Les enseignements du match
Joueur par joueur
Après un début de saison parfait, Salvatore Sirigu a connu samedi soir ses premiers buts sur lesquels sa responsabilité peut être engagée. Ses sorties sur corner ont en effet manqué d’autorité, et il en a résulté deux buts, et une occasion très franche. Est-il le seul fautif sur ces situations ? Loin de là, le marquage des défenseurs laissant franchement à désirer : Heurtaux et Vandam étaient à chaque fois bien seuls. À côté de cela, Sirigu a tout de même réalisé deux beaux arrêts, sur une frappe de Frau et une de Seube. Préféré à Lugano, Zoumana Camara a réalisé un match dans la lignée de son début de saison, c’est à dire très bon. La sérénité que dégage actuellement le doyen du PSG est impressionnante. Lorsqu’un attaquant s’échappe, et que Camara n’est pas loin, l’issue est quasiment jouée d’avance : l’attaquant ne passera pas. Sa seule erreur dans la partie est d’avoir mal analysé la trajectoire du corner amenant le deuxième but caennais. À ses côtés, le capitaine Mamadou Sakho n’a eu aucun souci défensif. Il a même été en vue offensivement avec un geste technique spectaculaire près du poteau de corner adverse, et une occasion, seul face au gardien, qu’il manque.
Titularisé au poste d’arrière droit, Christophe Jallet s’est distingué notamment en sentant bien le jeu, avec plusieurs interceptions judicieuses. Ses montées n’étant jamais compensées par Ménez, il s’est montré prudent offensivement. Sauf en toute fin le match, où il centre parfaitement pour le but de Pastore. Côté gauche, Sylvain Armand a été peu mis en danger, hormis lors du raid de Heurtaux en fin de première période, sur lequel il est pris de vitesse. Il a cependant montré qu’il a encore le coffre pour enchaîner les allées et venues nécessaires pour un arrière latéral. Repositionné en milieu défensif lors des vingt dernières minutes, il lance Tiéné sur l’action qui amène le second penalty.
Au milieu de terrain, Mohamed Sissoko a livré une prestation mitigée. Il a récupéré son lot de ballons, s’est imposé physiquement dans l’entre-jeu, et semble être bien plus en forme que lors de ses débuts parfois inquiétants. Il y a cependant un gros bémol : il a eu lors de la rencontre quelques absences coupables. Il perd le ballon bêtement et provoque ainsi le premier corner caennais. Sur celui-ci, il lâche son joueur au marquage. Et juste avant sa sortie, une mauvaise passe en retrait offre à Seube la seule occasion caennaise dans le jeu de la seconde période. Mathieu Bodmer a lui joué dans un registre peut-être plus défensif qu’à l’accoutumée, en compensant régulièrement les montées des latéraux. L’ancien Lillois peut donner l’impression d’une activité réduite, et pourtant, il est celui qui a touché le plus de ballons. Bodmer n’est pas un coureur de fond, mais il sent suffisamment bien le jeu pour n’être jamais loin de l’action. Il a par ailleurs à son actif quelques beaux gestes, notamment une passe parfaite de l’extérieur du droit pour Gameiro. Étonnamment, il n’a pas été averti malgré un nombre important de fautes commises.
Au niveau des milieux offensifs, Jérémy Ménez a fait du Ménez. C’est-à-dire des choix énervants, des dribbles à contre-temps, un refus quasi-systématique de centrer, des absences de retour défensif après une perte de balle et, enfin, une sortie en traînant les pieds qui lui a valu un carton jaune idiot — synonyme de suspension contre Nancy — et un geste d’humeur regrettable. Et pourtant, il a amené une kyrielle d’occasions franches avec des dribbles et des passes bien senties, et a marqué son deuxième but en championnat cette saison. Que peut-on lui reprocher tant qu’il est décisif ? Au centre, Javier Pastore est loin d’être un meneur de jeu hyper-actif que l’on voit à chaque instant. Néanmoins, l’Argentin n’était pas pour autant transparent, en cherchant avant tout les ouvertures intelligentes. Des pieds adverses ont souvent contrarié ses tentatives, mais lorsque la passe arrivait, cela donnait systématiquement une occasion franche — comme cette talonnade qui lance Ménez au but en seconde période. En fin de rencontre, il clôt la marque avec sang-froid. Dans le couloir gauche, Nenê a marqué deux buts — sur penalty, cela compte quand même —, et a surtout été omniprésent dans la construction du jeu. Il a centré, il a tiré, il a dribblé, il a remisé le tout avec une alternance le rendant très difficile à maîtriser par ses adversaires. Du trio offensif, il est actuellement celui qui réalise les matches les plus complets, capable d’être un danger de bout en bout d’une partie.
En pointe, Kevin Gameiro n’a pas démérité. Sa belle ouverture pour Nenê amène le premier penalty. Il se bat pour récupérer le ballon, et sert parfaitement Ménez sur le second but. Enfin, sa présence dans la surface provoque la faute de Seube, et le second penalty. L’ancien Lorientais est donc dans le coup sur trois buts… Malgré cela, Gameiro n’a pas été heureux dans ses tentatives, tapant le poteau, ou tirant trop sur Thébaux lors de ses face à face pourtant nombreux. Au moment du second penalty, il dit à Pastore qu’il ne veut pas le tirer, donnant l’impression qu’il sentait bien que ce n’était pas son soir. Du côté des remplaçants, Siaka Tiéné, rentré sous quelques sifflets, a faire taire ses détracteurs sur son premier ballon avec un centre parfait amenant un penalty. Jean-Christophe Bahebeck a enfin eu du temps de jeu en championnat, et il l’a bien mis à profit, en faisant preuve d’une belle conduite de balle. Il est notamment avant-dernier passeur sur le dernier but. Enfin, Marcos Cearà est rentré quelques minutes, pour tenir le score.
Les décisions arbitrales
Mercredi, lors de la rencontre de coupe de la Ligue, le PSG a vu les choix de l’arbitre tourner en sa défaveur en concédant deux penalties. Cette fois-ci, tout a bien tourné pour le club parisien. Dans le détail, tout a commencé avec cette faute dans la surface sur Nenê. Le Brésilien est fauché dans la surface, le penalty est indiscutable. Le carton rouge donné à Nivet dans la foulée peut être jugé sévère par les Caennais. Néanmoins, il n’est que le reflet du règlement, qui spécifie bien qu’une faute qui empêche une occasion de but manifeste doit être sanctionnée d’un carton rouge. Nenê était alors dans les six mètres face au gardien, il n’y a donc pas d’injustice. En fin de saison dernière, le PSG avait vu Jallet se faire expulser dans les mêmes conditions, nous avions dit en ces pages que celle-ci se justifiait ; nous n’avons pas changé d’avis.
L’autre point chaud concerne le second but, les Caennais ayant réclamé une sortie du ballon. A priori, le ballon ne serait pas sorti complètement, même si aucun ralenti ne permet d’être parfaitement affirmatif — que ferait-on avec l’arbitrage vidéo dans ce cas-là ? Enfin, le deuxième penalty est lui aussi parfaitement logique avec une poussée dans le dos de Gameiro. Le PSG a donc connu beaucoup de décisions en sa faveur ce samedi soir, mais rien qui ne peut générer des polémiques sur plusieurs jours. Le PSG obtient cette saison beaucoup de penalties, mais avec des joueurs aussi provocants balle au pied que Nenê, Ménez ou Pastore, il est logique que les défenseurs adverses soient plus souvent à la faute.
Une action à la loupe
L’action amenant la première occasion parisienne est intéressante à bien des égards. D’une part, elle montre que le PSG a tendance à se comporter en équipe qui prône avant tout un jeu direct, avec une volonté de surprendre les défenses en jouant vite vers l’avant. D’autre part, elle met en valeur le fait que les joueurs offensifs parisiens savent très bien jouer entre eux, et de façon collective, au moins par période, alors que l’on peut entendre parfois que Paris ne s’en sort que grâce à des exploits individuels. Enfin, elle illustre la forme actuelle de Nenê, jouant d’une surface à l’autre en quelques secondes.
Tout part d’un centre caennais, capté par Sirigu. Le gardien italien relance immédiatement à la main sur Nenê, revenu prendre le ballon dans ses trente mètres.
Le Brésilien peut s’avancer sans être attaqué jusqu’à quelques mètres de la ligne médiane. Il élimine alors les deux milieux venus le presser, sans dribbler, mais en privilégiant la passe à mi-hauteur, arrivant sur Pastore.
L’Argentin remet immédiatement sur Gameiro, qui avait pris la place de milieu gauche. Celui-ci joue immédiatement dans la profondeur prise par… Nenê, qui avait continué sa course, sentant que ses coéquipiers allaient combiner de la sorte.
Nenê peut donc aller dans la surface adverse, et terminer sa course de 75 mètres, juste devant la ligne de but adverse. Avec cet effort, Paris peut égaliser, et jouer les 70 minutes qui vont suivre en supériorité numérique…
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Record de victoires consécutives égalé. « Le PSG reste sur 6 victoires consécutives en L1, ce qui égale la meilleure série de son histoire dans l’élite [1995/1996] », observe Opta.
11 matches sans défaite. En championnat, Paris reste désormais sur 11 rencontres sans défaite : 9 victoires, 2 matches nuls.
La 600e victoire en L1. Le PSG a remporté contre Caen sa 600e victoire en L1, d’après PSG.FR.
Penalties. « Le PSG a converti ses 10 derniers penalties en Ligue 1, la meilleure série en cours », signale Opta. Dans L’Équipe, la fournisseur de statistiques ajoute que Paris a bénéficié de cinq penalties cette saison en L1, ce qui le place au premier rang devant Bordeaux, Caen, Nice et Rennes, qui en ont obtenu quatre chacun.
Infos en vrac
Ménez s’excuse. Interrogé après le match sur le mécontentement qu’il a affiché à sa sortie, Jérémy Ménez a tenu à présenter ses excuses à Antoine Kombouaré : « J’aime bien être sur le terrain. Mais je sais qu’il faut respecter les choix du coach, qu’il doit tenir compte de l’enchaînement des matches et ménager le temps de jeu des uns et des autres. Je voudrais m’excuser auprès de lui parce que ce n’est pas bien de sortir du terrain avec cette attitude. »
« Je préfère qu’il fasse la gueule plutôt qu’il se blesse », a réagi de son côté l’entraîneur parisien.
Lugano au repos. Invité à commenter la titularisation de Zoumana Camara aux dépens de Diego Lugano, Antoine Kombouaré a dédramatisé son choix : « Lugano venait de jouer trois matches consécutifs et il avait besoin de souffler. C’est un joueur important, sur qui je compte. Mais l’important est que je peux modifier mon équipe et conserver un rendement toujours aussi bon. »
Autres résultats. À noter la défaite 3-1 de Lorient à Brest. Paris reste premier avec trois points d’avance sur Montpellier et six sur Lyon. Lille, à sept longueur des Parisiens, joue ce dimanche à Valenciennes.
Dans la presse
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 30 octobre 2011 :
Sa 600e victoire en L1, le PSG l’a arrachée, hier, au bout d’un match où il sera passé par tous les états. Mené dès la 12e minute, il est revenu au score, peu après, sur un penalty qui entraîna l’expulsion contestable de Nivet. Malgré sa supériorité numérique, Paris a eu un mal de chien à prendre l’ascendant. Au final, son talent offensif a encore parlé.
Frédéric Gouaillard, dans le Parisien du 30 octobre 2011 :
Les dirigeants parisiens peuvent dormir tranquilles. Avec des matches à la trame aussi nourrie que celui d’hier face à Caen, ils n’auront aucun mal à remplir de nouveau le Parc des Princes. […] Les résultats et le spectacle sont donc les mamelles de ce nouveau Paris qui continue de survoler la Ligue 1 à défaut d’en être un leader totalement convaincant. […] Le bilan est éloquent : 4 buts inscrits, 25 tirs (dont 10 cadrés), et 3 poteaux. Au rythme où se sont enchaînées les actions, ce match était écrit pour rendre chèvre le plus pointilleux des statisticiens. Ce n’est pas une nouveauté, plus une confirmation, le PSG peut aujourd’hui se reposer sur son potentiel offensif qui suffit à gommer ses déséquilibres et ses insuffisances.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Je suis content du travail accompli. J’attendais une réaction de mes joueurs après l’élimination en coupe de la Ligue. Ils ont répondu présent. Je m’attendais à un match difficile, contre un bel adversaire, cela a été le cas. Quand tu es en supériorité numérique, ce n’est jamais évident. Il faut souligner la grosse deuxième période de l’équipe. On a les défauts de nos qualités. C’est un jeu vers l’avant, l’attaque pour aller marquer des buts. Cela crée des soucis au niveau défensif mais j’ai toujours travaillé comme ça. Mercredi, il y avait beaucoup de rage. Ce soir, on a rectifié le tir au niveau du jeu, même s’il ne faut plus prendre de buts sur coups de pied arrêtés. On avance. » (source : AFP)
Franck Dumas (entraîneur de Caen) : « Je suis déçu, énervé. On leur donne le deuxième but et ça c’est rageant. Je ne sais pas si le ballon est sorti ou pas. Si on avait pu pousser longtemps à 1-1, on aurait eu des possibilités de les embêter. On est à la fois bons et naïfs. Avec un carton rouge aussi vite, déjà que ce n’était pas facile, c’est devenu compliqué. Mais il y a un truc qui me choque. Il y a trois simulations dans la surface, il n’y a eu aucun carton. Alors que nous, on a pris un paquet de cartons. Je ne me réfugie pas derrière l’arbitrage, mais il y a de lourdes conséquences sur les deux derniers matches. » (source : AFP)
Jérémy Ménez : « Il est vrai qu’on a été menés au score rapidement, on ratait plein d’occasions au début. Mais on a su réagir. Tout n’était pas parfait mais on a gagné. […] On a bien vu que, sur les coups de pied arrêtés, il reste quelques petits détails à régler. D’une façon générale, tout reste à améliorer dans notre jeu. Il y a encore du déchet. On doit travailler pour devenir plus costaud et faire plus peur à l’adversaire. Il ne faut pas s’endormir sous prétexte qu’on gagne et qu’on est leader. Le championnat est encore long. […] Kombouaré a-t-il poussé un coup de gueule à la mi-temps ? Il n’a pas forcément hurlé. Mais disons qu’il s’est fait entendre… » (source : L’Équipe)
Mamadou Sakho : « C’est une belle victoire, qui nous fait bien sûr beaucoup de bien après notre défaite à Dijon. Elle a été acquise dans la difficulté. Ce n’est pas une surprise en soi. En championnat, il faut aller chercher chaque victoire avec beaucoup de volonté. Mais elle nous permet de nous relancer et de repartir de l’avant. […] Tout n’a pas été parfait. On fait notamment deux erreurs de marquage sur les buts caennais. Il va falloir analyser ça à la vidéo pour le corriger dès que possible. C’est comme ça que l’on va poursuivre notre belle série de victoires. […] Le petit pont, dos à mon adversaire, que j’ai réalisé ? C’est mon maître, Mathieu Bodmer, qui m’a enseigné ce geste à l’entraînement. Je suis content d’avoir pu le reproduire en match. » (source : le Parisien)
Grégory Proment : « L’arbitre m’a dit : “Nenê allait marquer.” Moi, je lui ai dit : “Et alors ?” C’est dur. J’aimerais refaire ce match à onze, pour voir. Il y a beaucoup de regrets et un sentiment d’injustice. Est-ce que l’arbitre aurait sifflé la même chose contre Paris ? Le PSG n’a pas besoin des arbitres pour gagner. » (source : L’Équipe)
Suspensions
Averti lors de sa sortie, Jérémy Ménez sera suspendu contre Nancy.
Également averti, Sylvain Armand est désormais sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement — tout comme Momo Sissoko et Diego Lugano.
La liste des joueurs comptabilisant un carton jaune est la suivante : Mathieu Bodmer, Clément Chantôme, Zoumana Camara, Mevlüt Erding, Blaise Matuidi.
Côté tribunes…
Affluence. 43 812 spectateurs — dont 761 Caennais en tribune visiteurs — étaient présents au Parc des Princes samedi soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.