Les enseignements du match
Les choix d’Antoine Kombouaré
En cette fin de saison, le PSG dispose d’un calendrier serré. Durant les deux prochaines semaines, Paris jouera quatre autres rencontres dont une finale de coupe de France. Avec un tel rythme, il est impossible pour le coach parisien d’aligner les onze mêmes joueurs à chaque match. Antoine Kombouaré va donc devoir jongler entre ses meilleurs éléments et ménager les Parisiens les moins enclins à enchaîner.
Contre Monaco, Mamadou Sakho, Guillaume Hoarau et Ludovic Giuly ont débuté sur le banc de touche. Cela veut très certainement dire que ceux-ci débuteront en revanche mardi contre Nancy — et à nouveau contre Lille, au moins pour les deux premiers. Le cas Giuly est un peu à part : vu son âge, il peut difficilement jouer plus d’une rencontre sur deux. En revanche, pour Hoarau et Sakho, Kombouaré est peut-être parti du principe qu’il faudra les faire souffler au moins sur une rencontre. Et l’entraîneur parisien a opté pour le match où leur présence était la moins indispensable.
L’adversaire monégasque a en effet pour principale qualité le jeu aérien, aussi bien offensivement que défensivement. Avec Hoarau devant, le PSG aurait pu être tenté de jouer plus souvent en hauteur. Or c’est le domaine dans lequel Hansson et Puygrenier, les défenseurs centraux monégasques, sont les meilleurs. L’idée était peut-être de ne pas jouer sur leur point fort, mais de compter sur les déplacements d’Erding, plus difficiles à suivre. Idem en défense : Camara a déjà prouvé que face aux attaquants qui jouent dos au but, en protection de balle, il sait s’y prendre. Le faire évoluer en lieu et place de Sakho ne présentait donc pas de risque majeur.
Ce léger turn-over présente également l’avantage d’impliquer tout le monde. Si Kombouaré était parti avec son onze habituel, ne faisant que des ajustements au gré des blessures et suspensions, il aurait pris le risque de perdre certains joueurs qui se seraient sentis inutiles. Et au moment de faire appel à eux, ils n’auraient peut-être pas été aussi performants que possible. Au contraire, après leur rencontre ce samedi, Zoumana Camara et Mevlüt Erding savent qu’ils sont partie prenante dans cette fin de saison, et même s’ils ne débutent pas la prochaine rencontre, Kombouaré pourra compter sur eux en cas de pépins.
Le sursaut de Mevlüt Erding
Ces derniers mois, les occasions de saluer une bonne performance d’Erding sont restées rares. Ce match à Monaco en est une : le Turc a probablement réalisé la meilleure rencontre de sa saison. À tel point que l’on a cru revoir le Mevlüt Erding de 2009/2010.
Dès les premières minutes de jeu, l’attaquant parisien a semblé être en confiance, et avoir fait abstraction de son récurrent manque de réussite. Ses déplacements étaient bons, ses prises de balles assurées, et ses coéquipiers l’ont vite compris, le servant dès que possible. En conséquence, Erding s’est créé trois occasions franches en première période, a été à l’origine d’une quatrième — celle de Chantôme — et a réédité la même performance en seconde période, avec quatre occasions franches dont un but qui n’avait rien d’évident.
Bien sûr, on pourra toujours lui reprocher de n’avoir marqué qu’un seul but. Mais ses occasions, il les doit autant au sens collectif de ses coéquipiers qu’à sa science des appels et sa bonne lecture du jeu. Et ses ratés n’en sont pas vraiment : Erding a cadré 6 tirs sur 9 d’après les statistiques officielles de la LFP — 4 sur 6 selon Opta, qui y voit « son record cette saison en L1 » —, et a pour seul tort d’avoir eu sur sa route un Sébastien Chabbert qui avait décidé de briller. La prestation d’Erding est donc plus qu’encourageante.
Dans L’Équipe comme dans le Parisien, Mevlüt Erding est crédité de la meilleure note du match. « Il a beaucoup couru et tenté en première période (11e, 19e, 23e, 29e), justifie le journal de Saint-Ouen. Ses tirs ont souvent trouvé un Chabbert inspiré (68e, 72e). Mais il a été récompensé par une égalisation d’une belle reprise de volée bien sentie (51e). Un gros travail défensif. »
De son côté, le quotidien sportif estime qu’« il a eu le mérite d’égaliser après de nombreuses tentatives, mais a aussi eu le malheur de tomber sur Chabbert (68e, 72e) ». Un encadré signé Jérôme Touboul est même consacré à la bonne prestation de l’attaquant turc :
Le match d’hier ne changera pas le jugement global : sauf fin de saison inoubliable, la deuxième année de Mevlüt Erding au PSG aura été mauvaise. Mais il faut reconnaître à l’attaquant parisien une énorme qualité, celle d’avoir dépassé la tentation du renoncement. Relégué sur le banc par la montée en puissance de Mathieu Bodmer, l’ancien Sochalien avait une occasion, hier, de faire bouger la hiérarchie nouvelle. Il a saisi cette chance avec caractère, inscrivant avec classe sa première réalisation en L1 depuis ses deux buts à Arles (2-1), le 29 janvier. Et s’il n’est pas passé loin d’un nouveau doublé, hier, il le doit plus aux réflexes de Chabbert qu’à ce manque de confiance face au but qui aura pollué sa saison. Erding le combatif respire encore. C’est une bonne nouvelle pour ce PSG dont aucun des dix derniers buts en championnat n’avait été marqué par un attaquant.
Les statistiques confirment cette impression : dans L’Équipe, Opta relève que Mevlüt Erding n’avait effectué « que 12 tirs (dont 6 cadrés), soit 1 toutes les 50 minutes [depuis son dernier but en championnat, fin janvier (voir plus bas)]. C’est presque deux fois moins que sur le reste de la saison (1 tir toutes les 27 minutes). » « Il a également touché 15 ballons dans la surface monégasque, son total le plus élevé en championnat cette saison », ajoute Opta.
Les vidéos de tous les buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : les joueurs
Fin de série pour Erding. Après Nenê qui, la semaine dernière, mettait fin à une série de 20 heures sans but en L1, c’est au tour de Mevlüt Erding d’inscrire son premier but depuis 10 heures : « Son dernier but en championnat remontait en effet au 29 janvier à Arles-Avignon (victoire 1-2) où il avait réussi un doublé », précise le Parisien.
Stats en vrac : l’équipe
Au moins 1 but encaissé à Monaco. « Le PSG n’a jamais gardé sa cage inviolée lors de ses 27 derniers déplacements à Monaco dans l’élite, une série qui remonte à la saison 1984/1985 », signale Opta.
Dégagements. « Sébastien Puygrenier (19) et Petter Hansson (16) ont effectué 35 dégagements, indique L’Équipe. Un record pour une charnière centrale cette saison en L1. »
Infos en vrac
Armand légèrement blessé. « Sylvain Armand s’est fait poser une poche de glace sur le genou gauche mais ne semble pas inquiet pour le match contre Nancy », indique le Parisien. « J’ai senti mon genou craquer en retombant après un duel, a expliqué le défenseur parisien à L’Équipe. Mais ce n’est pas très grave. » Le quotidien sportif estime cependant « probable » qu’il sera ménagé mardi face à Nancy. Ce dimanche midi, le Parisien annonce que « Cearà (hanche) et Armand (genou) passeront des examens lundi. Ils sont incertains pour la venue de Nancy. »
Dans la presse
Christophe Bérard, dans le Parisien du 8 mai 2011 :
Comme souvent, les coéquipiers de Makelele ont su ne pas se désunir quand l’adversaire ouvre le score. Cette force mentale est une nouvelle fois à louer. Mais si Lyon ne devait pas s’incliner ce soir, ce nul contre Monaco prendrait une saveur beaucoup plus amère. Celle des regrets de ne pas avoir su battre une équipe copieusement dominée et que le seul talent de son gardien Chabbert a sauvé.
Jérôme Touboul, dans L’Équipe du 8 mai 2011 :
C’est un point dont on mesurera le relief ce soir, aux alentours de 23 heures, après Lyon-Marseille. En attendant, le nul du PSG à Monaco a plutôt diffusé une « frustration » dans le vestiaire parisien, selon l’impression livrée par Christophe Jallet. Auparavant, Antoine Kombouaré avait été un peu plus dur à suivre lorsqu’il avait d’abord parlé de « déception » avant, quelques minutes plus tard, de qualifier de « très bon » le score du jour, venu entretenir une dynamique globalement positive (3 victoires, 2 nuls).
Performances. Mevlüt Erding hérite de la meilleure note du match dans les deux quotidiens spécialisés. « Il a eu le mérite d’égaliser après de nombreuses tentatives, mais a aussi eu le malheur de tomber sur Chabbert (68e, 72e) », résume L’Équipe. De son côté, le Parisien salue également « un gros travail défensif ». Les autres joueurs du PSG à l’honneur sont Sylvain Armand — qui « a dirigé la défense de main de maître » selon le quotidien sportif —, Marcos Cearà et Christophe Jallet.
Réactions
Antoine Kombouaré : « C’est d’abord une déception. Il y avait la place pour prendre les trois points. Contre le cours du jeu, Monaco ouvre le score. On revient logiquement au score. Ensuite, Chabbert effectue une grande partie. Mais je félicite mes joueurs, même si je trouve que l’on doit être plus efficace. On a fait ce qu’on savait faire : jouer, jouer, jouer. […] C’est contraint et forcé que je fais tourner. Mais le plus important, c’est de mettre la meilleure équipe sur le terrain, l’équipe la plus compétitive. C’est un très bon point dans l’optique de la troisième place. Maintenant, il faut valider ce point par une victoire. On a travaillé comme des fous pour avoir une fin de saison palpitante. L’objectif est de ne pas avoir des regrets. » (source : AFP)
Laurent Banide (entraîneur de Monaco) : « C’est un bon point pour Monaco. Le PSG est une belle équipe qui joue bien, qui est très dangereuse. […] Le but de Paris nous a mis dans une situation difficile. Il fallait fermer un peu tout pour essayer de garder ce point. C’est pour cela que l’on a fait ces changements après la pause. » (source : AFP)
Sébastien Chabbert : « Je pense avoir fait le boulot plus qu’autre chose. Il ne faut pas sortir un joueur du lot. […] Je pense qu’on a pris un bon point, même si on a joué avec une équipe défensive. […] En ce moment, on ne cherche pas le beau jeu. On n’a qu’un seul objectif, c’est le maintien. On attendra la saison prochaine pour voir du beau jeu. » (source : AFP)
Grégory Coupet : « Nous ressentons de la frustration car nous aurions pu prendre les trois points ce soir. On a joué face à une formation bien regroupée, très difficile à jouer et performante sur coups de pied arrêtés. Nous sommes également tombés sur un très bon gardien. Nous mettons un point dans notre escarcelle, on ne perd pas et on continue à avancer. » (source : PSG.FR)
Zoumana Camara : « On va dire que c’est un bon point car on était mené au score et on a su revenir, comme on le fait souvent depuis le début de saison. Après, sur la physionomie de la rencontre et vu les occasions que l’on a eues, ça laisse des regrets. On a logiquement égalisé et on aurait même pu prendre l’avantage et empocher les trois points. […] Maintenant, le temps d’une soirée, on est devant Lyon. On met la pression sur l’OL car, après les avoir talonnés, on les double. Ce n’est pas évident à gérer et ça les oblige à un résultat contre Marseille. » (source : le Parisien)
Suspensions
Averti samedi soir, Claude Makelele sera suspendu à Bordeaux.
Également averti, Mathieu Bodmer sera suspendu s’il écope d’un nouveau carton jaune d’ici la fin de la saison — tout comme Clément Chantôme. Mevlüt Erding est quant à lui en sursis jusqu’à la 35e journée de L1, Nenê jusqu’à la finale de la coupe de France et Siaka Tiéné jusqu’à la 36e journée.
Retrouvailles
Ludovic Giuly (1998-2004) et Nenê (2007/2008 puis 2009/2010) retrouvaient leur ancienne équipe. Aucun joueur de l’actuel effectif monégasque n’a joué à Paris auparavant.
Dans le passé en revanche, une trentaine de joueurs ont porté les deux maillots : Algerino, Benarbia, Bernard, Bravo, Édouard Cissé, Couriol, Cubilier, Da Fonseca, Debbah, Youri Djorkaëff, Dogliani, Floch, Gallardo, Gava, Giuly, Guignedoux, Leroux, Madar, Nyarko, Perez, Pierre-Fanfan, Poullain, Bruno Rodriguez, Rostagni, Rothen, Simba, Simone, Weah. Ricardo et Colleter ont par ailleurs entraîné Monaco après avoir joué au PSG.
Côté tribunes…
Affluence. 1 supporter parisien a fait le déplacement officiel organisé par le PSG, d’après les chiffres communiqués par la LFP. Par ailleurs, le Parisien estime « entre 400 et 500 » le nombre de supporters venus par leurs propres moyens. « Tout au long du match, ces indépendants issus des virages Auteuil et Boulogne ont alterné chants d’encouragements et insultes envers la direction et l’actionnaire du club », indique le quotidien francilien.