Les enseignements du match
Les performances des joueurs
Avec sept points en trois matches et une deuxième place au classement, le TFC faisait office d’équipe en forme et de gros test pour le Paris Saint-Germain. Les Rouge et Bleu ont fait le match presque parfait à l’extérieur, en tenant bon en première période quand les Toulousains mettaient tout ce qu’ils pouvaient pour marquer — leur but intervenant au moment où Paris refaisait surface —, et en accélérant en deuxième période, quand la fatigue commençait à se faire sentir en face. En fin de match, il était même difficile de croire que Paris était l’équipe qui avait joué moins de 72 heures auparavant tant les Toulousains paraissaient complètement lessivés. Paris a donc été supérieur à son adversaire, et cela se retrouve dans l’analyse des performances individuelles des joueurs, certains confirmant leur montée en régime.
Dans les cages, Salvatore Sirigu a eu un arrêt à faire en tout début de match, sur un tir de Machado. Il ne pouvait rien sur le but ; le reste du temps, il n’a eu qu’à regarder les rares tirs toulousains passer à côté. À noter que le gardien italien est sorti chercher des ballons aériens un peu plus loin qu’habituellement. Devant lui, la charnière Bisevac-Camara a effectué un sans faute, avec une mention particulière pour l’ancien Bastiais, qui a remporté un très grand nombre de duels, au sol comme dans les airs. Un de ses ballons gagnés de la tête amène le troisième but. Le PSG va vraisemblablement recruter un autre défenseur central ? Cela ne semble pas effrayer Camara.
Du côté des latéraux, Cearà — capitaine pour la quatrième fois consécutive — et Tiéné ont effectué des matches propres, l’Ivoirien ayant probablement réalisé sa meilleure prestation depuis le début de saison. S’il est souvent décrit comme le maillon faible de la formation parisienne, il ne l’a pas montré dimanche après-midi. À son crédit figurent plusieurs belles montées, et une passe judicieuse qui lance Pastore sur le deuxième but. À la récupération, Matuidi a réalisé un match contrasté, sa prestation étant ternie par son erreur de marquage sur le but de Capoue. Les divers ralentis ne montrent pas si Capoue l’a effectivement poussé — comme les Parisiens l’ont signalé à l’arbitre juste après le but —, mais Matuidi s’était déjà fait dominer par le même homme deux minutes plus tôt. Pour le reste, l’ancien Stéphanois continue à surprendre par ses prises de balles qui semblent au départ hésitantes, et qui finissent généralement par éliminer le premier adversaire. À ses côtés, Chantôme aura fait une première mi-temps difficile, dans laquelle il n’a pas pesé, avant de revenir transformé en seconde mi-temps, retrouvant sa justesse et son activité de la saison passée. Ce qui n’est pas étranger à la mainmise du PSG sur la partie en seconde période. Il est sorti, victime d’un coup au genou, dans les dernières minutes de la rencontre.
Devant, le trident de milieux offensifs s’est montré bien plus complémentaire que lors des précédentes sorties. Nenê s’est bien battu, a su déstabiliser la défense adverse à plusieurs reprises, mais il a aussi réalisé quelques gestes superflus, dont certains en situation défensive. À l’image d’une roulette tentée devant sa ligne de six mètres… Il est sorti à vingt minutes de la fin, logiquement agacé. À droite, Ménez se montre finalement très discipliné. En vrai milieu droit, il redescend souvent aider Cearà et, même si ses choix offensifs sont parfois déconcertants, il finit la rencontre avec un joli but, et une énorme occasion où il touche les deux poteaux. Pour sa première titularisation en Ligue 1, Pastore a eu du mal à se situer en première période, la plupart de ses déviations ou talonnades ne trouvant pas preneur — le marquage à la culotte de Capoue ne l’aidant pas à s’exprimer. Mais en deuxième période, ses déplacements ont fini par faire évoluer le milieu toulousain, qui a fini avec des crampes. Pourtant pas au point physiquement, Pastore a été alors le véritable patron du jeu parisien, en réussissant plusieurs actions de grande classe : ses deux superbes passes décisives, son ouverture sur le troisième but et, surtout, son enchaînement technique sur une de ses occasions.
Seul en attaque, Gameiro a attendu les bons ballons, en vain en première période… Et finalement, sur le seul ballon de but qui lui a été donné, il a fait le geste qu’il fallait en faisant passer le ballon par-dessus Ahamada, qui arrivait sur lui. Son sens collectif peut également être mis en avant avec sa superbe déviation pour l’occasion de Pastore. Du côté des remplaçants, Bodmer a mis un peu d’ordre dans le jeu du PSG au moment où Nenê commençait à vouloir faire la différence tout seul, Bahebeck n’a eu qu’une action à faire, sur laquelle il a gagné près d’une minute le long de la touche, et Erding a fait gagner son équipe avec un but et une passe décisive pour trois ballons joués. S’il est transféré dans la foulée, le Turc pourra partir la tête haute.
Faut-il mettre un joueur au second poteau ?
Le but toulousain a été marqué sur corner, avec une tête piquée de Capoue qui part dans le but de Sirigu, au second poteau. Se pose alors la question de la présence d’un joueur à cet endroit sur les corners. Dans le Canal Football Club, Élie Baup a affirmé que 70 % des buts sur corner étaient inscrits au second poteau. La logique voudrait donc qu’un défenseur soit placé contre son montant. Cela n’arrêterait pas forcément les tirs adverses, les joueurs au poteau n’étant pas toujours les plus réactifs, mais cela éviterait de devoir tout miser sur une détente phénoménale du gardien en cas de tête cadrée.
Il est pourtant assez rare de voir deux joueurs au poteau sur les corners. La première explication est que cela empêche de jouer le hors-jeu : si le gardien est sorti, et qu’un joueur effectue une déviation vers le but, un joueur placé très proche de la ligne de but pourra reprendre la ballon sans être signalé hors-jeu. Ce qui peut donc changer considérablement le positionnement des adversaires au départ du ballon, certains se positionnant délibérément derrière le gardien. Mais un joueur de plus au poteau, c’est également un joueur de moins actif dans le jeu, donc absent au marquage dans la surface, ou non placé devant la surface pour amorcer les contres… et donc un ballon qui peut revenir plus vite devant le but. C’est peut-être en pensant à ces situations que la plupart des entraîneurs considèrent aujourd’hui qu’il faut se contenter d’un seul joueur au poteau.
L’égalisation parisienne
Le but parisien inscrit à la 56e minute part d’une situation d’attaque du PSG, d’une récupération toulousaine et d’une relance ratée qui arrive jusqu’à Tiéné. Celui-ci transmet à Chantôme, alors que plusieurs Parisiens sont encore dans leur situation d’attaque précédente : le ballon est au milieu du terrain, et le PSG est disposé en 4-2-4, Nenê, Pastore, Gameiro et Ménez étant collés aux quatre défenseurs.
Ménez dézone alors et effectue un appel de l’axe vers la gauche — alors qu’il joue milieu droit à ce moment de la partie. Chantôme décide de le lancer en profondeur, et le défenseur axial gauche va le suivre… On ne saura jamais si la passe était bonne puisque Pastore prend la décision de l’intercepter, pour jouer l’action à contre-temps : alors que tout indiquait que l’action partait à gauche, Gameiro profite du trou ainsi créé pour s’engouffrer plein axe, et Pastore le voit parfaitement. Un contrôle et une passe, Gameiro est lancé en profondeur et va marquer.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : les joueurs
Pastore : 2 passes décisives. Déjà auteur de deux passes décisives pour son premier match contre Differdange il y a dix jours, Javier Pastore a récidivé ce dimanche, offrant les deux premiers buts à Gameiro puis Erding. Il est également à l’origine du troisième but : c’est lui qui ouvre sur Erding, avant que celui-ci ne donne à Ménez.
Pastore double passeur. « Javier Pastore est seulement le deuxième joueur qui réussit deux passes décisives lors d’un match en L1 2011/2012 », signale Opta. L’autre joueur se nomme Mathieu Valbuena, à chaque fois sur coups de pied arrêtés.
Ménez : premier but en L1. Après deux passes décisives à Rennes puis contre Valenciennes, Jérémy Ménez a inscrit son premier but en L1 avec le PSG. Il avait déjà marqué en Ligue Europa face à Differdange, et se trouvait à l’origine de deux autres buts face aux Luxembourgeois.
Erding : 5 minutes, 1 but, 1 passe. Entré en jeu à la 88e minute, Mevlüt Erding a touché trois ballons. Bilan : 1 but, 1 passe décisive.
Stats en vrac : l’équipe
Série. Après un succès contre Valenciennes (2-1) et deux face à Differdange (0-4, 2-0), le PSG a obtenu à Toulouse sa quatrième victoire consécutive toutes compétitions confondues.
Fair-play. Alors que Saint-Étienne a déjà reçu 11 cartons jaunes et 2 rouges ou que l’AJ Ajaccio a récolté 14 avertissements en quatre matches, les Parisiens n’ont été avertis qu’à 3 reprises au total. Ils sont seuls premiers au classement du fair-play.
Encore un but encaissé. Depuis octobre 2010, le PSG a encaissé au moins un but lors de chacun de ses déplacements en championnat à l’exception du match Nice 0-3 PSG le 20 février, soit lors de 15 de ses 16 dernières rencontres à l’extérieur en L1.
Adversaire. L’Équipe relève que Toulouse n’avait plus encaissé trois buts à domicile en L1 depuis le 25 avril 2010 contre Auxerre (0-3), et trois buts tout court depuis le 3 octobre 2010 à Rennes (3-1). Le TFC restait par ailleurs sur une série de quatre matches de championnat sans but encaissé à domicile.
Infos en vrac
Blessure. « Sorti en boitant à la 88e minute, Clément Chantôme souffre d’une béquille à la jambe droite », indique L’Équipe, qui cite un membre du staff parisien assurant que « c’est sans gravité ».
Dans la presse
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 29 août 2011 :
Le PSG a montré des visages trop différents, hier, pour qu’on puisse deviner dès aujourd’hui la suite de l’histoire. Mais il a eu la bonne idée d’afficher le pire en première période — déchet technique, fragilité du système défensif — et de quitter le Stadium au bout d’une deuxième mi-temps à la coloration très différente, où l’éclat des individualités s’est conjugué à la fluidité retrouvée du collectif. Avec ce mental-là, avec des passes de Pastore et des buts de Gameiro, Paris laisse supposer qu’il ne peut qu’aller loin. Il est déjà à la troisième place de la L1, et si cela n’a pas de signification profonde après quatre rencontres, c’est déjà le signe que cette équipe — après les tâtonnements entrevus lors des trois premières journées — s’appuie sur un début de dynamique positive. Quand le PSG s’est décidé à gagner plus de duels au milieu, à presser plus haut, il est devenu l’implacable patron du match. Au fil de la rencontre, Pastore a de moins en moins souffert du marquage adverse. L’Argentin a alors profité des espaces libérés pour ajuster son jeu et chercher enfin la profondeur, offrant un but à Gameiro (56e) et un autre à Erding (90e). […]
Le rayonnement technique des Parisiens en seconde période n’a pas laissé insensible le Stadium : quand Ménez a inscrit le dernier but (90e+3), presque la moitié du public a semblé se lever, offrant l’image un peu surréaliste d’un Paris populaire en province. Si le PSG déroule des actions aussi exquises que celle de la 62e minute — déviation de Gameiro, contrôle du gauche et tir du droit de Pastore, dévié par Ahamada —, il est parti pour être aimé par ceux qui aiment d’abord le football.
Sylvie de Macedo, dans le Parisien du 29 août 2011 :
Le PSG, une terreur ? Pas encore. Mais on en est plus très loin. Hier, à Toulouse, Paris a enfin laissé entrevoir son futur visage. Du moins, le temps d’une mi-temps. Les hommes d’Antoine Kombouaré ont en effet remporté leur deuxième succès d’affilée en championnat sur un score sans appel (3-1) qui leur permet de se hisser à la 3e place du classement.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Physiquement on a eu du mal à entrer dans le match. Mentalement aussi. On n’avait pas envie de faire les efforts ensemble, de s’arracher, de s’accrocher pour ne pas prendre ce but. Et surtout, on n’avait pas l’envie d’aller marquer. […] On a passé la mi-temps à se parler, à s’expliquer et surtout à rectifier le tir. Les joueurs ont montré beaucoup de caractère, de qualité aussi. […] C’est une énorme performance de nos joueurs. Je tiens à les féliciter parce qu’ils sont allés chercher une victoire bien méritée. Maintenant, il ne faut pas se relâcher, on a encore beaucoup de boulot. On a quinze jours pour souffler, bosser pour repartir de l’avant avec la réception de Brest. […] Certaines personnes disaient que le match contre Differdange n’était pas un bon match. Moi, je trouvais au contraire qu’on avait montré de très belles choses. Il ne nous a manqué que la finition, mais il y avait de l’engagement, de la qualité de jeu. Là, en seconde mi-temps, on a montré notre capacité à tenir le ballon, à avoir une grosse maîtrise du jeu. C’est une force, il faut s’appuyer là-dessus pour mettre nos attaquants dans les meilleures dispositions pour marquer. On est en train de franchir des paliers, c’est important parce qu’on est sur notre quatrième victoire consécutive. » (source : AFP)
Alain Casanova (entraîneur de Toulouse) : « On a fait une première mi-temps presque parfaite tant sur le plan physique que tactique. Notre plan de jeu était le bon. Nous avons fait beaucoup d’efforts, nous avons eu des occasions pour éventuellement “breaker”. En deuxième mi-temps j’ai l’impression que nous avons payé cette débauche d’énergie. Paris est revenu dans le match et on leur a donné confiance. Nous avons eu beaucoup de mal à endiguer leurs offensives. Je regrette quand même que le score soit si lourd car avec un peu plus de réussite le match nul aurait été pratiquement logique. […] Depuis trois ans que j’entraîne cette équipe c’est la première fois que je la vois autant en difficulté physiquement. Nous avons clairement péché dans ce domaine. […] Il faut saluer la performance de Paris qui a beaucoup d’individualités capables de faire basculer un match. Je pense notamment à Pastore qui a tout pour devenir un joueur majeur de notre championnat. » (source : AFP)
Kevin Gameiro : « [Cette victoire] fait beaucoup de bien car elle a été acquise dans la douleur. Cela permet de continuer la progression. Pendant la pause ? On s’est tous remis en question car tout le monde était conscient de notre mauvaise première mi-temps. Là, on a commencé à jouer vraiment ensemble. Et c’est toujours plus facile dans ce cas. Il y a eu de beaux mouvements, de beaux appels et des belles passes. Il n’y avait qu’à finir le travail devant le but. Ce qui est très intéressant, c’est que c’était la première fois que tous les joueurs offensifs de Paris évoluaient ensemble. C’est bien car nos automatismes se créent ainsi. Le coach a-t-il haussé la voix à la mi-temps ? (petit sourire) Il n’avait pas à élever la voix pour dire ce qui n’allait pas. Il a juste parlé et dit qu’il attendait plus de nous. […] Je pense que, dans les prochaines semaines, cette équipe va avoir de la gueule. Si on continue comme cela, il va y avoir une très grosse équipe à Paris. Javier Pastore ? Avec un joueur qui a une telle qualité de passe, tout est beaucoup plus simple. Je n’ai qu’à faire le bon appel car je sais que le ballon va arriver. Il n’y a pas besoin de beaucoup se parler. Le foot, c’est juste une question d’appels et de passes. Ensuite, la confiance et le bon feeling, ça vient tout seul. » (source : le Parisien)
Jérémy Ménez : « C’est la récompense de tout le travail que nous avons effectué. Il y avait beaucoup d’attente autour de nous et on n’était pas au top physiquement. Quand le PSG joue comme cela, il est capable de belles choses. En première période, ce n’était pas compliqué. [Les Toulousains] n’avaient pas d’occasion franche hormis le corner [ayant amené le but de Capoue]. Maintenant, il ne faut s’enflammer non plus, c’était une belle victoire. On sait qu’on est capable de faire de très grandes choses. Maintenant, il faut se remettre en question tous les jours à l’entraînement pour avoir d’autres ambitions. » (source : AFP)
Zoumana Camara : « On a beaucoup souffert en première période mais cela est aussi dû à l’adversaire. Toulouse a vraiment bien débuté son match, notamment en mettant beaucoup d’impact. Ce qui est bien c’est que nous sommes parvenus à rester sereins, sans se désunir. Nous sommes revenus avec de meilleures intentions après le repos et nous sommes parvenus à mieux tenir le ballon. On a senti ensuite que Toulouse baissait vraiment physiquement et à la fin il ne restait pratiquement plus qu’une équipe sur le terrain. Nous ne nous sommes pas contentés de cette égalisation et la victoire est logique. Nous restons sur trois matches sans défaite et cela va nous faire le plus grand bien avant la coupure. » (source : AFP)
Milan Bisevac : « On a montré notre vrai visage en seconde période et c’est cet état d’esprit qu’il faut garder. Nous sommes mal rentrés dans ce match mais à la mi-temps nous avons su rectifier le tir. On a eu la rage nécessaire pour inverser le cours du match, notamment en gardant mieux le ballon. Tout le monde est conscient de notre potentiel et c’est le plus important pour la suite du championnat. » (source : AFP)
Paulo Machado (milieu de Toulouse) : « Nous avons perdu contre une grande équipe qui va lutter pour le titre cette saison. » (source : AFP)
Suspensions
Comme le week-end passé, aucun Parisien n’a été averti dimanche soir.
Lors des deux premières journées, Clément Chantôme, Blaise Matuidi et Jérémy Ménez avaient reçu un carton jaune.
Retrouvailles
Nicolas Douchez (2004-2008) retrouvait son ancien club.
Côté tribunes…
Affluence. 208 supporters du PSG ont pris place dans le parcage visiteurs, d’après les chiffres communiqués par la LFP. Un contre-parcage a également rassemblé une centaine de supporters parisiens. « Aucun incident signalé », indique La Dépêche du Midi.
Banderoles. D’après l’AFP, « des banderoles toulousaines [ont] été brandies dans les travées du Stadium à Toulouse pour dénoncer la somme déboursée par Pastore : “Mercato bling-bling, public de consommateurs, ce n’est pas le foot qu’on aime”. » Le message était bien plus global en réalité, puisque l’AFP a omis la première partie du message : « Répression aveugle, mercato bling-bling, public de consommateurs, c’est pas le foot qu’on aime ». (voir la banderole en photo)
