Entre les agents qui cherchent à placer leur poulain au meilleur prix, les joueurs sous contrat qui voudraient partir mais que leur club retient, ceux qui aimeraient rester mais qui se voient poussés vers la porte de sortie, les listes de Noël des entraîneurs et les coups de bluffs présidentiels — crise oblige —, le marché des transferts saison 2009/2010 démarre prudemment. Et si tout s’accélérait dans les jours à venir ?
Mevlut Erding aux enchères
Le cas de Mevlut Erding va se finaliser très rapidement. Tous les ingrédients du transfert inéluctable sont rassemblés. Le joueur a accordé un entretien à L’Équipe.fr dans lequel il ne laisse planer aucun doute quant à sa volonté de rejoindre le PSG : « J’ai toujours aimé le PSG, et cela fait longtemps que j’ai envie d’y jouer. »
Mais s’il faut se méfier des déclarations d’amour à l’emporte pièce, certains joueurs ayant de la place pour plusieurs « clubs de leur coeur », un détail dans cette interview rendrait un retour en arrière très difficile à gérer pour le club sochalien. Mevlut Erding précise : « J’ai entendu parler de leur intérêt [Lyon et Lille], mais je n’ai eu de contact direct avec personne. Kombouaré a été le seul à m’appeler pour me dire qu’il comptait sur moi et comment il souhaitait m’utiliser. Je ne fais pas mon choix pour des raisons financières : j’aurais pu gagner beaucoup plus à Lyon ou en signant dans un grand club turc. » À partir du moment où un joueur parle ouvertement au passé de ses contacts avec Lyon, il supprime toute marge de manœuvre à son président.
En effet, seul l’Olympique lyonnais semblait à même de lutter financièrement avec le PSG sur ce dossier. Ne reste plus au président Alexandre Lacombe que les pistes offres nancéennes (6,5 M€) pour tenter de faire encore un peu monter les enchères. Mais Paris, en situation de force grâce à l’opportune déclaration de l’attaquant turc, devrait emporter la décision autour des 7,5 M€ proposés hier, mâtinés de quelques primes en cas de plus-value à la revente.
Le dernier coup de bluff de Lacombe dans L’Équipe du 25 juin ne trompe personne : « Il n’y a pas d’accord et le dossier reste en stand-by. […] Il reste un problème d’euros. […] Après [le 30 juin] il sera trop tard. » Mais le coup de la date butoir, somme toute classique, ne convainc même pas le président lui-même : « Avec le PSG, on n’est quand même pas très éloignés sur le fond. » En tenant bon, le club de Kombouaré devrait donc très bientôt pouvoir compter sur Erding, sans même avoir à concéder d’efforts financiers supplémentaires.
Merlus aux deux parfums
Pour Christophe Jallet, les tractations occupent une place modeste dans la rubrique transferts. Non pas que la venue du défenseur lorientais ait moins de chances de se réaliser que celle de Mevlut Erding. C’est plutôt parce que les latéraux passionnent moins que leurs collègues attaquants. De plus, le buteur turc possède un statut d’international dont Jallet ne peut se prévaloir. Car les ingrédients nécessaires à l’imminente venue du Merlu ont tous fait leur apparition ces derniers jours. Après l’appel du pied de l’entraîneur parisien sur RMC — « notre priorité aujourd’hui, c’est d’avoir Coupet dans les buts, Erding devant, et on aurait déjà une belle équipe. Christophe Jallet nous intéresse aussi » —, le joueur n’a mis qu’une journée pour se décider à répondre, sur le même média : « ça fait chaud au cœur d’entendre ça de la part d’un entraîneur, surtout quand c’est celui du PSG. J’ai envie d’y aller à 200 %. J’espère que les deux clubs vont trouver un accord. Moi c’est déjà fait. Ça bloque un peu entre les deux clubs. Après, je ne suis pas décideur du montant du transfert. Mais je serais très déçu de ne pas rejoindre le PSG. » Stratégie concertée ? Très possible. On évoque un montant compris entre 2 M€ et 3 M€.
Pour Jérémy Morel, autre défenseur tango, les choses sont moins simples. Si la presse évoquait fin mai la présence de la cellule de recrutement du PSG au stade du Moustoir, il semblerait bien que certaines rumeurs aient induit l’agent du pauvre latéral gauche en erreur. Difficile de savoir a priori qui était visé, et si le Nouvel Obs pariait sur Ciani, d’autres ont évoqué la possibilité Morel… qui a cru bon de clarifier les choses : oui, le gaucher est prêt à rejoindre le Camp des Loges. Et même à pied s’il le faut, comme le montrent ses propos recueillis par le site Internet de L’Équipe : « J’ai besoin de partir pour voir autre chose, redécouvrir la concurrence parce qu’à Lorient, on peut avoir tendance à se reposer sur ses lauriers. Si le PSG frappe à ma porte, je signerais volontiers, surtout si Christophe Jallet vient aussi. »
Mais, malheureusement pour lui, il semblerait que cette déclaration spontanée d’intérêt doive rester lettre morte. S’il avait lu les propos du président lorientais, retranscrits le 14 juin sur RMC.fr, les choses auraient été plus claires : « Pour l’instant, on n’a qu’une seule offre du Paris Saint-Germain pour un seul joueur, et cette offre ne nous convient pas du tout. Il s’agit de Benjamin (sic) Jallet. »
Jérémy Morel devrait donc être rangé dans le rayon des joueurs qui, sans doute sur les conseils avisés de leur agent, se disent dans le viseur du PSG. Il se retrouverait ainsi aux côtés de Damien Le Tallec (« C’est vrai que Valence me plaît beaucoup. Mais je n’ai pas que Valence : il y a le PSG aussi. C’est mon club de cœur donc on va voir. », sur Football 365) —, Franck Signorino (« Je serais forcément intéressé [si le PSG l’appelait]. C’est mon club de cœur avec le FC Metz. Mais est-ce que le Paris Saint-Germain est intéressé par Franck Signorino ? Ce n’est pas sûr… », sur Football 365), Grégory Cerdan (« Il y a aussi Montpellier qui a engagé des discussions avec mes représentants. Et puis, il y a le PSG. », dans Aujourd’hui Sport). Les agents de joueurs ont compris où était leur intérêt. Une simple rumeur de transfert concernant le Paris Saint-Germain fera toujours plus de bruit que la marque d’intérêt, même réelle, d’un club comme Grenoble ; ils alimentent donc les rubriques mercato en laissant traîner toutes sortes de pistes, souvent infondées. Mieux vaut ne pas trop compter sur la venue de ces footballeurs qui ne font en définitive que proposer plus ou moins habilement leurs services.
Guillaume Hoarau, le vrai-faux transfert
Autre cas de rumeur infondée, le transfert de Guillaume Hoarau à Lyon. Infondée parce que ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la Aulas… On connaît trop les ruses du président lyonnais pour se faire attraper par ce qui n’est qu’une énième tentative de déstabilisation du PSG. Le 8 juin, Aujourd’hui Sport expliquait que l’OL avait essayé de prendre contact avec Hoarau : « par l’intermédiaire de Marino Faccioli, les Lyonnais ont ainsi contacté à plusieurs reprises Thierry Gras, l’agent du joueur, avec des arguments financiers très intéressants. » Quelques jours plus tard, le président de l’Olympique lyonnais déclarait avoir adressé au PSG une proposition à hauteur de 10 M€ pour s’adjoindre les services du meilleur buteur parisien de la dernière saison.
Une stratégie qui ne cadre guère avec les habitudes du dirigeant rhodanien, adepte du culte du secret et de l’offre qui ne se refuse pas (Keita, Ederson…). Cette fois, non seulement Jean-Michel Aulas communique sur un dossier délicat, mais il ne met sur la table qu’une somme ridicule. Surtout quand on sait que Sochaux exigeait 12 M€ pour Erding, et Lorient au moins 10 M€ pour Gameiro.
Un salaire très alléchant pour le joueur mais une indemnité de transfert inacceptable pour le club… Les ingrédients d’un bon clash entre Hoarau et la direction du PSG, au moment où l’attaquant négocie au augmentation salariale. Plutôt que renforcer son attaque en recrutant Hoarau, c’est davantage une augmentation de la masse salariale du PSG que rechercherait Jean-Michel Aulas. Un coup de poker menteur comme le marché des transferts en réserve chaque année.
Que son joueur ait envie ou non de rejoindre Lyon, l’agent du buteur réunionnais s’en moque : il a tout intérêt à laisser parler Aulas, afin d’arriver à la table des négociation avec en main une mirobolante proposition lyonnaise. Heureusement pour les Parisiens, Hoarau a une nouvelle fois montré une classe certaine, gardant le silence plutôt que de jouer la carte de l’affrontement ou du sordide marchandage.
Après le bluff des enchères, les appels du pied et le poker menteur, reste le bon gros mensonge. Mickaël Landreau déclarait le 25 juin dans L’Équipe qu’il souhaitait rejoindre Lille : « j’ai bon espoir que cela se fasse vite. Il n’y a pas de raison. Les dirigeants des deux clubs s’apprécient. » Plutôt savoureux… surtout quand on sait qu’il y a quelques années, après les transferts ratés d’Abidal et Tavlaridis, le président Seydoux déclarait que lui vivant, aucun Lillois ne rejoindrait jamais le PSG, et qu’il souhaitait ne plus avoir à traiter avec le club parisien. Décidément, ces transferts obligent les acteurs du football à bien des propos fantaisistes…
