairement à l’hypothèse farfelue martelée par Rolland Courbis depuis des années, le championnat s’est joué dans les dix dernières minutes de la 32e journée, quand Marseille s’est fait surclasser par son adversaire, et non pas lors d’un supposé match arrangé entre Paris et Bordeaux.
Dans les années 2000
13 octobre 2000, 11e journée de D1 : 2-0
Cette fois, c’est le PSG qui est bien classé (2e) et l’OM qui est en perdition (10e). D’habitude, c’est le club le plus mal en point qui sauve sa saison en gagnant ce match. Mais ce soir-là, ça n’arrivera pas : Paris marche réellement sur l’eau à domicile en ce début de saison. Bergeroo aligne sa grosse équipe, qui comporte les deux anciens marseillais Luccin et Dalmat. En face, l’entraîneur Abel Braga profite des superbes recrues que son directeur sportif avisé, Éric Di Meco, lui a dénichées : Marcelinho et Adriano. Dans l’effectif marseillais, il y a également trois anciens Rouge et Bleu — N’Gotty, Jérôme Leroy et Pouget — et un qui le sera quelques années plus tard, Zoumana Camara.
Le match est globalement équilibré, et le flamboyant secteur offensif parisien tarde à faire des siennes. La situation se débloque en deuxième mi-temps et, comme toujours à domicile, par l’intermédiaire de Laurent Robert : Algérino déborde côté droit et centre au deuxième poteau pour le Réunionnais, esseulé grâce au marquage lâche de Patrick Blondeau, qui marque d’une tête plongeante. Paris tient son score et double même la mise dans les dernières minutes : pressé par Anelka, William Gallas perd la balle. L’international français centre pour Christian qui contrôle, frappe en pivot et marque. Ce qui sera son dernier but en championnat pour le PSG.
En plus de la victoire, le PSG a la satisfaction de devenir leader du championnat. Malheureusement, deux journées plus tard, l’euphorie retombera. Après avoir croisé la route du Bordelais Pauleta, l’équipe parisienne sombrera et terminera dans le ventre mou.
Cliquez-ici pour voir le but de Laurent Robert
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26 octobre 2002, 12e journée de D1 : 3-0
Enfin un duel de haut de tableau entre les deux équipes : le PSG, troisième, reçoit l’OM, quatrième. Luis Fernandez réalise comme à son habitude un coup tactique en annonçant une composition d’équipe prudente, puis en changeant au dernier moment pour aligner un quatuor Ronaldinho-Ogbeche-Cardetti-Fiorèse en attaque. Côté olympien, Alain Perrin se déplace avec une formation très défensive : Lamine Sakho est attaquant de pointe avec le seul Fernandao pour l’épauler.
La supériorité parisienne est évidente, les Marseillais passent le plus clair de leur temps dans leur camp. Malgré quelques belles occasions de Cardetti, la première mi-temps se joue sur coups de pied arrêtés : Ronaldinho tire un coup franc excentré, et aspire plutôt à la passe décisive. Mais le ballon passe dans une forêt de jambes, personne ne le touche, et Ronaldinho marque. Juste avant la mi-temps, Ogbeche va au duel avec Runje : il y a contact et le Nigérian s’écroule. L’arbitre Éric Poulat siffle un penalty assez généreux à la vue des images. Quoi qu’il en soit, Ronaldinho le transforme, et le PSG s’assure une deuxième mi-temps tranquille durant laquelle il lui suffira de jouer en contre.
C’est évidemment ce qui se produit ; les Phocéens ne sont pas dangereux du tout. Et sur un long ballon complètement anodin — Heinze dégage un ballon comme il peut en glissant —, Cardetti se retrouve face à Runje. Celui-ci hésite entre sortir et rester sur sa ligne. Le petit Argentin en profite et place une tête lobée astucieuse qui va au fond des filets. Luis sur son banc exulte, et gratifie le public d’une petite danse, en direction de la tribune marseillaise. Provocation très mal perçue dans les Bouches-du-Rhône et qui vaudra à l’entraîneur parisien d’être escorté par les hommes du GIPN (sic) pour ses prochains déplacements au stade Vélodrome.
La victoire est belle, Paris éloigne provisoirement Marseille du haut du tableau et suit de près le leader.
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25 avril 2004, 33e journée de D1 : 2-1
Les deux équipes se retrouvent par une belle journée de printemps. L’OM surfe sur son beau parcours européen, quand le PSG se rapproche à grand vitesse des deux équipes supposées intouchables il y a peu : l’AS Monaco et l’Olympique Lyonnais. Ce match est aussi l’occasion de voir face à face deux grands attaquants : Pauleta côté parisien, que l’on dit déjà sur le déclin suite à une période de mutisme offensif, et Didier Drogba, la découverte de cette saison.
- Pauleta
Le PSG est dans une période de réussite incroyable face à l’OM, au cœur du grand huit, et ce match en est la confirmation. Le PSG ouvre très vite le score par un des plus beaux buts de la décennie en cours. Suite à une passe de Sorin, Pauleta se retrouve dans la surface, un peu excentré, face à Barthez. Comme il l’avouera plus tard, sachant que le gardien adverse n’est pas réputé pour se jeter, il ne joue pas le duel et ne provoque pas le penalty. Il préfère s’écarter, sortir de la surface et profiter de l’hésitation de Barthez à le suivre pour placer un lob lointain, dans un angle impossible, et alors qu’un défenseur adverse est sur la ligne [3]. Ce but est sublime, mais ne sera même pas retenu dans la liste des plus beaux buts éligibles aux Oscars du football de Canal+. La raison est absurde : ce but est intervenu trop tard dans la saison. Pourquoi organiser une élection six journées avant la fin du championnat ? Cela reste un mystère.
Peu importe, puisque Paris mène, et double même la marque en seconde période. Fabrice Fiorèse, le passeur attitré du club, subtilise un ballon à Meriem et sert Pauleta de l’extérieur du pied. L’aigle des Açores contrôle et frappe du gauche. Barthez est sans réaction et Paris mène 2-0. C’est largement suffisant, les Parisiens étant surtout réputés pour leur défense de fer, un tel avantage au score est souvent synonyme de victoire finale. Celle-ci sera bien au rendez-vous malgré un joli but en toute fin de match de Battles face à Letizi, qui jouait suite à l’expulsion d’Alonzo à Nice la semaine précédente.
Paris gagne, et Pauleta a remporté haut la main son duel face à un Drogba inexistant. Le PSG poursuit sa route vers la Ligue des Champions, tandis que Marseille renonce définitivement aux places d’honneur.
7 novembre 2004, 13e journée de D1 : 2-1
Encore une fois, le classement de chacune des deux équipes est très différent. Paris, auteur d’un très mauvais début de saison, pointe à la quatorzième place, alors que les Marseillais sont cinquièmes. Ils peuvent compter notamment sur leurs champions du monde — Lizarazu et Barthez — et des anciens héros locaux — Déhu et Fiorèse. Médiatiquement, l’avant-match a d’ailleurs été surtout axé sur le retour de ces deux joueurs, partis dans des conditions rocambolesques - notamment Fiorèse, qui avait taxé le PSG de « prison ».
Les banderoles injurieuses et les insultes pleuvent sur ces deux joueurs, et cette animosité se répercute sur le terrain puisqu’à la 20e minute, Sylvain Armand vient tacler inexplicablement et très violemment Fiorèse au milieu du terrain. S’en suit l’expulsion logique d’un joueur qui était jusque-là assez contesté au club. Le PSG doit jouer 70 minutes en infériorité numérique, la tâche s’annonce ardue.
Ce sont pourtant les hommes de Vahid Halilhodzic qui ouvrent le score. Suite à un déboulé de Pancrate, Pauleta se retrouve à l’entrée de la surface, légèrement excentré. Il fait un tout petit pas pour s’ouvrir un angle de tir face à son ancien capitaine Déhu, et effectue un tir enroulé sur lequel Barthez ne peut rien. Pauleta fête sa joie en faisant sa gestuelle habituelle, à savoir les bras étendus pour mimer le vol d’un aigle. Sauf que cette fois-ci, il secoue les bras frénétiquement et regarde la tribune visiteuse, comme pour parodier Didier Drogba qui un mois plus tôt était venu marquer avec Chelsea et avait agité les bras de la même manière en criant « Allez l’OM ».
Après ce coup d’éclat, le PSG a du mal à tenir, et c’est logiquement que Marseille égalise. Battles, encore lui, reprend de volée une passe en aile de pigeon de Koke. Il reste une mi-temps à jouer et on se dit alors que si Paris arrive à tenir le score, ce serait déjà une belle performance. Vahid décide donc logiquement de densifier son milieu de terrain et fait rentrer Édouard Cissé à la place de Charles-Édouard Coridon. Ce changement a un effet non escompté puisque, après une action où Cissé s’est arraché comme un beau diable, il récupère un ballon près de la surface et frappe du gauche, comme il peut, en bout de course. Tout le monde, même Cissé, s’attend à ce que la frappe s’envole vers les tribunes, mais il n’en est rien : le ballon se dirige dans la lucarne. Cissé fête son but surprenant en mimant lui aussi le geste de Pauleta, et se voit féliciter par un Lorik Cana très fier de battre l’ennemi marseillais.
Mais le match n’est pas fini, et Paris doit encore tenir. Ce qu’il fait jusqu’à la dernière seconde des arrêts de jeu où le Marseillais d’alors Peguy Luyindula effectue une belle reprise de volée que tout le monde voit rentrer dans le but… sauf Lionel Letizi, qui se détend d’une façon dont personne ne le pensait capable. Le ballon n’est pas complètement dégagé puis qu’il atterrit d’ans les pieds de Koke, seul à deux mètres du but vide. Heureusement, ce dernier redonne gentiment la balle au portier parisien.
La victoire est là, exceptionnelle vues les circonstances. Les Parisiens seront tellement euphoriques qu’ils iront gagner trois jours plus tard au Vélodrome, en coupe de la Ligue, en présentant une équipe de remplaçants.
5 mars 2006, 15e journée de L1 : 0-0
Ce match est évidemment marqué par la crise de paranoïa préalable des dirigeants marseillais sur le quota de places réservés aux supporters de l’OM. PSGMAG.NET reviendra d’ailleurs sur cette affaire plus en détail la semaine prochaine, à l’occasion d’un rappel des différentes jurisprudences estampillées PSG. Mais pour ce qui nous occupe actuellement, la conséquence des agissements délirants de Pape Diouf et de ses amis est l’arrivée dans la capitale de l’équipe CFA marseillaise, complétée par quelques professionnels en mal de temps de jeu — Gimenez, Delfim et Andre Luis.
Le PSG pour sa part n’est — déjà — pas au mieux. Les hommes de Guy Lacombe restent sur une série de six matches sans victoire, avec très peu de buts marqués (3). L’équipe est en pleine dégringolade depuis le licenciement abusif de Laurent Fournier. Surtout, deux semaines plus tôt, un match face au Mans avait été marqué par les rebellions de Dhorasoo et Rothen, qui n’avaient pas apprécié les choix de leur coach. Si Rothen a depuis fait profil bas et a réintégré le groupe — il débute le match sur le banc —, ce n’est pas le cas du Mauricien qui, pour avoir refusé de jouer avec la CFA, se retrouve à nouveau écarté pour ce match.
C’est donc une équipe du PSG qui a du mal à marquer et à faire le jeu, empêtrée dans une mauvaise série de résultats et privée de ses deux créateurs qui se retrouve face une équipe de jeunes surmotivés n’ayant rien à perdre, et qui se contentent de rester derrière pour dégager aussi loin que possible tous les ballons. Et dans un tel cas de figure, ce qui était redouté se produit : les Rouge et Bleu n’arrivent pas à trouver la faille chez les Minots. Malgré deux sauvetages sur la ligne, aucun ballon ne rentre, et Paris a du mal à se procurer des occasions franches. Les Marseillais quant à eux sont contents : ils ont réussi à conserver le 0-0 et à trouver un motif de satisfaction à la situation délicate dans laquelle ils se sont mis sans l’aide de personne. Les Marseillais sont fiers de leur exploit, qu’ils considèrent alors comme unique. C’est oublier que, deux ans plus tôt, les Parisiens étaient venus au Vélodrome avec une équipe réserve et qu’eux, en revanche, s’y étaient imposés…
10 septembre 2006, 5e journée de L1 : 1-3
Les deux équipes s’affrontent dès le début de saison. Paris a très mal commencé et pointe à la dixième place, tandis que les Marseillais, forts de quatre victoires et un nul, sont premiers du classement. Ils bénéficient en plus du retour en grâce de Ribéry après son vrai-faux départ à l’inter-saison. Il faut noter également le premier match de Modeste M’Bami sous ses nouvelles couleurs.
Nous sommes alors en pleine folie arbitrale : les tirages de maillot sont déclarés ennemis du football, et les arbitres doivent être extrêmement vigilants à ce sujet — nous y reviendrons également la semaine prochaine. Le match commence donc et au bout d’une dizaine de minutes, Stéphane Bré entame son numéro : il siffle un penalty en faveur de l’OM pour une supposée faute de Yépès, complètement invisible lors des ralentis. L’arbitre fait exécuter le penalty à deux reprises sans que quiconque n’en connaisse la raison, et Niang finit par marquer. Cela ne décourage pas les Parisiens qui partent à l’assaut du but de Carrasso. Ils finissent par obtenir leur dû : un penalty gracieusement offert pour une faute inexistante sur Traoré. Pauleta transforme la sentence, là encore après que l’arbitre lui a ordonné de le retirer.
Après cette farce généreusement proposée par la LFP, le match peut enfin débuter, et il en ressort un constat implacable : l’OM est bien trop fort pour ce PSG-là. Les défenseurs parisiens peinent face à la vitesse d’exécution de Ribéry. En deuxième mi-temps, le futur Bavarois obtient tout d’abord un penalty sur une faute, réelle cette fois-ci, de Mario Yépès. Landreau repousse le tir au but, mais doit quand même s’incliner puisque Nasri reprend le ballon victorieusement. Enfin dans les dernières minutes du match, Ribéry déborde Mendy et centre à ras de terre pour Pagis, qui clôt la marque.
La victoire de l’OM, si elle est contestable sur la forme vu le début de match un peu particulier, n’est pas discutable sur le fond, puisqu’en ce début de championnat, l’équipe de Guy Lacombe n’y est pas du tout. Pour l’anecdote, ce match est la dernière sortie du néo-journaliste Vikash Dhorasoo, puisqu’il commettra quelques jours plus tard la faute professionnelle qui mettra fin prématurément à sa carrière.
2 septembre 2007, 7e journée de D1 : 1-1
Le PSG et l’OM se retrouvent à nouveau en début de saison, mais cette fois-ci il s’agit d’un choc de bas de tableau, puisque le treizième reçoit le seizième, chacune des équipes n’ayant gagné qu’un match jusqu’alors. Paul Le Guen fait sensation en se privant volontairement de Pauleta, chose qui n’était jamais arrivée à domicile auparavant.
Marseille ouvre le score très vite : sur un corner, Djibril Cissé reprend de la tête, Landreau repousse, mais l’attaquant briseur de cheville suit et, d’un geste potentiellement dangereux, marque. Comme l’année précédente, il ne faut pas longtemps au PSG pour réagir : dix minutes plus tard, à la réception d’un centre de Rothen, Luyindula réalise une superbe tête renversée en plongeant qui trompe le gardien adverse.
Ce portier n’est autre que le jeune Mandanda. Celui-ci découvre le haut-niveau et bénéficie pour sa première saison de la chance insolente du débutant — impression confirmée depuis par sa deuxième saison, qui s’avère assez quelconque. Mandanda repousse en effet les autres rares occasions dangereuses du PSG : une autre tête de Luyindula, et une frappe de Digard en seconde période.
Le match nul est équilibré au vu du niveau assez faible affiché par les deux équipes. Sauf que les Marseillais réussiront à rehausser leurs performances, pas les Parisiens. Ceux-ci ne trouveront leur salut que dans les coupes nationales.