Les enseignements du match
L’analyse du match
La rencontre disputée à Dijon est très difficile à analyser. Le PSG, même avec une équipe remaniée, a encaissé trois buts, et a laissé filer un avantage confortable. Ce serait donc suffisant pour pointer du doigt de nombreux manquements au sein de l’équipe parisienne. Pourtant, le PSG a par moment même semblé meilleur que dimanche dernier contre ces mêmes Dijonnais. Dominateurs, les Parisiens ont accumulé les occasions, et ce de façon très régulière jusqu’au dernier quart d’heure de jeu. L’essentiel du jeu se passait dans le camp adverse, et il en a résulté deux buts, trois frappes sur les montants, et au moins trois autres occasions que l’on peut considérer comme franches. Quel que soit l’adversaire, il s’agit d’un bon total à l’extérieur. Aussi, dire que le PSG a mal joué, ou de façon trop individualiste, serait un raccourci un peu facile, bien que malheureusement dans l’air du temps. Aucun joueur n’a dribblé toute la défense adverse pour créer ces situations favorables…
De la même manière, face à des petits clubs à l’extérieur, on a déjà vu le PSG être soumis à bien plus de pression. Les trois buts encaissés ne doivent pas occulter le fait que les Dijonnais n’ont que très peu inquiété Douchez. Dijon a bien été l’équipe la plus réaliste sur le terrain ; en ce sens, ils méritent leur victoire. Paris a eu le tort de se déconcentrer après le premier penalty — concédant très vite derrière le second but, en jouant mal le coup —, et de ne pas revenir ensuite alors que les munitions étaient là, incontestablement. Si l’élimination est rageante, il n’y a pas encore de quoi tout remettre en cause. Pour le reste, cette rencontre permet de dresser un constat : le PSG a en championnat la réussite qui le fuit en coupes. Dans l’absolu, c’est préférable.
Il reste toutefois à parler du volet arbitral. Les deux penalties sifflés par Alexandre Castro ne s’imposaient pas, et particulièrement celui qui fait suite à la main de Camara. Paris ayant bénéficié d’un penalty à peu près similaire en début de saison contre Valenciennes, si l’on veut expédier le sujet, on peut parler de compensation sur une saison. Néanmoins, le plus choquant reste que l’attitude nauséabonde de Patrice Carteron dimanche dernier, qui s’est plaint pendant et après la rencontre d’un arbitrage favorisant nettement les grandes équipes, a payé. Les décisions sont tombées en faveur des Dijonnais sur cette rencontre ; difficile de ne pas y voir un lien. Moralité, jouer les pleureuses s’avère efficace. On préfèrera toutefois le comportement de Kombouaré qui, après la rencontre, a refusé de répondre aux questions concernant l’arbitrage, préférant parler du manque d’efficacité défensive et offensive de son équipe.
Joueur par joueur
Nicolas Douchez était à nouveau titulaire pour une rencontre de coupe. Le gardien parisien n’a toutefois pas pu prouver grand-chose. D’une part parce que les Dijonnais se sont paradoxalement montrés assez inoffensifs, et ne l’ont donc pas inquiété ; d’autre part car sur les buts encaissés, il lui était difficile d’intervenir. Il n’a pas fait d’exploit sur les deux penalties et, sur le second but, les jambes des défenseurs masquent le départ de la frappe. Difficile de lui adresser des reproches. Au niveau des latéraux, Cearà a été moins en vue que dimanche, tout du moins offensivement, car défensivement rien n’est passé dans son couloir. De l’autre côté, Mamadou Sakho retrouvait le poste de ses débuts. Le capitaine parisien a au moins le mérite de faire partie de ces joueurs qui ne râlent pas dès qu’on les bouge un peu de poste. Il s’est montré concentré, et il a réalisé plusieurs interventions autoritaires. Mais les quatre situations dijonnaises — les deux penalties, le second but, et l’occasion de la tête de Jouffraud — sont venues de son côté.
En défense centrale, Zoumana Camara a effectué une bonne partie, même s’il a connu la défaite pour la première fois de la saison. Il n’a pas à s’en vouloir sur le penalty qu’il provoque : la seule façon pour lui de ne pas toucher le ballon du bras aurait été de se le couper. En revanche, peut-être tarde-t-il à réagir sur le second but. Son coéquipier Diego Lugano est quant à lui très difficile à juger. Qu’il ne soit pas au mieux, qu’il fasse des erreurs, c’est indéniable. Néanmoins, sur cette rencontre, il faut le dire clairement : il était dans le collimateur de l’arbitre. Il a sûrement payé pour sa réputation et pour ses fautes non sanctionnées lors des ses premières apparitions ; alors qu’il était plutôt propre dans ses interventions, l’arbitre n’a rien laissé passer. Le penalty sifflé contre lui peut être au mieux taxé de sévère. Lugano a le tort de poser ses bras sur l’épaule de l’attaquant — qui lui a le bras sur le ventre de Lugano. Mais le saut que fait Jovial ensuite n’a absolument rien de naturel… Le plus flagrant aura été la fin de match, lorsque Lugano est monté en attaque pour prendre les ballons de la tête : Alexandre Castro sifflait systématiquement contre lui sur chaque duel aérien, sans que l’Uruguayen ne soit réellement fautif. Il y a cinq ans, quand Mario Yepes était lui aussi dans le viseur des officiels, Guy Lacombe n’avait pas eu d’autre choix que de s’en priver pendant un mois, le temps que tout le monde se calme. Espérons pour Lugano que Kombouaré n’aura pas à aller vers cet extrême.
Au milieu de terrain, Sylvain Armand s’est contenté de son rôle de milieu purement défensif, avec plusieurs interventions énergiques pour récupérer le ballon, généralement suivies de passes simples. Aurait-il dû prendre plus de risque ? Sachant qu’il avait à ses côtés un relayeur au profil plus offensif, ce n’est pas certain. Mathieu Bodmer retrouvait en effet la compétition. Il a effectué quelques jolies actions, mais a semblé logiquement moins dans le rythme qu’avant la trêve internationale, lorsqu’il compensait son manque d’activité par un placement toujours judicieux. Très énervé par l’arbitrage, il a dû être sorti par Antoine Kombouaré à 25 minutes du terme de la rencontre. Son remplaçant, Nenê, a joué à un poste axial et inhabituellement bas pour lui. Paris devait revenir au score, et le Brésilien devait aider dans la remontée du ballon. Cela n’a malheureusement rien donné.
Concernant les joueurs offensifs, Christophe Jallet a été décevant. Alors qu’il avait été très bon à ce poste de milieu droit à Ajaccio, l’ancien Lorientais a cette fois-ci manqué de justesse dans son jeu, et n’a de fait pas été très dangereux. Ses quelques frappes n’ont pas inquiété Tchagouni, et sa meilleure action reste son centre du début de match qui amène le tir d’Erding sur le poteau. À gauche, Jean-Christophe Bahebeck retrouvait une place de titulaire. Dans le jeu, il a montré par intermittence une qualité certaine dans la prise de balle. Mais c’est surtout sur coup franc qu’il s’est distingué, en ouvrant le score puis en en envoyant un autre sur la barre transversale. Tout ceci n’est pas si mal pour un joueur qui n’a que 18 ans.
Positionné assez librement sur le terrain, Jérémy Ménez a livré un match assez habituel. De nombreux choix agaçants, un goût pour le dribble bien trop prononcé… Et dans le même temps, il provoque le coup franc du premier but, offre le second à Erding, effectue plusieurs bonnes frappes, donne un nouveau caviar à Gameiro en deuxième mi-temps… Bien sûr, il y a énormément de choses perfectibles dans son jeu, mais un joueur capable d’amener cinq occasions franches dans une rencontre à l’extérieur est très utile à son équipe. En pointe, Mevlüt Erding a réalisé un bon match. Il trouve le poteau d’emblée, décale bien Jallet après une belle séquence de dribble, marque le deuxième but, donne un autre ballon de but à Ménez en seconde période… Un match assez complet pour un attaquant, même si, au fil des minutes, il a semblé peser de moins en moins sur ses adversaires. Il a été remplacé par Kevin Gameiro, qui a eu le temps d’avoir une énorme occasion, qu’il n’a pas su transformer.
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Un an. « Cela faisait un an, presque jour pour jour, que le PSG n’avait pas encaissé trois buts dans un match officiel, toutes compétitions confondues, remarque le Parisien. Il fallait remonter au 24 octobre 2010 avec une défaite 2 à 3 face à Auxerre en Ligue 1. »
Stats en vrac : les joueurs
30e pour Erding. En inscrivant le deuxième but parisien mercredi, Mevlüt Erding a porté à 30 son nombre de réalisations sous le maillot parisien.
Infos en vrac
Autres résultats. À noter l’élimination de Rennes (L1) par Le Mans (L2), aux tirs au but.
Dans la presse
Alexandre Chamoret, dans L’Équipe du 27 octobre 2011 :
Le leader du championnat a été éliminé de la coupe de la Ligue dès les huitièmes de finale […]. Après 21 minutes de jeu, la formation d’Antoine Kombouaré menait pourtant 0-2 face au promu et 13e de la L1… […] Mais le PSG s’est ensuite laissé aller à subir la vivacité des attaquants dijonnais. Deux erreurs de Lugano furent à l’origine de l’égalisation bourguignonne. Le défenseur du PSG fut d’abord sanctionné pour un tirage de maillot, pas si évident, sur Jovial dans la surface de réparation. […] Puis, sur un tir soudain des 20 mètres de Bérenguer, qui avait profité d’un débordement de Jovial, l’international uruguayen laissait flotter son marquage. Ensuite ? Jovial confirmait l’élan de la formation de Patrice Carteron sur un autre penalty, à la suite d’une faute de main dans la surface, de Camara cette fois. […]
La formation parisienne n’a pas été totalement sans ressort, c’est vrai. […] Mais cette élimination soulève plusieurs questions. Notamment celle de l’efficacité collective d’une équipe qui se cherche encore et joue régulièrement avec le feu. Celle aussi de la défense, inédite hier soir avec Cearà, Lugano, Camara et Sakho en position de latéral gauche. Et celle, plus particulièrement, de Lugano (30 ans), recruté l’été dernier par Leonardo et qui a, une nouvelle fois, montré ses limites du moment.
Sylvie de Macedo, dans le Parisien du 27 octobre 2011 :
Paris, quelle claque ! Malgré deux buts d’avance, les Parisiens ont subi la loi de Dijonnais particulièrement motivés. Une élimination qui fait déjà désordre. […] Le leader du championnat a dit adieu à la coupe de Ligue hier à Dijon (3-2). Et cette élimination risque de laisser bien des traces. Car Paris ne s’est pas contenté de perdre. Il a surtout subi une « piqûre de rappel » (dixit Kombouaré) chez un promu qui avait pourtant aligné une équipe bis. Le tout après avoir mené deux à zéro au bout de vingt minutes de jeu ! […] Si le coach de la capitale se refuse à donner les noms des fautifs, Diego Lugano est l’un d’entre eux. Voire même le principal artisan de cette troisième défaite du PSG de la saison. Il provoque le premier penalty et il oublie Bérenguer sur le deuxième but. Plus globalement, il est certainement aujourd’hui la plus mauvaise des neuf recrues estivales de Paris. Soit il n’est pas encore prêt, soit Leonardo s’est trompé sur la valeur de ce joueur.
Mais l’international uruguayen n’est pas le seul en cause. En alignant hier soir un onze de départ largement remanié et lançant des joueurs sur des postes qui ne sont pas les leurs, comme Sakho en tant que latéral gauche, ou Armand au milieu, Kombouaré a pris un sacré risque. « J’ai un effectif à gérer. Je dois faire des choix, se défend-il. Et j’assume toujours mes choix. Certains de mes joueurs, comme Pastore mais aussi Nenê, Gameiro ou Sissoko avaient besoin de souffler. » Et c’est bien le problème. Sans ses pointures, le PSG ne sait pas gagner. Même si Bahebeck et Erding ont marqué hier soir, cette élimination, mais aussi les piètres prestations européennes montrent que ce club ne possède pas l’effectif suffisant pour briller sur tous les tableaux.
Certes il s’agit là de la compétition la moins prestigieuse. Mais il n’est pas certain que les propriétaires qataris, qui veulent remporter une coupe nationale en plus du championnat et de la Ligue Europa, apprécient cette surprenante et humiliante élimination. Il ne reste donc plus à Paris qu’à prouver, et ce dès samedi face à Caen en Ligue 1, que ce n’était qu’un simple accident.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Je suis bien sûr très déçu du résultat qui nous élimine de cette compétition, mais pas du jeu de l’équipe. […] J’ai fait des choix. J’ai un effectif à gérer, je dois tenir compte des matches à répétition, de la santé des joueurs. J’ai toujours assumé mes choix. Mon idée est de toujours trouver les joueurs pour composer la meilleure équipe. […] Je ne parle jamais de l’arbitrage. Et puis, ce n’est pas à cause de l’arbitre que nous perdons. Nous avons commis des erreurs sur les buts dijonnais, nous avons manqué d’efficacité défensivement et offensivement, et nous avons touché la barre et le poteau à plusieurs reprises. […] Je ne pense pas que cette défaite laissera des traces. Mais c’est une piqûre de rappel, un avertissement pour les matches à venir. Il va falloir rebondir en championnat dès samedi contre Caen. Et continuer de travailler pour corriger ces petites erreurs qui causent de gros dégâts. » (source : lequipe.fr)
Christophe Jallet : « Peut-on parler d’une grosse claque ? Non. C’est une défaite, ni plus ni moins. On a débuté idéalement ce match, on aurait pu se le rendre facile, mais on leur a redonné confiance après avoir concédé le premier but. Après, c’était compliqué, ils étaient tous derrière et on n’a pas su trouver la faille. C’est une grosse désillusion, mais on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. On repart d’ici avec le sentiment du travail mal fait. […] Il faut qu’on soit conscients que rien ne sera facile cette saison. Mêmes menées, les équipes vendront chèrement leur peau. Mais oui, ce soir, on a pêché par suffisance. […] Cela prouve aussi qu’il reste du boulot et que nous n’avons pas droit au relâchement, sinon on le paie cash. Si on veut perdurer dans le haut du classement de la L1 et gagner le maximum de trophées, il ne faudra pas répéter les mêmes erreurs. Des fois, David mange Goliath. […] On n’aborde pas les matches de coupes en disant “On s’en fout”. On a été bien cadrés et l’objectif est d’aller le plus loin possible dans toutes les compétitions. C’est clair qu’il y a peut-être une plus grande motivation en championnat. Mais dans l’état d’esprit, ce n’est pas différent. » (source : le Parisien)
Patrice Carteron (entraîneur de Dijon) : « C’est une soirée magnifique. Après la montée en L1, vivre des matches comme ça, où on inverse la tendance alors qu’on est mené 0-2 face au leader du championnat, ça restera un énorme exploit dans l’histoire du club. […] Cela a été un match fou avec des retournements de situations. Et c’est la première qualification en quarts [de la coupe de la Ligue] de l’histoire. » (source : AFP)
Suspensions
Diego Lugano et Jérémy Ménez sont désormais sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement — tout comme Momo Sissoko.
Également averti, Mathieu Bodmer rejoint la liste des joueurs comptabilisant un carton jaune : Clément Chantôme, Sylvain Armand, Zoumana Camara, Mevlüt Erding et Blaise Matuidi.
Retrouvailles
Formé au PSG, Younousse Sankharé retrouvait son ancienne équipe.
Côté tribunes…
Affluence. 144 supporters parisiens ont pris place dans le parcage visiteurs, d’après les chiffres communiqués par la LFP. « De légers incidents (des jets de pétards notamment), impliquant environ 25 supporters du PSG, se sont déroulés dans le centre-ville de Dijon avant le match, indique le Parisien. Les forces de l’ordre ont dû intervenir en utilisant des gaz lacrymogènes mais ils n’ont procédé à aucune interpellation. »