Pour taper sur l’ambulance qu’est le PSG après trois défaites consécutives, vous pouvez toujours compter sur l’indémodable le Parisien. En début de semaine, les journalistes de ce quotidien détenaient LA solution idéale pour faire gagner le PSG : recruter le meilleur joueur du monde pour 1 ou 2 millions d’euros [1]. Depuis, chaque article tente de battre le record d’occurrences du mot crise. Après Monaco, la déclinaison web du quotidien évoquait un PSG en déroute face à Monaco, et qui basculait dans la deuxième partie du classement… à la 10e place ! Par la suite, après avoir dénigré tous les membres du club anonymement [2], le Parisien donne la parole à des inconnus qui regrettent la grande époque… des Okocha et Ronaldinho ! Ça ne s’invente pas.
L’Équipe s’y met aussi, en invoquant Christophe Dugarry, chroniqueur et consultant tout-puissant, qui répand la bonne parole sur tout et n’importe quoi et qui sait exactement ce qu’il faut au club — même s’il ne sait rien de la façon dont un club est géré au quotidien. Mais aussi en mettant en avant des chiffres et statistiques complètement farfelues : Paris n’a pas gagné contre des équipes de haut de tableau — Lille et Auxerre ne comptent pas —, et n’est remonté qu’une seule fois au score : face au Mans. Le match à Boulogne-sur-Mer n’a donc jamais existé.
L’AFP n’est pas en reste, qui résumait la défaite contre Monaco ainsi : « Le PSG sombre dans le ridicule ». Le but monégasque est considéré comme « la goutte d’eau de trop dans un océan de médiocrité », et l’élimination en coupe de la Ligue par les professionnels de Guingamp est qualifiée de « terrible humiliation ».
Loin de ces deux médias de référence, pour lire du mal du PSG vous pouvez aussi parcourir les leaders de l’information footballistique sur la toile : Maxifoot, qui s’étonne et s’indigne que les supporters n’aient pas encore mis le Camp des Loges à feu et à sang, ou Football 365 qui multiplie les erreurs pour en arriver à considérer que depuis quelques années le PSG connaît une crise de janvier — il faut dire que lors des deux saisons précédentes, le PSG n’avait remporté que 9 matches sur 12 en janvier… Le tout avec des titres mettant en avant l’amour des auteurs pour la langue française.
Enfin, la solution ultime pour renouveler son stock de critiques à propos du PSG : les blogs d’experts. Vous pouvez aller consulter le récent billet de Vikash Dhorasoo, qui semble trouver anormal que le PSG ne recrute que des grands noms en fin de carrière — la question étant de savoir s’il s’englobe dedans. Ou alors aller voir l’incontournable Daniel Riolo, qui après avoir dit tout au long de l’an dernier que l’effectif valait obligatoirement une place dans les trois premiers, considère maintenant que cet effectif, quasiment similaire, est la source de tous les maux parisiens. Enfin le mystérieux Jacques Péridon emploie sa meilleure prose pour nous montrer qu’il est resté bloqué un an en arrière en accusant… Paul Le Guen d’être responsable de la situation actuelle.
Voilà, avec tout cela, personne ne pourra dire que nous ignorions ce qu’il se dit de mal sur le PSG, et si vous voulez en savoir plus, nous vous avons donné toutes les pistes. Maintenant, faisons plus original, et regardons ce qui peut inciter à l’optimisme dans l’environnement parisien.
1- Un banc densifié
Après sa superbe passe décisive contre Lille, Maurice a de nouveau prouvé face à Monaco qu’il méritait que les supporters parisiens retiennent de lui autre chose que l’aspect cocasse de son prénom. Rentré dans une équipe assommée par un coup du sort, Jean-Eudes a pourtant su tirer son épingle du jeu au sein de l’attaque parisienne, étant proche d’adresser deux nouvelles passes décisives. De son côté, Ngoyi a lui aussi vu son match recueillir des commentaires positifs dans la presse, le journal le Parisien [3] jugeant l’espoir du PSG « attentif et présent dans les duels, appliqué à jouer simple et propre ».
À travers ces deux jeunes, c’est le banc du PSG qui gagne en crédibilité. Car si demander à ces espoirs d’assumer un statut de leaders ou même de titulaires reste aujourd’hui absurde, ils prouvent toutefois qu’ils pourront doucement rentrer dans la rotation. Kombouaré devrait désormais compter sur eux pour apporter une solide alternative en fin de match.
Ces performances appellent confirmation, mais couplées aux retours de Hoarau et Sessegnon, elles ouvrent de nouvelles possibilités de gestion du banc de touche.
2- Des détonateurs sur les côtés
Comme prévu, la Can est achevée pour le Bénin de Sessegnon. Il n’aura été finalement absent que durant cinq rencontres, dont trois de coupes nationales qu’il n’aurait pas forcément joué. Un moindre mal. Toujours est-il que celui qui est considéré comme le principal milieu offensif de l’effectif parisien va pouvoir reprendre sa place… côté gauche. Une hérésie pour beaucoup, pourtant, ces derniers matches dans cette position ont montré que le numéro 10 parisien pouvait se montrer très à son aise s’il y mettait de la bonne volonté : contre Grenoble et Saint-Étienne, il avait multiplié les bons appels, les dribbles utiles et les centres précis, tout en s’appliquant bien à rester sur son côté gauche et à ne pas déséquilibrer l’équipe.
À droite, c’est Giuly qui semble revenir à un niveau convenable. Décevant contre Guingamp en pointe, aligné milieu droit face à Monaco, il a été dans de nombreux bons coups : passeur sur la première occasion de Luyindula et sur son tir sur le poteau, il lui aussi frappé la barre transversale par la suite. Giuly n’est évidemment pas le plus grand spécialiste du poste, mais il ne faut pas oublier qu’en début de saison, alors en pleine forme physique, il avait effectué de bonnes prestations, étant un grand artisan du bon démarrage parisien.
Le retour de ces deux hommes devrait permettre au PSG de déstabiliser plus facilement les défenses adverses. Et Christophe Jallet ne sera plus le seul joueur de couloir capable de porter le ballon vers la surface adverse.
3- Le catalyseur Hoarau
Jusque-là, le PSG a passé l’essentiel de sa saison sans son meilleur buteur. Certains diraient même de son meilleur joueur. À titre de comparaison, proposez aux Marseillais de se priver de Niang, aux Lyonnais de Lisandro et aux Girondins de Gourcuff et voyez si sur la durée, les résultats de ces équipes ne fléchissent pas !
Rentré en jeu pour les dernières vingt minutes du match contre Monaco, Hoarau a modifié à lui seul l’animation offensive du PSG. On pouvait craindre un manque de rythme, des repères à reconquérir, mais il n’en fut rien. Quelques ballons auront suffi au Réunionnais pour retrouver toute son influence dans le jeu.
Placé juste derrière le second attaquant dans ce rôle de pivot qu’il maîtrisait si bien l’an passé, Guillaume Hoarau a réussi quelques déviation de la tête pour Erding. Forcément encourageant, quand on se remémore le peu de longs ballons que le PSG parvenait à exploiter ces dernières semaines. Sa seule présence a permis au bloc parisien de jouer immédiatement plus haut, et aux défenseurs d’avoir des solutions de relance bien plus simples. Sur coups de pied arrêtés, même si le buteur n’a pu se mettre en valeur face à Monaco, il n’en mobilisait pas moins plusieurs des plus athlétiques défenseurs adverses, ce qui libère des espaces pour les autres Parisiens.
Autre motif de satisfaction, les deux occasions que Hoarau a su se procurer. Certes, il lui a manqué une pointe de lucidité dans le dernier geste, face à un gardien en état de grâce. Mais ces occasions montraient de la vivacité dans la percussion, et la volonté de s’ouvrir le chemin des buts… S’il ne pourra logiquement pas disputer l’intégralité d’une rencontre avant quelques matches, par manque de foncier, en revanche l’explosivité et la vision du jeu répondent déjà présentes.
4- Edel et Sakho acquièrent de l’expérience
Placer Mamadou Sakho et Edel Apoula dans une liste des raisons d’y croire après qu’ils aient l’un et l’autre marqué contre leur camp en l’espace d’une semaine pourrait passer pour une provocation. Pourtant, tous deux devraient beaucoup retirer de ces terribles erreurs.
Au micro de France Télévisions, Emmanuel Petit rappelait qu’à l’âge de Sakho, Lilian Thuram — modèle avoué du jeune Parisien — avait fait une erreur grossière face à Metz [4]. En Ligue des Champions à Barcelone, Bernard Lama lui aussi s’était montré coupable d’une grossière faute de main [5]. Les exemples de manquent pas, même chez les plus grands.
Ces maladresses sont souvent la marque d’une pointe de suffisance, ou de déconcentration. Un gardien qui, voyant le ballon facile, lève la tête un peu trop tôt afin de relancer rapidement. Un défenseur qui, au lieu de dégager de la tête croit pouvoir tenter une volée sur son mauvais pied.
Certes prometteurs, Edel comme Sakho n’en demeurent pas moins des espoirs du football au plus haut niveau. Ils poursuivent encore leur apprentissage. Or, il faut parfois que l’apprenti se coince les doigts dans la porte pour comprendre combien cela fait mal.
L’un comme l’autre ont commis la boulette qui coûte cher. L’un comme l’autre ont bénéficié du soutien de leurs coéquipiers. La leçon devrait porter ses fruits. L’expérience chèrement acquise profiterait alors à l’ensemble du PSG.
5- Un calendrier très favorable
Le PSG ne gagne que très peu contre les gros et s’en sort aisément face aux petits. C’est en tout cas ce qui ressort de la première moitié de saison, avec bon nombre de défaites chez les cadors, et de larges victoires face aux clubs de bas de classement. Mais de ce côté-là, le calendrier parisien va être plutôt arrangeant. En effet, une fois passée la rencontre à Lyon, Paris aura déjà affronté à l’extérieur toutes les équipes présumées fortes – avec beaucoup de défaites à la clé. Mais ensuite, les joueurs de Kombouaré iront batailler à Nancy, Lens, Nice, Auxerre, Saint-Étienne, Grenoble et Le Mans. Rien de bien insurmontable pour revenir comblés de toutes ces tribulations.
Et ce décompte met en avant une autre particularité : le PSG jouera plus de rencontres à domicile qu’à l’extérieur. Or, en dépit des accrocs face à Nice et Monaco au Parc – deux résultats réalisés contre le cours du jeu – Paris s’est montré globalement souverain dans son stade.
Enfin, en affrontant Lille, Monaco puis Lyon en ce début d’année, Paris aura enchaîné les clubs possédant en leur rang les gardiens les plus en forme actuellement : Landreau — même s’il n’a rien eu à faire —, Ruffier — lui a sauvé son équipe — et Lloris — qui ne parviendra peut-être pas à sauver son équipe comme à l’aller. Pour résumer, le PSG n’affrontera presque plus de gros clubs en déplacement, jouera plus de rencontres à domicile, et aura à faire avec des gardiens au talent plus incertain.
Bien sûr, le même argument avait été avancé l’an dernier, à la même époque : la fin de championnat paraissait aisée, et pourtant, cela n’avait pas été le cas. Mais cette fois-ci, les joueurs seront moins fatigués, et peut-être n’y aura-t-il pas de nouveaux conflits internes étalés dans la presse. Le groupe parisien pourrait alors aborder sa fin de saison plus sereinement.
6- Une révolte enfin palpable
Contre Monaco, le PSG n’est toujours pas parvenu à renverser la vapeur une fois mené au score. Si l’on veut se borner aux statistiques pures et dures, le PSG a donc encore failli. Mais en regardant au-delà, sur le contenu de la rencontre, il est évident que cette défaite s’est déroulée de façon tout à fait différente des autres. Contre Marseille, Toulouse, Rennes ou Lille, une fois mené, le PSG n’avait pas réussi à réagir. L’équipe ne parvenait pas à mettre la pression sur le but adverse, ni même à attaquer parfois. Ce qui a fait dire à certains observateurs que le PSG était une équipe de sénateurs, manquant cruellement d’envie.
Contre Monaco, le PSG a bel et bien tout tenté, et ce même avant d’être mené. Le nombre d’occasions en est témoin, le nombre de centres sur la rencontre — 50, dont 26 pour le seul Jallet — également : Paris a agi, réagi, et n’a pour une fois pas été spectateur des événements. Des images ne trompent pas : Makelele, pourtant réputé pour son manque d’allant offensif, qui multiplie les courses vers l’avant ; plusieurs membres de l’effectif qui viennent réconforter Edel après son erreur ; les remplaçants qui, une fois sur le terrain, veulent faire la différence immédiatement ; Armand qui force Alonso à quitter plus vite le terrain. Tous ces signes montrent qu’il n’y a pas eu acceptation de la défaite, ni résignation. D’autant plus méritant de la part des joueurs, devant un public pris dans des conflits internes ou des revendications face à l’actionnaire du club…