Vendredi 26 août, au lendemain du match retour des barrages de la Ligue Europe PSG-Differdange, un de nos lecteurs, Adrian Cariller, nous a contactés pour nous faire part d’un « incident » survenu la veille au Parc des Princes. « Un groupe d’Argentins avait préparé un tifo aux couleurs argentines pour saluer Pastore, et les stewards sont intervenus de façon tendue pour le leur faire retirer, nous explique Adrian. Ce groupe d’Argentins très pacifiques était en fait la délégation argentine de la coupe du monde des sans-abris. »
La délégation argentine de la coupe du monde des sans-abris privée de drapeau
Adrian nous a transmis la vidéo de l’entretien qu’il a réalisé à l’issue du match avec un membre de la délégation, dont nous retranscrivons les réponses ci-dessous.
Je suis Argentin, et je suis venu avec une délégation qui participe à la coupe du monde de football des personnes sans-abri.
Nous avons déployé sur la tribune où nous étions un drapeau argentin, sur lequel est inscrit « La Cava », le nom de la ville de la délégation argentine — c’est une ville située à 20 km de Buenos Aires. Nous chantions « Pastore, Pastore », parce que nous étions avec lui hier [1], et que nous voulions le saluer […], ce qui me semble normal.
Les stewards sont venus, de façon assez tendue, pour nous demander d’enlever le drapeau. […] Ils nous ont dit que c’était interdit, qu’ici on est à Paris et qu’il ne peut pas y avoir d’autres drapeaux dans les tribunes. […] Nous avons constaté que les stewards étaient très tendus, nous nous sommes sentis très mal accueillis. […]
Ai-je senti que c’était injuste ? C’était injuste, et surtout ridicule. Il n’y avait rien de méchant sur les drapeaux. J’ai expliqué que nous étions là simplement pour saluer Pastore, et que moi aussi j’aime bien le PSG. (Il montre qu’il porte un maillot du PSG.)
« J’ai trouvé la situation très injuste »
Nous avons interrogé Adrian pour en savoir plus sur les événements auxquels il a réagi.
Où et quand ces événements ont-ils eu lieu ?
Cela s’est passé durant la mi-temps, en tribune K bleu, juste en dessous de l’entrée la plus proche de la tribune Boulogne. Le drapeau argentin était déployé sur le muret, tenu par deux cordes. Les Argentins voulaient que Pastore puisse voir le drapeau en entrant sur le terrain. La petite altercation a duré environ cinq minutes.
Que s’est-il passé ?
Les membres de la délégation étaient au moins une dizaine. Les stewards sont arrivés à sept ou huit pour leur demander de retirer le drapeau. C’était tendu, mais je ne crois pas avoir vu de coups. Les stewards ont été brutaux dans leur ton, mais je n’ai pas entendu clairement la teneur des discussions. Les stewards ont encore haussé le ton quand ils ont vu que les Argentins ne faisaient que retirer le drapeau. Le responsable a donc dû descendre jusqu’à la consigne, alors que le match avait repris.
Pourquoi avez-vous tenu à les interroger après le match ?
Je me suis réabonné cette année — je l’étais depuis 2007, sauf l’année dernière —, pensant qu’avec Leproux dehors, certaines mesures allaient cesser et que l’âme du Parc pourrait revenir. Quand j’ai vu ces gens, qui voulaient pacifiquement se faire entendre pour clamer leur amour d’un joueur et du club, se faire traiter de cette manière, j’ai eu envie d’en savoir plus et d’en parler. D’autre part je fais partie du staff d’une émission sur une webradio dont les animateurs sont en école de journalisme, et j’ai pris ce genre de réflexes. Enfin quand j’ai su de quelle délégation il s’agissait, j’ai trouvé la situation plus injuste encore !
Quelles sont les animations autorisées au Parc ?
En février dernier, une simple banderole indiquant « NON », déployée sur le muret de la tribune B bleu, avait dû être retirée à la demande des stewards, comme le montrait une vidéo réalisée par le site pariscompagnylive.com.
Avant la mise en place du plan Tous PSG, les drapeaux déployés dans chacun des deux virages étaient considérés comme des sources de tensions. En août 2010, lors du match PSG-Maccabi Tel-Aviv, le directeur de cabinet du préfet de police de Paris, Jean-Louis Fiamenghi, avait indiqué à l’AFP que les drapeaux israéliens et palestiniens seraient interdits pour ce match-là. « On dit : “Attention, vous venez assister à un match, supporters israéliens comme supporters du PSG, n’amenez pas de drapeaux de pays israéliens, palestiniens, etc.” Parce ce que ça on ne le laissera pas passer. On ne veut pas que les tensions s’exacerbent. »
Plus d’un an après, lors d’un match entre le PSG et le FC Differdange — un club amateur luxembourgeois —, c’est une délégation de supporters argentins qui a été empêchée par le service de sécurité du club parisien de déployer un drapeau aux couleurs de leur pays. Tous les drapeaux sont-ils désormais interdits au Parc des Princes ?
Afin de connaître la position du club — qu’est-ce qui est autorisé, qu’est-ce qui ne l’est pas, et pour quelles raisons ? —, nous avons contacté le PSG vendredi après-midi, par l’intermédiaire de son directeur de la communication. Ce mercredi, cinq jours après notre sollicitation, il ne nous avait pas répondu.
Le directeur de la communication du PSG, Bruno Skropeta, nous a rappelés mercredi midi afin de nous indiquer que le sujet « supporters » ne relevait pas de son domaine. Jean-Philippe d’Hallivillée, directeur de la sécurité et des relations avec les supporters du PSG, n’était quant à lui pas joignable mercredi midi.