Durant cette intersaison, le PSG est loin d’avoir fait les gros titres avec les transferts, et ce n’est peut-être pas un mal. Les joueurs qui sèchent les entraînements pour se faire transférer (Rami, Gignac), les prix exorbitants dépensés pour des joueurs qui ont encore beaucoup de choses à prouver, la surabondance de joueurs sous contrat, le départ de joueurs clés ou la difficulté à recruter à certains postes : tout ceci est pour les autres clubs. Le PSG a vécu finalement un mercato assez calme, avec des négociations qui, bien qu’ayant semblé longues, se sont toujours déroulées assez sereinement.
Tout ceci trouve son explication dans un constat assez simple : malgré sa conclusion délicate, le PSG a réalisé un exercice 2008/2009 plutôt bon, avec huit mois de très belle facture. À l’aube d’une saison sans la fatigue générée par la coupe d’Europe, et on l’espère sans aucun conflit administratif, la solution la plus sage consistait à consolider l’existant. Jusqu’à présent, mis à part Landreau, les départs ont été anecdotiques, et une bonne partie des efforts a été logiquement déployés à prolonger les joueurs les plus susceptibles de s’en aller. Les cas Hoarau, Sessegnon, et dans une moindre mesure Armand et Ceara, ont ainsi été réglés assez vite. Le PSG a gardé tous ses joueurs importants, toujours à l’exception de Landreau [1]. Et pour se convaincre qu’il ne s’agit pas d’une chose aisée, il suffit de regarder ce qu’il s’est passé dans les autres clubs : Toulouse a perdu son gardien et a du mal à stabiliser la situation de son attaquant vedette, Bordeaux a perdu son patron de défense, ne l’a toujours pas remplacé, et n’est pas à l’abri d’un départ soudain de Chamakh, Lyon a dû se résoudre à vendre Benzema, Lille a vu le départ de Bastos, son meilleur joueur, et l’OM a vendu son capitaine Cana…
Grégory Coupet remplace Mickaël Landreau
Un choix d’avenir…
Le PSG n’a donc enregistré qu’un seul départ majeur, celui de Mickaël Landreau. Celui-ci fut initié par la volonté du joueur, qui souhaitait s’en aller. Et que l’on juge ce départ dommageable ou non, il faut bien dire que le dossier a été mené sans heurt : le jour même de l’annonce du départ de l’ancien Nantais, le PSG annonçait ce qui était attendu depuis quelques temps, la signature de Grégory Coupet. Il n’y a pas eu de situation délicate avec deux gardiens de très bon niveau devant cohabiter, ou encore problématique avec l’absence de joueur d’envergure à ce poste capitale : Landreau est parti, Coupet l’a remplacé aussitôt, la vie continue.
Quant au choix de Grégory Coupet, il a de prime abord de quoi faire grincer quelques dents. Son âge avancé, son salaire [2], le fait qu’il ait été pendant longtemps un des êtres les plus représentatifs du côté arrogant de l’OL et, surtout, certaines attitudes passées qui ne lui ont pas vraiment servi [3] sont autant de munitions pour tous ses détracteurs. Mais depuis la reprise de l’entraînement, Coupet a réussi à faire taire quelques sceptiques.
Avant même sa signature, un projet mis en avant par le Parisien présentait des aspects très intéressants. Seuls les faits confirmeront cette hypothèse, mais d’après le quotidien francilien, la venue de Coupet se serait faite avec l’intention d’installer progressivement l’actuel numéro 2, Edel, dans les cages parisiennes. De celui-ci, tout le monde dit du bien, Jérôme Alonzo avait même affirmé à l’occasion du jubilé Pauleta que le Camerounais avait déjà largement le niveau pour être titulaire en L1, et que sa réussite dépendrait de ses qualités mentales. Dès lors, si telle est l’intention des Parisiens, on comprend mieux que les recruteurs aient privilégié la piste Coupet plutôt que celles menant à des gardiens plus jeunes comme Ruffier ou Douchez : faire signer ces joueurs aurait signifié ne jamais faire confiance à Edel. En revanche, faire signer un gardien sur la fin, mais qui présente encore un très bon niveau, présente l’intérêt de pouvoir amener une transition toute en douceur et forcément bénéfique pour le gardien débutant : le jour où Edel sera définitivement lancé dans le grand bain, il aura déjà pu bénéficier des conseils avisés d’Alonzo, Landreau et Coupet. Cela ressemble à une politique placée à moyen terme qui n’était, jusqu’à ces dernières années, que très peu courante au PSG.
… mais pour tout gagner tout de suite
Même sans évoquer ces considérations hypothétiques, le recrutement de Coupet semble déjà s’être avéré efficace au niveau de l’état d’esprit. Toutes les personnes qui ont assisté à un entraînement du PSG depuis la reprise disent avoir été assez impressionnées par le professionnalisme dont fait preuve l’ancien portier des Bleus. À 36 ans, il continue à travailler toutes ses gammes et à vouloir toujours progresser. Cette attitude se ressent également dans son discours. L’interview qu’il a donnée à France Football vendredi dernier en est le meilleur exemple. Alors que l’an dernier, la plupart des cadres disaient, à juste titre, que le PSG ne pouvait vraiment pas viser trop haut — la fin de saison a d’ailleurs confirmé qu’il s’agissait plus de lucidité que de défaitisme -,- Grégory Coupet a le mérite d’apporter un discours clairement différent car très volontariste :
Néanmoins, je sens dans les propos une certaine retenue au moment d’annoncer les ambitions alors qu’on doit viser haut pour avoir un minimum. C’est en ce sens que ma venue s’est faite. Je martèle à mes coéquipiers, en effet, qu’il n’y a pas de raison d’être modeste. De l’extérieur, ça peut être vu comme de la prétention, mais il faut être très ambitieux. […]
Paris doit jouer la première place. J’ose me mouiller. Ça va peut-être faire parler, mais on a des joueurs de qualité et on ne dispute pas de coupe d’Europe. Alors c’est clair, on a tout pour foncer : un potentiel public énorme, un stade magnifique. Mais il faut être conscient de nos possibilités et y croire. […]
Si on est consciencieux, parfaitement professionnel, déterminé, enthousiaste, optimiste et volontaire, il n’y a pas de raison de se rabaisser par rapport aux autres équipes. Pourquoi être modeste ?
Ceux qui se plaignaient du manque d’ambition du PSG 2008/2009 sont désormais servis avec un tel discours. Et cette influence se ressent déjà sur ses coéquipiers, lorsque l’on lit la récente interview de Sylvain Armand sur le site officiel, où celui-ci ne peut s’empêcher de se référer à son nouveau portier :
L’effectif a été renforcé avec de jeunes joueurs et d’autres plus expérimentés, comme Grégory Coupet, qui apporte une culture de la gagne intéressante. […]
Il faut avoir de l’ambition et retrouver le haut du classement avec des résultats corrects tout au long de la saison. On ne bâtit pas une équipe du jour au lendemain, comme l’a dit Greg [Coupet], Lyon n’a pas été champion sept fois de suite du jour au lendemain.
Par ailleurs, le PSG a mené une petite révolution dans l’univers de ses gardiens avec l’arrivée au poste de préparateur spécifique de Nicolas Dehon, l’homme qui a accompagné Mandanda vers le haut-niveau, et au poste de troisième gardien, celle de Willy Grondin, joueur relativement expérimenté [4]. Kombouaré a présenté la venue de ce dernier en précisant qu’après quelques pépins, un troisième gardien pouvait très vite se retrouver en première ligne, et qu’il valait mieux avoir une valeur sûre. Les observateurs de la CFA du PSG, qui redoutaient que Stéphane Véron soit amené à disputer un match avec les pros, ne pourront qu’adhérer à ce discours.
Christophe Jallet, un homme à tout faire
Pour le secteur défensif, le PSG n’a pour l’instant fait venir qu’un seul joueur, Christophe Jallet. Antoine Kombouaré a lui-même annoncé qu’il ne songeait à recruter personne dans ce secteur de jeu, et ce malgré la blessure embêtante de Zoumana Camara. Mais la seule arrivée de Christophe Jallet, concrétisée dans un relatif anonymat, est probablement d’une très grande utilité. L’an dernier, Paul Le Guen a dû bricoler à plusieurs reprises des défenses efficaces pour la bonne et simple raison que les Rouge et Bleu n’avaient aucune profondeur de banc aux postes de latéraux. Ceara a dû enchaîner les matches sur son côté droit, et quand il ne pouvait plus physiquement, c’est Sammy Traoré qui a dû assurer l’intérim. Un joueur pas vraiment fait pour le poste… Quand Armand s’est tordu le genou à Toulouse, c’est le jeune Tripy Makonda qui fut propulsé titulaire. Cela s’est fait avec réussite, mais ne manquait pas d’incertitudes [5]. Même en défense centrale, le PSG s’est retrouvé démuni à plusieurs reprises : le PSG a débuté deux fois consécutivement un match avec la charnière centrale Traoré-Mabiala, soit deux remplaçants, dont un très inexpérimenté. Du coup, il n’y avait pas besoin de réfléchir beaucoup pour voir qu’il manquait au PSG un joueur polyvalent en défense, une sorte de bouche-trou capable de pallier n’importe quelle absence.
Et c’est en ce sens que la venue de Christophe Jallet est une aubaine. Pour moins d’un quart du prix supposé d’Adil Rami, le PSG a donc recruté un latéral droit qui : a déjà dépanné à Lorient en défense centrale, explique lui-même qu’il peut jouer au poste d’arrière gauche, était venu à Lorient à l’origine pour jouer milieu droit, et a également débuté sa carrière en tant que demi défensif. Pour ce qui est de sa qualité réelle, tout reste bien sûr à voir, et l’on attend avec impatience ses débuts parisiens, après quelques matches amicaux prometteurs. Mais sur le papier, recruter un joueur avec ces aptitudes rentre complètement dans les ajustements nécessaires à l’effectif parisien.
Mevlut Erding, pas si cher
L’arrivée la plus onéreuse concerne, comme souvent, le secteur offensif. Le PSG a donc dépensé 9 millions d’euros, soit les trois quarts de son budget transfert annoncé, en faisant l’acquisition de l’international turc et ancien Sochalien Mevlut Erding. Dans l’absolu, le prix peut semblé assez élevé pour un joueur qui n’a que deux bonnes saisons de haut-niveau derrière lui, qui plus est dans un club de bas de tableau. Mais quand on compare ce prix aux délires actuels qui règnent sur le marché des transferts, ne serait-ce qu’hexagonal, il y a de quoi mettre tout ceci en perspective et constater que le PSG n’a pas surpayé tant que ça le joueur, d’autant qu’en cas d’explosion du joueur, une plus-value reste au possible — alors que l’OM et l’OL auront certainement du mal à se faire de l’argent sur leurs achats exorbitants.
Le joueur présente par ailleurs un profil intéressant — joueur à la fois puissant physiquement et très rapide —, qui manquait au PSG. Surtout, il permet de renforcer un secteur qui n’était pas aussi riche que l’on voulait bien le croire. Hoarau vient de faire une très belle saison, mais en plus des incertitudes liées à sa condition physique, il est, pour sa deuxième année parisienne, face à la dure tâche de devoir confirmer. Chose qui n’est jamais aisée — il n’y a que se souvenir d’attaquants comme Christian ou Kalou, auteurs d’une très belle première saison avant d’être inexistants la seconde. Luyindula est un joueur à la forme très fluctuante, capable d’être impressionnant sur une longue période puis inutile plusieurs mois d’affilés. Kezman n’a quant à lui toujours pas montré quoi que ce soit qui puisse en faire un joueur sur lequel le club puisse s’appuyer. Enfin, il reste Ludovic Giuly, mais d’après les dires de Kombouaré, et les premiers matches amicaux, celui-ci semble être destiné à évoluer côté droit. Face à toutes ces craintes, recruter un attaquant supplémentaire devenait presque indispensable. Et quand on voit que Lyon et Marseille n’arrivent pas à attirer un attaquant supplémentaire malgré des moyens largement supérieurs, il y a de quoi se dire qu’en ayant pris Erding assez tôt, pour un prix malgré tout raisonnable, la cohérence reste de mise au sein du PSG.
Au milieu, rien de nouveau
Enfin, il convient de parler du secteur qui n’a pas bougé, à savoir le milieu de terrain. La première explication de cet immobilisme tient au fait que le PSG a déjà enregistré le retour de trois joueurs ayant plutôt donné satisfaction lors de leur prêt : Ngoyi, Sankharé et Baning. De quoi densifier un secteur qui a pu jugé être léger au printemps dernier. Par ailleurs, certains spécialistes s’étonnent de l’absence de recrutement au poste de milieu gauche, à commencer par un Daniel Riolo au jugement toujours aussi expéditif :
En parlant de la Lazio, j’ai vu qu’Eliseu vient de signer là-bas. Vous vous souvenez de ce joueur longtemps annoncé au PSG ? Il est toujours présenté comme un très bon joueur de côté, il a coûté que dalle et est venu là sur les conseils de Fernando Couto, ancien Laziale. Peu coûteux, ça va bien avec le PSG, et pour les conseils d’anciens joueurs portugais du club, Pauleta semblait pourtant pas trop mal… À Paris, même quand le soleil ne tape pas, les têtes marchent au ralenti…
Le fait que le PSG n’ait pas recruté à ce poste semble dû à une motivation assez évidente : le titulaire du poste, à savoir Jérôme Rothen, n’est toujours pas parti, et ce malgré ses volontés de voir ailleurs et l’intérêt supposé de quelques clubs — Blackburn et Nice. Qu’on l’apprécie ou non, le PSG a toujours dans son effectif un milieu gauche de grande envergure, que ce soit par le CV ou le salaire. Il y a de plus dans l’effectif deux jeunes que Kombouaré semble voir à ce poste, Sankharé et Makonda. Recruter un milieu gauche maintenant équivaudrait à pousser le club vers un embouteillage sur un seul poste, avec toutes les dissensions qui peuvent en découler. La volonté du club de s’appuyer sur les joueurs en place avant de songer à voir ailleurs, même si on peut la discuter, reste très cohérente.
Évidemment, seul le terrain et les matches à venir livreront la vérité quant à la qualité de ce recrutement. Si d’aventure les nouveaux arrivants s’avéraient être des échecs, plus personne ne se souviendra de la culture de la gagne de Coupet, de la polyvalence de Jallet, ou du potentiel plus-value d’Erding. Pourtant, à la fin juillet, si nous voulons à tout prix dresser un bilan des renforcements parisiens, il devient difficile de nier qu’en dépit des soubresauts administratifs qui laissaient craindre le pire, tout semble avoir été parfaitement réfléchi.