Les enseignements du match
Joueur par joueur
Salvatore Sirigu ne pouvait pas faire grand-chose sur le but encaissé, une tête parfaitement placée de Gouffran. En revanche, il avait de quoi intervenir sur une frappe lointaine de Plasil, et il l’a fait avait une claquette spectaculaire. Boxant une frappe de Ben Khalfallah en seconde période, Sirigu a également réalisé plusieurs sorties propres, et a même joué un ballon au pied à trente mètres de ses buts, ce qui n’a pas dû arriver souvent depuis le début de la saison.
La défense centrale a effectué un bon match. Bombardés de centres par Trémoulinas, Zoumana Camara et Mamadou Sakho ont renvoyé tous les ballons qui arrivaient, sauf celui du but. Ainsi, malgré une domination assez nette, Bordeaux n’a pas pu profiter de son temps fort pour inquiéter Sirigu. Les deux joueurs ont facilement couvert les rares ballons en profondeur des Girondins, et n’ont donc pas souffert non plus au sol. Sakho est toutefois passé à deux doigts d’un but contre son camp, sur un tacle en catastrophe. Du côté des latéraux, Siaka Tiéné avait très mal commencé sa partie, en ratant de nombreuses passes. Il s’est repris ensuite avec plusieurs grosses interventions dans les pieds adverses, et a globalement pris le dessus sur Ben Khalfallah. Il n’a en revanche pas essayé de monter outre-mesure : le match ne l’imposait pas. Marcos Cearà a lui vécu un début de match compliqué. Le Brésilien ne peut toutefois pas se reprocher quoi que ce soit : livré à lui-même, il devait gérer Maurice-Belay ainsi que les montées à répétition de Trémoulinas. Compte tenu de cette adversité, Cearà ne s’en est pas si mal sorti. En revanche, il ne fallait pas compter le voir participer activement aux phases offensives.
À la récupération, Momo Sissoko a ouvert le score, a récupéré plusieurs ballons, et s’est permis le luxe d’effectuer quelques ouvertures et transversales très précises. Un volume de jeu en constante augmentation, et cette fois-ci, sa prestation n’est ternie par aucune erreur évitable. À ses côtés, Mathieu Bodmer est une fois de plus le joueur qui a touché le plus de ballons. À ce poste, son style de jeu n’est pas du tout spectaculaire. Il n’y a pas de récupération au physique comme peut en faire Sissoko, pas de percées balle au pied comme peut en faire Chantôme. Mais il y a une intelligence réelle au niveau du placement qui lui permet d’intercepter des ballons et de se tenir toujours proche du jeu. À noter que c’est une de ses interceptions qui amène le corner du premier but.
Parmi les milieux offensifs, Nenê a été une fois de plus le seul vraiment à son aise. Un corner décisif, une bonne frappe, et une autre action où il est repris de justesse. Nenê a donc été dans tous les bons coups, et affiche toujours un bon état d’esprit, n’hésitant pas à venir défendre. Ce qui n’a pas toujours été le cas de Jérémy Ménez, qui a la fâcheuse tendance de mettre plusieurs secondes à se remettre en course après une perte de balle. En début de match, Cearà s’est senti bien seul derrière tant Ménez ne faisait pas son travail défensif sur le latéral gauche. Au bout d’un moment, il a suivi Trémoulinas de bien plus près, ce qui a permis au PSG d’être un peu moins sous pression. Offensivement, l’ancien Romain a été assez quelconque, en ne menant aucune de ses actions à quelque chose de vraiment utile.
Javier Pastore a été peu en vue jusqu’au début de la seconde période. À ce moment-là, l’Argentin a profité de la domination parisienne pour toucher plus régulièrement le ballon, et pour tenter plusieurs combinaisons collectives, avant de disparaître à nouveau. Pastore a par ailleurs critiqué assez vivement quelques décisions arbitrales, ce qui lui a valu un carton jaune. Aux commentaires, Christophe Dugarry a considéré que le fait qu’il soit nerveux prouvait qu’il effectuait un mauvais match. Et le consultant de Canal+ sait de quoi il parle : il était constamment nerveux sur un terrain. En pointe, Kevin Gameiro a couru et multiplié les appels, mais les passes qui lui étaient destinées l’emmenaient généralement sur un côté où il était assez vite perdu. Sa pression sur un défenseur adverse amène toutefois le corner du but. Les trois remplaçants n’ont quant à eux pas eu le temps de prouver grand-chose.
Le pressing manqué
Le but girondin s’achève par un centre de Trémoulinas et une tête gagnante de Gouffran. Néanmoins, comme cela été justement remarqué par Philippe Doucet sur Canal+, le décalage a été créé bien avant.
Trois minutes auparavant, le PSG a marqué sur un corner tiré de le droite par Nenê. Nenê et Ménez avaient donc permuté. Mais après le but, les deux joueurs n’ont pas échangé leurs positions. Ils ont tenté d’intervertir leur poste quelques minutes plus tard, en pleine action. Le problème est que lorsque Nenê a fait mine de regagner son côté gauche, Ménez n’a lui pas bougé. Paris perd alors la balle, et les joueurs tentent donc un pressing… complètement anarchique, puisqu’en plus de Nenê et Ménez, on voit que Pastore et Gameiro sont, lors de cette action, sur le côté gauche.
Les Bordelais n’ont alors plus qu’à renverser le jeu pour offrir à Trémoulinas, de l’autre côté, un boulevard et une situation impossible à défendre pour Cearà et Sissoko, en sous-nombre.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Spectacle. « Bordeaux-PSG n’a vu que 13 tirs, total le plus faible pour un match de Ligue 1 cette saison », signale Opta.
Pas de nouveau record de victoires consécutives. Le PSG, qui restait sur 6 victoires consécutives en L1 — la meilleure série de son histoire —, n’a pas réussi à la passe de 7.
12 matches sans défaite. En championnat, Paris reste désormais sur 12 rencontres sans défaite : 9 victoires, 3 matches nuls. Une première depuis la saison 2003/2004, indique le Parisien.
Premier but depuis six saisons. Avant ce match, le PSG n’avait inscrit que deux buts lors de ses onze derniers déplacements en Gironde ; c’était en 2005/2006, lors de la victoire 0-2 de l’équipe entraînée par Laurent Fournier.
Stats en vrac : les joueurs
Premières. Momo Sissoko a marqué son premier but sous le maillot du PSG. Il s’agit également de sa première réalisation en L1.
Pastore pas en réussite. « Javier Pastore n’a pas cadré le moindre tir et n’a pas réussi le moindre dribble contre Bordeaux », relève Opta.
Infos en vrac
Autres résultats. À noter la défaite 2-1 de Lyon à Sochaux, et les matches nuls 1-1 de Lille (face au promu Evian TG), Rennes (contre Valenciennes) et Montpellier (à Saint-Étienne). Paris reste ainsi premier avec trois points d’avance sur Montpellier, six sur Lille et désormais sept sur Lyon.
Dans la presse
Franck Le Dorze, dans L’Équipe du 7 novembre 2011 :
Sans conteste, le PSG continue à tracer sa route dans le championnat à un rythme (30 points après 13 matches) que pas une équipe ne pourra lui contester, s’il parvient à le maintenir jusqu’au printemps. Mais on aurait pu assister, ce week-end, à un premier et vrai tournant en Ligue 1 si le club de la capitale l’avait emporté puisque aucun de ses cinq poursuivants n’avait préalablement gagné. […] Mais, bien que surfant sur les sommets de la Ligue 1 depuis la 8e journée, bien qu’invaincus depuis la 2e, ils n’ont encore rien de galactique.
Damien Degorre, dans L’Équipe du 7 novembre 2011 :
Le PSG avait l’occasion, hier, de creuser l’écart sur ses poursuivants et il n’en a pas vraiment profité. La seconde période, passée la plupart du temps dans le camp bordelais, n’a jamais permis aux Parisiens de trouver l’ouverture. Pourquoi Antoine Kombouaré n’a-t-il pas fait entrer Mevlüt Erding alors que ni Kevin Gameiro, ni Nenê, ni Jérémy Ménez ne trouvaient l’ouverture ? L’attaquant turc aurait pu apporter un second souffle, comme il l’avait fait à Toulouse avec une passe décisive et un but. Erding retrouve doucement du rythme mais, pour qu’il redevienne vraiment efficace, il faudrait peut-être lui offrir du temps de jeu quand l’un des autres joueurs offensifs piétine.
Christophe Bérard, dans le Parisien du 7 novembre 2011 :
Mathématiquement, c’est une journée pour rien et c’est bien dommage pour Paris. Après les nuls de Lille et Montpellier et la défaite de Lyon, le PSG avait pourtant l’occasion de se lancer dans une échappée en solitaire dont il est permis de penser qu’elle aurait déjà été décisive pour le titre. Mais, hier soir, Paris ne méritait pas d’aligner un septième succès d’affilée. Il prend un point et ce n’est pas si mal payé que cela. C’est simple : Bordeaux a joué bien mieux qu’un quinzième au classement et Paris bien moins qu’un leader du championnat. […]
Le coup de tête de Sissoko (0-1, 10e) laissait pourtant espérer qu’avec ce nouveau PSG, empli de talent, de certitudes et d’assurance, La fin du film semblait déjà tournée. Paris allait maîtriser son avance jusqu’au bout et marquer un peu plus son empreinte sur la L1. Sauf que, depuis quelques semaines, les hommes de Kombouaré souffrent plus que ne le disent leurs résultats. Derrière les arabesques de Pastore ou Nenê, il y a aussi des figures plus vilaines. À l’image du but bordelais : Ménez, trop loin, laisse Trémoulinas centrer. Tiéné, trop court, permet à Gouffran d’ajuster un coup de tête parfait hors de portée de Sirigu (1-1,13e). […] Paris a clairement besoin de se refaire une santé physique et mentale. La place de leader ne doit pas masquer la somme de travail qui attend les coéquipiers de Sakho.
Réactions
Antoine Kombouaré : « C’est un bon point pris, même si on a ouvert le score, mais on n’a pas été capable de maintenir cet avantage. Après, on a connu une fin de première période où on a été bousculés. On a été meilleurs en deuxième mi-temps. Force est de reconnaître qu’on arrive à notre septième match, il y a certainement de la fatigue. Il faut être capable de serrer les dents, de mettre un peu plus d’implication. Je l’ai dit [avant le match], Bordeaux n’est pas à sa place. On est très content de rapporter un point face à une belle équipe. » (source : AFP)
Mohamed Sissoko : « L’objectif était certes de prendre les trois points ce soir. D’autant plus qu’on avait l’occasion de prendre le large, étant donnés les résultats de nos concurrents. Mais finalement, on s’en sort bien. Je pense même que ce point pris à l’extérieur va être déterminant pour la suite de notre saison. Par ailleurs, n’oublions pas qu’on reste premiers. Et, pour le mental, c’est très important. […] Étant donné qu’on enchaîne tous les trois jours, c’est sûr qu’on commence à être fatigués. On a joué jeudi soir, on est donc un peu émoussés. La trêve va nous faire beaucoup de bien, je pense. Mais j’ai une totale confiance en nos attaquants. Je suis convaincu que Kevin Gameiro va vite retrouver le chemin des filets et être à nouveau décisif. […] Je me sens de mieux en mieux. Je monte en puissance. Je commence à retrouver le rythme notamment grâce à l’enchaînement des matches. » (source : le Parisien)
Kevin Gameiro : « Vu le match, c’est un très bon point pris à l’extérieur. Il y a un peu de fatigue, un peu de manque d’envie, de mouvement, ça s’est ressenti sur le terrain. On a eu la chance d’ouvrir le score, malheureusement on prend un but derrière. Je n’ai pas eu d’occasion, je n’ai pas marqué, c’est rageant. Bordeaux était bien en place avec un bon bloc, ils ont eu beaucoup d’occasions, on a eu un peu de chance aussi de revenir avec ce point. » (source : AFP)
Mathieu Bodmer : « C’est un bon point de pris à l’extérieur, ce soir. Il s’agissait du 7e match d’affilée d’une longue série et nous l’avons ressenti, notamment en manquant de lucidité et d’explosivité devant. On a fait une mauvaise première période, ce n’était vraiment pas suffisant. On va profiter de ces deux semaines sans match pour travailler sereinement et continuer à progresser. » (source : PSG.FR)
Francis Gillot (entraîneur de Bordeaux) : « Je suis un peu déçu quand même, c’était le moment de gagner, de frapper un gros coup. On fait une bonne première période. On est menés alors qu’on fait une bonne entame de match. C’est dommage car si on avait ouvert la marque, cela aurait été un autre match. Quand on voit la valeur de Paris, c’est encourageant. » (source : AFP)
Marc Planus : « On peut regretter de ne pas avoir gagné mais c’est un résultat encourageant pour la suite. Contre Paris et sa pléiade de stars c’était peut-être plus facile de se motiver. » (source : AFP)
Jean-Louis Triaud (président de Bordeaux) : « Ce dimanche soir, j’ai vu du dynamisme, de l’envie. Si on avait vu cette attitude lors d’autres matches, nous ne serions pas dans cette position. C’est vrai que c’est plus facile face à de grandes équipes. » (source : AFP)
Suspensions
Averti en début de match, Momo Sissoko sera suspendu contre Nancy.
Javier Pastore et Mamadou Sakho ont de leur côté reçu le premier carton jaune de leur saison.
Sylvain Armand est toujours sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement — tout comme Diego Lugano.
La liste des joueurs comptabilisant un carton jaune est la suivante : Mathieu Bodmer, Zoumana Camara, Mevlüt Erding, Blaise Matuidi.
Côté tribunes…
Affluence. 658 supporters parisiens ont pris place dans le parcage visiteurs, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
Pas d’incident, finalement. « La tension engendrée par le déplacement de quelque 750 supporters parisiens en Gironde, hier soir, et la crainte de débordements n’auront pas connu de suite, indique le Parisien. Seules trois personnes ont été interpellées dans la journée pour des jets de pétards. »
Le matin du match, le quotidien francilien assurait que « la tension devrait régner ce soir dans la tribune visiteurs du stade Chaban-Delmas. Certains supporters parisiens veulent profiter du dernier déplacement d’envergure en 2011 pour manifester, une fois de plus, leur mécontentement vis-à-vis de la direction du PSG. Ils ont notamment prévu de lancer des objets pyrotechniques et de scander des slogans hostiles aux dirigeants parisiens. Le but de la manœuvre est évidemment que Paris soit sanctionné financièrement pour mauvaise conduite de ses supporters. »