Les enseignements du match
Joueur par joueur
Le PSG est passé au travers de sa rencontre — chose qui peut toujours arriver, même avec Carlo Ancelotti a sa tête. Si le problème majeur a, dans un premier temps, résidé dans un 4-4-2 que les joueurs n’ont semble-t-il pas réussi à appréhender, la plupart des prestations individuelles ont été assez décevantes.
Salvatore Sirigu s’en sort très bien : il a effectué plusieurs arrêts déterminants, s’est toujours montré prompt à sortir de sa surface pour gérer les passes en retrait mal assurées de ses coéquipiers, et n’a pas non plus hésité à aller au contact dans le jeu aérien. Il ne peut évidemment rien sur les buts encaissés. Mamadou Sakho a probablement été le meilleur défenseur de la partie. Souvent opposé à Nabab, il a livré un de ces duels physiques dont il sort toujours vainqueur. Au sol ou dans le jeu aérien, il n’a pas été dépassé. En revanche, sur l’action qui amène le corner du deuxième but caennais, il n’a pas fait un cadeau à Matuidi en lui donnant le ballon alors qu’il était pressé par deux joueurs. Alex n’a lui pas forcément été gêné dans son jeu défensif, mais a en revanche été le premier à payer le manque de solutions offensives : sans possibilité de relance évidente, il a eu plusieurs hésitations balle au pied et a été l’auteur de passes mal assurées, notamment vers Sirigu…
Caen passant énormément sur les côtés, les latéraux parisiens ont été en souffrance face à Bulot, Hamouma ou même Nabab lorsqu’il s’excentrait. Conséquence immédiate, Siaka Tiéné et Marcos Cearà se sont vite trouvés avertis et avaient ensuite du mal à défendre sereinement. Offensivement, ne sachant pas par qui leur montées allaient être couvertes, ils se sont peu montrés. Les deux joueurs sont sortis avant le terme de la rencontre, en tout début de deuxième mi-temps pour Cearà, à un quart d’heure de la fin pour Tiéné.
Le duo de récupérateur composé de Thiago Motta et Blaise Matuidi a eu énormément de mal à se positionner, les deux joueurs semblant parfois se marcher dessus. Comme pour Alex, le manque de liant offensif les a sûrement beaucoup perturbés. Motta a ainsi présenté moins de fluidité dans les transmissions qu’à l’accoutumée ; quant à Matuidi, s’il a beaucoup couru, cela a été sans vraiment peser sur l’entre-jeu. À noter que ce dernier a passé toute la deuxième mi-temps vraisemblablement blessé.
Jérémy Ménez, jouant plutôt côté gauche, s’est bien dépensé en étant propre dans son repli défensif et a touché beaucoup de ballons. Il a été assez loin d’en faire un usage optimal, mais le paradoxe de ce joueur continue : il sert Gameiro pour son occasion terminant sur la barre transversale, et sa passe contrée amène l’égalisation de Jallet. Il est donc encore et toujours décisif. Décisif, Javier Pastore l’a été également, en se battant pour contrer un dégagement, marquant le premier but parisien. Puis en amorçant l’action de la dernière minute. Et en quelques autres situations, il a sorti des gestes créant un danger immédiat dans la défense adverse. En revanche, l’Argentin confirme qu’il est un frein naturel au 4-4-2 : durant les 20 premières minutes, il était impossible de le trouver sur le terrain, ni de déterminer quel était son poste. En théorie, il aurait dû être côté droit… Cela a contraint Ancelotti à basculer dans une autre formation, afin d’intégrer le positionnement libre du meneur argentin.
En attaque, Guillaume Hoarau a voulu profiter de la présence d’un attaquant à ses côtés pour jouer essentiellement en déviations aériennes. Il n’a malheureusement eu aucune réussite dans cet exercice. Il n’a eu par ailleurs qu’un seul ballon de but, qu’il n’a pas très bien géré en tentant un dribble de trop. Il est remplacé en début de seconde période. De son côté, Kevin Gameiro a eu beaucoup de mérite : repositionné ailier droit, il s’est appliqué à faire du mieux possible à un poste qui n’est pas le sien. De cette position, il adresse un superbe centre pour Hoarau en première période. Replacé seul attaquant de pointe ensuite, il réalise un merveilleux lob qui atterrit sur le sommet de la barre.
Les remplaçants ont eu un impact positif sur la rencontre. Rentré juste après l’ouverture du score caennaise, Christophe Jallet a mis de l’ordre dans le jeu parisien en occupant consciencieusement son côté droit, et en jouant le plus simplement possible. Dans un match où le PSG n’y arrivait pas du tout collectivement, il a clairement permis aux siens de sortir la tête de l’eau. Et après plusieurs tentatives, il finit par égaliser au terme d’un bel enchaînement contrôle de la poitrine - frappe sous la barre. Milan Bisevac est rentré en même temps pour évoluer latéral droit. Il s’est distingué d’emblée par une frappe lourde et, plus généralement, est apparu plus serein que son prédécesseur au poste. Rentré en arrière gauche pour le dernier quart d’heure, Sylvain Armand a eu le temps de toucher une vingtaine de ballons et de se montrer plutôt propre.
Une pluie de cartons jaunes
À la fin de la rencontre, Carlo Ancelotti s’est emporté contre l’arbitre Alexandre Castro, lui reprochant d’avoir sorti trop facilement les cartons à l’encontre de son équipe. C’est la première fois depuis son arrivée en France que l’entraîneur italien s’énerve ainsi. Contre Dijon, son comportement avait même été mis en avant par Philippe Malige, qui expliquait qu’ils avaient eu un échange tout à fait cordial à la mi-temps de la rencontre.
S’il est de toute façon vain de s’en prendre ainsi aux officiels, ici, la complainte est de surcroit infondée. Les Parisiens ont reçu six cartons jaunes au cours de la rencontre, ce qui peut sembler énorme, mais aucun n’est réellement discutable. Cearà tend la jambe très en retard sur Hamouma qui rentrait dans la surface ; Tiéné retient par le maillot un joueur qui l’avait dribblé ; Ménez obtient son onzième carton de la saison en faisant un croc en jambe volontaire à un joueur qui venait de lui subtiliser le ballon ; Bisevac est très en retard sur Hamouma, tout comme Matuidi sur Frau ; enfin Hoarau a choisi d’aller fêter l’égalisation des Parisiens au milieu du terrain, ce que son statut de joueur remplacé ne lui permettait pas… Sur ces six-là, trois au moins étaient largement évitables, et si les Parisiens se mettent en faute, l’arbitre n’y peut pas grand-chose.
Cette cascade d’avertissements a une conséquence immédiate puisque désormais, le PSG possède en son sein sept joueurs qui seront suspendus en cas de nouvel avertissement : Bisevac, Lugano (sous la menace encore un match), Ménez (encore deux), Cearà (quatre), Sakho, Matuidi (cinq) et enfin Hoarau (six).
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Temps additionnel. Pour la quatrième fois consécutive, le PSG a inscrit un but dans le temps additionnel. Comme à Lyon (4-4) puis à Dijon (1-2), cette réalisation tardive a permis aux Parisiens de prendre des points. Contre Ajaccio (4-1), la victoire était déjà acquise. À noter que lors du match précédant cette série, face à Montpellier (2-2), le club francilien avait égalisé à la 88e minute.
Jallet, l’homme des dernières minutes. Dans L’Équipe, Opta relève que sur les 7 buts qu’il a inscrits en L1 sous le maillot parisien, Christophe Jallet en a marqué 5 après la 80e minute.
Ancien. « Pierre-Alain Frau a marqué son premier but en L1 contre le PSG, et ce lors de sa 14e apparition face à son ancien club », signale Opta.
Invincibilité. Le PSG reste désormais sur 17 matches sans défaite toutes compétitions confondues. Le dernier revers des Parisiens remonte au 1er décembre 2011 à Salzbourg (2-0). Sur cette période, Paris compte 12 victoires et 5 matches nuls.
Infos en vrac
Matuidi blessé ? « Blaise Matuidi a quitté le stade Michel-d’Ornano en boitant, indique L’Équipe. Le milieu parisien a reçu une béquille à la cuisse droite et sa participation au quart de finale de coupe de France contre Lyon, mercredi soir, au Parc des Princes, pourrait être compromise. »
Autres résultats. À noter les défaites de Montpellier (2e, 57 points) à Nancy (14e) et de Marseille (9e, 39) à domicile contre Dijon (15e). Paris (59) compte désormais deux points d’avance sur le MHSC et 9 sur Lille, qui a battu Valenciennes dimanche soir.
Réactions
Carlo Ancelotti : « C’est vrai que Caen nous a beaucoup gênés, notamment en nous pressant au milieu du terrain. Caen a très bien joué et a réussi à marquer sur ses situations dangereuses. Mais nous avons eu le caractère pour marquer dans les dernières minutes. […] Le retour à un 4-2-3-1 dès la 25e minute ? Cela n’avait rien à voir avec l’entente entre Hoarau et Gameiro. Simplement, Caen nous mettait beaucoup de pression au milieu de terrain et ne nous laissait pas la possibilité de faire des passes verticales vers nos attaquants. Ce changement a permis à Pastore de retrouver son poste de milieu offensif et de soulager la pression qui pesait sur Matuidi et Thiago Motta. Gameiro a aussi très bien joué dans son couloir droit. […] Je n’étais pas en colère contre l’arbitrage, dont je ne veux pas parler. Simplement nous avons été beaucoup sanctionnés en première période, notamment sur des tacles, et avons pris beaucoup de cartons au final, alors que je n’ai pas l’impression que nous ayons joué spécialement dur. » (source : AFP)
Christophe Jallet : « On est loin d’avoir fait notre meilleure sortie. Et pourtant, on prend un point sur Montpellier. […] Si on pouvait s’éviter de passer par là [un but dans le temps additionnel] à chaque fois, ce serait bien pour tout le monde. On n’a pas été bons, il faut le reconnaître. […] Sur le but ? Je vois le ballon de Ménez qui arrive. Je n’ai pas le temps de regarder ailleurs. Je le contrôle en me disant : "Mets là le plus haut et le plus fort possible." Car si je l’avais mise un peu plus bas, Thebaux l’aurait attrapée. C’est un geste d’instinct, car je ne savais pas vraiment où était la cage ! » (source : le Parisien)
Franck Dumas (entraîneur de Caen) : « C’est rageant. On a tout mis en œuvre pour obtenir un résultat plus que positif, il ne manquait pas grand-chose. Les joueurs ont fait énormément d’efforts. Ils ont été un cran au-dessus et ne sont pas récompensés. En face, la qualité individuelle a fait la différence, alors que la qualité collective n’était pas là. Il fallait tenir, on n’était pas à l’abri d’une belle volée qui nous tue deux points. Je suis vraiment, vraiment fier de mes joueurs, je leur ai dit. Paris est conditionné pour aller au bout, même si collectivement Montpellier est meilleur. Ce soir, on a vu un Paris moyen car les joueurs de Caen étaient à la hauteur. J’aimerais bien que pour une fois on rende à mes joueurs ce qui leur appartient. » (source : AFP)
Côté tribunes…
Affluence. 91 supporters parisiens ont fait le déplacement organisé par le PSG, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
Contre-parcage. « En marge du déplacement de fans encadré par le club, une cinquantaine de supporters du PSG s’est rendue à Caen [samedi], assure L’Équipe. Parmi eux, quatre ultras ont été interpellés, dont trois pour usage d’engins pyrotechniques. Selon le PSG, ils appartiendraient à l’association Liberté pour les abonnés. »