Les enseignements du match
Apoula Edel décisif
Critiqué comme jamais depuis quelques semaines, Apoula Edel a vu les sujets à son égard se multiplier dans les journaux ou émissions télé. En cause, le caractère non-décisif du portier parisien. À Nice, il a prouvé qu’il pouvait au moins l’être par moment, ce dont beaucoup de monde semblait douter. En effet, en fin de première période, alors que Paris mène et recule, Nice se crée trois situations franches. Trois occasions franches toutes stoppées superbement par Edel : une parade réflexe sur une tête, un centre en retrait détourné comme il fallait, et une prise de balle solide sur un tir à l’entrée de la surface.
Son avance ainsi préservée, Paris a pu repartir à l’attaque et marquer le second but débloquant la rencontre. Dans la lignée de sa belle prestation en Biélorussie, Edel montre qu’il n’est pas un gardien aussi exécrable que certains le disent. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ceux qui s’en prennent le plus facilement au joueur sont essentiellement des journalistes. Les divers consultants connaissant le métier sont en revanche plus mesurés : dans l’émission Les Spécimens vendredi dernier, et dans le Canal Football Club dimanche soir, Charles Villeneuve, Bruno Satin — agent de Landreau notamment —, Marco Simone et Christophe Dugarry ont pris la défense d’Edel.
Pour revenir au match de Nice, dans le camp d’en face se trouvait David Ospina, gardien pressenti pour rejoindre Paris l’an prochain. Si le Colombien a réalisé un grand nombre d’arrêts, et donc un bon match — bien que sa non-sortie soit coupable sur le premier but —, il ne faut pas pour autant en tirer des conclusions hâtives : un gardien abandonné par sa défense, et qui subit un grand nombre de tirs des adversaires a plus de chances de multiplier les interventions. Dans un club de plus grande envergure, la problématique est différente : il n’aura jamais à réaliser une demi-douzaine d’arrêts comme samedi soir, mais à se montrer décisif sur les rares incursions adverses. Et en ce sens, dire qu’Ospina serait à la hauteur est au mieux une supposition.
Paris dans le rythme
Après le long déplacement à Minsk et leur retour tardif, on craignait que les joueurs d’Antoine Kombouaré ne tiennent pas la distance face à une équipe niçoise qui avait pu se préparer toute la semaine, bien au chaud. Généralement, quand une équipe a joué moins de 72 heures auparavant, elle a soit du mal à démarrer la rencontre, soit du mal à la finir. Et finalement, le PSG a très bien commencé, et a parfaitement géré la dernière demi-heure. C’est seulement en milieu de première mi-temps et au début de la seconde que Paris a eu plus du mal, mais rien ne dit que cela tenait plus à des carences physiques qu’à la volonté des Azuréens de revenir dans la rencontre…
Même si nous ne sommes qu’au début d’une longue série de matches tous les trois jours — 11 rencontres en 5 semaines si le PSG se qualifie en Ligue Europa —, on voit que Paris gère pour l’instant cet enchaînement pour le mieux. Claude Makelele a d’ailleurs confirmé cette impression en fin de rencontre, en déclarant au micro de Foot+ que ses coéquipiers parvenaient mieux à garder le rythme de la compétition en jouant tous les trois jours. Il est à noter également que contre Nice, le banc du PSG a été bien utile : c’est la rentrée décisive de Clément — 95 % de passes réussies d’après les statistiques de la LFP — qui a permis au PSG de gérer la dernière demi-heure et d’enfoncer le clou.
Les vidéos de tous les buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : l’équipe
Le PSG est premier à l’extérieur ! En dépit d’une « atmosphère pacifiée » que l’on dit bien plus propice aux bons résultats, c’est au Parc des Princes que le PSG a pris du retard sur ses concurrents : Paris est premier à l’extérieur, mais seulement septième à domicile.
3 buts en L1, à l’extérieur. C’est la première fois depuis le 5 décembre 2010 (PSG 3-1 Brest) que le PSG inscrit au moins 3 buts en L1, et la première fois depuis le 11 septembre 2010 (PSG 4-0 Arles-Avignon) que Paris l’emporte par au moins 3 buts d’écart en championnat. À l’extérieur, il fallait remonter au 2 décembre 2009 (Boulogne 2-5 PSG) pour ces deux événements.
Victoire 0-3 en déplacement. Le dernier succès 0-3 du PSG à l’extérieur remontait à un déplacement à Lorient le 26 septembre 2007 en coupe de la Ligue. En championnat, il s’agissait d’un match à Nancy le 17 février 2007.
Une première depuis quatre mois ! C’est la première fois depuis le 16 octobre 2010 (Toulouse 0-2 PSG) que les Parisiens parviennent à inscrire au moins un but sans en encaisser. Depuis, Paris avait gardé ses buts inviolés à deux reprises seulement : contre Dortmund (0-0) et contre Lens (0-0).
Fin de la mauvaise série à Nice. Le PSG, qui n’avait plus gagné à Nice depuis avril 2004, restait sur cinq défaites consécutives sur la pelouse de l’OGCN. Face à Nice, Paris n’avait plus marqué depuis trois matches au général, et avait inscrit seulement 2 buts lors de ses cinq derniers déplacements.
Stats en vrac : les joueurs
Jérémy Clément au top. Rentré à 25 minutes de la fin du match, Jérémy Clément a touché 40 ballons, selon les stats officielles de la LFP. En extrapolant ce score sur une rencontre, cela donnerait près de 150 ballons touchés en un match ! À titre de comparaison, le Parisien ayant touché le plus de fois la balle dimanche fut Clément Chantôme, avec 73 interventions. L’ancien Lyonnais affiche par ailleurs un taux de passes réussies de 95 %, selon la même source.
Nenê impliqué sur les trois buts. Passeur décisif sur le but de Hoarau grâce à une ouverture lumineuse de l’extérieur du pied gauche, Nenê est également à l’origine des deux autres buts parisiens : sur le premier, il frappe le corner que le Réunionnais dévie pour Giuly ; sur le troisième, Armand reprend une frappe du Brésilien repoussée par Ospina.
Armand rentre dans l’histoire du PSG. En disputant dimanche son 309e match sous le maillot du PSG en compétition officielle, Sylvain Armand rejoint Mustapha Dahleb dans le top 5 des joueurs ayant disputé le plus de matches au PSG depuis 1970, derrière Pilorget (435), Susic et Le Guen (343) et Lama (328), selon les stats de Michel Kollar.
Hoarau : 17e, 30/30. Guillaume Hoarau a marqué son 30e but en L1, son 30e à l’intérieur de la surface de réparation, signale Opta. Il s’agit par ailleurs du 17e but de l’attaquant réunionnais cette saison toutes compétitions confondues.
Giuly, de la tête. « Ludovic Giuly est le troisième joueur du PSG qui marque de la tête cette saison en L1, après Hoarau et Nenê », relève Opta.
Infos en vrac
Bodmer était pris de vertiges. S’il a fait le déplacement à Nice, Mathieu Bodmer n’a finalement pas été aligné sur la feuille de match. « Il a eu un petit souci de santé, a expliqué Antoine Kombouaré après le match d’après lequipe.fr. Au réveil, il n’était pas en état de jouer. On a préféré le laisser à l’hôtel à Nice. » Il a été pris de vertiges, précise le Parisien, qui ajoute que « ces troubles pourraient être liés au choc thermique ».
Le turnover en question. Jeudi, en Ligue Europa, Antoine Kombouaré a fait tourner son effectif avec parcimonie : outre Armand — blessé — et Tiéné — suspendu —, l’entraîneur parisien s’était privé de Makelele, Bodmer et Hoarau. Les résultats lui ont donné raison, puisque c’est notamment grâce à Luyindula que le PSG a décroché un bon match nul 2-2 à l’extérieur, et que le PSG a déroulé ce dimanche à Nice. De son côté, Lille a laissé au repos l’essentiel de ses titulaires habituels face au PSV Eindhoven. Bilan : un match nul 2-2 concédé à domicile, et une défaite 1-0 à Montpellier ce dimanche, la première en L1 depuis le mois d’octobre.
Ressemblances : Hoarau sur les traces de Pauleta
Le but de Guillaume Hoarau (voir la vidéo plus haut) ressemble au premier but de Pauleta à Sochaux (1-2) en décembre 2004 :
Le but de Sylvain Armand (voir la vidéo plus haut) ressemble de son côté à celui inscrit par Nenê à Lorient en novembre dernier :
Le révélateur toujours mal placé
Un match couvert par les équipes de Canal+ ne serait pas complet sans une tentative de lancer une polémique arbitrale. À Nice, c’est David Berger qui a tenté de faire croire à une position de hors-jeu de Giuly sur son but. Bien aidé en cela par le fameux révélateur :
Si l’on suit la ligne fictive, Giuly est effectivement en position illicite… Sauf que le tracé remet une fois de plus en cause la légitimité de cet outil utilisé par Canal+ et la foi aveugle qu’ont les journalistes de la chaîne dans cette technologie : seules les parties en contact avec le sol sont prises en compte pour tracer la ligne. Ainsi Giuly serait hors-jeu si l’on se base sur les pieds d’Ospina… or le gardien a le corps en arrière, et la ligne devrait être positionnée plus en retrait.
Dans la presse
Frédéric Gouaillard, dans le Parisien du 21 février 2011 :
Après une défaite à Rennes et un nul devant Lens, les Parisiens ont très bien réagi. Vainqueurs avec application de timides Niçois, les voilà totalement relancés dans la course au titre. Ce matin, le PSG n’est toujours pas sur le podium de la L1, mais il n’a pas renoncé à y figurer à la fin du mois de mai. Sa victoire au terme d’un match sérieux tombe à pic le week-end où Lille connaît enfin la défaite et où les autres candidats à la Ligue des champions se sont montrés à leur avantage. Elle tend surtout à prouver que, loin de ses deux dernières sorties décevantes à Rennes (défaite 1-0) et face à Lens (0-0), Paris a retrouvé l’épaisseur d’un prétendant aux trois premières places. […] Dans la course à cinq équipes qui se dessine lors des quatorze dernières journées, le club de la capitale fait encore figure d’outsider. Les faiblesses affichées par des Niçois très décevants laissent en suspens certaines interrogations liées notamment à son réalisme offensif. Mais s’il répète les victoires comme celle d’hier sur la Côte d’Azur, le PSG ne pourra plus se cacher très longtemps.
Damien Degorre, L’Équipe du 21 février 2011 :
Il y a des matches qu’il ne faut pas se contenter de ne pas perdre et, à force d’entendre Antoine Kombouaré le leur répéter, les joueurs parisiens l’ont intégré. Hier, à Nice, une terre où ils n’avaient plus gagné depuis cinq ans [7 en réalité], ils ont signé leur prestation la plus accomplie de l’année 2011. […] Ils ont étalé un véritable réalisme offensif et fait preuve d’une solidité défensive retrouvée. Les ingrédients indispensables pour lutter avec Lille, Marseille, Rennes et Lyon en tête de la L1. Une course à cinq se dessine, le PSG n’endosse pas forcément l’habit du favori mais il a les moyens de rivaliser, s’il parvient à renouveler le même type de rencontre qu’hier soir, où on l’a vu appliqué, discipliné, inspiré et concentré. […] Paris a exposé quelques fragilités, dont un adversaire plus talentueux aurait sans doute profité. Le PSG ne dégage donc pas encore la puissance et l’équilibre qui feraient de cette équipe une évidence au moment de la remise des prix. […] Mais l’outsider retrouve certaines qualités affichées à l’automne, comme sa capacité à tuer un match […]. Il y a aussi cette faculté à laisser le jeu à l’adversaire, à bien défendre et à profiter du moindre espace pour sortir en contre. La seconde période du PSG, hier, fut un modèle du genre.
Performances. Trois joueurs ressortent du lot d’après le Parisien : Armand, Makelele (« des interventions bien senties et un sens du placement précieux. Plusieurs bonnes ouvertures pour ses attaquants ») et Nenê, qui devancent Edel (« une première mi-temps maîtrisée avec des arrêts opportuns, encore rehaussée par une superbe parade sur une tête de Mounier. Pas inquiété après la pause ») et Hoarau (« déterminant », « a apporté son écot défensif »). Selon le quotidien francilien, seuls Tiéné (« quelques soucis initiaux face à Ben Saada », « plus tranquille après la pause ») et surtout Erding (« à l’image de sa saison, il se bat mais commet beaucoup d’erreurs techniques évitables ») n’ont pas été au niveau de leurs coéquipiers. Pour L’Équipe, trois joueurs sont également à l’honneur, mais ce ne sont pas les mêmes : il s’agit selon le quotidien sportif de Hoarau (« il a pesé sur la défense niçoise jusqu’à l’obliger à craquer petit à petit, mais il a surtout su se montrer décisif dans cette rencontre en étant présent sur les deux premiers buts parisiens »), Edel (« a fait les arrêts qu’il fallait quand il le fallait ») et Armand (« un sans-faute en défense »). Les prestations de Giuly (« toujours aussi actif et disponible ») et Nenê (« sans être transcendant, a pesé sur le résultat ») sont également soulignées.
Réactions
Antoine Kombouaré : « J’ai apprécié la performance collective de mon équipe, son énorme solidité défensive. Quand on est solide derrière et qu’on récupère les ballons en milieu de terrain, on se projette plus facilement devant. Notre victoire ne se discute pas. Sans un grand Ospina, elle aurait pu être plus large encore. […] Il faudra rester très performant pour garder une chance d’être en avril et mai dans le sprint final. J’ai été très agréablement surpris par mon équipe. C’est la première fois que nous gagnons après un rendez-vous européen cette saison [la deuxième en réalité, après PSG 3-1 Brest]. Et pour la seconde fois [consécutive], nous n’avons pas pris de but. Voilà l’essentiel. Nous avons réussi à dégoûter les attaquants adverses et à être réalistes. » (source : AFP)
Sylvain Armand : « On a bien réagi après deux résultats négatifs. On prend des points. Il le fallait car les performances de nos concurrents, samedi, nous avaient mis un peu la pression. C’est une satisfaction, car on ne voulait pas d’un troisième match de suite sans succès en L1. On reste dans le peloton de tête. […] On prouve notre gros mental, comme jeudi en Ligue Europa où on a ramené un nul dans des conditions très difficiles (2-2). Même quand on a la pression, on négocie bien les rendez-vous. C’est nouveau par rapport aux saisons passées. […] On s’est trouvés en difficulté en fin de première période sur une ou deux situations adverses. On aurait pu se mettre à l’abri plus tôt. Mais on a affiché un bon état d’esprit. C’est bien de rebondir. […] On devait garder les bases de Rennes, car il y avait eu de bonnes choses là-bas, même si l’on avait manqué de réussite en ne concrétisant pas nos occasions. Mais on ne doutait pas. On avait juste peut-être un peu peur que nos attaquants doutent. Ce soir, il faut les féliciter car ils ont su nous mettre à l’abri. C’est ce qui nous a permis de jouer plus facile après. » (source : le Parisien)
Éric Roy : « C’est une leçon de réalisme, mais pas de foot. En première mi-temps, on paie au prix fort nos erreurs. Nous avons eu des occasions mais nous ne marquons toujours pas. Si ce n’est le déchet, je n’ai pas grand-chose à reprocher à mes joueurs dans l’utilisation du ballon et dans l’animation offensive. » (source : AFP)
Suspensions
Seul Parisien averti dimanche soir, Siaka Tiéné sera suspendu contre Le Mans en quarts de finale de la coupe de France.
Retrouvailles
Didier Digard (2007/2008) — capitaine —, Grégory Paisley (formé au club, parti en 2001) — titulaire —, Danijel Ljuboja (2003-2005) — rentré en jeu à la mi-temps —, Lionel Letizi (2000-2006), Ismaël Gace (préformé au club, entre 6 et 15 ans) et Larrys Mabiala (formé au club, parti en 2009) — remplaçants — retrouvaient leur ancien club. Par ailleurs, David Hellebuyck (2006/2007) était blessé.
Côté parisien, Sammy Traoré (remplaçant) a joué à l’OGC à Nice entre 2002 et 2006.
Côté tribunes…
Affluence. Sur les 8 655 spectateurs du stade du Ray dimanche soir, 12 avaient participé au déplacement officiel organisé par le PSG d’après la LFP.