La dernière fois que le PSG a affronté Montpellier au Parc des Princes au mois de février, c’était en 2004. Et cela tombe bien, il s’agit de la dernière défaite des Héraultais à Paris — qui ont passé cinq saisons en Ligue 2 depuis. À l’époque, Montpellier était un des nombreux clubs à faire l’ascenseur régulièrement : remonté en première division en 2002, le club de Louis Nicollin allait redescendre à l’été 2004. Entraînés par Gérard Bernardet, les Montpelliérains, qui avaient réussi à se placer au milieu de tableau à l’automne, sont au cœur d’une série de contre-performances : de fin novembre à la mi-mars, ils ne prendront qu’un point en 14 journées de championnat. Le MHSC compte quelques joueurs connus, comme l’ancien Parisien Bruno Carotti, Pierre Laigle — qui est alors en fin de carrière —, Bertrand Robert — le petit frère de Laurent — et Habib Bamogo, qui réalise la saison de sa vie : 16 buts, ce qui lui vaudra un transfert à l’OM en fin de saison.
À Paris, la saison est en train de prendre une belle allure. Les Monégasques, leaders, semblent irrattrapables, mais le PSG est à la lutte pour les accessits européens. Le club de Vahid Halilhodzic n’est toutefois pas encore pris au sérieux, son jeu jugé trop peu spectaculaire, et certaines de ses victoires, qualifiées de chanceuses, font supposer à certains que l’équipe était jusque-là en surrégime. Après deux matches nuls consécutifs — Metz à domicile, et Monaco à l’extérieur —, le PSG prépare la réception de Montpellier dans la peau du cinquième de L1.
Pour cette rencontre, parmi les habituels titulaires manquent à l’appel José-Karl Pierre-Fanfan — suspendu — et Modeste Mbami — parti à la Can. Le PSG joue dans son 4-4-2 à plat classique. Jérôme Alonzo, qui vit sa seule saison de titulaire à Paris, est dans les cages. La défense centrale est exceptionnellement composée du capitaine Frédéric Déhu et de Gabriel Heinze — qui joue cette saison-là arrière gauche, ce qu’il considère à l’époque comme un affront. Les latéraux sont Juan Pablo Sorin et Bernard Mendy — bientôt néo-international français. Le duo de récupérateurs est formé par la révélation parisienne Lorik Cana et le Portugais Hugo Leal. À gauche se trouve Branko Boskovic, recrue de Halilhodzic qui tarde à confirmer, et à droite l’indispensable Fabrice Fiorèse. En pointe joue Pedro Miguel Pauleta, que l’on dit en manque de confiance devant le but, ainsi que la recrue du mercato hivernal, Danijel Ljuboja, qui fête sa première titularisation au Parc.
Le match commence très bien pour lui puisque, après cinq minutes de jeu, Boskovic lance Fiorèse vers le but. L’ailier parisien, qui est alors capable de trouver n’importe lequel de ses partenaires les yeux fermés, ne joue pas le duel face au gardien et sert Ljuboja, qui pousse le ballon au fond des filets. Le premier but parisien pour le Serbe, joueur qui fait naître beaucoup d’espoirs chez les supporters parisiens. Ljuboja adresse un peu plus tard une merveilleuse transversale pour Pauleta côté gauche ; le Portugais dribble, profite d’un contre favorable et tire entre les jambes du portier pour le deuxième but. Paris mène 2-0 à la mi-temps…
Et ça repart très vite : à la 49e minute, Fiorèse centre de volée dans la surface, un défenseur manque de marquer contre son camp ; il s’en suit un énorme cafouillage qui aboutit sur un deuxième but de Pauleta, qui frappe en force. Montpellier réduit la marque peu après par Dzodic sur un coup de pied arrêté de Bertrand Robert — qui a l’allure de son grand frère. Mais deux minutes plus tard, Paris aggrave la marque : Ljuboja marque de la tête sur un corner de Boskovic pour un but 100 % serbe. Boskovic marquera à son tour, sur un énième service en or de Fiorèse. Les remplaçants Alioune Touré, Romain Rocchi et Reinaldo participent à la fête, surtout ce dernier qui inscrit le sixième but sur une passe de Ljuboja, décidément impressionnant ce soir-là — il sera d’ailleurs élu meilleur joueur de L1 du mois de février.
Paris vient donc de sèchement corriger Montpellier, se vengeant du match aller où la défaite 3-2 des Parisiens avait plongé le PSG à la 17e place après cinq journées. Ce match lance surtout une grosse série pour les Parisiens : ils vont prendre 33 points sur les 16 dernières journées, finalement doubler les Monégasques, mais échouer à trois points seulement des champions lyonnais.
Un célèbre participant du fil PEM des Cahiers du Football a récemment mis en ligne une grande partie de sa gigantesque collection de résumés de matches. Grâce à ORRG, il est possible de revoir les images de ce feu d’artifice parisien.