Résumé du match
Le PSG a ouvert sa saison samedi soir en recevant, comme l’an passé, le FC Lorient. Les Merlus, spécialistes du hold-up au Parc des Princes, venaient avec trois anciens Parisiens : Maxime Baca [1], Ludovic Giuly et Grégory Bourillon — le seul des trois à être titulaire. Côté parisien, Pastore était suspendu ; Thiago Silva en sélection ; Thiago Motta, Sissoko, Rabiot et Hoarau blessés. Ancelotti a ainsi aligné l’équipe suivante : Douchez — Jallet, Sakho, Alex, Maxwell — Chantôme, Verratti, Bodmer — Ménez, Ibrahimovic, Lavezzi.
Paris entame bien la rencontre et évolue haut dans le camp adverse. Au bout de trois minutes de jeu, les Parisiens ont une bonne situation, avec Ménez qui est lancé dans la surface par Lavezzi et qui bute sur Audard. Peu après, Ibrahimovic sert Jallet dans la surface. Le centre du capitaine parisien ne trouve pas preneur, et Lorient s’engouffre alors en contre, sur le côté parisien déserté. Monnet-Paquet arrive jusqu’à la surface adverse, et centre à ras de terre. Sakho dévie, Maxwell est surpris et envoie le ballon entre les jambes de Douchez, dans son propre but (0-1, 5e). Lorient est ainsi dans la situation souhaitée, et n’a plus qu’à laisser les Parisiens s’épuiser et à jouer le contre.
Après un centre à ras de terre dans la surface que Lavezzi ne parvient pas à reprendre, il faut attendre la 20e minute pour voir de nouvelles situations franches. Sur deux corners consécutifs, c’est d’abord Ibrahimovic qui effectue une tête au second poteau qu’Audard repousse. Puis Alex coupe un coup de pied de coin de Chantôme sans parvenir à cadrer. Sur un contre, Lorient est proche de doubler la marque : Aliadière frappe en force et Douchez repousse. Le ballon revient sur l’attaquant lorientais, qui tente à nouveau sa chance ; Douchez renvoie dans les pieds de Monnet-Paquet qui pousse le ballon dans le but vide… mais une position de hors-jeu, avérée, est signalée, et le score ne bouge finalement pas. Lorient a ensuite une autre situation favorable, avec Aliadière qui sert Alain Traoré sur la gauche de la surface : l’ancien Auxerrois exécute une frappe croisée qui passe à côté.
Paris continue à avoir la possession du ballon, mais a du mal à s’avérer réellement dangereux : c’est toutefois le cas sur un ballon par-dessus la défense, que Lavezzi tente de reprendre acrobatiquement. Audard repousse, et Ecuele-Manga se jette devant Ibrahimovic pour empêcher le Suédois de reprendre. Ce geste ne sera pas sans conséquence puisque le capitaine des Merlus se blesse sur l’action et sortira à la mi-temps. Mais la première période ne s’arrête pas là : Alain Traoré tire un coup franc dangereux, que Douchez claque en corner au prix d’une belle détente. Et alors que la mi-temps est proche d’être sifflée, Lavezzi perd un ballon dans le camp adverse ; le contre lorientais s’organise très vite et Aliadière part du gauche, repique dans l’axe, profite d’un contre favorable pour éliminer à la fois Alex et Sakho et n’a plus qu’à placer son ballon pour doubler la mise (0-2, 45e+3).
La domination parisienne s’accentue en seconde période, et tout se déroule dans le camp lorientais. Cela commence par un centre parfait de Jallet, qu’Ibrahimovic reprend de la tête à côté. Puis, sur un centre à ras de terre de Ménez, venu de la droite, Ibrahimovic contrôle dans la surface, et fait une petite passe subtile. Bodmer laisse passer le ballon entre ses jambes et Lavezzi, seul à quelques mètres des buts, tire du gauche sur Audard qui capte. L’Argentin continue à être très remuant malgré ce raté ; quelques minutes plus tard, il centre du gauche pour Ibrahimovic. Le Suédois reprend de l’intérieur du pied et envoie le ballon sur le haut du poteau gauche. Peu avant l’heure de jeu, Ancelotti change deux joueurs : Nene et Matuidi rentrent à la place de Bodmer et Verratti, le PSG passant dans un système à deux milieux axiaux.
Juste après ces remplacements, Ménez est en bonne position après un cafouillage adverse, mais tire largement au-dessus. Puis, depuis les 35 mètres, Nene joue un ballon aérien pour Ibrahimovic. Comme souvent, l’attaquant parisien prend le dessus sur son adversaire, contrôle le ballon de la poitrine, et cette fois-ci il parvient à enchaîner sur une reprise du bout du pied qui trompe Audard (1-2, 63e). Ménez a ensuite une nouvelle occasion, mais tire là-encore, loin des cages adverses. Lavezzi sort à un gros quart d’heure de la fin pour faire place à Kévin Gameiro. À dix minutes du terme, Ibrahimovic dévie pour Chantôme qui file au but et égalise, mais le but est refusé pour une position de hors-jeu, difficile à déceler, du Suédois.
Les occasions pleuvent sur le but lorientais : Gameiro, bien décalé par Chantôme, tire sur Audard. Ibrahimovic envoie une nouvelle tête à côté, Nene tente une frappe en angle fermée que le gardien adverse repousse. Mais l’égalisation tant méritée finit quand même par arriver : Gameiro lance Matuidi en profondeur. L’ancien Stéphanois est fauché dans la surface par Bourillon. Le Lorientais est expulsé, et Ibrahimovic transforme le penalty (2-2, 88e). Il ne se passe plus rien ensuite, et Paris arrache le match nul.
Les enseignements du match
Joueur par joueur
Un an après son arrivée, Nicolas Douchez jouait son premier match en championnat pour le PSG. L’ancien Rennais n’a pas eu de chance sur les buts encaissés : abandonné par sa défense, il ne pouvait pas faire grand-chose. Il n’est en revanche pas exempt de tout reproche lorsqu’il repousse par deux fois le ballon dans des pieds lorientais — heureusement hors-jeu —, mais s’offre un très joli arrêt sur coup franc adverse. En seconde période, il a regardé le match en simple spectateur depuis son but.
En défense centrale, Alex a été en difficulté. Comme il le disait récemment en interview, la vitesse n’est pas son fort. Et face à une équipe qui évolue très bas, et qui n’évolue qu’en contre-attaque, avec des attaquants lancés, ce manque de rapidité s’est vu. Sur le premier but, il ne gêne pas Monnet-Paquet ; sur le second, sa déviation du pied n’est pas assez franche, et aide même Aliadière. À noter toutefois une belle présence offensive sur coups de pied arrêtés. À ses côtés, Mamadou Sakho a manqué de réussite sur les réalisations adverses. Il a su toutefois se montrer bien plus à l’aise sur les duels, et a plutôt bien géré les quelques situations chaudes. Dans la relance, il a envoyé quelques ouvertures bien senties. De façon générale, ce match montre que la place de défenseur central à prendre aux côtés de Thiago Silva n’est acquise par personne, et que Sakho a bel et bien un coup à jouer en ce début de saison.
Côté gauche, Sherrer Maxwell a entamé son match par un malheureux but contre son camp. Il a ensuite essayé de se rattraper en montant incessamment, et a été plutôt juste dans ses passes, mais en étant globalement inefficace. Côté droit, le capitaine Christophe Jallet a joué très haut — ouvrant quelques espaces pour les contres adverses — mais a eu le coffre suffisant pour enchaîner les allers et venues. Il a donc à son actif plusieurs retours salvateurs, et deux centres parfaits pour Ibrahimovic.
À la récupération, Marco Verratti découvrait le haut niveau. Le milieu italien a confirmé ses qualités entrevues en matches amicaux, avec quelques passes par-dessus la défense absolument parfaites. Mais il a aussi confirmé ses défauts, avec une tendance à vouloir chercher le duel systématiquement, même quand cela ne s’impose pas, et surtout une relative passivité dans le jeu défensif. Si les Lorientais ont pu opérer aussi facilement en contres, c’est notamment parce que les milieux n’arrivaient pas à couper les trajectoires adverses. Mathieu Bodmer a également sa responsabilité dans cette situation, puisque l’ancien Lyonnais a raté sa rencontre, en étant inexistant défensivement et en manquant de justesse offensivement. On l’a vu plusieurs fois monter très haut, sans finalement provoquer quelque danger que ce soit. Il est sorti sous les sifflets d’un public qui, quelle que que soit l’équipe devant ses yeux, souhaite toujours avoir au moins un joueur à conspuer. Enfin, Clément Chantôme a connu des difficultés en début de rencontre, avant de monter progressivement en puissance. À partir du passage à deux récupérateurs, il a été bien meilleur, reprenant son rôle de métronome de la saison 2011/2012, et poussant au bout ses actions. À noter qu’il jouait, déjà, son 200e match pour le PSG.
Devant, Jérémy Ménez est apparu encore juste dans sa préparation. Il a réussi quelques belles actions, et a montré par intermittence qu’il est capable de prendre n’importe quel adversaire de vitesse, mais il a traversé plusieurs périodes du match sans être vu. Surtout, il pêche dans la finition en vendangeant deux situations. Ezequiel Lavezzi a été plus en vue, et a provoqué un danger constant, avec notamment un superbe centre pour Ibrahimovic. Son jeu offre quelques ratés, l’Argentin donnant l’impression d’être très brouillon, mais c’est probablement le prix à payer d’une hyper-activité offensive comme la sienne. Enfin, en pointe, Zlatan Ibrahimovic a montré tout ce qu’il pouvait apporter. Il a raté deux têtes alors qu’il était bien placé, mais surtout, il a épuisé l’axe défensif : Ecuele-Manga est sorti sur blessure et Bourillon a fini expulsé. Impressionnant dans le jeu aérien, il a surtout été très juste dans toutes ses déviations et petites passes, le Suédois étant particulièrement collectif. Ce qui ne l’a pas empêché de marquer deux buts pour sa première rencontre officielle.
Parmi les remplaçants, Nene continue à être décisif en étant passeur sur le premier but parisien. Blaise Matuidi a lui mis de l’ordre au milieu avant d’obtenir le penalty. Quant à Kévin Gameiro, il a été très remuant et ose moins être ronchon quand il a à ses côté Ibrahimovic.
Lorient, comme toujours
C’est finalement une performance que vient d’effectuer le PSG en obtenant ce match nul : jusque-là, quatre PSG-Lorient s’étaient déroulés au mois d’août, les quatre s’étaient soldés par une défaite parisienne. Il faut dire que la stratégie de Christian Gourcuff en L1 est de miser sur départs canons, et de prendre le maximum de points en début de saison, pour être le moins inquiété possible par la relégation.
Ce PSG-Lorient est tombé tellement souvent ces dernières années en début de saison que l’on se demande si la tenue de cette rencontre au mois d’août ne serait pas l’un des souhaits émis par le club breton lors de la communication de ses choix pour la génération du calendrier. Gourcuff sait en effet que c’est le meilleur moment de la saison pour prendre les clubs européens : Lorient jouera d’ailleurs Montpellier la semaine prochaine.
À noter également que les Merlus avaient repris l’entraînement deux semaines avant les Parisiens…
Un PSG toujours français
La presse a dernièrement relayé de nombreuses critiques de la politique sportive du club parisien déterminée par ses actionnaires qataris, renouvellement massivement l’effectif, et misant principalement sur des joueurs étrangers — on se demande d’ailleurs pourquoi ces propos sur la préférence nationale ne suscitent pas plus de réactions alors qu’ils posent clairement des problèmes dès lors qu’ils touchent à un autre pan de la société.
Peut-être est-ce un concours de circonstance, mais il faut noter que le onze de départ comportait six joueurs français — Douchez, Sakho, Jallet, Chantôme, Bodmer, Ménez —, auxquels on peut ajouter Matuidi et Gameiro, rentrés en cours de jeu. Soit au final, huit joueurs sur quatorze ayant participé à la rencontre. De même, Sakho, Jallet, Chantôme, Bodmer, Douchez et Gameiro étaient déjà présents sous l’actionnariat de Colony Capital.
Tout ceci devrait être anecdotique, mais cela fait plus d’un an que l’on parle de la volonté farouche de Leonardo et des dirigeants parisiens de tout changer et de détruire tout ce qui a été fait avant… Ce premier match contre Lorient montre qu’une certaine forme de continuité existe encore, et que nous sommes loin du dynamitage en règle parfois décrit.