Les enseignements du match
Revue d’effectif
L’Emirates Cup est l’occasion de voir sur le pont tous les joueurs parisiens, et d’évaluer l’état de forme de chacun. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que certains ne digèrent pas la préparation physique de la même manière, que d’autres ont rejoint le club seulement la semaine dernière, et enfin que l’investissement au cours d’une rencontre amicale n’est pas le même que lors d’un match officiel.
Dans les cages, Salvatore Sirigu n’a pas eu grand-chose à faire, si ce n’est un face-à-face compliqué à gérer, qu’il a donc perdu. Impossible de le blâmer tant il a été délaissé par sa défense (voir plus bas). La bonne nouvelle est qu’il a semblé ne pas hésiter à communiquer régulièrement avec ses partenaires, malgré la barrière de la langue. À droite, Christophe Jallet a été très actif offensivement, et a travaillé son entente avec Ménez. Le latéral droit a l’air plutôt en forme, mais si sa prestation est ternie par son erreur d’alignement sur le but encaissé.
L’axe Bisevac-Sakho a plutôt bien fonctionné, les deux joueurs semblant infranchissables en un contre un. Comme pour Jallet, l’action du but où l’entente de la défense a failli fait office de point noir dans leur prestation. Loïck Landre a évolué en tant que latéral gauche. Un nouveau poste pour lui, qui s’explique par l’absence de joueur capable d’évoluer dans cette position — Tiéné et Cearà étant vraisemblablement préservés pour dimanche, et Armand blessé. Il n’a pas démérité, tentant tout ce qu’il pouvait même si, à un poste qui n’est pas le sien, et sur son mauvais pied, il ne pouvait faire de miracles. Il a souffert, mais il s’est accroché sans broncher.
Au milieu de terrain, Blaise Matuidi a officié à la récupération. Dans la lignée de sa première parisienne, il a été plutôt bon, pressant, récupérant les ballons, et réorientant le plus souvent latéralement. Juste ce qu’il faut à son poste. Avec lui, Mathieu Bodmer a été bien plus offensif. Il a, comme à son habitude, effectué beaucoup de gestes de classe, qu’il s’agisse de frappes, dribbles ou ouvertures, et a surtout confirmé un tendance de ces matches amicaux : Bodmer semble très affûté en ce début de saison.
À gauche du milieu de terrain, Jean-Christophe Bahebeck a effectué une rencontre satisfaisante, surtout pour un jeune homme de 18 ans. À l’aise techniquement, il a souvent cherché à combiner, à permuter avec les autres joueurs, et à perforer, même si la réussite n’a pas toujours été là. Il a de plus eu la responsabilité de tous les coups de pied arrêtés, exercice duquel il s’est plutôt bien sorti. À droite se trouvait Jérémy Ménez. L’ancien Romain a confirmé une chose : il dispose d’une qualité technique impressionnante. Ses premiers contrôles sont généralement incroyables de justesse et, à force de tenter des choses, il a su se procurer plusieurs occasions intéressantes. Malheureusement, Ménez présente aussi les défauts de ses qualités : il aime toucher le ballon, et a tendance à vouloir trop en faire, là où une petite remise pourrait largement faire l’affaire. Par période, il donne ainsi plus l’impression de ralentir le jeu que de l’accélérer. À revoir toutefois quand il sera réellement au point physiquement.
En attaque, Peguy Luyindula a été particulièrement discret. Lui qui a besoin de travailler près de ses coéquipiers n’a pas réussi à se situer sur le terrain, ni à trouver de complicité avec ses partenaires. Il a donc traversé le match sans réussir à peser sur celui-ci. Tout le contraire de Mevlüt Erding, qui confirme qu’il veut continuer à se battre cette saison : le Turc a couru sans cesse, fait des appels, pressé, et a toujours essayé de combiner avec ses coéquipiers, très souvent avec justesse. Il s’est donc procuré plusieurs occasions, qui ont cependant souligné un problème récurrent chez lui : sa tendance à ne pas opter pour le geste juste dans la surface adverse. Enfin Loris Arnaud n’est rentré en jeu qu’à trois minutes de la fin du match, sans avoir le temps de faire grand-chose.
Un but encaissé : qui est le responsable ?
Quand Paris encaisse un but, le grand jeu est de désigner un coupable, de le pointer du doigt, et de réclamer son remplacement par le premier joueur du banc qui ferait à peu près l’affaire. En l’occurrence, sur la réalisation des New York Red Bulls, le positionnement de Christophe Jallet est le point le plus évident à mettre en cause. L’ancien Lorientais est en effet plusieurs mètres en retrait par rapport à ses coéquipiers, car il a suivi le joueur qui partait de son côté, quand sa défense centrale est restée immobile. Il laisse donc une zone importante, dans laquelle le buteur américain a pu s’engouffrer. Jallet a le tort de s’être fait emmener par son vis-à-vis, alors que le jeu était à l’opposé.
Pourtant, accuser le seul Jallet, reniant ainsi la dimension collective du football, serait une grosse erreur. L’alignement d’une défense n’est pas le travail d’un seul homme, et demande un entente globale absolument parfaite. Or, comme le montre l’image ci-dessous, au moment de la passe, l’alignement de la défense parisienne… n’existe pas.
On constate en fait que même si Jallet avait respecté un éventuel alignement, Lindpere serait encore en jeu, puisque Bisevac le couvre — bien que la remontée effectuée ensuite par le Serbe aurait pu inciter l’arbitre assistant à signaler un hors-jeu. Bisevac n’est en fait plus du tout aligné avec Sakho, et pour cause : si l’on remonte l’action de quelques secondes, on se rend compte qu’une autre mésentente est à l’origine du but : à l’origine, Lindpere a le ballon plein axe. Matuidi le suit de près, et la défense parisienne est bien en place. Le futur buteur transmet alors le ballon à l’un de ses partenaires démarqués, et part en profondeur pour réclamer le une-deux.
C’est à ce moment-là que l’action devient fatale, puisque Matuidi lâche son marquage sur Lindpere pour aller attaquer le possesseur du ballon, pendant que Sakho fait rigoureusement la même chose, montant sur le porteur de la balle et laissant un espace dans son dos. Ainsi arrive la situation décrite précédemment : un alignement qui n’existe plus, et un joueur partant en profondeur qui n’est pris par absolument personne.
Ce but n’a rien d’inquiétant en soi, puisqu’il concerne finalement deux joueurs qui sont arrivés au club en début de semaine. Il permet simplement de rappeler que, sur une action où il semble y avoir un fautif évident, on s’aperçoit que la responsabilité se partage entre différentes petites erreurs individuelles et mésententes collectives.
Les vidéos des buts du tournoi
Autres infos autour du match
Compositions d’équipes
Deux blessés, un préservé, cinq remplaçants. Outre Armand (genou gauche) et Douchez (entorse de la cheville droite), blessés, Antoine Kombouaré était privé de Momo Sissoko, à court de forme. Il a par ailleurs laissé au repos sept joueurs, dont la plupart devraient être alignés ce dimanche face à Boca Juniors (Camara, Chantôme, Gameiro, Hoarau, Maurice, Nenê, Tiéné). Seuls cinq Parisiens ont pris place sur le banc : Areola, Arnaud, Cearà, Kebano et Ngoyi. (voir [Amical] New York Red Bulls 1-0 PSG : Paris s’incline)
Pourquoi deux équipes mixtes ? Interrogé sur l’absence de plusieurs titulaires, Antoine Kombouaré a justifié ses choix à l’issue de la rencontre : « J’ai vu la paire Sakho-Bisevac, Jallet-Ménez sur le côté droit. Il y a eu des associations. Ces matches servent à essayer des formules. Ménez entame sa troisième semaine avec nous. Il faut être très vigilant, attentif avec lui. L’objectif était qu’il monte en puissance. Forcément j’avais pensé à mettre mon équipe-type mais j’ai voulu équilibrer le groupe pour sa cohésion. » (source : AFP)
Infos en vrac
Malgré Pastore le PSG a perdu, la morale est sauve. Ce propos dénué du moindre sens est celui de Pierre Salviac, sur son compte Twitter officiel : « 42 M€ pour Pastore mais le PSG battu par New York. Moralité : tout ne s’achète pas. Ouf ! » À un internaute qui lui rappelle la composition de l’équipe parisienne samedi après-midi, le journaliste répond : « Personne n’oblige le PSG à jouer avec des pipes après tout le battage fait autour des recrues. ;-( »
Classement. Arsenal et Boca Juniors ayant fait match nul (2-2) samedi en fin d’après-midi, le PSG est actuellement seul quatrième de l’Emirates Cup 2011.
Autres matches amicaux. Mercredi soir, Auxerre, Nancy et Toulouse ont fait match nul 1-1 face à des équipes de National, respectivement Orléans, Épinal et Bayonne. De leur côté, Lyon (1-1), Sochaux (2-2) et Saint-Étienne (1-1) ont fait match nul face au Chakhtar Donetsk (Ukraine), au Velez Mostar (Bosnie) et au Rio Ave (Portugal). Samedi, Valenciennes concédait déjà un match nul (1-1), contre le NEC Nimègue (Pays-Bas). (source : football365.fr)
Dans la presse
Pas d’analyse du match dans L’Équipe ni dans le Parisien ce dimanche.
Réactions
Antoine Kombouaré : « Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives sur un match. On a besoin de bosser. Il y a des joueurs qui manquent de travail athlétique, qui sont arrivés tard. Ces matches servent à leur donner du temps de jeu. On est bien entré mais on a eu 20 minutes de flottement pendant lesquelles on a eu du mal à récupérer les ballons et ils ont marqué. Ensuite on a repris le contrôle du match et archi-dominé cet adversaire qui a bien défendu, parfois avec un peu de réussite. Certains automatismes se mettent en place. L’autre satisfaction, c’est qu’il n’y a pas de blessé. » (source : AFP)
Mamadou Sakho : « Je suis un compétiteur et je n’aime pas perdre, même un match amical. Maintenant, il n’y a rien de dramatique non plus. On a affronté une bonne équipe, mais c’est vrai que nous avons concédé quelques occasions en première période. Notre deuxième mi-temps a été meilleure avec des occasions et des frappes, sans pour autant être efficaces. On a bien travaillé physiquement et le plus important, c’est d’être prêt pour Lorient. » (source : PSG.FR)
Jérémy Ménez : « Je sais que je ne serais pas à 100 % contre Lorient, mais dans deux-trois semaines, je pense. Je ne suis pas encore au top physiquement, mais je commence à trouver mes marques, petit à petit. Ce n’était que mon deuxième match et je suis content. En plus, au début il faisait chaud et je me suis senti fatigué, sans jus. Il y a une montée en puissance, je le sens, je commence à retrouver mes sensations. Ça monte, ça monte et il reste une semaine pour bien bosser. […] Il ne faut pas gamberger après la défaite contre New York. Il ne faut pas avoir peur de dire qu’il faut attraper la Ligue des champions et pourquoi pas plus haut. » (source : AFP)
Retrouvailles
PSG vs États-Unis. En mai 2010, le PSG avait affronté le Chicago Fire lors d’une tournée amicale aux États-Unis. (voir Chicago Fire 0-1 PSG : Paris est en finale (vidéo), [Chicago-PSG] « Oui, il y a des ultras aux USA ! » et [Interview] Chicago-PSG et le football aux États-Unis)
Emirates Cup. Il s’agit de la troisième participation du PSG à cette compétition, après les éditions 2007 et 2009. L’an dernier, le PSG avait lancé sa propre compétition amicale en relançant le tournoi de Paris, mais l’opération s’était révélée déficitaire, et n’a donc pas été reconduite.
Côté tribunes…
Affluence. Environ 12 000 spectateurs étaient présents à l’Emirates Stadium de Londres, d’après les estimations de L’Équipe et du Parisien. Plusieurs dizaines de supporters parisiens se sont regroupés, encourageant le PSG et protestant contre les mesures du plan Tous PSG.