Les enseignements du match
La gestion des jeunes
Au coup d’envoi de la rencontre, Antoine Kombouaré n’a finalement titularisé aucun des actuels pensionnaires du centre de formation. Hormis Makhedjouf, ceux appelés dans le groupe professionnel avaient joué ce dimanche une longue rencontre de coupe Gambardella, et n’étaient peut-être pas au mieux physiquement pour une première titularisation au haut niveau. Et vue la bonne première mi-temps du Mans, ce n’est pas plus mal d’avoir laissé des pros aguerris se casser les dents sur une défense bien organisée.
Lancés à un quart d’heure du terme théorique de la rencontre, Bahebeck et Kebano ont bien su profiter de la fatigue des adversaires pour s’en donner à cœur joie et s’engouffrer dans le moindre espace disponible. Jean-Christophe Bahebeck en particulier a été très remuant dès son entrée en jeu, tentant sa chance dès que possible. Neeskens Kebano a mis un peu plus de temps à rentrer dans la rencontre, mais une fois la prolongation entamée et les Manceaux réduits à dix, il a lui aussi fait parler sa qualité technique. Au final, l’un et l’autre ont été récompensés par un but. À noter que Florian Makhedjouf est également rentré pour les dix dernières minutes, une fois l’avantage au score acquis. Seul Loïck Landre n’est donc pas rentré en jeu.
Les bonnes performances de ces joueurs, si elles appellent encore d’autres rentrées, ne doivent toutefois pas générer une attente démesurée. Croire que ces joueurs sont déjà au niveau d’autres pros, même de ceux qui sont actuellement en difficulté — on peut penser à Erding —, serait aller un peu vite en besogne. Débuter une rencontre pour évoluer plus d’une heure, et rentrer quand les espaces sont là et les adversaires fatigués, ce n’est pas la même histoire. Loris Arnaud avait inscrit un doublé contre Bastia en coupe, Yannick Boli avait sauvé le PSG à Amiens, et ces joueurs n’ont pourtant pas confirmé ensuite. Il faut donc rester prudent, et ne pas voir tout de suite ces joueurs comme des sauveurs ou même des titulaires potentiels : ils sont encore en plein apprentissage — ils jouaient la saison dernière en U19, et ont débuté en CFA cette saison —, laissons leur le temps de progresser et de goûter petit à petit au haut niveau.
Christophe Jallet, l’homme à tout faire
Makelele, Chantôme et Bodmer ménagés, Kombouaré a innové au coup d’envoi de la rencontre : aux côtés de Jérémy Clément, il a aligné Christophe Jallet à la récupération. Si le choix peut surprendre, il s’agit pourtant du poste auquel l’habituel latéral évoluait lorsqu’il était à Niort (L2). Avec son coffre physique et son intelligence de jeu, il possède toutes les aptitudes pour faire l’affaire, au moins pour un match, dans l’entre-jeu. Et contre Le Mans, il s’est montré à la hauteur.
Mais l’expérience est allée plus loin : après l’expulsion de Zoumana Camara, Antoine Kombouaré lui a demandé de reculer en défense centrale. Là encore, ce n’était pas totalement inédit puisque cela lui est déjà arrivé à Lorient de prendre, très occasionnellement, l’axe de la défense. Et même si l’adversité mancelle n’était plus très vigoureuse à ce stade de la rencontre, il a tenu son poste avec sérieux. Arrière droit, milieu droit, arrière gauche, milieu récupérateur et enfin défenseur central, Christophe Jallet aura déjà connu cinq postes au PSG. Et le tout sans se plaindre, là où d’autres sont perdus dès lors qu’on les déplace de dix mètres sur le terrain…
Les vidéos de tous les buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac : le PSG en coupe de France
6 demi-finales en 10 ans ! Le PSG disputera les demi-finales de la coupe de France pour la sixième fois en dix ans. Sur cette période, Paris compte 3 victoires, 2 finales, 2 quarts et 2 huitièmes.
11 qualifications en 13 demis. Sur 13 demi-finales de coupe de France disputées depuis 1975, le PSG n’a été éliminé que deux fois : en 1974/1975 et en 1985/1986. Paris reste même sur neuf demi-finales victorieuses consécutives !
Invaincu à domicile depuis 9 ans. Le PSG n’a plus perdu à domicile en coupe de France depuis 2002 (0-1 contre Lorient). Depuis, les Parisiens ont enchaîné 13 victoires à domicile — et 25 matches à l’extérieur sur la même période [sans compter la finale, sur terrain neutre].
15 victoires de rang face à la L2. Le PSG a remporté ses 15 derniers matches de coupe de France face à des équipes de L2.
10 qualifications consécutives. « Le PSG est invaincu lors de ses 10 derniers matches de coupe de France », relève Opta.
Le PSG et les prolongations en coupe de France depuis 1970
12 qualifications sur 15. Le PSG a joué les prolongations à 26 reprises, pour un bilan de 21 qualifications et seulement 5 éliminations à la fin des prolongations ou à l’issue de la séance de tirs au but. Plus précisément, en 15 matches conclus par les prolongations, le PSG ne s’est fait éliminer que 3 fois : par Lens en demi-finale 1975, par Lyon en finale 2008 et par Rodez en huitièmes 2009.
Paris prend le large en prolongations. Sur les 11 victoires du PSG en prolongations — une qualification fut obtenue après une défaite en 1982, l’épreuve se disputant en matches aller-retour à l’époque —, sept furent obtenues en inscrivant 1 but durant les 30 minutes additionnelles, et quatre en inscrivant 2 buts.
Infos en vrac
Premier match, premiers buts. S’il avait déjà participé à un match amical au Maroc en début d’année, Jean-Christophe Bahebeck (17 ans) disputait mercredi son premier match officiel avec le PSG. Neeskens Kebano (18 ans — déjà rentré en jeu à Martigues et face au Bate Borisov) et lui ont inscrit leur premier but en pros avec le PSG. Champions de France des moins de 19 ans la saison dernière avec Paris, ils évoluent avec l’équipe réserve du club cette saison, en CFA.
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. « Tout le monde se serait bien passé de ces trente minutes supplémentaires, râle Laurent Perrin dans le Parisien. Les joueurs, déjà éreintés, et les spectateurs, pressés de rentrer chez eux au regard du spectacle offert. […] L’équipe alignée semblait solide, suffisamment armée, du moins, pour venir à bout du leader de Ligue 2. Mais sans fraîcheur, le talent ne sert à rien. Au bout d’un quart d’heure, l’équipe de Kombouaré paraissait déjà fatiguée, dans l’impossibilité de changer de rythme à l’image de Nenê. Très entreprenant, le Brésilien n’a jamais réussi à faire la différence. Incapable de dribbler Corchia et d’ajuster ses frappes, il manque de lucidité, de ressources et passe son temps à râler. Inquiétant… » Conclusion ? Il faut balancer la Ligue Europa, pardi ! De son côté, L’Équipe fait une autre analyse : « L’autre bonne nouvelle pour Paris, c’est le retour en forme de Nenê, qui a surpassé Corchia, côté gauche, et multiplié les tentatives de débordement et de centre. »
Dans la presse
Laurent Perrin, dans le Parisien du 3 mars 2011 :
La classe biberon a évité au club de la capitale une élimination moralement très dure à digérer. Paris s’est imposé sans gloire dans un Parc des Princes quasiment vide (12 760 spectateurs). Les absents n’ont pas eu tort. Hormis sur le penalty détourné par Coupet (19e), et lors de la prolongation, le public n’a eu aucune occasion tangible de s’enthousiasmer.
Alexandre Chamoret, dans L’Équipe du 3 mars 2011 :
Mardi, avant le match, Antoine Kombouaré déclarait qu’il ne fallait pas compter sur les jeunes pour la qualification. Mais ces ados-là n’ont pas pris leur entraîneur au mot, hier, face au Mans. Et portent ce matin tous les lauriers de la quatorzième qualification de l’histoire du club de la capitale en demi-finales de la coupe de France. Cette victoire obtenue dans la prolongation, le PSG la doit en effet à Jean-Christophe Bahebeck et Neeskens Kebano, deux novices du centre de formation parisien, âgés respectivement de dix-sept et dix-huit ans, et qui n’ont pas encore signé leur premier contrat professionnel. Entrés tous les deux à la place de Luyindula et Erding (76e), copieusement sifflés par le Parc des Princes pour leur manque d’efficacité, les deux jeunes milieux offensifs ont permis à Paris de se sortir d’un mauvais pas et de rester engagé sur trois tableaux (Championnat, Ligue Europa et donc, Coupe de France).
Performances. L’Équipe ne s’attarde pas sur la performance des joueurs, tandis que le Parisien se contente d’un carnet de notes non commentées, où il ressort que Coupet fut le meilleur joueur — devant Sakho —, et Camara le moins à l’aise, suivi par Erding.
Réactions
Antoine Kombouaré : « C’est une grosse performance collective car ce n’était pas facile, même si je pense honnêtement qu’on était bien meilleurs qu’eux. On s’est créé beaucoup de situations mais on s’est rajouté 30 minutes supplémentaires et ça c’est embêtant. La qualification va nous permettre de bien récupérer. On a fait le match qu’il fallait. On a juste pas été efficace et c’est ce qui a permis au Mans de se mettre en confiance. Je suis un entraîneur heureux. Ce soir, le fait de voir les jeunes marquer, c’est bien. Ça va certainement me donner des options pour la suite mais il faut être patient et ne pas s’enflammer. Ce qui est important, c’est de les protéger. Il ne faut pas leur mettre la pression. Ils sont là pour prendre du plaisir, ils n’ont aucune responsabilité. La seule chose que je leur demande, c’est de jouer comme ils le font chez les jeunes. La responsabilité, elle est pour les Erding, Hoarau, Bodmer ou Luyindula. » (source : AFP)
Grégory Coupet : « Ce n’est que du plaisir de retrouver le Parc et de gagner. Je suis super content mais je ne me focalise pas sur le penalty car ça s’est joué sur un coup de dés. Pour la suite, je suis surtout content d’avoir eu de bonnes sensations, une bonne lecture du jeu. Je ne me suis pas senti largué. Même moi je me suis surpris de ma réaction sur le penalty. J’étais encore tout vibrant sur le corner qui a suivi. C’est agréable de retrouver ces sensations. Ça récompense tout mon travail avec Gilles Bourges et Edel. J’ai fait un bon match. L’idéal pour moi maintenant, c’est d’aller au Stade de France. » (source : AFP)
Mamadou Sakho : « Le turnover nous a fait beaucoup de bien. Beaucoup de joueurs qui étaient présents contre Toulouse ont pu se reposer. Quand on me posait avant la question de savoir si le groupe était assez étoffé, je disais qu’on avait des jeunes de qualité. On l’a vu ce soir. Le groupe en a énormément profité. Ils sont restés très calmes après, sereins et on les a félicités. Ils sont jeunes, ils viennent d’arriver. On a des cadres pour les encadrer s’il le faut. Il faut les encourager, qu’ils continuent à travailler et à s’entraîner avec nous. Ils vont prendre de l’expérience. […] Kebano, c’est un joueur technique, un peu vif et intelligent dans son jeu, car il lâche le ballon quand il faut. Quant à « JC » Bahebeck, il va très vite avec le ballon. Je pense d’ailleurs même qu’il va plus vite avec que sans. Ils sont jeunes mais talentueux. Le groupe aura besoin de jeunes. Sur le terrain, on a senti la différence quand ils sont entrés. Ils ont apporté leur fraîcheur, leur fougue, leur insouciance. C’est une victoire collective, car tout le monde a fait beaucoup d’efforts. Je suis fier d’eux. » (source : AFP)
Arnaud Cormier (entraîneur du Mans) : « On fait presque le match qu’il fallait, il nous manque juste ce petit penalty. Il doit y avoir penalty et carton rouge. C’est ce que dit le règlement. Si on le marque, on gagne. Je pense que Paris aussi a été victime de notre jeunesse, de notre enthousiasme car l’équipe alignée au début était beaucoup plus jeune que celle de Paris. Notre expulsion est très sévère par rapport à cette micro-faute en milieu de terrain. » (source : AFP)
Les résultats des quarts de finale
Tous les résultats de mardi et mercredi :
Reims (L2) 2-3 (a.p.) Nice (L1)
Chambéry (CFA 2) 0-3 Angers (L2)
PSG (L1) 2-0 (a.p.) Le Mans (L2)
Lille (L1) 0-0 (5 t.a.b. à 3) Lorient (L1)
Bilan : tous les clubs qualifiés division par division
4 clubs sont qualifiés pour les demi-finales :
Ligue 1 : 3 clubs (Lille, Nice, PSG)
Ligue 2 : 1 club (Angers)
Le tirage au sort des demi-finales
Le tirage au sort des demi-finales sera effectué ce dimanche 6 mars durant l’émission Stade 2, diffusée sur France 2 à partir de 17h30. Les demi-finales seront disputées les mardi 19 et mercredi 20 avril 2011.
Suspensions
Expulsé mercredi soir, Zoumana Camara sera suspendu à Auxerre samedi.
Côté tribunes…
Affluence. 12 760 spectateurs étaient présents au Parc des Princes mercredi soir, d’après le PSG.