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Zoom rétro n°4 : les transferts entre le Losc et le PSG

Quand le PSG et Lille parlent transferts (Abidal…)

Retour sur quelques tractations mouvementées

samedi 29 août 2009, par Gauthier B.

Quand le PSG et Lille parlent transferts (Abidal…)

Dans les années 2000, le Losc est devenu un club important du championnat de France, obtenant de bons résultats et révélant aux yeux des observateurs nombre de très bons joueurs. Pourtant, alors que le PSG aime à prospecter dans les clubs français un peu moins huppés que lui, aucun de ces footballeurs n’a fini par atterrir au PSG. Pour expliquer cette anomalie, il suffit de revenir un peu plus de six ans en arrière…

Très récemment, le PSG a transféré son gardien Mickaël Landreau au Losc pour une somme peu élevée [1]. Paris avait besoin de vendre son joueur assez rapidement, afin de valider au plus tôt la venue de son remplaçant, Grégory Coupet. Quant aux Lillois, ils étaient en quête d’un titulaire, si possible expérimenté. Les intérêts des deux clubs convergeaient donc, et la transaction s’est faite assez vite, et sans aucun accroc. Peu avant sa signature, Landreau faisait même la déclaration suivante :

À Paris et Lille de se mettre d’accord. J’ai bon espoir que cela se fasse vite. Il n’y a pas de raison. Les dirigeants des deux clubs s’apprécient.

Les relations sont donc au beau fixe entre les deux clubs. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas : ce récent transfert marque un retour à la normale entre les deux clubs, puisque depuis un peu plus de six ans, le PSG et Lille étaient en froid.

Été 2003 : Abidal vers le PSG…

Nous sommes donc en 2003, lors de l’intersaison. Francis Graille est le nouveau président du PSG et Vahid Halilhodzic son entraîneur. Le binôme qui avait déjà opéré à Lille — on ne sait dans quelle mesure ce fait a pu jouer dans les événements décrits ensuite — fait face à un véritable chantier pour essayer de monter une équipe compétitive. Avec les départs souhaités — et ceux imposés — de nombreux joueurs de l’époque Luis Fernandez, le PSG n’a pas le choix et doit recruter activement, notamment sur le côté gauche de sa défense, où Lionel Potillon ne semble pas satisfaire le coach bosnien.

Aussi, la nouvelle équipe dirigeante parisienne jette son dévolu sur Éric Abidal, un jeune défenseur appartenant à Monaco, et ayant été prêté la saison précédente à Lille — où il a fait très forte impression. Problème : le club du Nord possédait une option d’achat sur le défenseur gaucher, qui était levée automatiquement en cas de maintien du club en L1 — ce qui signifiait que tout était négocié par avance et que ni Abidal, ni Monaco n’avaient plus à donner leur avis. Ainsi, dès le mois de mai 2003, les quotidiens nationaux annoncent brièvement que le joueur a signé un contrat de quatre ans avec le Losc… ce qui n’était pas tout à fait vrai. Toute automatique qu’elle soit, afin d’être validée, cette clause nécessite la signature de toutes les parties concernées.

Or, au courant de l’intérêt du PSG — qui semble être rentré directement en contact avec lui —, le joueur fait traîner les choses et menace même de ne pas parapher son contrat pour rejoindre le club parisien qui lui fait visiblement tant envie. Comportement très risqué, puisque cela le mettrait de fait en situation de faute, l’option d’achat étant la preuve d’un accord préalable. Quoi qu’il en soit, Paris semble disposé à accueillir le joueur et à négocier avec Lille, et Abidal fait des pieds et des mains pour atteindre son but : il refuse même de partir en stage de pré-saison avec ses coéquipiers. La situation est donc bloquée, puisque les dirigeants lillois prennent une posture outrée, et refusent d’entamer une quelconque discussion avec les Parisiens, qu’ils jugent trop peu courtois — il leur est reproché d’avoir contacté le joueur avant de s’adresser au club propriétaire de celui-ci. Lille joue même sur la fibre du petit club provincial malmené par l’ogre parisien — ce qui est tout de même peu crédible quand cela concerne une métropole comme Lille —, comme en atteste la déclaration de Michel Seydoux dans le Parisien du 29 juin 2003 :

Il y a déjà un préjudice moral d’établi. Ce n’est pas une menace envers le PSG, mais je vais prendre conseil auprès de mes avocats pour voir quelle forme donner à notre demande légitime de réparation. Les gros clubs comme Paris ne sont pas au-dessus des lois.

La menace se précise, et l’avocat d’Abidal convainc le joueur d’apposer sa signature en bas du contrat lillois, pour éviter toute action légale. À contrecœur, le joueur le fera avant la date limite du 30 juin en espérant une entente des deux clubs ensuite… Chose qui ne viendra jamais. Un mal pour un bien : l’absence de solution viable sur le côté gauche de la défense poussera le PSG à finalement recruter Juan Pablo Sorin.

Été 2004 : Abidal et Tavlaridis vers le PSG…

Un an plus tard, le PSG tentera à nouveau de faire venir Éric Abidal — en contactant directement les Lillois cette fois-ci. Toutefois, ceux-ci prendront un malin plaisir à faire monter les enchères avec l’OL. Ainsi la presse évoque-t-elle un accord avec le PSG pour un montant de 4 M€ en avril 2004 puis, deux mois plus tard, un accord avec Lyon aux alentours de 7 M€. Et finalement, le joueur qui un an plus tôt avait adopté une attitude à la limite du raisonnable pour évoluer en Rouge et Bleu, affiche publiquement sa préférence pour le club rhodanien, dont l’actionnaire est Jérôme Seydoux, frère du président lillois [2]…

Mais ce n’est pas fini : en 2004 toujours, un nouvel imbroglio se produit entre les deux clubs. Et la situation est quasiment similaire à celle de l’année précédente. Le PSG va disputer la Ligue des Champions mais vient de perdre les deux tiers de sa défense : Déhu, Cubilier, Heinze et El-Karkouri sont partis pour diverses raisons. Après les recrutements de Yepes, Armand et Atéba, le PSG cherche un autre joueur défensif, plutôt axial, pour étoffer son groupe. Et la proposition d’un agent à propos de son client, Efstathios Tavlaridis, tombe à point nommé. Le jeune Grec est la propriété d’Arsenal et a été prêté six mois durant au Losc. Fait amusant, pour son premier match en France, le joueur avait donné la victoire… au PSG en marquant contre son camp au Parc des Princes.

Là encore, l’intérêt du PSG satisfait pleinement le joueur ; et là encore, Lille annonce avoir une option d’achat automatique, qui a été validée par toutes les parties. Sauf qu’ici, la position d’Arsenal est particulièrement trouble, le club acceptant de négocier avec Francis Graille, et donc le PSG, pour la vente du joueur, et ce après s’être déjà mis d’accord avec Lille. Le PSG pense être dans son bon droit en traitant avec un agent qui est venu vers lui, et avec un club qui se dit en être le propriétaire. Pourtant, le 17 juin 2004, la LFP homologue le contrat de Tavlaridis avec Lille et met ainsi fin à l’imbroglio juridique. Mais la volonté du joueur reste intacte, et il prétexte des obligations militaires dans son pays pour sécher l’entraînement lillois pendant plus de trois semaines. Ce que certains prendront pour une tentative de quitter Lille en force pour rejoindre le PSG. Mais rien n’y fera, et le joueur regagnera l’entraînement, les Lillois refusant de négocier avec ces escrocs de Parisiens.

Vu le niveau affiché par Tavlaridis depuis, le PSG n’a pas vraiment de regret à avoir à son sujet, si ce n’est que ce coup dur dans le recrutement a poussé le PSG à embaucher en défense centrale le vieillissant Helder.

Lille boude l’ogre parisien… quand ça l’arrange

Depuis ce temps-là, la plupart des négociations entre Lille et le PSG ont été gelées, le club du Nord adoptant un comportement hostile dès lors qu’il s’agissait de traiter avec le PSG. Pour preuve, cet article du Parisien fin 2004, lorsqu’il est question de la venue de Bodmer au PSG :

Les dirigeants du Losc sont fâchés et ont décidé de ne plus négocier de transferts avec leurs homologues parisiens. Les dossiers Abidal et Tavlaridis, deux joueurs convoités par le PSG lors des derniers mercatos, sont à l’origine de cette discorde. Selon les responsables lillois, le PSG avait directement pris contact avec les joueurs sans les avertir. Cette méthode est courante, mais elle ne correspond pas au code de bonne conduite entre les clubs. « Les règles n’ont pas été respectées, déplore Michel Seydoux, le président du Losc. Cela a jeté le trouble sur la psychologie des joueurs en question. Alors, face à ce type d’attitude, je ne travaille pas. » Une position ferme, qui n’émeut guère Francis Graille : « Dans les deux cas, les agents sont venus nous proposer des joueurs libres, alors on a négocié, mais nous avions au préalable informé Michel Seydoux. » La prise de position des responsables lillois intervient alors que le PSG lorgne sur le jeune milieu de terrain Mathieu Bodmer (22 ans), un intérêt catégoriquement démenti par Francis Graille. « Ils ne veulent pas discuter, nous non plus, conclut Graille. Ils ne pourront plus compter sur nous pour faire monter les enchères comme pour Abidal. »

De 2003 à aujourd’hui, les seuls Lillois qui sont venus au PSG — Pichot et Landrin — étaient en fin de contrat. Pour le reste, dès que le PSG s’est intéressé à un joueur du club de Michel Seydoux, et même une fois Graille et Halilhodzic partis, cela n’est jamais allé très loin. Les possibles venues de Bodmer, Moussilou, Makoun, Odewingie, Kader Keita ou Bastos n’ont jamais dépassé le stade de la rumeur.

En revanche, quand les Lillois sont venus traiter avec le PSG pour les venues de Pierre-Alain Frau puis Mickaël Landreau, cela s’est bien passé. Et même si, comme l’avoue Mickaël Landreau, les dirigeants lillois ont contacté le joueur avant de traiter avec le club, chose qui était pourtant honnie quelques années plus tôt. Visiblement, les principes des hommes forts du Losc et leur volonté de ne pas parler aux Parisiens n’ont cours que lorsque cela les arrange…

Notes

[1] La presse évoquait un transfert inférieur à 2 M€.

[2] Nous reviendrons dans un prochain zoom rétro sur les joueurs désirés par le PSG qui sont partis à l’OL.

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2 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    Brahim78
    29 août 2009 22:22

    Abidal à parler de ce transfert rater,il y a 2 ans je crois.En gros,il reprochait au psg d’avoir vu plusieurs personnes du club (dont vahid) mais une seule à la fois et aucune ne tenais le meme discours !Tandis qu’avec lyon,il à rencontré aulas,lacombe et leguen lors du meme rdv.Les lillois n’ont peut-etre pas faciliter la tache au psg mais l’incompétence qui à semblée regner de tout temps dans ce club depuis denisot est encore à pointer du doigt,dans cette affaire.

  • #2

    Gauthier B.
    31 août 2009 21:21

    Il y a sûrement eu des dysfonctionnements au PSG à cette époque là — mais il y en a eu assez régulièrement, et même sous Denisot — mais quand même, le comportement de Lille est assez puant dans l’histoire : ne pas vouloir négocier avec nous pendant des années et revenir comme si de rien n’était dès qu’on a des joueurs qui les intéresse — Frau puis Landreau —, je trouve ça un peu fort.

    Quant à Abidal, il aurait pu se contenter de dire qu’il était originaire de Lyon, ou même que l’OL payait mieux. Le coup des divers interlocuteurs, c’est amusant, mais dans les faits, ces mêmes interlocuteurs l’avaient largement convaincu une année plus tôt. À tel point qu’il séchait l’entraînement, qu’il refusait de partir en stage avec son employeur, et qu’il ne voulait pas signer un contrat quitte à se mettre en faute.

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