Braga est une ville de moyenne importance, qui compte près de 140 000 habitants — contre 2 000 000 pour Porto ou 800 000 pour Lisbonne —, située dans la région Nord du pays et riche d’une longue histoire. Son club de football, le Sporting Clube de Braga, est installé durablement en SuperLiga [1], l’équivalent portugais de la Ligue 1 française, mais condamné comme les autres clubs de ce championnat à vivre dans l’ombre des trois dinosaures que sont le Sporting du Portugal, le Benfica Lisbonne et le FC Porto.
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Le club, dont les couleurs sont le rouge et le blanc, fut fondé un 1921, et joue au Estádio AXA Municipal de Braga , construit à l’occasion de l’Euro 2004 organisé par le Portugal. Ce magnifique stade d’une capacité de 30 000 places environ a la particularité de ne compter que deux tribunes latérales, car édifié à flanc de colline. Au-delà de l’histoire de ce club ou de son palmarès — une coupe du Portugal acquise il y a 43 ans et trois finales perdues dans cette même compétition —, PSGMAG.NET a souhaité en savoir plus sur l’impression générale que le club peut dégager auprès de ceux qui suivent au quotidien la SuperLiga, un championnat globalement méconnu en France. Nous avons donc interrogé plusieurs amateurs du foot portugais :
Daniel Perreira (34 ans) ;
Damien Santos (25 ans), supporter du Benfica Lisbonne et du Paris SG ;
François Silva (28 ans), supporter du FC Porto ;
Bruno V. (30 ans), supporter du Benfica Lisbonne et de Marseille.
Ils ont accepté de répondre à nos questions et de s’adonner à leur passion favorite : parler de football, pas trop loin du comptoir, là où le foot se fait et se refait chaque jour, et où le match prévu jeudi au Parc des Princes ne laisse personne indifférent.
Le Sporting Clube de Braga
PSGMAG.NET : Quel est le statut du SC Braga au Portugal, par rapport au trio Sporting, Porto, Benfica ?
BV : Dans le championnat portugais, Braga possède le statut d’une bonne équipe qui se positionne derrière les trois « grands ». Au même titre que Guimaraes ou Boavista, Braga se qualifie régulièrement en coupe UEFA mais peine à garder un niveau constant. Généralement, l’année où l’équipe parvient à faire un bon parcours en championnat, elle est souvent pillée au mercato par les trois grands.
DP : Un bon quatrième au classement, là où se situe généralement le club [2]. C’est là qu’est sa place.
DS : C’est vrai, Braga est sans doute le club qui souffre le plus de la domination écrasante des trois gros. Car derrière ces trois équipes que vous connaissez tous via la Ligue des Champions ou même de réputation, c’est Braga la plus constante. Quand Braga n’est pas quatrième, alors il n’est pas bien loin, d’où de régulières participations à la coupe UEFA.
FS : Mais bon, à part les gens qui sont originaires de la ville, ou ceux qui y vivent encore… eh bien Braga, que ce soit au Portugal ou ici au sein de la communauté portugaise, tout le monde s’en fout un peu… (rires)
DS : Malgré tout, les Portugais aiment leurs équipes et leurs joueurs, ils aiment le football plus que tout, alors dans une compétition telle que la coupe UEFA, aucune équipe ne laisse totalement indifférent. Dans le pays, Braga n’est pas un club majeur, ce sont les trois gros contre le reste, mais en compétition internationale, tout le monde se retrouve derrière le Portugal !
PSGMAG.NET : Le club possède-t-il beaucoup de supporters au Portugal ?
DP : Non.
FS : Non, comme on te disait, on peut considérer qu’au Portugal il y a le Benfica, le Sporting et Porto. Les autres équipes se partagent les maigres restes…
DS : On va dire que le seul engouement pour Braga est plutôt régional. Un peu comme on situerait les supporters grenoblois ou manceaux en France. Ils ont évidemment des supporters, mais de là à ce qu’une communauté les suivent aux quatre coins de l’Europe…
BV : Braga est une ville de la région du Minho — Nord du Portugal —, et c’est la seule ville de cette région à avoir un club en SuperLiga [3], donc les habitants de cette région sont assez fiers de leur équipe, même si chaque Portugais a tout de même un club préféré au sein des trois grands.
PSGMAG.NET : Justement, le club sera t-il autant soutenu à Paris que le fut le Benfica ?
BV : Je pense que les associations portugaises vont promouvoir le match, mais ce ne sera pas comparable à la venue de Benfica ou Porto.
DS : Clairement, non. Rien à voir, tu peux être sûr qu’il y aura un maximum de Portugais dans le stade, mais pour beaucoup d’entre-eux le cœur balancera. Il y a le sportif, le PSG et puis les origines, le sang… Les supporters du Benfica, eux, voyagent et soutiennent l’équipe comme le feraient ceux du PSG ou de Marseille.
DP : Au Portugal, il y a trois journaux sportifs comparables à L’Équipe en France. Ils ont la particularité d’être tous les trois orientés en faveur d’une des trois équipes majeures, ça te donne le ton : Abola est clairement orienté Benfica, Jogo est pour le FC Porto et le Sporting a Record derrière lui. Donc tu imagines la médiatisation des autres équipes : que dalle !
FS : Moi par exemple, je serai autant pour le PSG que pour Braga. Je suis franco-portugais, j’ai mes origines là-bas et ma vie ici. Je me rends au stade pour voir un beau match et que le meilleur l’emporte.
DS : Pourvu que ce soit le PSG ! (rires)
PSGMAG.NET : Quels sont les principaux joueurs à surveiller à Braga, et pour quelles raisons ?
DP : Tous. Il faut tous les surveiller, tiens !
DS : Clairement, Joao Pereira est un bon défenseur portugais — formé au Benfica — et connu pour être très rugueux sur l’homme. Après, Jorginho ou Orlando Sa sont de bons attaquants. Le dernier est un grand blond, assez costaud. Citons également Frechaut (même s’il revient de blessure), Meyong (actuel meilleur buteur du club avec 8 buts en 18 matches) et surtout Cesar Peixoto, qui a notamment gagné la Ligue des Champions en 2004 avec le FC Porto de José Mourinho ! [4] Mais bon, rien de bien inquiétant a priori pour une équipe comme le PSG. C’est plus de la volonté et du collectif portugais dont il faudra se méfier.
BV : Les deux attaquant Meyong et Renteria sont à surveiller. Le premier est camerounais et est le meilleur buteur du club. Le deuxième est connu dans le championnat français puisqu’il a été prêté par Porto à Strasbourg. C’était un grand espoir mais il n’a pas très bien réussi, ni à Porto, ni à Strasbourg. En revanche, il commence à bien s’adapter à son équipe. Par ailleurs, il faudra surveiller Allan, ancien joueur de Porto assez explosif, et l’arrière latéral Joao Peireira, ancien de Benfica, qui réalise une bonne saison et prétend à une place dans la Selecao.
PSGMAG.NET : Quelles sont les ambitions du club à moyen terme, que ce soit en championnat ou en coupe UEFA ?
DP : Franchement, faire pour le mieux, ce sera déjà bien.
FS : Au Portugal, ce n’est pas comme en France, les trois gros sont toujours devant. Alors quand le championnat commence, Braga s’engage pour accrocher la quatrième place et, sait-on jamais, il peut y avoir une surprise… Mais quatrième c’est bien, c’est très bien. C’est la place de Braga.
DS : En coupe d’Europe, Braga n’est jamais trop ridicule. L’équipe n’est jamais très attendue et joue pour aller le plus haut possible, sans grande prétention. En basant le tout sur des exploits, le club peut passer quelques tours, car ça joue pas si mal à Braga.
BV : Les ambitions du club sont de se qualifier pour la coupe UEFA et de réaliser le meilleur parcours possible dans cette compétition cette saison. Ils n’ont pas la pression, donc ils réalisent de bonnes performances en coupe d’Europe. À moyen terme, Braga souhaite garder de la constance en haut de tableau de la SuperLiga.
PSGMAG.NET : Comment jugez-vous la saison 2008/2009 de Braga ?
BV : Braga a été un peu poussif à une période mais s’est bien repris, notamment avec une belle victoire 2-3 sur le terrain du Sporting Portugal. C’est une équipe qui réalise un très bon parcours européen.
DS : La place logique de Braga en championnat, comme on te le disait, c’est la quatrième. Aujourd’hui Braga est… quatrième [5]. Encore une fois ils sont à leur place, et en UEFA ils font bonne figure. Il y a eu une bonne confrontation contre le Standard de Liège (victoire 3-0 à l’aller, à domicile, et match nul 1-1 en Belgique au retour).
DP : Vraiment un très bon début de Braga en championnat. Là, on dirait que ce se tasse un peu, mais comme on te l’a dit le club est aujourd’hui là où on l’attendait.
FS : Allez Porto !
À propos du PSG
PSGMAG.NET : De nombreux Portugais ont joué au PSG, d’Humberto Coelho à Pauleta. Hormis Pauleta, d’autres joueurs sont-il associés au PSG au Portugal ?
DS : C’est sûr que Pauleta… c’est Pauleta quoi ! Là-bas, tout le monde est au courant qu’il est devenu ambassadeur pour le PSG, ce n’est pas rien. Pour le reste, y a-t-il d’autres joueurs associés au PSG ? Franchement, je ne crois pas trop… Il y a eu quelques espoirs fondés sur Hugo Leal ou le petit Teixeira, mais ces espoirs n’ont pas forcément été suivis de faits bien marquants…
DP : Pour moi le PSG c’est le club français le plus connu au Portugal.
DS : Non, tu ne peux pas dire ça ! Aujourd’hui il y a Lyon, Bordeaux… De toutes façons, au Portugal, on suit tout le foot, partout ! Par exemple, le dimanche soir, comme en France, tu as le gros match : chaine cryptée et payante, que peu de monde peut se payer… Du coup, tout le monde se réunit dans les bistrots pour regarder le match, refaire le monde. Et après ce match-là, tu as tous les buts européens. Quand je te dis tous les buts, ça veut dire que tu sais tout de Nantes-Toulouse ou de Le Havre–Sochaux. Tout ! Les Portugais sont dingues de foot.
FS : C’est clair, et du coup le PSG est forcément connu. Mais il manque clairement un bon parcours européen à Paris pour gagner en notoriété. Et un joueur portugais aussi ! Au Portugal, on suit les équipes qui comportent des joueurs du pays ; si tu n’as pas de Portugais dans ton équipe, tu intéresses moins. Avec Pedro, c’est clair que le PSG était devenu le club majeur côté français. Mais bon, les résultats sportifs… Désormais au Portugal on suit Manchester United, évidemment ! (rires)
BV : Les Portugais suivent de loin les performances du championnat français, notamment car peu de joueurs de la Selecao y évoluent ces dernières années — à part Pauleta. Cependant, le PSG est connu car Paris reste toujours une ville avec une très grosse communauté portugaise. Le passage de Pedro a certes changé l’image du PSG au Portugal, mais Pedro n’a jamais été reconnu comme un très grand joueur au Portugal. En effet, il n’a jamais évolué dans un club de SuperLiga et il n’a jamais réussi en phase finale de l’Euro ou de la coupe du monde [6].
PSGMAG.NET : Quels joueurs actuels du PSG sont connus au Portugal ?
DP : Cearà, Makélélé…
DS : Cearà ? Non, c’est de la connerie ça ! Le championnat portugais est tellement blindé de Brésiliens qu’on finit par tous les confondre. Franchement ? Makélélé, Kezman, Giuly, Rothen et t’as fait le tour des joueurs connus au Portugal… Ah et Landreau aussi !
BV : En effet, les internationaux : Makélélé, Giuly, Kezman…
PSGMAG.NET : Comment se débrouille Cristian Rodriguez au FC Porto ?
DP : C’est intéressant, il commence à trouver ses repères.
FS : Rodriguez ? Énorme ! Voilà un joueur qui arrache tout, qui mouille le maillot… J’adore ce mec, c’est autre chose que Rothen. Ah si le PSG l’avait gardé celui-là, ça aurait tout arraché !
DS : On ne peut pas dire qu’il fasse partie des stars de Porto, c’est plutôt Hulk — il aurait pu signer au PSG il y a peu d’ailleurs, c’est un excellent joueur. Et puis il y a aussi Lisandro ou Lucho Gonzales. Mais Rodriguez, pour un gars qui a tant changé de clubs ces dernières années, c’est clair qu’il apporte beaucoup, il est intéressant.
PSGMAG.NET : Que pense-t-on au Portugal des derniers Portugais passés par le PSG (Teixeira, Agostinho, Manuel Helder, Marino Helder, Hugo Leal, Kenedy)
DP : ?
FS : ?
DS : (rires) Franchement, pas grand-chose… Comme je te disais, il y a eu quelques espoirs sur Teixeira ou Hugo Leal, mais en vain… Sinon dans la liste que tu me donnes… Ah oui, Marino Helder ! Celui-là, il n’était pas aimé du tout.
BV : Parmi les derniers joueurs passés au PSG, et mis à part Pauleta, il n’y a pas eu de très bonnes impressions au Portugal. Si on prend l’exemple de Hugo Leal, c’était un joueur très côté quand il évoluait à Benfica. Il a connu sa chute de rendement au PSG, donc il n’a pas marqué les esprits. Lorsque Marino Helder a signé, il sortait d’une saison désastreuse au Benfica et personne n’a compris pourquoi il avait signé à Paris.
PSGMAG.NET : Que connaît-on, au Portugal, du PSG ?
BV : Du PSG, on connait les grands joueurs portugais, Humberto et Pedro. On se souvient aussi de l’époque de Rai et Ginola.
PSGMAG.NET : Dans quelle mesure le foot français est-il suivi au Portugal ?
BV : Pour être honnête, on ne suit plus beaucoup le championnat français. Exactement, comme la France ne suit pas le championnat portugais. Généralement, les journaux parlent des équipes qui possèdent des joueurs portugais, comme Saint-Étienne cette saison avec Machado. Les clubs les plus appréciés sont Paris en raison de la communauté portugaise et de Pauleta. Lyon a été également suivi et apprécié grâce à leurs titres et à Tiago.
La confrontation Braga-PSG
PSGMAG.NET : Quel résultat pensez-vous que Braga obtiendra face au PSG ?
FS : Franchement, Paris doit passer, mais ce sera très serré.
DS : Je pense la même chose. Paris aura la chance de récupérer Sessegnon, et celui-là il est vraiment énorme. Je vois 2-0 pour Paris à l’aller, un nul 1-1 au retour à Braga.
DP : 2-1 pour Paris au Parc. Là-bas je ne sais pas, ça dépendra de l’aller.
PSGMAG.NET : Le stade sera-t-il plein à Braga contre Paris ?
DS : Franchement je ne sais pas, là aussi ça va pas mal dépendre du score à l’aller. S’il n’y a plus aucune chance de se qualifier pour Braga, tu pourras faire le voyage crois-moi, t’auras une place. Dans le cas contraire, oui ce sera plein.
DP : Mais bien sur que ce sera plein au retour !
FS : Allez Porto, allez Cristiano Ronaldo ! (rires)