[Débat] PSG : le turnover va-t-il profiter aux jeunes ?

Quitte à faire tourner, faut-il y aller franchement et lancer tous ces jeunes à la place de joueurs pour lesquels du repos ne serait pas un luxe ? C’est envisageable, mais cela semble risqué. Les Parisiens ne sont pas les Lillois, qui avaient peur de jouer trop de matches : les hommes de Kombouaré veulent aller le plus loin possible dans toutes les compétitions dans lesquelles ils sont encore engagés. Les performances d’une équipe sont généralement la résultante de séries. On a tôt fait de parler de spirales positives — ou négatives —, et la fatigue pouvant être générée par un excès de rencontres pourrait très bien être compensée par l’élan que procurent de bons résultats. De fait, aligner une équipe peuplée de nombreux jeunes joueurs — dont on ignore tout du rendement à ce niveau —, accompagnées d’autres qui ne sont pas toujours titulaires, est trop incertain, et risquerait de compromettre les chances de qualification.

De plus, ce n’est peut-être pas le meilleur cadeau à leur faire. La génération lancée en 2007 par Paul Le Guen a peut-être souffert du fait d’être intégrée massivement, tout d’abord en championnat, et ensuite en coupes au sein d’équipes hybrides. Quand Sankharé, Ngog, Ngoyi, Arnaud et même Sakho jouaient, ils formaient presque l’ossature du onze titulaire du PSG ; de fait, ressentaient de façon plus frontale la pression du résultat. Encore aujourd’hui, il est difficile de savoir si cela les a aidés ou si cela a freiné leur progression. Mais dans l’idéal, si un jeune est lancé, tout seul, au milieu de joueurs aguerris, il a vraisemblablement plus de chances d’être bien conseillé, donc décontracté, et donc meilleur. Pour la rencontre face au Mans, lancer les quatre jeunes — en plus de Makonda, toujours dans une zone de transit entre formation et groupe pro — peut paraître de fait un peu trop présomptueux. En revanche, la possibilité d’en titulariser un, et d’en lancer deux autres en cours de rencontre selon le résultat, s’apparente à une meilleure formule.

Parmi les quatre appelés, Neeskens Kebano est le plus proche de fêter sa première titularisation. Ses deux précédentes rentrées — à Martigues puis face au Bate Borisov — ont été remarquées, et il a la possibilité d’évoluer à un poste où une place est à prendre. En effet, avec Ludovic Giuly en tribunes et Jean-Eudes Maurice blessé, Antoine Kombouaré n’aura pas de solution évidente au poste d’ailier droit, à moins d’une pige de Jallet. Le coach parisien pourrait toutefois encore hésiter, car entre briller lors des quinze dernières minutes d’une rencontre et faire les efforts pendant plus d’une heure, il y a un gouffre que Kebano n’est peut être encore pas en mesure de franchir. Au milieu de terrain, Florian Makhedjouf a peut-être de quoi espérer. Makelele et Chantôme au repos, il n’y a que deux milieux axiaux pros : Clément et Bodmer. Les deux devraient débuter la rencontre, mais si Kombouaré veut jouer en 4-2-3-1, avec Bodmer en meneur, alors Makhedjouf serait la seule solution pour épauler Clément à la récupération… Quoi qu’il en soit, Bodmer étant régulièrement remplacé en cours de rencontre, Makhedjouf pourrait au moins jouer les dernières minutes.

Pour les deux autres appelés, la possibilité de fouler la pelouse est bien mois évidente. Si Paris fait largement la différence assez vite, l’entraîneur parisien pourrait avoir envie de les voir à l’œuvre, et dans ce cas-ci il serait plus facile de faire rentrer l’attaquant Bahebeck que le défenseur Landre. Le cas de ce dernier laisse également poindre une interrogation pour l’avenir. En cette fin de saison, faut-il privilégier les joueurs qui vont rester à ceux dont on sait qu’ils vont partir ? Il est ici question de Sammy Traoré. Le Malien va quitter le club cet été, à l’issue de son contrat. Du coup, quel que soit son niveau ou son état d’esprit, ne serait-il pas plus productif d’octroyer le temps de jeu qu’il pourrait avoir à Landre, afin de le jauger ? On se souvient qu’en 2005, Laurent Fournier avait, sur l’antépénultième match de la saison, préféré faire jouer le vieillissant Helder, sur le départ, plutôt que le jeune Badiane, alors très prometteur [1].

Quoi qu’il arrive, ce soir ces quatre jeunes auront au moins le plaisir de s’asseoir sur le banc lors d’un match des pros du PSG, et c’est un nouveau signal positif montré à cette génération, et plus globalement à tout le centre de formation.

Florian Makhedjouf

Photo Éric Baledent — PSGMAG.NET