Contrairement à la saison passée, le match OM-PSG n’a pas tenu ses promesses. Surtout, les Parisiens repartent sans point et sans grand motif de satisfaction.
Le match en bref
Compte tenu du contexte un peu particulier de cette semaine de football marquée par la qualification laborieuse des Bleus contre l’Irlande et les débats qui en ont suivi, cette confrontation entre l’OM et le PSG s’est préparée dans l’anonymat le plus complet. Il n’est pas sûr que Canal+ y ait vraiment gagné en insistant pour placer le match à cette date. Toujours est-il que cette absence d’engouement a rejailli sur la rencontre, d’une très faible intensité de bout en bout.
Antoine Kombouaré, privé de Hoarau (blessé) et Makelele (suspendu), avait décidé de remodeler un peu sa formation en plaçant Jérémy Clément seul à la récupération, avec devant lui Chantôme et Sessegnon en relanceurs-créateurs. Jallet avait été préféré à Giuly pour animer le côté droit, et surtout, ce match marquait le grand retour de Zoumana Camara. Côté marseillais, l’objectif affiché était de renforcer le secteur défensif, suite aux 5 buts encaissés face à l’OL. Deschamps avait donc remis en place la rugueuse charnière centrale Diawara-Heinze.
Les Marseillais entament fort la rencontre, voulant marquer très vite : ils se créent d’emblée deux belles opportunités de la tête. Par la suite, la domination territoriale de l’OM continue, mais les occasions se font très rares. Les Marseillais s’appliquent avant tout à ne laisser aucun espace aux Parisiens, et tentent juste d’exploser sur des récupérations hautes. Les Parisiens quant à eux ne trouvent aucune solution dans la moitié de terrain adverse : les milieux de terrains manquent l’essentiel de leurs transmissions, et Erding passe le plus clair de son temps à courir dans le vent.
Sur un des nombreux coup-francs gracieusement offerts par l’arbitre Laurent Duhamel, les locaux ouvrent la marque : Abriel expédie le ballon dans la surface ; à la réception, Diawara et Heinze — légèrement hors-jeu au départ de l’action — se télescopent, le ballon rebondit sur la tête de l’Argentin qui lobe Grégory Coupet (1-0, 25e). Le but est certes particulièrement chanceux, mais l’erreur de marquage qui fait qu’Armand se retrouve seul face à deux joueurs est assez alarmante. Une fois de plus cette saison, cela met en Paris avant le plus gros défaut de Sakho — à créditer d’un très bon match par ailleurs : il n’est pas suffisamment attentif à ce qui se passe dans son dos.
Paris est donc mené et, sans vraiment réagir dans le jeu, se procure sa seule vraie occasion de la rencontre : Jallet tire un coup-franc lointain, Erding dans la surface parvient à contrôler et à frapper en pivot. Mandanda réalise une belle horizontale pour repousser la balle dans les pieds de Camara, signalé — à tort - hors-jeu. Et juste avant la mi-temps, Mamadou Niang manque de doubler la mise sur une frappe lointaine. Heureusement, Coupet se rattrape de sa détente minime sur le but en expédiant ce ballon-ci sur son poteau.
La deuxième mi-temps reprend, et malheureusement, les bases restent identiques. Marseille domine, sans toutefois mettre réellement en danger Coupet — seule une frappe de loin de Cheyrou repoussée en catastrophe par Coupet est à signaler au rang des occasions. Et Paris patine complètement, ne serait-ce que pour amener la balle aux environs de la surface adverse.
Les quinze dernières minutes changeront un peu le visage de ce match bien terne. Kombouaré fait rentrer Giuly puis Maurice. La présence de ces nouveaux attaquants et la volonté des Marseillais d’abandonner le ballon permettent au PSG d’avoir plus de possibilités. Un seul semblant d’occasion viendra pourtant : Luyindula réussit à bien décaler Maurice dans la surface. Malheureusement, le jeune Franco-Haïtien rate son contrôle, alors qu’il pouvait s’ouvrir le but. Laurent Duhamel met fin à la rencontre avant même le terme du temps additionnel, et Paris perd donc à nouveau un but à zéro.
Bilan du match
Faut-il pour autant s’alarmer de cette défaite ? A priori oui, parce que ce match a été réellement le plus mauvais effectué par les Parisiens depuis le début de saison. L’erreur habituelle de marquage a eu lieu, et a valu un but ; offensivement, le PSG n’a absolument rien proposé. Alors qu’auparavant, même lors des matches moyens, il y avait toujours quelques situations intéressantes à se mettre sous la dent.
Néanmoins, il y a quelques nuances à apporter. D’une, malgré la défaite, le retour de Camara, et plus globalement de ce qui peut s’apparenter à une défense-type, a fait énormément de bien à l’équipe. Il faut insister sur le fait que, malgré une grosse domination territoriale, Marseille n’a eu que très peu d’occasions. Et la partie n’était pourtant pas évident face à Niang et à un Brandao protégé par les arbitres.
D’autre part, il faut mettre en avant une difficulté, qui est cependant la même pour l’essentiel des équipes de L1. Le calendrier est cette année très mal découpé. Depuis le mois de septembre, le PSG n’enchaîne aucune série de rencontres, le rythme est complètement saccadé, et les phases d’interruptions internationales ne cessent de se succéder. Difficile de mettre quoi que ce soit en place dans ces conditions, et surtout, il est impossible qu’une équipe en plein doute puisse obtenir des certitudes sans jouer. L’an dernier, à l’automne, le PSG ne jouait pas mieux et n’obtenait pas forcément de meilleurs résultats. Mais les rencontres se déroulaient tous les trois jours, et les joueurs n’avaient pas le temps de ressasser leur défaite : ils pouvaient se racheter illico, et après un parcours assez sinusoïdal en début de saison, ils ont fini par enchaîner les bons résultats. Jusque-là, le PSG ne pouvait pas avoir d’acquis. La série de matches qui se profile lui sera certainement bien plus profitable.
La question du jour
Que doit faire un Marseillais pour être sanctionné d’un carton jaune — voire d’un rouge ? Faut-il qu’il marche de bon cœur sur la cuisse d’un joueur à terre comme l’a fait Mbia sur Sessegnon dès la cinquième minute ? Visiblement non, puisque l’acte n’aura fait l’objet que de remontrances… adressées également à Sessegnon. Puisqu’il y a quand même une justice, Mbia finira par sortir sur blessure, après s’être tordu la cheville en marchant sur le pied d’Erding…
Mais si ce genre de geste ne suffit pas, que faut-il ? Un tacle par derrière, les deux pieds décollés du sol de Brandao sur Chantôme ? Un pied haut de Brandao qui arrive sur le tibia d’Armand ? Une multiplication improbable des fautes de ce même Brandao ? Un pied haut de Valbuena qui provoque un saignement du nez d’Armand ? Laurent Duhamel a décidé que ces ignobles agressions ne méritaient pas sanction. Dans L’Équipe, Bruno Derrien estime que Brandao « aurait dû être expulsé » et que Mbia aurait mérité « au minimum un avertissement ».
S’il a finalement sorti un jaune à Valbuena sur une semelle par derrière et à Cissé sur un tacle trop engagé, Duhamel a aussi innové en avertissant Sessegnon, alors que celui-ci s’est juste retourné, sans mettre ni le pied, ni les bras en opposition, quand Heinze est arrivé lancé à pleine vitesse le long de la touche. Ce carton jaune injustifié entraîne la suspension automatique du Béninois à Boulogne-sur-Mer (voir plus bas). Même le journal La Provence ne comprend pas :
Stéphane Duhamel [l’arbitre s’appelait en fait Laurent…] a distribué un carton sévère à Sessegnon pour une faute inexistante.
Quoi qu’il en soit, cet échantillon de gestes, que Christian Gourcuff pourrait s’amuser à condamner, met en avant le comportement des joueurs marseillais, et de l’arbitrage à leur égard depuis quelques saisons. Sans parler d’erreurs grossières, il s’agit réellement d’un laxisme ambiant des officiels, sûrement influencés par le public et le climat, qui laissent les Sudistes jouer à leur guise. En plus des agressions caractérisées qui ne sont jamais sanctionnées à leur juste valeur, on voit des Marseillais qui jouent continuellement des épaules, des bras, qui laissent traîner les pieds, et qui offensivement, se jettent par terre au moindre contact, et obtiennent très facilement des coup-francs bien placés sans qu’il n’y ait de faute avérée.
Hier, il s’est ajouté une volonté de discuter massivement toute décision qui semble contraire aux intérêts marseillais, frisant parfois le summum du ridicule. On a vu par exemple Brandao expliquer que c’était la tête d’Armand qui était allée se figer sur le crampon de Valbuena. Mais le summum de l’idiotie revient à Gabriel Heinze — qui bizarrement ne semblait pas si énervant quand il portait le maillot parisien : après son but, l’Argentin vient réclamer une faute auprès de l’arbitre : il se plaint d’avoir reçu un coup à la mâchoire, sauf que le coup en question venait de son coéquipier Diawara. Que voulait-il en invectivant l’arbitre ? Que l’on annule le but et qu’on siffle faute contre Diawara ? Dans ce cas-là, on ne peut qu’acquiescer…
Le marronnier de Canal+
Gabriel Heinze, l’ancien Parisien, a donc marqué contre le PSG. Il n’a donc pas fallu longtemps pour qu’un journaliste, en l’occurrence Grégoire Margotton — et il ne sera probablement pas le seul —, développe une des plus célèbres idées reçues concernant le club de la capitale : Paris encaisse énormément de buts de ses anciens joueurs. Margotton emploiera même le terme de marronnier pour accompagner cette indication. Sur ce point, il n’est pas loin de la vérité : dans le jargon de la presse, un marronnier est une information sans importance, utilisée par des journalistes pour meubler…
Quant à la véracité de l’information, elle être très contestable : le PSG affronte très régulièrement des équipes comportant des anciens joueurs, sans que ceux-ci ne se distinguent à chaque fois. Vendredi, avec Abriel, Cissé et Heinze, près d’un Marseillais sur trois avait déjà joué à Paris auparavant. Par ailleurs, comme nous l’avions observé en début de saison, le fait qu’un joueur marque contre son ancien club est d’une grande banalité : cela se produit de façon tout à fait régulière dans toutes les équipes. Cela peut même se produire plusieurs fois par journée de championnat, sans que cela ne concerne le PSG. Cette saison par exemple, Giuly a marqué face à Lyon et Erding contre Sochaux. Mais cette information capitale que constitue le but d’un joueur contre son ancien club n’est signalée que lorsqu’il est question du PSG, laissant supposer qu’il s’agit là d’exceptions. Un peu comme si on ne parlait de l’épidémie de grippe que pour annoncer les nouveaux cas détectés en Île-de-France…
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Un but par match. C’est la huitième rencontre de championnat consécutive au cours de laquelle le PSG encaisse au moins un but. Ce fut le cas lors de 11 matches sur 12 : seul Lille, battu 3-0 au Parc des Princes, n’a pas marqué face à Paris.
Retrouvailles
Fabrice Abriel (formé au club, parti en 2001), Édouard Cissé (1997/1998, 1999-2002 puis 2004-2007) et Gabriel Heinze (2001-2004) ont évolué au PSG dans le passé.
Côté parisien, Claude Makelele (1997/1998) — suspendu vendredi —, Zoumana Camara (2000-2002) et Peguy Luyindula (2004-2005) ont également porté le maillot marseillais.
Le point sur les suspensions
Inexplicablement averti vendredi soir, Stéphane Sessegnon sera suspendu à Boulogne-sur-Mer mercredi 2 décembre (14e journée), le Béninois ayant écopé d’un match de suspension avec sursis après son exclusion à Monaco — outre deux matches ferme.
Granddi Ngoyi est toujours sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement. Par ailleurs, Bourillon, Chantôme, Clément, Luyindula et Sakho seront menacés en cas de nouvel avertissement.
Banderoles, tribunes et photos
Les photos des tribunes sont disponibles sur les sites habituels :
le fil dédié au match de Mouvement Ultra.
Le site officiel du Paris SG propose également des photos du match et des tribunes.