Brillant à ses débuts avec le PSG, Ogbeche aura du mal à confirmer, à Paris comme ailleurs.
Des débuts très précoces, pas de confirmation
À l’automne 2001, devant les difficultés qu’éprouve l’attaque parisienne, Luis Fernandez envisage de lancer Bartholomew Ogbeche, un jeune Nigérian de l’équipe réserve. Le pari lancé à « Batho » par l’entraîneur parisien est le suivant : s’il parvient à toucher la barre transversale depuis le centre du terrain, il intègre le groupe. Pari réussi ! Et le jeune attaquant se mettra rapidement en évidence puisqu’il devient le 25 novembre 2001 le plus jeune buteur de l’histoire du PSG, à 17 ans et 1 mois. L’arrivée dans le monde professionnel d’Ogbeche est foudroyante, et stupéfie de nombreux observateurs. Il enchaine en effet par trois autres buts splendides, à l’extérieur, dans le mois qui suit ses débuts, ce qui lui permettra de signer son premier contrat pro au PSG. La deuxième partie de saison 2001/2002 lui sera un peu moins favorable, mais il devient un joueur important du groupe parisien — il marque quatre buts en 21 matches de L1, dont 11 comme titulaire. Cette trajectoire fulgurante a d’ailleurs un écho immédiat sur la scène internationale, puisqu’il dispute deux matches de la coupe du monde 2002 — aux côtés de son partenaire Jay-Jay Okocha — alors qu’il n’a pas encore 18 ans.
La suite de sa carrière parisienne ne répond pas aux attentes que son talent précoce a pu créer : après une saison 2002/2003 plus difficile — un but en 18 matches de L1, dont 8 comme titulaire —, l’arrivée de Vahid Halilhodzic pousse Ogbeche à s’émanciper du Paris SG : titulaire en août 2003, le Nigérian regagne rapidement le banc pour ne faire que les fins de matches. L’entraîneur bosnien décide donc de le prêter pour lui donner du temps de jeu, mais ces expériences se révéleront cependant elles aussi décevantes : à Bastia de janvier à juin 2004, Batho inscrit deux buts en 15 matches de L1, dont 14 comme titulaire. Une demi-saison parisienne quasi-blanche plus tard — 176 minutes de jeu —, Ogbeche est de nouveau prêté en janvier, à Metz cette fois-ci. Il inscrira un but en 11 titularisations en championnat. En juillet 2005, c’est donc Laurent Fournier qui lui demande de chercher un nouveau club. Le PSG résilie son contrat.
Des Émirats arabes unis vers l’Espagne
Ogbeche entre alors en contact avec Guimaraes, Le Mans puis effectue un essai infructueux au Celta Vigo, mais part finalement aux Émirats arabes unis pour un engagement de 10 mois à Al Jazira Abu Dhabi, qui a vu passer également George Weah, James Debbah puis Bonaventure Kalou. À l’issue de son exil dans le golfe, il fait un essai à Lorient dans l’équipe de Christian Gourcuff. C’est un nouvel échec. Il signe finalement au mois de septembre 2006 au Deportivo Alavés, formation de deuxième division espagnole. Il y est accueilli par Dimitri Piterman, dirigeant mégalomane, qui conduit le club basque au bord la banqueroute. Criblé de dettes, le club doit revoir ses ambitions à la baisse ; l’objectif initial de remontée se transforme vite en une lutte pour la survie. Au bord de la relégation, avec un effectif pléthorique, Alavès vit une saison qui s’apparente à un chemin de croix. Ogbeche a bien du mal à surnager, malgré son statut de joueur majeur — il marque 7 buts toutes compétitions confondues. « On a vécu une saison incroyable, dira–t-il. On avait un effectif du tonnerre mais la président a tout gâché. Il a viré cinq entraineurs. C’est lui qui faisait l’équipe et nous donnait les consignes avant les matches. Il s’est pris pour un grand technicien. Au final, on a failli descendre. Je n’avais jamais vu ça. De plus, nous n’avons pas été payés pendant quatre mois. Certains joueurs ont dû aller devant les tribunaux pour réclamer leurs salaires. »
En août 2007, Piterman cède le club, qui est placé sous redressement judiciaire. La procédure de sauvegarde conduit les nouveaux dirigeants à imposer des baisses de salaire de 40 % à 50 % à 11 joueurs de l’effectif, dont Ogbeche. Ces derniers ont le choix d’accepter ou de partir moyennant le versement d’une indemnité. Le Nigérian choisira la résiliation de contrat. Il part alors un peu plus à l’est, en Castille-et-León, pour rejoindre la formation de première division du Real Valladolid. Le directeur sportif du club, Jose Luis Perez Caminero, justifie ce choix par la volonté de recruter « un attaquant rapide, puissant, qui peut déséquilibrer une défense. » « Je crois qu’il affirmera ses qualités plus facilement en première division qu’à l’échelon inferieur », assure–t-il aux sceptiques. De son coté, Ogbeche sait qu’il rejoint un club dont le maintien est l’objectif majeur, et prend cette chance comme une véritable opportunité de s’affirmer au plus haut niveau. Sa première saison ne correspond cependant pas à ses attentes. L’équipe se maintient mais l’entraineur José Luis Mendilibar ne le titularise que pour les matches de coupe. Le reste du temps, il a le rôle de remplaçant ou, pire, sa place en tribune. « C’est la première fois de ma vie que je suis confronté à une telle situation, affirme-t-il en mars 2008, après une nouvelle non convocation. Il faut que je continue à travailler, il ne sert à rien de se plaindre. »
En effet, sa saison de Liga 2007/2008 se résume à deux buts marqués pour 500 minutes de jeu seulement. Et pourtant, il ne cesse de louer la qualité de ses coéquipiers et affirme ne jamais vouloir se résigner. À l’intersaison, les départs de Vladimir Manchev (Sofia) ou Joseba Llorente (Villareal) auraient pu lui ouvrir les portes de l’attaque. Au lieu de ça, c’est désormais la concurrence de Victor ou Goitom qui le confine à son rôle de remplaçant. En janvier dernier, Ogbeche refuse un transfert pour Murcie — D2 espagnole — et, malgré le recrutement d’un nouvel attaquant (Oldoni), continue d’affirmer que ses efforts à l’entrainement ne sont pas vains. « Les spectateurs savent que si je joue 1, 10 ou 90 minutes, je fais tous les efforts pour être irréprochable. J’ai toujours respecté les décisions de l’entraineur et la qualité de mes équipiers », rappelle-t-il. Cet état d’esprit en fait un joueur très apprécié des supporters, qui ne manquent pas pour la plupart de l’acclamer à chaque entrée en jeu. Sa gentillesse, sa combativité et son professionnalisme font que de nombreux fans de Valladolid réclament qu’il ait plus souvent sa chance. Avec trois buts marqués toutes compétitions confondues, et un temps de jeu toujours réduit, Ogbeche s’oriente malgré tout vers une deuxième saison délicate en Castille-et-León. Comptez cependant sur lui pour ne jamais baisser les bras.
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