Les enseignements du match
Un match difficile, sous le soleil
Le PSG a indéniablement livré un mauvais match face à Valenciennes. S’il a globalement dominé la rencontre, Paris a développé un jeu offensif très brouillon, et sa défense a connu quelques absences. Par rapport à la rencontre de Rennes la semaine passée, le PSG n’est pas plus avancé, si ce n’est qu’avec enfin une victoire en poche, la pression va bien finir par redescendre. Néanmoins, il faudra veiller à ne pas être trop catégorique, ni sur la prestation d’ensemble, ni sur les performances individuelles tant la chaleur a semblé impacter le jeu des deux équipes. Le rythme était lent, et rares étaient les joueurs capables d’accélérer.
À la mi-temps de la rencontre, le Valenciennois Renaud Cohade expliquait au micro de Foot+ que son équipe devait faire attention à ne pas aller trop vite vers l’avant car la chaleur rendaient difficiles les contre-efforts en cas de perte de balle. Le premier but parisien en est la meilleure illustration :
Sur une offensive adverse, Camara tacle le ballon et le récupère le long de la touche, à 15 mètres de sa ligne de but. Il relance vers Ménez côté gauche, qui avait complètement dézoné. Les cinq joueurs de Valenciennes qui étaient partis en attaque sont éliminés par cette seule passe, et ne tenteront jamais de revenir dans l’action.
À 35 mètres de ses propres buts, Ménez a le temps de se retourner.
Il peut avancer jusqu’aux 30 mètres adverses sans être attaqué : les cinq joueurs de Valenciennes restant sont occupés à reculer pour marquer Gameiro et Bodmer, les deux seuls Parisiens situés dans le camp adverse… Ce qui n’empêchera pas Gameiro d’ouvrir le score, sans vraiment de résistance, 12 secondes et seulement deux passes après le tacle de Camara à l’autre bout du terrain.
Dans un camp comme dans l’autre, les occasions sont survenues quand, très épisodiquement, quelques joueurs parvenaient à profiter du manque de réaction des adversaires. Mais c’était bien rare.
Les prestations individuelles
Malgré un contexte difficile, plusieurs Parisiens méritent de voir leurs prestations saluées. C’est notamment le cas de Salvatore Sirigu, qui a de nouveau réalisé une parade décisive en première période, évitant ainsi à Paris d’être mené. Zoumana Camara a également réalisé un match très propre, en dehors d’une mauvais relance de la poitrine, et il a plusieurs fois dégagé des ballons chauds. La prestation de Siaka Tiéné, même avec des imperfections, penche également du côté positif, le joueur ayant été l’un des seuls à constamment faire les efforts pour porter le surnombre, et pour revenir derrière à grandes enjambées. Qu’il soit parfois moins lucide n’est finalement pas si illogique à la vue de tous les efforts qu’il fait.
Au milieu de terrain, Blaise Matuidi continue sa montée en régime. Il a lui aussi fait preuve d’une grande activité, se montrant très bon à la récupération et réussissant quelques belles percées toniques. Le PSG commençant à dominer en seconde période, il a été remplacé par Pastore pour donner un visage bien plus offensif à la formation parisienne. Enfin l’attaquant esseulé Kevin Gameiro fait également partie de ceux ayant réussi leur match, avec un joli but, trois autres occasions et un danger permanent grâce à ses appels. Le reste de l’équipe parisienne présente un bilan mitigé, Mathieu Bodmer étant probablement celui qui est le plus passé au travers de la rencontre : en position de meneur de jeu, puis de relayeur, l’ancien Lyonnais n’a eu aucun poids sur le jeu parisien.
Le plus gros point d’interrogation concerne toutefois Jérémy Ménez, injustement sorti sous les sifflets du Parc. Le numéro 7 du PSG a débloqué la rencontre avec sa passe décisive pour Gameiro, et s’est également créé l’autre plus grosse occasion parisienne après avoir dribblé la défense adverse. Mais à côté de ces quelques gestes remarqués, il y a aussi eu de nombreuses actions où le milieu droit a joué à contre-temps. Ne partant pas dans la bonne direction, donnant une passe dans le mauvais timing, ou étant tout simplement placé au mauvais endroit, Ménez a gâché plusieurs actions parisiennes, ce qui devenait de plus en plus préjudiciable au fil des minutes, Paris n’opérant plus qu’en contres. Sa sortie au bénéfice de Jallet a fait du bien à l’équipe, l’ancien Lorientais jouant bien plus simple, permettant ainsi à toute l’équipe de sortir plus sereinement après la récupération du ballon. Il faudra voir dans quelle mesure l’amélioration à venir de la forme physique de Ménez permettra de gommer les lacunes entraperçues jusque-là.
Le point sur l’arbitrage
Olivier Thual a pris deux décisions difficiles au cours de la rencontre, les deux en faveur du PSG. La première concerne un tacle de Siaka Tiéné sur Dossevi en première période (18e) : l’Ivoirien arrive par derrière, et parvient à récupérer la possession du ballon au terme d’un tacle engagé. Au ralenti, on voit que Tiéné place sa jambe devant la balle avant de balayer le joueur adverse dans son élan. Il est difficile d’affirmer s’il y a faute ou non : si le défenseur parisien joue bien le ballon, son tacle est tout de même très engagé ; une faute aurait ainsi pu être sifflée pour geste dangereux. Valenciennes aurait alors obtenu un coup franc, le contact entre les deux hommes ayant lieu avant que ceux-ci ne rentrent dans la surface de réparation.
Mais la décision qui fera le plus parler concerne le penalty sifflé à la 63e minute pour une main de Ducourtioux sur un centre de Nenê. L’arbitre a affirmé après la rencontre que les joueurs étaient prévenus que des penalties seraient sifflés dans de tels cas de figure, ce qu’a confirmé Zoumana Camara (voir plus bas). Il n’empêche que le Valenciennois fait davantage un geste pour se protéger du ballon qui lui arrive dessus, que sa main fautive est collée à son genou et que le centre est effectué très près de lui. Les lois du jeu précisent qu’une faute de main doit être signalée quand un joueur fait un mouvement « délibéré » de la main, ce qui est suffisamment peu clair pour donner source à de nombreuses interprétations. Une lecture stricte du règlement peut donc donner raison à l’arbitre de la rencontre, pour une décision qui apparaîtra clairement sévère aux Nordistes, l’usage voulant que dans un pareil cas, le défenseur ne soit pas sanctionné. Ayant vécu cette situation avec les trois mains de Pichot sifflées en 2004/2005, les supporters parisiens savent bien à quel point ce genre de penalty peut être cruel, et l’on peut largement comprendre que les Valenciennois se sentent lésés.
L’article 12 prévoit qu’« il y a main lorsqu’il y a contact délibéré entre le ballon et la main ou le bras », et précise que « l’arbitre doit prendre en considération les critères suivants : le mouvement de la main en direction du ballon (et non du ballon en direction de la main) ; la distance entre l’adversaire et le ballon (ballon inattendu) ; la position de la main, qui ne vaut pas nécessairement infraction […]. »
L’Équipe évoque « un penalty sévère », tandis que le Parisien parle d’« un penalty généreux ». Si les joueurs valenciennois ont refusé de polémiquer, le quotidien sportif a tenu à le faire pour eux :
Une erreur d’arbitrage a condamné Valenciennes à rester dans le trio du fond de la classe, ce matin, mais le sentiment qui habitait ses joueurs, hier soir, ne flirtait pas totalement avec l’injustice. « Est-ce qu’on a été volés ? Je ne sais pas, c’est un fait de jeu. On n’en parlerait pas si on avait su se montrer plus réalistes devant le but adverse », a reconnu Gaël Danic. David Ducourtioux, l’auteur de la main sur le centre de Nenê, a évacué le sujet dans un élan de fair-play appréciable : « Depuis plusieurs mois, je dis qu’il faut laisser les arbitres tranquilles. Ils subissent assez de pression comme ça. Voilà, c’est un fait de jeu. Est-ce qu’il y a main ? L’arbitre, quand il reverra la vidéo, le dira. Moi, je ne veux pas polémiquer. »
Il n’empêche, ce penalty extrêmement litigieux, accordé à la 63e minute, a marqué un tournant décisif, à un moment où Valenciennes piétinait, ne contrôlait plus rien et rendait le ballon trop vite aux Parisiens. […] [Daniel Sanchez] ne s’est pas mis complètement au diapason du discours de ses joueurs. Il a mal digéré cette décision, surtout quand il l’a comparée à celles prises par l’arbitre de Caen-Valenciennes, lors de la première journée : « Je suis amer par rapport à ce penalty sévère. La main de Ducourtioux est collée au corps et il n’est même pas certain qu’elle ait été commise dans la surface. À Caen, nous, on a deux mains décollées du corps en pleine surface et on ne nous les siffle pas. Ce soir, je pourrais parler d’un arbitrage à domicile. C’est l’éternel problème entre les équipes très médiatiques et les autres. Mais ça ne date pas d’aujourd’hui. »
Les vidéos des buts du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
95 % de passes réussies pour Pastore. D’après Opta, Javier Pastore a réussi 18 de ses 19 passes, soit 95 % d’entre elles.
La 200e de Matuidi. L’Équipe signale que Blaise Matuidi (24 ans) a disputé dimanche son 200e match en L1. Il avait fait ses débuts dans l’élite en 2005, avec Troyes.
Victoire. Le PSG a remporté son premier match de championnat depuis le 30 avril dernier contre… Valenciennes. Paris restait sur cinq matches nuls (Monaco, Nancy, Lille, Saint-Étienne, Rennes) et deux défaites (Bordeaux, Lorient).
Infos en vrac
Premières. Javier Pastore a fait ses grands débuts en championnat d’une part, et au Parc des Princes d’autre part. De son côté, Kevin Gameiro a inscrit son premier but à domicile, après ceux en matches amicaux puis à Rennes et à Luxembourg contre Differdange.
Dans la presse
Alexandre Chamoret, dans L’Équipe du 22 août 2011 :
Les Parisiens ont souffert pour venir à bout de la formation de Daniel Sanchez, bien organisée et jouant en bloc. Le collectif du PSG, manque encore furieusement de huilage et sa défense, à part Sirigu, sûr et auteur d’un arrêt décisif (33e), composée d’une ligne Cearà-Bisevac-Camara-Tiéné, en l’absence de Sakho (ischio-jambiers), a davantage paré à l’urgence qu’imposé sa marque. En fait, comme face à Rennes, c’est d’une combinaison fulgurante entre Ménez et Gameiro qu’est venue la lumière. […] Après [son deuxième but], Paris a souffert. Seul dans la surface, Cohade aurait même pu (et dû) égaliser si son tir n’avait pas manqué le cadre (77e).
Dominique Sévérac (avec Arnaud Hermant), dans le Parisien du 22 août 2011 :
Une victoire laborieuse, sous un cagnard de plomb (32°c au coup d’envoi), mais trois points qui donnent l’idée d’une progression, après une défaite (Lorient) et un nul (Rennes). […] [Outre les performances de Gameiro et Pastore] Paris séduit également dans sa dimension mentale. Prendre un but juste avant la pause fait douter, en général. Le PSG, lui, est reparti de l’avant. […]
Mais ce qui saute aux yeux, pour l’instant, ce sont les carences du PSG, vraiment pas encore prêt. C’est une équipe qui a toujours encaissé un but en trois journées de championnat, signe d’une défense encore perfectible, coupable de relâchement. […] Devant, il faut encore trop d’occasions à ce PSG pour marquer. L’équipe manque de poids offensif et de présence devant le but. […] Ce manque d’efficacité dans les deux surfaces découle peut-être du principal problème du PSG en ce début de saison : c’est encore une formation plus tentée par l’exploit individuel que par le sens du collectif. En résumé, chacun veut faire son numéro. « On est en train de construire une équipe. On a une somme d’individualités, il faut maintenant créer un collectif, un groupe », avance Kombouaré, sans cacher la vérité.
Performances. Quatre joueurs font l’unanimité dans la presse spécialisée : Kevin Gameiro (malgré « un déchet parfois surprenant » selon le Parisien, alors que L’Équipe salue au contraire son efficacité : « Trois occasions, un but »), Salvatore Sirigu, Blaise Matuidi et Nenê. À l’inverse, Jérémy Ménez (« un déchet étonnant », pour L’Équipe) et surtout Marcos Cearà sont considérés comme les hommes les plus en difficulté dimanche soir.
Un joueur voit en revanche les deux quotidiens s’opposer : Milan Bisevac hérite de la meilleure note dans le journal de Saint-Ouen, et de la plus mauvaise dans L’Équipe.
Réactions
Antoine Kombouaré : « J’ai vu une équipe soudée, solidaire, qui s’est accrochée. C’est une victoire vachement importante. On était attendu, il fallait absolument gagner. Une victoire dans la difficulté permet de voir la force mentale d’une équipe. Le contexte est difficile, il y a une grosse pression sur les épaules des joueurs, mais ils ont répondu présent. Il faut du temps pour construire une équipe, les automatismes. J’ai beaucoup aimé la victoire acquise dans la difficulté. Ce que je n’aime pas c’est qu’on a pris un but à chaque match. Il faudra être plus costaud. » (source : AFP)
Leonardo : « On attendait beaucoup cette première victoire, elle est très importante. On a montré de très bonnes choses malgré la chaleur, même si ce n’est pas une excuse. On a fait preuve de beaucoup de caractère. […] On doit construire doucement une solidité avec un bloc compact. On a aussi envie de créer du jeu et c’est vraiment quelque chose de positif. » (source : lequipe.fr)
Zoumana Camara : « Ça fait longtemps qu’on n’avait pas joué dans des conditions aussi difficiles, sous une chaleur terrible. Ce n’était pas évident de faire des efforts. On est vraiment content qu’il y ait cette victoire au bout. […] Ce n’était pas le bon moment pour prendre ce but, justement avant la pause. Mais il n’y avait pas lieu de paniquer. Le coach nous a demandé un peu plus de rigueur puis de continuer à aller de l’avant puisqu’on s’est créé pas mal d’occasions. On en a concédées très peu. Il fallait continuer sur cette voie. […] Le penalty ? Les arbitres nous avait donné les consignes avant le Championnat, ils nous avaient montré des vidéos. Ça fait partie du jeu. » (source : lequipe.fr)
Clément Chantôme : « Il était important de gagner après la défaite contre Lorient. Cela lance la saison et on espère que ça va continuer. On commence à se connaître, à être plus soudé et à jouer en bloc. Il y a du mieux à chaque sortie, c’est positif. J’ai rarement eu aussi chaud lors d’un match au Parc. C’était dur, mais on s’en est sorti. » (source : PSG.FR)
Christophe Jallet : « C’est une victoire essentielle. On était attendus et, avec ce succès, on s’est repositionnés au classement et on gagne en confiance. Collectivement et physiquement, on n’est pas au top. Mais le mois d’août sert à s’étalonner.On est encore en rodage. » (source : le Parisien)
Javier Pastore : « Je retrouve progressivement le rythme de la compétition, même si physiquement je ne suis pas encore au niveau de mes équipiers. Je vais encore travailler cette semaine et ça va aller de mieux en mieux. » (source : PSG.FR)
Milan Bisevac : « On est satisfait même si on a gagné dans la douleur. Ça n’a pas été facile, d’autant qu’il faisait chaud et que Valenciennes a fait un bon match. Mais le plus important, c’est qu’on y est arrivé, enfin. On avait fait le plus dur en première période mais après chaque fois qu’on prend un but juste avant la mi-temps, c’est toujours compliqué. On n’a pas lâché et c’est l’essentiel. » (source : lequipe.fr)
Jérémy Ménez : « C’était indispensable de prendre les trois points. On est parti du Luxembourg [jeudi en Ligue Europa] avec une belle victoire, il fallait confirmer ce soir même s’il faisait super chaud et que les conditions n’étaient pas faciles. Mais on s’est accroché. On est encore loin du beau jeu mais cela va venir petit à petit. » (source : AFP)
Suspensions
Aucun Parisien n’a été averti dimanche soir.
Lors des journées précédentes, Clément Chantôme, Blaise Matuidi et Jérémy Ménez avaient reçu un carton jaune.
Retrouvailles
Siaka Tiéné (2008-2010), Milan Bisevac (2008-2011) et Antoine Kombouaré (entraîneur, 2005-2009) retrouvaient leur ancien club. Du côté de Valenciennes, l’entraîneur Daniel Sanchez a joué au PSG en 1981/1982.
Par ailleurs, Mathieu Dossevi est le fils de Pierre-Antoine Dossevi et le neveu d’Othniel Dossevi, tous deux passés par le PSG dans les années 1970.
Côté tribunes…
Affluence. 35 875 spectateurs — dont 573 Valenciennois en parcage visiteur — étaient présents au Parc des Princes, d’après les chiffres communiqués par la LFP. Dimanche matin, le Parisien assurait pourtant que « près de 40 000 spectateurs garniront les tribunes », tandis que le PSG annonçait « plus de 37 500 spectateurs attendus ».
Public. L’ambiance a beaucoup fait parler. Selon les témoignages qui nous sont parvenus, les principaux reproches adressés aux spectateurs présents au Parc dimanche soir sont les suivants : des injures à l’encontre des joueurs parisiens à chaque ballon perdu ; les sifflets contre Erding — avant le match —, Maurice — à son entrée en jeu — et Ménez — à sa sortie — ; les chants demandant de « mouiller le maillot » ou exigeant la rentrée de Pastore dès la première demi-heure. Si les comportements consuméristes et les têtes de Turc n’ont rien d’un phénomène nouveau au Parc des Princes, ils étaient précédemment minimisés par l’encadrement des associations de supporters et leur soutien continu à l’équipe, hors périodes de crises. Enfin les tambours de la « Batteria PSG » — des percussionnistes chargés de mettre l’ambiance en tribunes durant le match — ont également suscité de nombreuses critiques.