Les enseignements du match
Le déroulement du match
Cette rencontre a vu deux mi-temps radicalement différentes. En première période, le PSG a été excellent, porté par des joueurs en forme — Makelele patron face à des milieux lyonnais pourtant en surnombre, et Hoarau souverain dans les airs —, et développant son jeu en projections vers l’avant intelligentes. Il en a résulté une bonne demi-douzaine d’occasions franches, là où l’OL n’a pu inquiéter Paris que sur une seule frappe lointaine. Mais comme souvent cette saison, Paris n’a pas su faire fructifier sa domination et a dû rentrer aux vestiaires sans aucun avantage au tableau d’affichage.
Le début de seconde période pouvait laisser craindre le pire. Claude Puel avait réorganisé son équipe, sortant Yoann Gourcuff, et disposant ses hommes en 4-4-2. Paris a souffert face à ce nouveau dispositif, mais la défense a limité les dégâts. Et c’est finalement en s’arrachant, dans la difficulté, au moment où cela n’avait rien d’évident que Paris a enfin marqué, sur coup franc. Auparavant, Antoine Kombouaré avait fait rentrer Jérémy Clément — afin de remettre le pied sur le ballon au milieu de terrain —, et surtout Ludovic Giuly — décisif sur l’action du but.
C’est d’ailleurs un des points positifs du onze de départ parisien : ces derniers temps, il était difficile pour Antoine Kombouaré de trouver des solutions offensives sur son banc de touche. Il y a deux semaines contre Lorient, l’entraîneur parisien avait dû s’en remettre aux jeunes Bahebeck et Kebano. Ceux-ci ont été très bons, là n’est pas la question, mais ce serait leur mettre une pression malsaine que d’attendre qu’ils fassent déjà, et systématiquement, la différence en L1. Cette fois, Kombouaré avait à sa disposition Ludovic Giuly — ainsi que Bodmer, qu’il n’a pas utilisé. De quoi vraiment donner un second souffle à son équipe.
Zoumana Camara, titulaire surprise
Pour cette rencontre face à l’OL, Antoine Kombouaré avait décidé de remodeler sa défense-type aux trois-quarts. Jallet ayant été reconduit au poste de milieu droit, Cearà pouvait débuter. À ses côtés, Zoumana Camara commençait dans l’axe, décalant Sylvain Armand au poste d’arrière gauche, le tout au détriment de Siaka Tiéné. Mais plus que pour sanctionner l’Ivoirien, Kombouaré a peut-être fait ce choix afin de s’adapter à l’adversaire.
C’est en tout cas ce qu’a avancé Vincent Duluc dans l’émission 100 % Foot dimanche soir : si Zoumana Camara a été titularisé, ce serait avant tout parce que le joueur connaît parfaitement Bafétimbi Gomis. Les deux joueurs ont en effet évolué ensemble durant deux saisons et demie à Saint-Étienne. Cela s’est révélé très utile au PSG, puisque l’attaquant de pointe lyonnais a été parfaitement contrôlé durant la première période, aussi bien par les anticipations astucieuses de Camara que par les duels gagnés par un Sakho de nouveau intraitable.
En seconde période, en bénéficiant du repositionnement de son équipe, et de la présence de Lisandro Lopez en attaque avec lui, Gomis a eu un peu plus de latitude, et a pu se créer deux occasions franches — une seule fois en ayant pris les défenseurs à défaut, l’autre occasion étant une frappe très lointaine. Mais en dehors de cela, le travail a été fait et bien fait par Zoumana Camara, qui s’est même octroyé le luxe de donner la victoire aux siens, en marquant de près.
Les vidéos de toutes les actions du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
1-0, première. « C’est la première victoire du PSG sur le score de 1-0 cette saison en L1 », relève Opta. Toutes compétitions confondues, seul le match Séville-PSG s’était déjà terminé sur ce score au profit des Parisiens.
Lyon était invaincu depuis trois mois. Le club de Jean-Michel Aulas ne s’était plus incliné en L1 depuis le 29 janvier dernier, à Valenciennes.
Lyon réussit bien au PSG. Avec deux victoires (1-2 après prolongations, en coupe de la Ligue) et un match nul (2-2 à l’aller), l’OL réussit bien au PSG cette saison.
La deuxième saison de la décennie ? « Cela faisait 7 ans que le PSG n’avait pas figuré parmi les quatre premiers du classement à sept journées de la fin, signale le Parisien. La dernière fois, lors de la saison 2003/2004, Paris de Halilhodzic était troisième à ce moment. Il avait finalement terminé deuxième du championnat et avait remporté la coupe de France. » Hormis cette saison-là, la meilleure performance du PSG depuis 2000 consiste en une quatrième place, décrochée en 2001/2002.
Lyon, le PSG et le Top 5. Jusqu’à présent, Lyon n’avait jamais perdu face à une équipe actuellement classée parmi les cinq premiers : 1 victoire et 1 match nul contre Lille, 2 matches nuls contre Rennes, 1 match nul contre l’OM — match retour début mai —, 1 match nul contre le PSG. De son côté, le PSG compte désormais 2 victoires (Marseille, Lyon), 3 matches nuls (Rennes, Lille, Lyon) et 2 défaites (Rennes, Marseille).
La 300e de Zoumana Camara. Zoumana Camara disputait son 300e match de L1, d’après le Parisien.
Infos en vrac
Camara hors-jeu, selon Derrien. « Sur le coup franc de Nenê, Camara est en position de hors-jeu actif, estime Bruno Derrien dans le Parisien. Il interfère dans le jeu alors que Lloris veut se saisir du ballon, finalement touché par Hoarau. À ce moment-là, l’arbitre-assistant aurait dû lever son drapeau. Le but n’était donc pas valable. »
Audience. Le match PSG-Lyon a réalisé la quatrième audience de la soirée — devant France 2 — avec 1,8 million de téléspectateurs, d’après Ozap.
Gasset au Parc. Jean-Louis Gasset, adjoint de Laurent Blanc, était au Parc des Princes dimanche soir.
Dans la presse
Vincent Duluc, dans L’Équipe du 18 avril 2011 :
En battant l’OL au bout d’une soirée intense et spectaculaire, le PSG a réussi un très gros coup. C’est une victoire qui n’est pas volée, mais qui reste profondément paradoxale, car les Parisiens n’avaient pas été récompensés de leur brio, de leur emprise et de leurs innombrables occasions de la première période. Et ils ont inscrit le but de la victoire à un quart d’heure de la fin alors qu’ils ne voyaient plus le jour depuis une demi-heure. L’issue est cruelle pour l’OL, qui avait survécu à la tempête en première période, avant d’installer son jeu après la reprise, en haussant son niveau technique et son agressivité. […] Mais Paris a donc été récompensé à retardement d’une énorme première période, durant laquelle Lyon aura été dominé comme rarement cette saison, et cela sans être vraiment mauvais, en se montrant même plutôt sérieux et solidaire. L’intensité dont le PSG a été alors capable a souvent été impressionnante, et, si l’on s’est parfois demandé, cette saison, où était passé le vrai Hoarau, on peut bien, désormais, déchirer les avis de recherche : l’attaquant parisien a plongé l’OL dans d’insondables tourments, par la qualité de ses décrochages, par son jeu de tête mais aussi par ses accélérations. Le PSG aurait alors mérité beaucoup mieux que ce jeu enthousiasmant sans but, même si, au fil de la première période, il est surtout resté dangereux sur coups de pied arrêtés.
Dominique Sévérac, dans le Parisien du 18 avril 2011 :
Paris est revenu à un point de Lyon, sa victime hier soir, dans un match passionnant, intense, ouvert et digne de l’idée que l’on se fait des affiches du championnat de France. La patience a su récompenser un Paris globalement supérieur à l’OL. Mais le PSG, dominateur dans des proportions inouïes en première période mais une nouvelle fois confronté à un problème de finition rageant, a failli passer à côté de son gros coup. […] Cette victoire est aussi l’histoire d’un coaching gagnant de Kombouaré. Mécontent de Tiéné sur ces dernières sorties, le Kanak a pris le risque de réorganiser toute sa défense, en intégrant Camara dans l’axe et en décalant Armand au poste de latéral gauche.
Performances. La défense centrale est à l’honneur dans les colonnes du Parisien : Zoumana Camara (« un bon match défensif », « s’est le plus souvent imposé dans les duels ») et Mamadou Sakho (« encore une grosse prestation », « intraitable défensivement », « il a pesé devant ») héritent des meilleures notes du match. Les performances de Grégory Coupet (« rassurant dans les airs ») et Guillaume Hoarau (« un match solide ») sont également saluées. A contrario, Christophe Jallet (« moins tranchant que la semaine passée »), Clément Chantôme (« pas toujours très inspiré ») et surtout Mevlüt Erding (« un déchet technique important ») sont jugés en deçà de leurs coéquipiers. Dans L’Équipe, outre Camara et Sakho (« une prestation digne d’un vrai patron de défense », « son autorité dans les duels impressionne »), ce sont Armand, Makelele et Hoarau qui sortent du lot. Chantôme et Erding sont en revanche jugés moyens, et Jallet obtient la plus mauvaise note : « À part une tête trop croisée, il n’a pas apporté grand-chose. »
Réactions
Antoine Kombouaré : « On ne peut pas rêver meilleur scénario. J’attendais une réaction après une série de quatre matches sans victoire. […] Ça nous permet de nous relancer, de nous rapprocher de ces premières places et de passer devant Rennes, c’est bien. Lyon est une équipe diesel avec des débuts de match compliqués. On a démarré très fort mais j’ai eu peur qu’on relâche en seconde mi-temps. J’avais des craintes parce que je savais que cette équipe de Lyon allait se faire bouger à la mi-temps. […] On a été très costaud dans la conservation du ballon, on leur a cassé le moral. » (source : L’Équipe)
Claude Puel : « On avait beaucoup d’intentions. On a eu beaucoup de mal à entrer dans le match, avec beaucoup d’à-peu-près, où il n’y a pas eu grand-chose de bon. On ne savait pas s’il fallait attaquer ou défendre. Il y a beaucoup de frustration et de déception à la vue de la seconde mi-temps, où on a montré un beau visage. Là, on a joué à notre niveau, il nous a manqué juste un peu plus de réussite, notamment par rapport à notre occasion sur la barre. Chaque équipe a eu sa mi-temps. Le score de parité m’aurait paru logique. Ils ont marqué contre le cours du jeu, je ne sais même pas si Camara n’était pas hors jeu sur son but. » (source : L’Équipe)
Clément Chantôme : « C’était important pour revenir dans la course au podium. Tout le monde a répondu présent. On a montré beaucoup de cœur et on a été solidaires, on s’est battus les uns pour les autres et on a fait un grand match. Après Lorient, on s’est mis comme objectif de ne plus se prendre la tête et de jouer les matches les uns après les autres. Ça nous réussit bien. Il va falloir continuer et être régulier, c’est à ça qu’on voit une grande équipe. On revient sur Lyon, c’est vrai qu’ils peuvent un peu douter, ça reste un gros club et je pense qu’ils vont réagir. » (source : L’Équipe)
Zoumana Camara : « On savait qu’on pouvait revenir à un point [des Lyonnais] pour avoir une fin de saison plus excitante. Ça va tellement vite. Il y a un moment on disait que c’était foutu pour nous et là on reparle de la Ligue des champions. Il faut garder de la sérénité, de la régularité et perdre le moins de points possibles. Il y a la victoire et la manière. On a mis de l’envie, du mouvement. […] On n’est pas des robots. Nenê a porté l’équipe en première partie de championnat et ensuite on a eu un coup de moins bien général. Là, physiquement, on retrouve un peu de fraîcheur. Les grandes équipes ne marquent pas seulement sur leurs temps forts, elles sont capables de faire mal même quand elles sont moins bien. C’est un point sur lequel on doit encore s’améliorer. Et si on parvient comme contre Lyon à marquer quand on est moins bien, c’est peut-être intéressant pour la fin. On avance pas à pas et on verra comment on se situe lors des quatre-cinq derniers matches. » (source : AFP)
Ederson : « Paris ne faisait que balancer sur Hoarau et sur l’un de ses ballons, on a pris un but. » (source : L’Équipe)
Suspensions
Averti samedi soir, Christophe Jallet sera suspendu contre Valenciennes.
Claude Makelele sera quant à lui suspendu s’il écope d’un nouveau carton jaune d’ici la 35e journée de L1, tout comme Mevlüt Erding.
Également averti contre Lyon, Clément Chantôme n’est pas sous la menace d’une suspension.
Retrouvailles
Grégory Coupet (1997-2008), Jérémy Clément (formé au club, 2003-2006), Ludovic Giuly (formé au club, 1994-1998) et Mathieu Bodmer (2007-2010) retrouvaient leur ancienne équipe — Peguy Luyindula (2001-2004) était blessé. En revanche, aucun joueur de l’actuel effectif lyonnais n’a joué à Paris auparavant.
Dans le passé, une vingtaine de joueurs ont porté les deux maillots : Borrelli, Bravo, F. Brisson, Debbah, Dhorasoo, J. Djorkaëff, Domenech, Fiorèse, Fournier, Frau, Gava, Havet, Hellebuyck, Lanthier, Loko, Maurice, Ngotty, Sassus et Xuereb — sans compter Le Guen, Colleu, Bats, Houllier et Domergue en incluant le staff.
Côté tribunes…
Affluence. 40 133 spectateurs étaient présents au Parc des Princes dimanche soir — dont 495 Lyonnais en parcage visiteurs —, d’après les chiffres communiqués par la LFP. Il s’agit de la deuxième meilleure affluence de la saison après PSG-OM (40 234), la moyenne lors des autres matches de L1 cette saison s’établissant à 27 101 spectateurs.
Ambiance. Des tifos avaient été organisés par le club dans les différentes tribunes du Parc des Princes. Selon les témoignages qui nous ont été adressés, l’ambiance était bien meilleure que lors des précédents matches de cette saison, sans pour autant atteindre « les plus belles heures » du stade comme l’avait affirmé Damien Degorre… la veille du match.