Lyon, pour le supporter qui ne suit pas le foot de trop près, c’est un peu l’anti-PSG : un club qui remporte des titres dans la sérénité, et ne se trompe que rarement dans ce qu’il entreprend. Un cas à part. Sauf qu’en réalité, tout ce qui fait rire chez les Parisiens s’est bien souvent déjà produit chez les Lyonnais. En pire. Première partie : le recrutement et les éliminations piteuses en coupes.
Lyon, cette équipe de gagneurs
Ses sept titres consécutifs en poche, Lyon a beau jeu de se présenter comme une équipe à l’invincibilité quasi légendaire. Pendant ce temps-là, Paris perd contre les petits : qui n’a jamais entendu parler de Clermont-Foot, ce club qui avait éliminé le grand PSG en coupe de France en 1997 ? Voilà le genre de déconvenues qui n’arrivent pas à Lyon.
Il faut dire que si les Parisiens pèchent par excès de suffisance, les Rhodaniens, eux, respectent leurs adversaires, même modestes. Toute la différence entre un club strass et paillettes, et un autre qui défend de vraies valeurs.
Sauf que pas de bol, Lyon aussi a perdu contre Clermont-Foot en coupe de France. Eh oui ! Si tout le monde l’a oublié, le revers ne remonte pourtant pas à loin : en 2005, au cœur même de la main-mise de l’OL sur le championnat de France, l’ogre qui respecte les petits poucets s’est fait sortir de la coupe de France aux tirs au but par les Auvergnats [1]. Pire, depuis 1997/1998, là où le PSG ne s’est fait éliminer qu’une seule fois par une équipe de division inférieure [2], c’est à quatre reprises que Lyon a dû repartir tête basse ; sortis par une équipe largement inférieure sur le papier. La meilleure performance du genre, une élimination face aux amateurs de Libourne Saint-Seurin (CFA) [3]. Enfin, pas plus tard que l’année dernière, l’OL a quitté le coupe de la Ligue sur une gifle reçue face à Metz (L2), au stade de Gerland, par trois buts à un.
Pire, Lyon a vécu ce qui dessina sans doute la plus terrible humiliation pour un club français en Ligue des Champions. En 1999, les Gones quittent la course à la coupe aux grandes oreilles avant même d’en avoir pris le véritable départ. Renversés au tour préliminaire par les modestes joueurs du NK Maribor, un club slovène inconnu, les Lyonnais ne pourront même pas goûter à la phase de poules. Une terrifiante contre-performance qui, heureusement pour eux, ne soulèvera en dehors de leurs murs qu’une indifférence un peu gênée, et sera bien vite oubliée.
Pour comparer, l’année précédente, au même stade de la compétition, Paris avait perdu le match aller contre Bucarest 3 à 0, sur tapis vert. C’est la fameuse histoire du fax, qui fera rire plusieurs années les amateurs du genre. Mais après une semaine de moqueries, le PSG s’était quant à lui imposé au Parc par 5 buts à 0, arrachant sa qualification dans une ambiance indescriptible.
En 2001/2002, c’est le modeste club tchèque du Slovan Liberec qui, pour la deuxième participation européenne de son histoire, élimine l’OL. Pour finir sur le thème de la Ligue des Champions, il n’est pas anodin de noter que Lyon n’est jamais parvenu à dépasser les quarts de finale, ce qui le place donc derrière Marseille, Monaco, Nantes… et le Paris SG bien sûr, demi-finaliste de l’épreuve en 1995. Et que malgré les discours à vocation auto-persuasive, depuis trois saisons l’OL régresse et sort dès les huitièmes.
Lyon a des recruteurs sachant recruter
Comment Paris, avec son budget colossal, peut-il ne recruter que des joueurs aussi décevants ? Les flops retentissants engorgent les bords de Seine quand, entre Rhône et Saône on sait se montrer malin. Brésiliens inconnus débusqués au fin fond de la jungle amazonienne, et qui se révèlent une fois à Lyon, jeunes espoirs hexagonaux, l’OL ne se trompe que bien rarement. Ou pas…
Combien d’articles de presse, de reportages télé pour vanter la fameuse filière brésilienne de Lyon ? Là où le PSG s’embourbait avec un Ronaldinho aux mœurs dissolues, et d’autres Sud-Américains fantasques, Lyon quant à lui sortait Anderson, Juninho, Cacapa, Cris… Autant de cadres qui mèneront leur club à la victoire en championnat.
Mais dans quelle mesure les recruteurs de l’Olympique Lyonnais ont-ils vraiment découvert ces joueurs ? Sonny Anderson avait déjà évolué à Monaco et Marseille par le passé. Au rayon trouvaille, on a déjà vu plus difficile. Quant aux trois autres, ils ont tous évolué en équipe nationale au moins un an avant de rejoindre l’OL ! Là encore, le mythe de l’habile recruteur rhodanien qui découvre la perle rare que lui seul connaît a du plomb dans l’aile.
D’autant plus qu’à Lyon comme ailleurs, les transferts réussis ont valeur d’arbres cachant la forêt. Pour ces quatre Brésiliens au talent déjà reconnu, il faut rajouter les multiples fantômes qui marqueront plus de points-fidélité à Air France pour leurs allers-retours Brésil – Lyon – Brésil, que de buts en L1. Les Cleber Anderson, Nilmar et autres Fabio Santos riment tous avec déception. Avec une mention spéciale pour Fred, le spécialiste mondial des vacances à rallonge dans des zones où le portable ne passe malheureusement pas. Fabio Santos, viré du club après avoir agressé son propre entraîneur, Claude Puel, restant un must dans sa catégorie, lui aussi. Le buteur Giovane Elber et son désormais célèbre genou en plastique doit être considéré à part, puisque recruté à prix d’or à Munich… pour un faramineux total de onze buts inscrits en deux ans, entre deux opérations de la rotule.
Si l’on veut considérer toutes les nationalités, au rayon flops retentissants, la liste lyonnaise serait d’ailleurs trop longue. Baros, Carew, Frau, Pedretti, Delgado, Keita, Grosso ne sont que des exemples parmi bien d’autres. Si le PSG est bien loin de s’être montré infaillible question recrutement sur la même période, la réputation lyonnaise de génie des transferts semble quelque peu abusive. Disons surtout qu’avoir, et de très loin, le plus gros budget de France aide à remédier à certaines erreurs de casting assez flagrantes.
Première partie : le recrutement et les éliminations piteuses en coupes.
Deuxième partie : les faits divers et les supporters.