Les maillots du PSG pour la saison 2009/2010 sont contestés par les représentants des supporters parisiens. Pour mieux comprendre leurs motivations, nous les avons interrogés. En marge de notre enquête, nous vous proposons également les interviews individuelles de chacune de ces figures du mouvement supporter parisien.
Violalex, capo des Lutèce Falco (Auteuil) :
Le maillot est un symbole encore plus important que le stade. Lui seul permet en un coup d’œil d’identifier un supporter, et ce à travers toute l’Europe. C’est pourquoi il est dommage de travestir cette identité : de loin on ne verra de nos joueurs que le bleu. Dire que pendant un an ceux qui suivront le PSG auront l’impression de voir jouer Bordeaux…
Plus que les dirigeants, on a l’impression que c’est Nike qui choisit les maillots, les clubs ne les validant qu’à la marge… Cayzac aurait validé ce choix, que maintenant Boindrieux dit assumer.
Nous ciblons davantage Nike : les dirigeants actuels sont complices, et surtout manquent d’âme. Chez l’équipementier existe une volonté d’uniformiser, de présenter une nouvelle gamme de maillots chaque année. Là, ce sont des maillots rayés, style base-ball, tout le monde le même.
Nous avons une histoire particulière avec Nike, un accord tacite nous liait. Du moment que le code couleur était respecté, nous leur laissions toute latitude pour choisir les matières, le col, la taille des bandes. L’un des maillots préférés des Lutèce est celui de 1998/1999, où le bleu était un peu dégradé. Cela prouve bien que même en collant au design Hechter, on peut créer, innover. Là, ils ont changé pour changer et ce n’est plus le PSG.
Derrière ce mouvement il y a beaucoup de crispation. Parce que ce maillot qui nous permet de nous sentir Parisien aux yeux de tous devrait nous rendre fiers. Nous n’avons plus de bons résultats ni de grands joueurs alors qu’on nous laisse au moins notre stade et notre maillot, ce qui fait que l’on aime le PSG.
Il existe toute une palette d’actions allant du souple au plus désagréable. Mais pour le moment, nous essayons de nous montrer pédagogues. Il s’agit dans un premier temps de glorifier nos véritables couleurs, de relayer l’histoire de notre club. On veut user de diplomatie afin d’expliquer pourquoi, en tribunes populaires ce maillot ne sera pas le bienvenu. Cela passe par une volonté de proposer d’autres matériels qui valoriseraient nos couleurs.
Nous menons cette année un combat pour l’an prochain. Combat que nous savons un peu utopique.
Les vrais décideurs sont les équipementiers. Mais ils sont faciles à cibler. Le PSG n’aime pas que l’on fasse de la mauvaise pub à ses sponsors dans les tribunes populaires alors si la situation venait à se crisper encore plus, c’est là que nous agirions. Nous avons prévenu M. Boindrieux à ce sujet lors de nos réunions.
Boindrieux nous explique que le PSG a besoin de vendre des maillots afin de pouvoir récolter de l’argent pour acheter de bons joueurs. Il ferait mieux de prendre le problème dans l’autre sens : en achetant un bon joueur, il vendrait infiniment plus de maillots ! Dans un stade, on vend plus de flocage Fabregas que Pancrate…
Le plus important c’est de comprendre qu’on n’est pas un meilleur supporter juste parce que l’on achète un maillot, ou un produit dérivé. Surtout si ce maillot ne nous représente pas. Il y a bien sûr une identification avec ce que portent les joueurs mais l’histoire du PSG dépasse cette seule saison. Celui qui refusera de donner son argent au club sur ce maillot-là fera peut-être à terme davantage de bien au PSG.